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3,89

sur 436 notes
« La petite lumière » est un texte au pouvoir magique qui envoûte le lecteur pour le laisser à la fin pris entre enchantement et étouffement, émerveillé comme cet homme devant la beauté fragile de la vie, les lucioles, trois lys odorants, un vol d’hirondelle mais aussi sa prolifération destructrice.

Cet homme seul nous dit dès le début : « Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant.»

Il va nous entraîner entre la vieillesse du monde et sa renaissance éternelle, au sein de la lutte pour la vie dans un enchevêtrement monstrueux :
« un furieux enchevêtrement muet de formes nées des graines portées par le vent ou par d’autres bombes qui pullulent dans le ventre pourri du monde, et qui entament leur lutte pour grimper vers le haut, vers la lumière. »

Mais à l’inquiétude et l’angoisse des moments où il se dit :
« Il n’y a rien ! Il n’y a rien ! », je me disais en rentrant en voiture au long de ces lacets de plus en plus serrés et déserts au fur et à mesure que je m’approchais de l’endroit où je vis.
« Il n’y a, en tous lieux, que cette pullulation désespérée de vie et de mort à travers le temps, l’espace, que cette imagination désespérée… »

va répondre « la lucina », la petite lumière dont il ne sait d’où elle vient, qui le fait se questionner :
« quand le soleil disparaît à derrière la ligne de crête et qu'il commence à faire nuit, et que tout ce monde végétal devient invisible et noir comme une grande éponge nocturne, de l'autre côté, là-bas, au loin, chaque nuit, chaque nuit, toujours à la même heure, s'allume soudain cette petite lumière. »

Entre pulsion de vie et de mort cet homme solitaire va aller, de questionnement en questionnement, à la rencontre de son enfance retrouvée.
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La petite lumière est un récit très court d'un auteur italien que je ne connaissais pas, Antonio Moresco, et qui m'a touché.
Pour l'anecdote, je l'ai découvert à l'occasion d'une émission de la Grande Librairie où Daniel Pennac était l'invité et indiquait quel serait le livre qu'il emporterait sur son île déserte...
Difficile de décrire ce roman, commençons peut-être par le début, le côté narratif.
On entre dans ce récit comme dans une histoire ordinaire.
Le narrateur est un homme qui éprouve l'envie de disparaître, se retire dans un hameau désert dont il devient le seul habitant, une terre ancienne qui est la sienne et en même temps il l'aborde de manière détachée. On ne sait pas pourquoi et sans doute ce n'est pas important.
Il est usé, abîmé physiquement, semble perdu, ne sachant peut-être plus qui il est vraiment.
« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant ». Ainsi commence ce roman.
Lorsqu'il se pose dans la maison qu'il habite, il est intrigué par une petite lumière qu'il perçoit au loin tous les soirs. Elle s'allume comme un phare, comme un réverbère, comme un rendez-vous.
C'est une lumière au loin de l'autre côté du paysage, sur l'autre versant.
C'est une lumière qui devient obsessionnelle, à tel point que le narrateur veut en savoir plus, n'aura de cesse que d'aller retrouver cette petite lumière, savoir son origine.
Cette lumière, elle pourrait peut-être sortir tout droit de l'imaginaire du narrateur. Il n'en est rien, cette lumière est bien réelle.
Alors il décide d'aller chercher la source de cette lumière. Il n'y a pas de route pour y parvenir. Mais il va trouver un chemin.
Il part en quête de cette lueur, il traverse alors le paysage par les chemins, les futaies, les broussailles...
Il parvient à une maison, cette maison où brille la lumière. Une fenêtre est accrochée à la nuit. Il s'en approche, il voit un garçon qui fait ses devoirs. Tout semble normal, à part le décor, les vêtements de l'enfant, les cahiers, tout semble venir de l'autrefois. L'enfant semble vivre seul. Cet enfant, qui est-il ? Pourquoi vit-il tout seul ?
Voilà pour l'intrigue. Pour le reste, il faudra se fier à notre capacité et envie de cheminer plus loin...
Et puis, c'est là qu'est notre richesse de lecteur, nous avons une capacité énorme à imaginer la suite, ou même pas forcément la suite, mais peut-être ce qui était avant ou ailleurs...
C'est une écriture singulière, concise, à l'épure.
Il y a quelque chose qui tient de la grâce, du mystère absolu, d'une respiration suspendue à la fenêtre de la nuit.
Cette lumière, d'où vient-elle si ce n'est de l'autre côté d'un horizon improbable qui ne mènera à rien, si ce n'est à nos propres existences, à notre enfance, à un pays perdu dont les séismes de la vie ont fait dériver nos souvenirs comme des plaques tectoniques ?
Ce livre appelle, égare, déroute...
Oui, je me suis fait une réponse en traversant moi aussi le paysage, je me suis fait une idée sur cette petite lumière, mais je vous laisse deviner et cheminer aussi vers l'autre côté du versant...
Alors, comment revenir en arrière après ce texte ? Éteindre la lumière, la petite lumière, et puis se retirer des pages... Refermer le livre. Continuer notre chemin...
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Intrigant mais aussi apaisant.
"La petite lumière" qui scintille dès la nuit tombée aiguise la curiosité du narrateur qui est venu s'isoler dans un hameau où il est le seul habitant.
D'où vient cette petite lumière ? Qu'est-ce que c'est ? Nous sommes, nous aussi, avides de savoir et nous suivons avec attention le cheminement du narrateur. Ce n'est pas une recherche dans la précipitation, nous prenons le temps de découvrir la nature, de parler aux lucioles, d'observer les renards, les grenouilles...
La nature est ici omniprésente, fascinante et bien vivante.
Et puis nous rencontrons un petit garçon et là encore nous prenons le temps de comprendre qui il est d'où il vient. Je ne suis pas sûr qu'il faille absolument trouver une réponse il est sans doute préférable de se laisser aller à cette solitude poétique, reposante.
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« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. »

Qui est cet homme ? veut il en finir où simplement se faire oublier quelques temps ?

Que représente cette petite lumière qui apparaît toujours à la même heure et semble l'attirer comme un aimant ?

Qui est ce petit garçon qui vit seul, se débrouille comme un grand et va à l'école du soir, alors qu'il semble déjà en savoir plus que beaucoup d'adultes ?

Ce roman est incroyable, une expérience hors norme dans ma vie de lectrice.
Je suis restée scotchée à ces pages avalées en deux petites heures et je vais vous faire un aveu, je n'ai pas les réponses, simplement mon interprétation.
Est-elle la bonne ?
Je n'en suis pas sûre et au fond, quelle importance !

Si vous acceptez les mystères, les questions sans réponse, les non-dits, alors foncez, ce livre est un bijou.

Si vous aimez la belle littérature où chaque mot est posé au bon endroit, au bon moment, alors foncez, ce livre est fait pour vous.

Bref, quelques soient vos attente en ouvrant un livre, ne passez pas à côté de ce … Je ne sais plus que dire pour vous convaincre de suivre « La petite lumière ».
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Cette Petite Lumière (2009) de l'Italien Antonio Moresco est une pépite.

Un homme dont on ne saura rien a décidé de disparaître. Il a trouvé refuge tout près d'une forêt dans un hameau qui semble abandonné depuis peu. Mais derrière les collines entièrement recouvertes de végétation, au loin, chaque soir, il aperçoit une lumière qui semble venir d'ailleurs. Alors il enquête auprès des rares habitants des hameaux voisins, il traverse la sombre forêt, gravit des chemins escarpés et finit par entrer dans une petite chaumière toute propre où il rencontre un enfant en culottes courtes. Seul.

Ce roman est magnifique, puissant et emporte totalement dans un monde à la frontière du rêve et de la réalité, de la mort et de la vie. Un univers végétalisé crépusculaire, post-apocalyptique et méticuleusement réaliste. Dans le hameau les figues traversent les fenêtres des maisons, les barbelés en bordure des champs semblent tout juste enterrés, les plantes comestibles serpentent au sol. le long du chemin traversant le hameau, se trouve un cimetière avec des lumignons qui fonctionnent toujours. La nature était domestiquée, il n'y a pas si longtemps. Que s'est-il passé ? Un tremblement de terre ? Peut-être. La nature est devenue hostile, des essaims de guêpes attaquent avec férocité. l' homme seul les combat avec son bâton et les interpelle : « Mais comment peut-on vivre ainsi ? L'homme s'adresse à un châtaigner qui donne encore des fruits mais dont la cime est nue et comme pétrifiée : « Ce n'est pas possible pour les hommes : ils sont soit vivants, soit morts. C'est du moins ce qu'il semble... » L'homme erre au milieu de cette nature grouillante et proliférante qui semble devoir l'engloutir. Il a peur. Il invective les hirondelles qui pourront s'échapper, croise le regard blanc d'un blaireau qui n'ose pas traverser la route, est poursuivi par un rottweiler aux quatre pattes cassées. Plus tard, il rencontre une vieille épicière qui dégage une odeur fétide d'urine de chat puis un chevrier albanais étonnant. Réalité rurale et réminiscences de contes merveilleux se mêlent. Il arrive dans cette chaumière.
L'écriture est simple, au présent, dégagée de fioritures. Elle scrute les profondeurs de l'âme jusqu' à retrouver l'enfant. Quel enfant ? Celui qu'il était en lui-même ? Peut-être. Il rencontre cet enfant sage et solitaire qui a peur du noir. Il le console, il l'apprivoise doucement, patiemment, il retrouve son école. Est-il vivant ? Est-il mort ? Qui apprivoise l'autre ? Qui console l'autre ? le livre reste en suspens et ouvert aux interprétations.
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Fable de la vie et de la mort, où la vie n'est qu'un court passage qui porte déjà en elle cette mort. Un venin tranquille qui s'insinue en toute chose.
Livre du silence, de l'obscurité, de la solitude, perturbés seulement par cette petite lumière, ce vague espoir. La vie y apparait comme une force destructrice, calmée seulement par la persistante imminence de la fin.
Un sixième sens qui nous chuchote à l'oreille "I see dead people"...
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"La petite lumière" est un texte qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Court roman, entre fable et récit. On ne sait jamais réellement où l'on est ni qui est le narrateur ou plutôt ce qui a pu se passer dans sa vie pour qu'il choisisse de s'isoler dans ce hameau en ruine, inhabité, en pleine nature.

"Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. le soleil vient tout juste de s'effacer derrière la ligne de crête. La lumière s'éteint. En ce moment je suis assis à quelques mètres de ma petite maison, face à un abrupt végétal. Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité."

Avec un tel début, difficile de ne pas être intrigué. Mais nous ne saurons rien des sentiments qui habitent cet homme, tout juste serons-nous témoin de ses interrogations sur le monde qui nous entoure. Est-ce que la vie n'est qu'un infini recommencement ? A travers son observation de la nature qui l'entoure, végétale, animale mais également toute puissante et imprévisible. Ici, l'observation des arbres et des volées d'hirondelles remplace aisément la télévision. le spectacle du feu craquant dans la cheminée fait office de grand écran. Notre homme vit seul, se rend simplement une fois par semaine dans un village proche, l'un des rares villages habités de la région pour acheter de quoi manger. Un soir pourtant, il est intrigué par une petite lumière émanant d'une zone a priori déserte et décide d'aller voir sur place quelle en est la source. Il trouve un enfant, seul comme lui, dans une petite maison.

Qui est cet enfant ? Comment s'est-il retrouvé ici ? le narrateur va tenter de comprendre mais l'auteur n'a aucune intention de donner des explications toutes faites. Pourquoi ce garçon a-t-il des culottes courtes et un cartable comme on n'en fait plus ? Quelle est cette école du soir où il dit se rendre pour étudier mais que personne dans le village ne semble connaître ? Autour d'eux, la nature s'affole, les insectes se cachent, les oiseaux fuient, signes annonciateurs d'un séisme...

C'est un texte très fort, qui mérite certainement une ou deux relectures parce que lors de la première, on a tendance à se concentrer sur l'intrigue et la recherche de réponses au lieu de se contenter de savourer les mots, cette ambiance qui monte et vous emprisonne. Il faut s'isoler, au calme, sans interruptions intempestives... Disons que ce n'est pas une lecture pour le métro. Il mérite d'être reçu dans de bonnes conditions.

En ce qui me concerne, une bien jolie découverte, encore une fois grâce à ma libraire préférée chez Chantelivre, rue de Sèvres.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Antonio Moresco est un auteur à découvrir, d'une écriture singulière qui vous charme, tel un sortilège il vous distille une portion d'imaginaire, avant de vous entraîner avec ses mots vers des paysages insolites ou inquiétants et le monde ne sera plus le même, « Pas un signe de vie Humaine ».p9

La mise en scène des secousses sismiques, ajoute une inquiétude charnelle, palpable, « On entend aucun bruit, pas un seul cri d'animal nocturne, de terre, d'air. Ils doivent tous être immobiles qui sait où, pétrifiés, après que le tremblement de terre a fait vibrer la terre et le ciel sous leurs pattes et sous leurs ailes. »


Où sommes nous ? dans un décors titanesque où « les châtaigniers se découpent sur la forêt dans leur évidence spectrale », « ces troncs fossiles, des arbres mourants étouffés par les surgeons ou par le nuage du lierre », où plus loin p15, «  des mousses ou des lichens emmaillotent de leurs linceuls de velours des bois et de grosses pierres affleurantes. 


»L'histoire est banale dans ses premières pages, mais elle va vite glisser, le récit, la langue l'ambiance, se cristallisent autour de la présence d'une petite lumière, qui chaque soir s'allume à la même heure. Pourtant sur l'autre crête en face il n'y a aucune activité humaine, plus troublant encore aucune route n'y mène, un chemin ? Mais lequel.

L'obsession du conteur n'a pas faibli, « Il faut que j'aille là-bas..., je me dis encore, en continuant à regarder cette petite lumière, la couverture sur les épaules, face à un abrupt végétal, il doit bien y avoir une route, un chemin pour arriver là-bas.

Il découvre un enfant qui est seul et apprend ses leçons. Il établit peu à peu une relation. le narrateur venu pour disparaître, est maintenant pris dans le mystère absolu de sa présence, entre son regard sur le monde et cet enfant, ce mystère fait exploser sa mémoire, comme ses certitudes.

Rien ne ressemble à ce récit, il faut suivre le narrateur se laisser porter et goûter ce langage poétique et envoûtant, et s'il avoue « Je regarde le monde sur le point d'être englouti par l'obscurité. ». IL nous prend « par la main pour nous dire, tout est prêt, il fait nuit maintenant ».

Magique et lumineux


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C'est un mec qui a décidé de vivre dans un village de montagne abandonné. Il cause au monde végétal mais le monde végétal ne répond pas.

Tous les soirs une petite lumière s'allume sur la crête d'en face. S'ensuit une rencontre imaginaire avec l'enfant.

Beaux moments pas facile à mériter car noyés dans la patiente description des petits gestes domestiques, paragraphes que je n'avais pas la patience de terminer.


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L'histoire est simple, facile à résumer, un homme vit seul, reclus dans un petit hameau inhabité, il vit simplement, il observe la nature, parle avec les hirondelles, il mène une vie extrêmement solitaire.
Il remarque un soir un petit point lumineux de l'autre côté de la vallée, cette petite lumière au départ l'intrigue puis elle devient obsédante, tous les soirs à la même heure elle s'illumine. Il décide de partir à la recherche de cette lueur...
Un roman d'une grande beauté, à l'écriture épurée, gracieuse, une réflexion intime liée à la fragilité de l'existence, un texte délicat et lumineux.
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