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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gros coup de coeur
Je ne suis pas une habituée des romans historiques mais ayant prévu d'aller quelques jours à Rome, j'ai eu envie de me documenter un peu.
Résultat : c'est un gros coup de coeur. J'ai été totalement séduite par l'histoire de Michel-Ange, même si celle-ci est un peu romancée.
Je ne regarderai plus la voute de la chapelle Sixtine de la même façon !
J'ai l'impression d'avoir vécu quelques jours au XVIème siècle auprès de Michel-Ange, Aurelio Rafael, Bramante et les autres. J'ai le sentiment d'avoir véritablement côtoyé ces grands artistes et d'avoir quelques connaissances sur la technique de la création des fresques effectuées à la chapelle sixtine !!! Hé oui, la lecture permet beaucoup de chose !!!...
Léon Morell a fait un très beau travail de documentation et a su rendre L Histoire tout à fait accessible pour une néophyte comme moi.
J'ai vraiment adoré et ne peux que vous conseiller de le lire. Vous passerez un excellent moment.
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Au printemps 1508, un jeune homme d'une grande beauté, dénommé Aurelio, décide de quitter sa famille installée à la campagne pour gagner Rome. Son rêve : travailler pour le grand Michel-Ange et devenir sculpteur. Artiste renommé, Michel-Ange vient justement d'être choisi par le pape Jules II pour décorer la voûte de la chapelle Sixtine à Rome. La rencontre d'Aurelio et sa présence aux côtés de Michel-Ange seront déterminantes dans la réussite de cette oeuvre magistrale...


UN ROMAN À LA GLOIRE DE MICHEL-ANGE
Les sources historiques utilisées pour écrire ce roman ne sont pas indiquées, mais différents détails permettent de supposer que l'auteur s'est fortement appuyé sur les biographies élogieuses de Giorgio Vasari et d'Ascanio Condivi, écrites du vivant de l'artiste et à l'origine du mythe Michel-Ange. Un mythe soigneusement entretenu au cours des siècles suivants, notamment par ses descendants, dont l'un d'eux n'hésita pas à modifier les sonnets écrits par Michel-Ange pour faire taire les rumeurs homosexuelles à son sujet.

Ainsi basé sur le mythe Michel-Ange, ce roman met donc en exergue un artiste génial mais torturé, incompris, solitaire, jalousé et harcelé par sa famille. Or, depuis le XIXe siècle, les recherches permettent de brosser un portrait plus nuancé de l'homme. Voici quelques exemples :
– D'après le roman, ce serait Bramante qui aurait suggéré au pape Jules II de confier en 1508 la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine à Michel-Ange, à seule fin de le voir échouer et de précipiter sa disgrâce auprès du souverain pontife. Mais une autre version indique que c'est le pape Jules II qui est à l'origine de ce choix et que Bramante aurait émis, à juste titre, des réserves quant à l'opportunité de confier une tâche aussi complexe à un artiste qui n'avait aucune expérience de la peinture à fresque. Même si Jules II n'était pas d'un caractère commode et que Michel-Ange se considérait avant tout comme un sculpteur, n'ayant que très peu d'expérience en peinture à fresque, ce dernier accepta la commande avant tout pour des raisons lucratives, la somme proposée était exceptionnelle pour l'époque, et il recruta des artistes chevronnés pour l'aider dans cette tâche… il ne créa donc pas tout seul cette oeuvre !
– le roman suggère également que Michel-Ange, en modifiant la commande de la voûte, a pris d'énormes risques, alors qu'il a en fait établi ce programme en concertation avec les théologiens de la cour papale, soucieux de mixer la tradition païenne et la culture catholique.
– Enfin, contrairement à la légende, l'oeuvre en cours d'élaboration était visible de tous, accueillant artistes, collectionneurs, amateurs d'art, mais aussi personnalités en vue de la cité... nous sommes bien loin de la vision de l'artiste esseulé sur son échafaudage !

Cependant, pour que l'histoire reste cohérente, l'auteur devait prendre un parti et la restitution romanesque de ce moment-clé de la vie de Michel-Ange se révèle passionnante, d'autant que l'auteur mêle parfaitement bien une certaine réalité à la fois historique et artistique et la fiction, à travers le personnage d'Aurelio. En outre, le récit, au style très fluide, alternant scènes descriptives et dialogues, se lit avec bonheur et facilité, et nous permet d'apprendre énormément de choses sans même s'en rendre compte.

Reste que l'absence d'indications concernant les sources utilisées est pour moi problématique. Une fois ma lecture achevée (que j'aurais aimé ne jamais terminer !), je me suis précipitée sur des biographies de Michel-Ange pour en savoir davantage sur sa vie et pour confronter les informations de l'auteur et celles d'historiens. Tout cela pour obtenir une vision plus nuancée et plus vraie de Michel-Ange.


UNE COMMANDE ÉTONNANTE
Ce roman nous présente l'oeuvre de Michel-Ange d'une manière très accessible et très claire, nous permettant de bien la situer dans l'histoire artistique, de comprendre les enjeux qui se cachent derrière elle et en quoi elle est révolutionnaire.

La chapelle Sixtine, réplique du temple de Salomon et dont la forme s'inspire de l'architecture militaire, a été construite sous le pontificat de Sixte IV, l'oncle de Jules II. Décorée par les meilleurs artistes florentins de l'époque – le Pérugin, Botticelli, Ghirlandaio, etc. –, la chapelle est, trente ans plus tard, défigurée par des fissures. Il est grand temps de restaurer sa voûte.

En mai 1508, Michel-Ange s'engage à réaliser des fresques représentant les douze apôtres dans les pendentifs et des motifs ornementaux dans les parties restantes. Excepté dans l'atelier de Ghirlandaio, vingt ans plus tôt et seulement de manière marginale, Michel-Ange n'a encore aucune expérience de la peinture à fresque ! Il aurait pu se contenter d'un ciel étoilé, mais il n'hésite pas à se lancer dans la réalisation d'une fresque immense peuplée d'une multitude de figures.

Ainsi, quatre ans plus tard, en 1512, les Romains découvrent une oeuvre révolutionnaire ! Renonçant à la perspective unique, Michel-Ange réalise une oeuvre dans laquelle chaque surface a sa propre perspective centrale : c'est une perspective polycentrique qui ne permet pas au spectateur de saisir depuis un seul point toute la fresque. En divisant la voûte avec des corniches de marbre, il a créé un espace artificiel dans lequel prennent place des scènes de la Genèse, ainsi que les Prophètes et les Sibylles dans les écoinçons et les ancêtres du Christ dans les lunettes. Sans oublier les ignudi, des hommes nus rappelant les génies, assis sur les ressauts des corniches. Un récit donc entièrement centré sur la figure humaine, avec de nombreux nus masculins.


L'ABSENCE DE PLANCHES DE VISUELS DES OEUVRES DE MICHEL-ANGE
Le visuel de couverture, qui s'imposait avec évidence, est magnifique, mais il aurait été intéressant de reproduire dans l'ouvrage des planches en couleurs de la chapelle Sixtine et de ses voûtes, même si cette pratique est plus courante dans les biographies. Car ce roman si visuel dans ses descriptions est d'une telle précision que le lecteur ressent le besoin d'aller vérifier les détails fournis par l'auteur mais est un peu déçu en s'apercevant qu'il n'y a pas une seule reproduction du chef-d'oeuvre de Michel-Ange dans le roman.


LA DESCRIPTION PRÉCISE DU DÉROULEMENT DU CHANTIER
L'élaboration de cette oeuvre inédite est retranscrite de manière minutieuse, sur la base d'une documentation fouillée. de prime abord, la technique de la peinture à fresque n'a rien de très glamour, mais elle se révèle passionnante sous la plume de l'auteur : il parvient à nous y intéresser non pas en nous bombardant d'informations théoriques mais en nous décrivant les faits et gestes des différents artistes de la bottega de Michel-Ange au jour le jour. On découvre ainsi à travers ces personnages les différentes étapes de la peinture à fresque, le quotidien du métier de fresquiste, le déroulement d'un chantier, le fonctionnement d'une bottega et toutes les émotions qui accompagnent une telle aventure : joie, déconvenues, souffrance, etc. Il s'agit véritablement d'un travail d'équipe, qui nécessite une parfaite coordination.

En effet, la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine est une entreprise pleine de difficultés : la surface à peindre est immense et très en hauteur, sa forme courbe crée des déformations et impose de peindre la tête tournée vers le haut, l'échafaudage doit permettre aux célébrations d'avoir lieu même pendant les travaux, etc.

Le problème de l'échafaudage est rapidement résolu par Piero Rosselli avec l'installation de sorgozzoni, des tenons en bois fixés dans les murs et qui supportent les passerelles de l'échafaudage. Cette technique, alors courante à Florence, permet de laisser le sol dégagé pour la célébration des cérémonies prévues pendant la rénovation et d'éviter de laisser des trous d'accrochage dans la voûte.

Une fois l'échafaudage mis en place, Michel-Ange inspecte le plafond et doit se résoudre à ôter la fresque existante et poser un nouvel arriccio (couche de plâtre appliquée sur la maçonnerie). En effet, initialement, l'artiste pensait préparer le plafond en martellinatura : la fresque préexistante est percée d'une multitude de trous à l'aide d'un picot, de telle sorte qu'on peut appliquer l'intonaco pour la nouvelle fresque directement sur l'ancien arriccio. Mais, dans le cas présent, la fresque s'est presque détachée de la maçonnerie. Cette tâche, confiée à Aurelio, se révèle assez fastidieuse au point que le jeune homme se démet la clavicule au bout de quelques jours de labeur (merci aux compresses à la ricotta !). En outre, aux heures les plus chaudes de la journée, l'échafaudage devient une fournaise et se transforme vite aussi en bain de vapeur tant il faut d'eau pour mélanger l'arriccio.

Pendant que l'arriccio sèche, Michel-Ange prépare ses dessins à l'échelle réelle sur un carton tandis que son équipe se charge de préparer l'intonaco, l'enduit qui va recouvrir l'arriccio. L'application de l'intonaco demande aussi de la précision : on le pose en strates plus minces que l'arriccio pour éviter que des fissures se forment lors du séchage, et il faut qu'il soit plus régulier que l'arriccio sinon l'intonaco ne prend pas les couleurs de façon uniforme.

Une fois l'intonaco appliqué, il faut appliquer les pigments dissous dans l'eau avant que l'enduit ne durcisse, c'est-à-dire dans un délai de 24 à 48 heures après son étalement. le carton est alors fixé sur le support par des aiguilles et on reporte les lignes du dessin sur l'enduit. Pour cela, il existe deux techniques de transfert :
– La plus simple et la plus rapide consiste à dessiner les lignes avec un crayon fin, de telle sorte que des rainures fines restent visibles dans l'enduit encore humide.
– La méthode la plus exacte, mais aussi la plus compliquée, consiste à perforer le carton le long des lignes de centaines de petits trous d'aiguille, puis de le "poudrer" avec des petits sacs remplis de poussière de charbon, afin que les lignes soient reportées sur l'intonaco.

Comme Michel-Ange n'a pas l'habitude de peindre des fresques, il préfère éviter tout risque dans un premier temps. Par la suite, il réalisera de nombreuses parties sans le secours du carton !

Quand la giornata (surface prévue pour la journée) est enduite, on efface ensuite avec des draps humides les traces de l'enduit et on frotte l'intonaco pour le rendre un peu rugueux.

Tout ce travail est réalisé dans des conditions assez compliquées : échafaudage en hauteur, alternance de la chaleur en plein été et du froid en hiver, peu de lumière naturelle, position inconfortable des corps, à la fois tordus et penchés en arrière... Et un travail qui ne tolère pas l'approximation...


UNE TÂCHE MÉTICULEUSE ET EXIGEANTE
Bien qu'entouré de fresquistes renommés, Michel-Ange découvre un jour des moisissures sur la quasi-totalité de la fresque en cours de réalisation. Comme l'arriccio est sec, le responsable est l'intonaco qui est trop humide. Fureur de l'artiste qui voit son travail détruit par un manque d'expérience des matériaux romains. En effet, Piero Rosselli, le maître maçon florentin, a l'habitude d'utiliser de la chaux de marbre et du sable de l'Arno, et non de la chaux de travertin et de la pouzzolane. Or, ces matériaux réagissent différemment. Giuliano da Sangallo finit par trouver le bon mélange entre les différents matériaux. L'enduit est entièrement détruit et repeint par Michel-Ange : voilà deux mois de travail détruit...

Du fait de son inexpérience et des conséquences dramatiques qu'il a dû affronter au début de son travail, on ne peut qu'être stupéfait de la maîtrise technique et formelle que manifeste Michel-Ange, car il ne fera pas d'autres erreurs par la suite. Erreurs qui auraient pu être les suivantes :
– du fait des variations d'humidité et de température et d'un travail qui s'étale sur plusieurs années, il est difficile d'obtenir chaque jour la même qualité de mélange et la même qualité d'enduit sur le mur. le risque est que la différence des "journées" se traduise par des inégalités dans l'étalement et la prise du mortier.
– Les coloris : la couleur se prépare en mélangeant à l'eau un pigment très fin. Mais il suffit de petits changements dans la finesse et la quantité de pigment ou dans son rapport avec l'eau pour que la couleur finale soit différente. Or les coloris doivent être homogènes, au moins dans les parties adjacentes. Mais l'effet final ne peut être contrôlé que lorsque l'enduit est entièrement sec alors qu'il n'est pas possible d'intervenir sur la peinture une fois l'enduit sec.

Ainsi, à travers ce roman, on découvre toute l'histoire de la fresque de la voûte de la chapelle Sixtine, depuis la conception de son programme iconographique jusqu'à son inauguration spectaculaire, en passant par sa réalisation technique et les difficultés qui se sont présentées au cours du chantier.


MICHEL-ANGE, UN ÊTRE TORTURÉ MAIS UN GÉNIE !
Même si, comme je l'ai expliqué au début de ma critique, le portrait dressé de Michel-Ange est très flatteur et trop conforme au mythe de l'artiste maudit et seul face à l'adversité du monde, il n'en ressort pas moins que Michel-Ange était une personnalité complexe, un être tourmenté, méfiant, colérique, perfectionniste, exigeant avec lui-même comme avec les autres, à la recherche perpétuelle de la perfection, qui ne souffrait pas la médiocrité.

Ainsi, un jour, alors qu'Aurelio pénètre dans la chambre de Michel-Ange, une pièce dans laquelle personne n'a le droit d'entrer, il découvre des centaines de dessins recouvrant le sol : ce ne sont pas des esquisses destinées à la voûte de la chapelle Sixtine mais des monstres, des démons… ces démons qui le poursuivent nuit et jour, mais on ne saura rien. En effet, ce roman se concentre sur la portion de vie durant laquelle Michel-Ange a réalisé la décoration de la voûte de la chapelle Sixtine, mais il n'aborde pas du tout le reste de sa vie, rien sur sa jeunesse, son adolescence ou bien sa vieillesse. D'où viennent ces démons ? Qui sont-ils ? Pourquoi se considère-t-il comme un pécheur et ne trouve-t-il l'apaisement et le pardon que dans la création ? Ce roman n'apporte certes pas de réponses, mais il permet de mieux cerner la riche personnalité de Michel-Ange.

"– Je parle en tant qu'homme, expliqua Michel-Ange, et non en tant qu'artiste. Je croyais être un homme meilleur. Alors que je ne suis qu'un pauvre pécheur tourmenté par de mauvaises pensées, gonflé de vanité. Une créature pitoyable – il se redressa comme pour se débarrasser d'un fardeau ; au fond de ses yeux brillait à nouveau une étincelle combative. En tant qu'artiste, je n'ai de comptes à rendre qu'à Dieu !"

"– Regarde-moi, répondit Michel-Ange en écartant les bras comme un coupable. Que veux-tu que je fasse d'une chemise neuve ? Je suis laid, Aurelio. Même avant que Torrigiani m'écrase le nez, je n'étais pas beau, mais depuis c'est encore pire. Il baissa les yeux. Ma laideur n'est pas digne d'une belle chemise."

Avec une telle personnalité, Michel-Ange n'est pas une personne facile à vivre au quotidien, surtout pour les artistes de sa bottega qui finissent tous par quitter le chantier. Ne reste qu'Aurelio et un jeune aide. Car, au fur et à mesure que Michel-Ange se familiarise avec la technique de la peinture à fresque et prend donc confiance en lui, il délègue de moins en moins de tâches à ses collègues qui se sentent alors frustrés, d'où leur départ. Il faut dire que tous sont des fresquistes renommés et ils supportent mal le fait que Michel-Ange s'attribue tout le travail. Par exemple, il n'a laissé à Tedesco que la peinture d'une flaque d'eau, d'un peu de ciel et de deux branches d'arbre de la scène du Déluge !


DES HISTOIRES DE FAMILLE...
Ses biographes ont mis en lumière les relations compliquées que Michel-Ange entretenait avec sa famille, source perpétuelle de contrariétés. Dans ce roman, son père et ses frères lui demandent sans cesse de l'argent alors que pendant des années ils estimaient qu'il faisait un travail déshonorant et qu'il souillait le nom de la famille.

La réalité est cependant quelque peu différente. En effet, Michel-Ange était tellement avare qu'il se privait même du strict minimum (nourriture, logement, vêtements), refusant le moindre confort. La description donnée de sa bottega est un bon exemple : c'est une maison misérable avec un étage dont le crépi s'effrite. Au rez-de-chaussée, il y a une pièce sans fenêtre, avec une table faite de planches posées sur des tréteaux entourées de quatre chaises branlantes, et son atelier au sol recouvert de poussière blanche. Sa chambre, à l'étage, ne comporte que le strict minimum.

Certes, sa famille vivait grâce à l'argent de Michel-Ange, mais il ne semble pas qu'elle ait été une si grande source d'ennuis comme le suggère le roman, même s'il est certain que des tensions ont existé, notamment avec son frère Giovan Simone.


BRAMANTE ET RAPHAËL, SES RIVAUX
C'est en confrontant Michel-Ange à ses deux principaux rivaux d'alors – Bramante et Raphaël – que l'auteur parvient à cerner encore davantage, par contraste, la personnalité de Michel-Ange. En effet, aucun des deux ne trouve grâce aux yeux de Michel-Ange, même si c'est pour des raisons différentes. Pire encore, ils les considèrent comme des "envieux, des concurrents, des intrigants". Dans le roman, Michel-Ange surnomme même Bramante "le lèche-bottes aux yeux globuleux" !

Quant à Raphaël, la comparaison avec
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Ce roman est un véritable hommage, non seulement à l'oeuvre de Michel-Ange, mais aussi à sa personne. Par la qualité de la plume de l'auteur et sa capacité à faire ressentir et vivre tant l'admiration que la candeur de l'apprenti du maestro, il constitue un chef d'oeuvre à sa manière.
J'ai été happée par ce récit qui mêle fiction et réalité avec une place prépondérante pour cette dernière. La fiction est à son service et la renforce. Elle permet vraiment de vivre les sentiments personnages et les troubles de l'époque.
Ce livre constitue aussi une source inépuisable de connaissances culturelles ey historiques. J'ai googlelé les différentes parties de la fresque de la Sixtine pendant plus d'un mois et les ai regardées avec de nouveaux yeux (je l'avais vue en vrai il y a des années avec zéro connaissances artistiques et culturelles sur le sujet).
C'est un magnifique voyage dans le temps et l'âme humaine qui est proposé ici par Leon Morell, mais aussi une biographie de la fresque de la Chapelle Sixtine.
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Après avoir tourné la dernière page de ce pavé de 600 pages, je confirme : oui, j'ai beaucoup aimé, simple comme constat me direz-vous. Il est difficile de donner un avis sur ce livre qui outre le côté triller, relations humaines entre Michel Ange et ses ouvriers, aborde avec abondantes précisions, un bon nombre d'aspects techniques sur la réalisation des fresques de la chapelle Sixtine, l'un des plus grand chef d'oeuvre de la Renaissance. Ce livre est à mettre entre les mains d'amoureux de l'art Renaissance. Par ses recherches, l'auteur réussi à lier plaisir de la lecture à celui de la culture picturale. J'ai appris une foule de choses. J'ai découvert à travers les personnages, le quotidien du métier de fresquiste en l'an 1508, le déroulement d'un chantier, le fonctionnement d'une Bottega et toutes les émotions qui accompagnent une telle aventure : joies, déconvenues, souffrances. Comment l'artiste a réalisé ses figures, la préparation des croquis, la composition des peintures (pigments et autres) puis, la vie quotidienne de Michel Ange, les ennuis avec sa famille et son homosexualité pas vraiment facile à vivre. Parmi les soucis rencontrés par l'artiste, l'un des plus marquants : l'épisode des moisissures qui attaquèrent les premières scènes picturales et la force de Michel Ange ayant entrepris de tout détruire. ....embûches et autres soucis de la peinture à fresque. Cette commande titanesque d'un Pape mégalomane, lui prendra près de 5 ans de sa vie. Il est évident qu'après ce roman, on ne peut plus regarder les fresques de la Chapelle Sixtine de la même manière, que l'on se rend compte du travail quasi-inhumain et le génie presque divin qu'elles ont nécessité. Un jour, je retournerai à Rome et porterai un nouveau regard sur chacune des scènes, personnages, prophètes, sibylles ou ignudis...
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Italie. Bologne. Début du XVIème siècle.
Aurelio tombe sous le charme de l'《Ange au chandelier》, oeuvre de Michel-Ange Buonarotti.
Depuis, il n'a qu'un seul rêve : travailler avec le célèbre sculpteur.
Rome. La Ville éternelle.
Celle qui accueillera Aurelio dans ses bras et où l'apprenti de Buonarotti il deviendra.
Jules II, il papa terribile, ordonne à Michel-Ange la réalisation du plafond de la chapelle Sixtine.
Aurelio assistera aux tourments de son maître, aux luttes qui agitent Rome et à la création du plus grand chef-d'oeuvre de la chrétienté inauguré le 31 octobre 1512.

Ce roman est pa-ssio-nnant ! Extraordinaire !
Mais pourquoi est-il si peu connu ??!
J'ai pris mon temps pour le lire, j'ai savouré ce fabuleux voyage dans le temps, dans cette Rome d'antan.
Je m'y suis baladée. J'ai traversé le Tibre pour atteindre le Castel Sant'Angelo. J'ai entendu les pas sur le pavé. J'ai admiré de splendides palais. J'y ai même croisé quelques courtisanes. J'ai rencontré d'illustres personnages tels que le pape Jules II, Granacci, Roselli, Bramante, Raphaël, et bien sûr... Michel-Angelo Buonarotti, il maestro, qui réalisa, entre autres, 《la Pietà》, le 《David》, la coupole de la basilique Saint-Pierre et... ce fameux ciel de la chapelle Sixtine.
J'ai appris à connaître ce génie capable de sculpter dans un seul bloc de marbre, de réaliser de splendides fresques représentant plusieurs centaines de personnages mythologiques et bibliques, mais aussi cet homme en proie à ses démons intérieurs, luttant contre une sexualité refoulée, un homme manquant de confiance en lui.

Dans ce récit, le travail de documentation est incroyable !
L'auteur a d'ailleurs dit : 《L'écriture du livre depuis les premières lectures m'a pris autant de temps que la composition des fresques de la chapelle Sixtine.》
On en apprend sur les différentes techniques picturales telles que la réalisation des cartons, la fabrication et l'application de l'intonaco, l'obtention des couleurs.
Mais aussi sur les difficultés physiques (artistes suspendus à plusieurs mètres de hauteur sur des échafaudages en bois, la nuque pliée) et techniques (moisissures, erreurs impossibles au risque de tout détruire).

Saviez-vous que le terme 《Dominicains》vient du latin domini canes signifiant 《chiens du Seigneur》?
Savez-vous pourquoi sont-ce des gardes suisses qui sont chargés de la surveillance du Vatican ?
Saviez-vous que l'anneau papal contient des éclats de bois de la croix de Jésus ?

Amateurs d'Art, d'Histoire et d'Histoire de l'art, ce bijou est pour vous !
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J'ai découvert ce livre par pur hasard, parcourant alors les étagères de la librairie mes yeux se sont arrêtés sur la tranche de ce bouquin. Etant une grande passionnée d'Histoire de l'Art, surtout celle de la Renaissance, Michel-Ange a toujours été mon artiste préféré, et je me suis toujours retrouvée dans son caractère et sa façon de penser. Ce livre n'a fait que confirmer mes idées. Au fur et à mesure des pages, j'ai été comme aspirée par l'histoire de ce jeune garçon qui se met au service du plus grand artiste du monde. Bien que l'histoire soit un peu romancée, on retrouve toutes les étapes de la création de la Chapelle Sixtine, l'impatience du Pape, ainsi que la face cachée d'une Rome en pleine ébullition de l'Art. Ce livre fait partie des livres qui ont changé ma vie, car on assiste vraiment aux colères, joies, inquiétudes d'un grand homme face à la création d'un chef d'oeuvre, ainsi que la vie du jeune Aurelio en compagnie de Michel-Ange. Cela n'a fait que confirmer les liens qui m'unissaient entre lui et moi. Un homme incompris, amoureux de sa passion et qui est prêt à tout pour arriver à la perfection. Je me suis tellement retrouvée dans Michel-Ange, qu'il est désormais impossible de ranger ce livre dans ma bibliothèque puisque c'est toujours un plaisir de se replonger simplement quelques instants avant de s'endormir.
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1495 - Tandis que de l'autre côté de l'Atlantique a commencé la conquête géographique et religieuse la plus importante de notre ère, en Italie du nord, un jeune garçon de huit ans, Aurelio, découvre la beauté - pense-t-il - à l'état pur. Au coeur de la cathédrale de Bologne, la statue de marbre d'un ange a capté son attention au point qu'il en a perdu toute conscience du monde extérieur, et du temps, et qu'il se retrouve seul, ou presque, alors que son père et son frère ont quitté l'édifice.
Un homme étrange et pauvrement vêtu s'approche de lui et débute une discussion sur la sculpture, ses qualités pour l'un et ses défauts pour l'autre.

1508 - Les guerres de conquêtes pour un état pontifical unifié font rage et des grappes de mercenaires se vendent au plus offrant. À Forli, Aurelio, vingt ans, qui a déjà perdu son père de maladie, voit s'approcher quelques-uns de ces soldats d'un jour, en quête de rapines, de nourriture et de plaisir vite volé. Les horreurs dont il sera le témoin impuissant, achèveront de le convaincre que son destin est ailleurs ; délaissant une vie de paysan, il décide de rejoindre Rome pour se consacrer à la sculpture, dont il rêve depuis plus de dix ans, et ce auprès du maître qu'il s'est choisi : Michelangelo Buonarroti. Après un voyage d'une dizaine de jours en compagnie de Margherita, jeune femme croisée en chemin et partant vivre sa vie de courtisane, Aurelio arrivera presqu'aussitôt à se faire accepter comme apprenti par le Maître, fasciné par sa beauté et son entêtement.

Ce pourrait être le début d'un simple roman biographique consacré au sculpteur de la Pietà, de David ou encore de Moïse, mais le Pape “Terribile” Jules II en a décidé autrement. Sur les conseils (jaloux) de l'architecte Bramante en charge de la construction de la nouvelle basilique Saint-Pierre, et soutenu par le peintre Raphaël qui, lui, doit orner les appartements du Saint-Père, ce dernier commande à Michel-Ange de décorer la voûte de la Chapelle Sixtine, d'une fresque consacrée à la Bible et plus particulièrement aux Apôtres. Michel-Ange ne peut accepter cette commande, il est sculpteur, pas “fresquiste”, et reconnaît bien là l'influence de ses deux adversaires sur le Souverain Pontife. Mais rien n'y fera, Jules II reste inflexible et Michel-Ange devra se soumettre à sa volonté.

Commence alors un récit écrit de main de maître par Leon Morell. Mêlant quelques personnages de fiction aux très nombreux personnages réels, ce qui aurait pu n'être qu'une description laborieuse des techniques d'échafaudages, d'enduits, d'apprêts, de peinture, dans des conditions épouvantables, des températures insupportables entre étés et hivers successifs, devient un roman au suspense époustouflant.
Depuis la création de la “bottega”, sorte de refuge où se retrouvent les compagnons d'Aurelio et du maître, pour manger et dormir, en-dehors des interminables heures de travail, jusqu'à la préparation des enduits (“arriccio” “intonaco”), au broyage des pigments nécessaires à la peinture, tout nous est décrit avec un soin particulier. Les affres de la création du maître, les disputes entre compagnons, la vie des Romains en ce début de XVIe siècle, les escapades amoureuses d'Aurelio, son dévouement et sa fidélité sans faille à Michel-Ange, rien ne manque à ce texte de seulement six-cents pages. Et si on y ajoute les complots, les secrets du Vatican, les guerres de Jules II qui s'éternisent, ses amours, et quelques ingrédients dont je ne vous dirai rien, sinon qu'ils prennent une place particulièrement importante dans le récit, lui conférant un supplément de mystère, on ne voudrait pas s'arrêter de tourner les pages.
Tout au long de la lecture, et pas seulement au final, on est saisi par la concision de l'écriture, le choix toujours juste du mot, et la documentation extraordinaire qu'il a fallu rassembler, pour insuffler à ce roman une part de spirituel, un peu comme Dieu touchant du doigt Adam pour lui donner vie. On s'étonnera moins qu'il fallut à l'auteur autant de temps qu'à Michel-Ange pour façonner leur oeuvre respective.

On ne peut s'empêcher de penser bien sûr à Ken Follett et aux “Piliers de la Terre”, d'ailleurs la quête du “spirituel” qui utilise toutes les ressources du “matériel”, est un véritable trait d'union entre les deux ouvrages. Toutes proportions gardées, si le livre de Follett (hormis le prologue) se passe sur dix ans (1135-1145), celui de Morell ne couvre qu'une période de quatre ans (1508-1512)*. Cependant avec presque le double de pages, le premier se montre beaucoup plus bavard, avec son lot de batailles et de destructions répétitives, tandis que le second se concentre sur la réalisation de la fresque, sans omettre les descriptions de l'environnement historique et humain, et surtout sans jamais prendre le risque de l'ennui.
Dire que ce livre atteint des sommets serait un peu facile, d'ailleurs l'auteur s'affranchit de l'architecture de son sujet en parlant du Ciel et non du plafond de la Chapelle Sixtine. Dire également que j'ai été emballé paraît superflu et réducteur, j'ai été littéralement transporté, et même si je ne suis pas un amateur éclairé de peinture ou de fresques, modestement je partage avec Michel-Ange au-delà de mon prénom, mes préférences pour la sculpture…

Un moment de lecture inoubliable, qu'on aurait aimé voir se prolonger.

*Un petit détail (de taille) à l'attention de l'éditeur. Il semble que l'auteur du résumé n'ait pas été très attentif lors de la rédaction de son texte, ou de la lecture de l'ouvrage. En effet en quatrième de couverture il est mentionné : “Au printemps 1598, le jeune Aurelio…” Or, s'il avait vécu jusqu'à cette date, le “jeune” Aurelio aurait eu 110 ans, ce qui fait une coquille respectable de 90 ans ! Il fallait lire bien sûr : “Au printemps 1508…”
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Roman historique extrêmement bien documenté. Une aventure humaine et artistique autour de l'élaboration du plafond de la Chapelle Sixtine... le caractère, l'univers et la conception de la vie d'un artiste exceptionnel en la personne de Michel-Ange, issu d'un milieu social défavorisé, dans un contexte historique et religieux plein de rebondissements.
Lecture captivante du début à la fin de l'ouvrage.

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Ce livre m'a enchantée. Beaucoup d'émotions au travers cette histoire vraie que je connaissais et l'auteur a transmis celle-ci en se documentant beaucoup. Certes c'est romancé et il y a quelques personnages fictifs. Mais le tout est très bien orchestré dans un document quasiment similaire à la réalité. Indépendamment du genre, de la connaissance que nous avons de cette histoire, de l'amour qu'on peut avoir de l'Italie et de son art, le roman est excellent, la lecture est fluide, les mots choisis, tout est intéressant. Quel travail! On ne s'arrête qu'à regret. Les personnages sont intenses, Michel-Ange si prenant, torturé, orgueilleux, indépendant et fier. Quel talent et quel drame…Son apprenti apporte une autre vision de l'histoire, il est très présent. le livre ravive la passion de ceux qui connaissent l'histoire de Michel-Ange, entre autre par le film (L'agonie et l'extase) sorti dans les années 60, qui était magnifique ou par la visite de la Chapelle Sixtine . C'est un très bon moment de lecture qui m'a autant ravie que chamboulée .
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Passionnant, superbe
Michel Ange quel personnage...
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