Ce livre m'a été offert par l'auteur lui-même au festival "Livre et mer" 2022 de Concarneau, et mon dieu.. Quel pensum. Nous suivons les pérégrinations adultères d'un homme et d'une femme, collègues temporaires qui s'aménagent des week-ends, des escapades afin ce voler ce "Bonheur en douce". On ne peut dénier le fait que l'auteur a plume, un joli vocabulaire, et qu'il sait filer la métaphore sexuelle en botanique. Mais l'énorme souci de cet livre est la structure narrative, et la complaisance que l'auteur dispose à l'égard du brouillage identitaire. Qui incarne qui ? L'amant est-il le narrateur ? le narrateur est-il l'auteur ? Et la maîtresse, est-ce une transposition de la mystérieuse Hélène, fantasme du narrateur, ou de l'auteur, ou on ne sait plus ? Ce n'est plus un jeu de miroirs, mais tout un magasin de luminaires... Si aveuglant qu'on n'y voit plus rien, et que surnage une seule évidence : il ne se passe plus rien, ni dans le livre, ni dans les entrailles du lecteur. Un peu plus de simplicité et un peu plus de coeur auraient mieux servi un récit réellement incarné et non aussi fantômatique.
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Elle avait grandi comme en dehors du monde. Le monde n'étais pas à sa dimension, elle le savait, il était aussi trop étranger. Elle voyait autour d'elle, au collège, au lycée, des filles et des garçons qui ne connaissaient pas de difficulté à frétiller au milieu de leurs semblables dans le grand bassin d'eau froide des journées, à se frayer un chemin dans la foule; qui étaient à l'aise partout, trouvaient leur place dans l'existence, riaient, s'exaltaient, indifférents aux regards. Elle ne s'y attardait pas. Venant des autres, cette capacité tait manuelle. Pas chez elle. Elle n'osait s'avouer différente, c'eût été de l'orgueil. Elle se considérait plutôt en défaut, d'où son acceptation de ce qui lui arrivait, elle courbait la nuque sous les menus événements qui pénétraient l'aire longtemps protégée où elle s'ébattait. Ses parents la disaient naïve, presque une enfant. Il fallait la garder à l'abri.
De ses penseés, de ses rêves, il ens s'inquiétaient pas. Couvait-elle des souhaits, brodait-elle des élans, illustrait-elle des goûts,d es préférences ? Ce ne sont pas des questions qu'0on pose aux filles.
Et peut-être, si l'on avait gratté le vernis de l'opinion avouable, qui chez eux tenait lieu de pensée, aurait-on découvert qu'ils la jugeaient coupable d'être une jeune fille, cet être compliqué. Sans les connaître, ses rêveries, forcément insipides, et ses désirs, avec leur cortège d'inclinations, de velléités, leur carnaval de leurres, les inquiétaient. Ils ne percevaient pas qu'ils approfondissent, contribuent à l'éclosion d'un être.
Trop longtemps - et de ceci elle demeure imprégnée, c'est l'axiome qui lui fut inculqué dès l'enfance - elle a considéré qu'elle ne vaut rien par elle-m'eme, il faut q'elle fasse plaisir pour qu'on l'aime....
Elle a tendance à accepter le passé, puisqu'il n'est plus amendable, comme un fait acquis: le mieux est d'éviter de se retourner, faute d'avoir vécu ce que nous voulions, nous avons eu la vie à laquelle nous avons dit oui.