Face à un corps, je suis toujours démuni. La présence physique est incontournable. Elle induit toujours une immense perte de repère. Peut-on fantasmer l'autre lorsqu'il est là -et bien là- de chair, d'os et de pesanteur ? Comment agir ? Face à soi, rien que du réel... tout est oublié, tout.
Le travail s'est interrompu dans une énergie qui se brisait. Car j'ai dû vraiment batailler. Entre l'instant de l'observation et l'acte de peindre, je n'ai plus rien su...
Ne me provoquez donc pas, s'il vous plaît, en me racontant que l'aquarelle, c'est léger. L'aquarelle est épuisante pour les sens et pour le mental.
J'aime les regards et j'aime les peindre. Cela contient la peinture mais c'est aussi au-delà. Quelque chose de spécifique et d'incomparable. Quelque chose d'ineffable. Cet amour m'a conduit dans divers chemins : celui du rapport à l'autre, celui du questionnement, de l'échec, de la fascination, du beau et du laid, de l'attirance à la répulsion, parfois simultanées.
Je n'en finirai jamais d'explorer le mystère des dos.
Port si fragile de la tête sur le cou. Ligne si personnelle des épaules et maintien de la colonne. Le dos est une espérance. Espérance que les regards peut-être se croiseront.
Quand un lieu s'impose comme une vraie rencontre, il me donne à profusion d'authentiques visions. Cette force du lieu m'étonne toujours.