Une découverte fort sympathique faite grâce au dernier masse critique. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, et même si au final, nous restons dans un schéma classique, l'auteur a su capter ma curiosité et créer un monde surnaturel qui sort de l'ordinaire. Et rien que pour cela, l'histoire vaut le détour.
Dans La belle et la maudit (titre en passant un peu gnangnan, faisant trop référence à La belle et la bête), pas de vampire, pas de loup-garou ! Je n'ai rien contre ces créatures, entendons nous bien, mais j'avoue que de temps en temps, il est très plaisant de découvrir d'autres mythes surnaturels.
Page Morgan nous offre donc des gargouilles, des protecteurs chargés de veiller sur les humains se situant sur leur territoire. Un univers plutôt bien ficelé avec des codes et des règles, une origine, des personnages clés et des ramifications nous présentant les alliés, les ennemis et les « dirigeants ». Bref, pas de zone d'ombre, cela tient debout parfaitement, et c'est une partie du roman que j'ai vraiment bien apprécié.
L'auteur a même choisi une époque qui s'y prête bien : la fin du XIXème siècle, voire l'aube du XXème car nous sommes en décembre 1899. Je ne suis pas toujours fan de ce choix d'époque, car souvent les personnages féminins en souffre dans le genre fantastique, mais il faut bien dire que cela donne un autre charme au roman. La religion ayant aussi une place assez importante, il est aussi plus facile d'y intégrer certaines croyances. Là où je trouve que cela pèche un peu, c'est comme je l'ai souligné au niveau des personnages. Ingrid et Gabriella, nos deux soeurs et héroïnes, sont des jeunes femmes de la bonne société londonienne ce qui entraîne certains comportements que je comprends vis-à-vis de l'époque mais qui me chagrinent tout de même. Cette pudeur pour un rien… Si vous montrez un brin de cheville, c'est la disgrâce… C'était comme cela à l'époque, mais cela reste enquiquinant. Après, on s'y fait vite et puis au final, les deux soeurs se montrent débrouillardes, un brin hardies, ne reculent pas devant le danger, et ne tournent pas de l'oeil pour un rien. Elles restent donc des personnages féminins plutôt forts malgré les contraintes de l'époque. La gente masculine a le beau rôle aussi. Ces demoiselles ne rencontrent que des gentlemen tout à fait charmants (diantre la chance qu'elles ont), qui se montrent fort utiles (non, ils ne sont pas seulement beau à regarder, voyons), et oui, ils sont aussi intéressants. L'auteur, de part la quantité de personnages, n'a pas trop approfondi les psychologies de tous, mais nous n'avons pas en face de nous des personnages trop lisses. Chacun a un passé et une personnalité bien définie qui titillent l'intérêt.
L'histoire est aussi captivante. La mythologie autour des gargouilles est bien développée, et on en apprend un petit peu au fur et à mesure. Je ne suis pas restée sur ma faim et pour un premier tome, je trouve cela déjà prometteur. L'intrigue est certes plutôt prévisible, mais elle n'en reste pas moins bien ficelée. Il y a quelques rebondissements, et certains points laissés en suspens sans pour autant nous frustrer. le fait aussi que nous suivons plusieurs personnages et cela parfois dans un même chapitre est aussi un très bon choix. La psychologie des protagonistes principaux ressort beaucoup plus facilement, ce qui nous permet d'appréhender les personnages de façon plus sereine, et il y a aussi pour le coup une très bonne dynamique dans le récit. Nous explorons ainsi plusieurs point de vue, et bien entendu plus d'événements que si nous n'avions qu'un personnage omniscient.
Un premier tome qui se lit très bien, sans grand défaut. Nous restons dans un schéma traditionnel sans grande surprise, mais il n'en reste pas moins intéressant surtout pour une compréhension plus accrue de l'univers de l'auteur et aussi pour les personnages qui sont, je l'avoue, assez facile à apprécier.