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EAN : 9782880864477
200 pages
Olizane (19/10/2017)
3.25/5   6 notes
Résumé :

Les vastes territoires du royaume imaginaire du Mahboulistan s’étendent quelque part entre la Perse et l’Empire britanniques des Indes. Son monarque, Saïd ’Ali Hussein II, Roi des Rois, Point de Mire de l’Univers, Soleil de la Nuit, etc. est confronté à quelques revers de fortune. Ruiné par une cour dépensière et par une guerre funeste avec ses voisins, menacé par le spectre d’une révolution, il décide de se rendre au Frankistan afin d’y contracter un emprun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« le Chah du Mahboulistan » , publié en 1923, est réédité par les Editions Olizane. L'originalité du livre tient à son auteur, Karagueuz Effendi, et à son genre, le conte oriental version XVIIIème siècle. Karagueuz Effendi est le pseudonyme de Jacques de Morgan. Géologue français, il a entrepris des explorations minières en Asie Centrale à la fin du XIX ème siècle. Il a dirigé des fouilles archéologiques en Perse puis en Egypte , qui sont marquées par des découvertes importantes. Jacques de Morgan est ingénieur, diplomate, préhistorien … et l'auteur de nombreux articles scientifiques. Ses intérêts et sa curiosité le mènent à écrire des pièces de théâtre, des romans dont « le Chah du Mahboulistan » qu'il publie un an avant sa mort en 1924. Son pseudonyme, Karagueuz Effendi ou « Maître Guignol », donne le ton de l'ouvrage : il s'agit d'une farce parodique, satire de son temps . le lecteur suit les aventures de Saïd'Ali Hussein II," Roi des Rois, Point de Mire de l'Univers, Soleil de la Nuit…." monarque du royaume imaginaire du Mahboulistan, situé entre le Baloutchistan, l'Afghanistan et la Perse. le lecteur suit la vie du potentat, ses décisions invraisemblables et ses idées farfelues. Il découvre, en de courts chapitres, le fonctionnement ridicule et comique de la cour sise à Mahboul, la capitale. La France, l'Angleterre, la Russie, l'Empire Ottoman, l'Allemagne… convoitent les richesses du royaume et rivalisent d'influence. le roi, ruiné par de dispendieux projets, décide de se rendre en Europe pour y contracter des emprunts. Reçu officiellement par la France, le roi est confronté aux quiproquos et incidents qui émaillent son séjour. Les aventures se succèdent qui alternent comique et ridicule. L'auteur parodie les moeurs de la République, son personnel politique mesquin et cupide, il dépeint l'absurdité bureaucratique. Tandis que le roi se jette sur les nouveautés technologiques, une guerre civile éclate au Mahboulistan. L'Angleterre en profite pour y installer ses troupes, le roi est devenu un fantoche. La première guerre mondiale permet un intéressant exposé des jeux d'influence et d'alliance entre les grandes puissances. Les complots provoquent l'exil du roi.
Jacques de Morgan reprend le genre du conte oriental et relie son roman à d'illustres prédécesseurs. Un allemand, croisé sur le bateau, se rattache à la famille des Thunder-ten-tronckh, déjà nommée par Voltaire dans « Candide ». L'étonnement devant les moeurs du monde occidental reprend les Lettres Persanes de Montesquieu. L'imagination est au pouvoir. L'auteur utilise ses connaissances et son expérience pour caricaturer les us et coutumes du Moyen Orient : le goût pour les décorations et les titres que le roi multiplie pour en tirer profit, une lecture littérale des textes religieux, la prévarication sans mesure des ministres et fonctionnaires… La déférence est obséquieuse et maximaliste envers le souverain, très sourcilleux du protocole, « Que je sois la bête sacrifiée de Votre Majesté » marque leur soumission au roi. L'enjeu n'est pas la moquerie mais le grossissement des traits, les réactions inattendues et décalées. La démarche est aussi féroce pour les us et coutumes des politiques et fonctionnaires français, dont l'auteur a pâti. L'argent gère le roman, la cupidité, l'appât du gain anime tous les personnages, tendus vers la possession et l'accroissement de la richesse.
L'édition présentée rend agréable la lecture. La couverture illustre le contenu, la qualité du papier et d'impression sont appréciables. Quelques fautes, cependant, demeurent. La préface de Matthias Hubert apporte un éclairage synthétique et intéressant du roman et de l'auteur.
« le Chah du Mahboulistan » peut être transposé aux temps actuels, ce qui accentue son intérêt à la lecture. Sa réédition permet la découverte d'un ouvrage original.
Merci aux Editions Olizane et à Babelio pour l'opération Masse Critique.




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Cette farce politique et sociale aurait pu s'intituler le Bal des Opportunistes avec ses portraits acides et sans concession. Mais les critères du conte satirique étant réunis et la personnification de chacun des gouvernements, si aboutie, que le titre se suffit.

Si vous vous échinez encore à situer le Mahboulistan, ne vous triturez pas plus longtemps les méninges, ses contrées n'ont pas de place sur notre planisphère. Tout droit sorti de l'imaginaire de KARAGUEUZ EFFENDI (alias Jacques de Morgan), ce pays, à la croisée de l'Empire perse, de l'Inde et de l'Afghanistan, est né dans le sang et la traitrise, sorte de mutinerie bâtarde de l'un des nombreux rejetons du Chah, à l'occasion d'une mise à genoux de son peuple par le tsar Nicolas Ier et son armée.

Une lignée de souverains despotes et sanguinaires s'ensuivra jusqu'à l'affaire qui nous intéresse, le règne de Saïd 'Ali Hussein II. Tenir à sa merci un peuple dans l'opulence et le luxe, le traire comme une vache à lait : voilà la triste et lourde charge à assumer pour le Roi des rois. Une pointe d'ironie distillée tout au long de l'ouvrage, l'auteur nous dépeignant le Chah comme un souverain affable et désintéressé. L'écriture est érudite, l'homme sait de quoi il retourne pour en avoir été l'un des premiers témoins de part les hautes fonctions qu'il occupait et dont il se séparait à l'époque de la publication de l'oeuvre.

L'histoire semble intemporelle et superposable au paysage géopolitique actuel : un peuple acculé par la folie des grandeurs de son dirigeant et sa soif exacerbée de pouvoir, son manque cruel de jugement, à l'instar de ses voisins occidentaux qui eux, ont « l'intelligence » de se grimer pour expédier leurs petites affaires crapuleuses.

On pourrait regretter le manque d'explicitations de certains termes exotiques qui s'accumulent au fur et à mesure de la lecture et qui entravent la progression de l'intrigue. Un bon point pour une analyse cinglante qui ne tourne pas aigre grâce à un auteur qui ne se défait pas d'une certaine dose d'humour et de mauvaise foi. Une lecture enrichissante et agréable que les Editions Olizane (que je remercie chaleureusement ainsi que Babelio) ont eu la bonne idée de rééditer un siècle après sa naissance.

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Il s'agit d'une farce satirique du XVIIIe siècle, une histoire orientaliste mais qui reste plutôt bien documenté puisque l'auteur est historien et connaît l'histoire du moyen et du proche-orient. de ce point de vue les éditions Olizane ont bien fait de réédité ce texte. Car, comme de nombreuses oeuvres orientalistes, elle permet de mieux se faire une idée de la représentation de cette partie du monde dans la conscience occidentale.

Cela étant dit, je n'ai pas aimée ma lecture, pour deux raisons. La première est liée à mes gouts personnels et je n'estime pas avoir raison là-dessus; mais la satire m'a toujours était très pénible et c'est un genre avec lequel j'ai beaucoup de mal, je le trouve toujours beaucoup trop décalé de l'enjeu de son intrigue pour que le lecteur se sente impliquer en quoique ce soit.

Et ensuite j'ai eu un problème avec l'aspect politique de l'intrigue, par moment l'auteur me perdait un peu du au contexte que je trouvais un peu trop flou, bien que l'aspect satirique joue pour beaucoup dans ce problème. Et puis je n'arrivais pas à m'attacher à un personnage de ce récit. Quel dommage.

Enfin bref... Une lecture que je trouve bienvenue de rééditer mais qui n'a vraiment pas su captiver mon interêt plus que ça. Une lecture qui ne me restera pas en mémoire.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Comme il est d'usage quand un souverain oriental parcourt ses Etats, l'escorte de S.M. vécut sur l'habitant. Il en résultat qu'à deux ou trois lieues à la ronde, sur la route suivie par le Roi des Rois, les villageois ne pouvant soutenir un aussi grand honneur, abandonnèrent leurs maisons et se retirèrent dans la montagne avec leurs bestiaux. Les gens du Roi dévastèrent les villages, brûlèrent les portes et les fenêtres des habitations, les meubles et les instruments de culture, on coupa les arbres des vergers pour alimenter les foyers des innombrables cuisines [...]. De retour dans leurs villages après le départ de la troupe royale, les habitants conçurent une très haute idée de la grandeur de leur souverain.
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