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Tout commence par l'arrivée d'une machine volumineuse, qui ressemble à un grand frigo. Trois ampoules rouge, orange et verte témoignent de son état de marche. le dispositif fonctionne, comme en atteste la satisfaction, mêlée malgré tout d'une appréhension palpable, du couple qui a accepté de faire l'essai. le résultat est là, ça marche. le résultat est dérisoire mais on connaît la capacité de progression technologique du « génie » humain.

Ce premier chapitre, dont je ne dévoile pas tous les faits, sera suivi de l'histoire du développement exponentiel de cette prouesse technique, avec ses conséquences individuelles, sociales et politiques, de ses aléas, et de l'obstination vaine de quelques réfractaires.

On pourrait interpréter cette fable du futur proche et y voir une critique habile des réseaux sociaux, et des moyens de communication actuels, mais tout progrès technique s'y projette également.

Voilà typiquement ce que j'aime dans la science fiction. Et qui me rappelle mes coups de coeur d'adolescente. C'est une façon extrêmement efficace de scruter nos comportements humains, en faisant un pas de côté qui permet une mise en lumière productive. On remet habilement l'église au centre du village.

J'ai adoré ce roman, que le bandeau citant Iain Levison qualifie de « Drôle et terrifiant ». Terrifiant, peut-être mais drôle, que nenni !

Merci à Babelio et aux éditions Liana Lévi.

240 pages Liana Lévi 1er septembre 2022
Masse critique Babelio
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le futur et la télétransportation, le progrès idéalisé et son impact dans notre vie quotidienne, tout cela à déjà été raconté, comme dans le dernier Michel Bussi par exemple.

Mais quid des pionniers ? Quid des tous premiers cobayes humains ?

« Machin- Machine » ou La machine et l'Homme dans son plus trivial quotidien.

Le premier télétransporteur domestique était-il tellement encombrant dans une cuisine ?

Franck le premier humain télétransporté, décomposé atome par atome dans une pièce, puis rassemblé au même instant dans la chambre d'à coté sera-t-il le même Franck pour Kathy son épouse ?Lors d'un déménagement télétransporté, un tableau de maître recomposé reste-t-il un tableau de maître ou bien devient-il une vulgaire copie à l'arrivée ?

Et si un bidouilleur de génie plongeait dans les entrailles d'un télétransporteur pour essayer de réparer une anomalie, qui serait responsable du chaos engendré ?

Étonnante et drôle réflexion romanesque et philosophique sur le grand fantasme futuriste qu'est la télétransportation.

J.O Morgan décortique notre futur scientifique. Ludique et très méticuleux, le romancier s'amuse et amuse le lecteur en mettant à plat tous les problèmes les plus ordinaires dans l'extraordinaire.

Évidemment, comme dans tout bon roman d'anticipation humaniste, il sait aussi nous inquiéter et nous questionner.

Une belle et surprenante manière de renouveler le genre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Reçu par le biais de la masse critique, ce roman de J.O Morgan se présente sous forme de onze nouvelles qui présentent l'évolution d'une nouvelle technologie : la téléportation, dans un futur indéfini mais que l'on devine assez proche.
A chaque partie, on comprend que le temps a passé et que cette révolution technique se perfectionne, passant du simple petit objet téléporté, au déménagement de meubles imposants, à des déplacements de l'Homme (avec des résultats à découvrir à la lecture).
Puis, la téléportation devient la transtation, le réseau.
Le "réseau des transports" se développe jusqu'au point que plus aucun autre moyen de déplacement n'existe.

Dans chaque vignette, nous pénétrons dans l'intimité d'un foyer, de vies de particuliers confrontés à cette machine.
Cette dernière étant le seul élément commun à ces onze histoires.
Les personnages, qu'ils soient dans le doute, la méfiance, voire dans la peur de cette technologie ou dans une confiance absolue de son apport révolutionnaire pour l'humanité, se voient de toute façon imposer ce nouveau et unique moyen de transport.

L'auteur questionne sur notre addiction aux nouvelles technologies, même si, paradoxalement, nous remettons en doute leur utilité ou leur mode de fonctionnement. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux portables, internet et réseaux sociaux, sans lesquels on vivait il n'y a pas si longtemps et qui nous paraissent indispensables aujourd'hui.

"Et maintenant nous sommes enfermés dans ce système. Nous continuerons de l'utiliser quoi que quiconque puisse en dire. Et donc, qu'est-ce que cela dit à notre sujet ? Il ne s'agit pas de se demander ce que la machine nous fait ou ne nous fait pas lorsque nous y passons, mais bien plutôt: qu'est-ce que l'existence même de la machine a déjà fait de nous? Qui sommes-nous devenus? Elle nous domine. Elle gouverne notre façon de vivre."

Une technologie qui pourrait être utilisée dans l'intérêt de l'humanité, mais qui ne répond qu'au besoin de profits financiers, jusqu'à aboutir parfois à des situations absurdes qui nient jusqu'à l'existence de l'individu.

"À une certaine époque on n'en avait pas besoin, mais maintenant c'est là, et comme c'est là on en a vraiment besoin, et les gens ne voudront pas voir ça disparaître. Ils ne défendront jamais cette idée. Tout s'effondrerait. Tout l'édifice de la société s'écroulerait."

A chaque nouvelle, l'auteur nous plonge efficacement dans une nouvelle idée très originale.
Une impression malaisante, dérangeante se dégage de cette oeuvre quasi philosophique. Impression évidemment souhaitée par l'auteur, pour probablement menée à une réflexion sur les conséquences de la course à la modernité sur l'humanité et l'environnement.
Cela en vaut-il la peine eu égard aux effets sur le quotidien des humains ? La vie en sera-t-elle facilitée ? L'écologie sera-t-elle à nouveau reléguée au second plan ?

Je voudrais souligner le fait que les éditions Liana Levi publie des auteurs particulièrement intéressants. Après Seth Greenland et Iain Levinson, j'ai été ravie de découvrir ce nouvel auteur prometteur.
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Et si… et si…. Onze chapitres, onze parties d'une même histoire reliée par « la machine ». Mais qu'est-ce qu'elle fait d'extraordinaire ? Elle permet, au départ, de transporter dans l'espace et le temps, des objets d'une cabine A à une cabine B. Puis en améliorant ses fonctionnalités d'envoyer des humains d'un lieu à l'autre. Pratique pour aller voir ses enfants à l'autre bout du monde, voyager sans aucun risque et revenir de la même façon …. Il y a, bien sûr, quelques contraintes mais on les oublie vite tant la vie quotidienne est facilitée. Plus de voitures sur les routes, les produits frais arrivent très vite, etc… Il faut que tout soit bien réglé pour que d'un point à l'autre, ce qu'on translate, reste rigoureusement identique.
Et si, un jour, on trouvait un moyen, lorsqu'on manoeuvre pour une personne qui est malade, de la reconstituer sans les cellules affaiblies, juste en triant ? Pas mal non ?
Vous vous rendez compte, rien de cassé dans les déménagements ! Mais ce tableau de maître, payé un prix fou car c'est un original, une fois réduit à rien puis refait, a-t-il toujours autant de valeur ou n'est-il devenu qu'une pâle copie ?
Et les humains, sont-ils vraiment les mêmes ?
Dans ces différentes anecdotes toutes reliées par la machine mais pas avec les mêmes personnages, on prend en pleine figure, une dérive possible du progrès. Tout ce qui est raconté l'est sans chronologie mais plus on avance, plus la machine est présente, plus elle est affinée, plus elle s'impose dans la vie de tous les jours. Et plus notre sourire se crispe en se disant « et si et si…. ? »
« C'est logique que les choses aillent de travers de temps en temps.
-Ouais, si les choses ne vont jamais de travers, on ne sait jamais jusqu'où on peut aller.
-Et on serait allé nulle part si on n'avait pas essayé.
-Ouais, et on a été bien prudent, aussi.
-Je sais, et c'est pas si grave en fait.
-Non – je crois qu'il s'en remettra.
L'auteur est connu pour ses recueils de poésie et avec ce roman, il s'est lancé dans une nouvelle aventure et il l'a plutôt bien réussi. Ce qu'il nous présente, c'est un peu comme des arrêts sur images, des tranches de vie. le premier texte commence d'une façon tout à fait banale, dans un petit pavillon de banlieue, rien d'extraordinaire à première vue. Un couple qui reçoit « la machine ». Monsieur est très fier car il travaille pour l'entreprise qui les fabrique. Il a été choisi ! Son épouse est plus sur la réserve….
On les quitte et on va voir d'autres individus et toujours cette machine qui sert de fil conducteur, qui devient plus précise, se rend indispensable….
Oui, le thème n'est pas nouveau mais la forme et le style, purement jubilatoires, le sont pour moi. Il y a dans l'écriture, une espèce de liberté poétique qui rend le propos délicat alors qu'il est grave. Un peu de dérision, de questionnement sur la fatalité (je pense à un des passages où un vieil homme réfractaire finit par dire oui comme s'il n'avait pas vraiment le choix…. Et que c'était mieux ainsi…), sur le progrès…est-il si indispensable que ça ? Et comment savoir si c'est mieux autrement ?
« Pourquoi on voudrait faire un truc pareil ?
-Oh ? chais pas. Je dis juste que ça pourrait se faire, voilà.
Je me suis régalée avec cette lecture, c'est distrayant, bien écrit et in on reste à distance, ça ne fait pas (encore) trop peu pour notre avenir…..

Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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J'ai apprécié la construction de ce livre de science-fiction légère en plusieurs nouvelles sur le même thème : celui de l'invention et de la commercialisation d'une machine à téléporter (à la fois les objets et les humains). C'est une bonne critique de la société de consommation, avec de l'humour, de la violence et de la vérité. En revanche, je pense qu'une plus grande cohérence entre les nouvelles, des similarités et des précisions sur les temporalités auraient apporté quelque chose au récit final. Je pensais être surprise à la fin, chose qui n'est pas arrivée.
Donc avis mitigé mais une lecture qui vaut le coup dans un aspect purement d'anticipation et de critique sociale.
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Véritable découverte que cet auteur J.O.Morgan.

Machin-Machine est un roman qui pourrait faire penser à un recueil de nouvelles en raison de sa construction.
L'histoire semble se dérouler dans les années 1980-90 mais avec une technologie bien plus futuriste : la machine à télétransporter. le roman est découpé en 11 chapitres où on suit l'évolution de cette invention. Les personnages diffèrent à chaque chapitre. On pense un peu à la série « Black Mirror » par rapport à cette construction en épisodes différents autour d'un même thème et en raison de la tonalité dans laquelle les événements se produisent.

On ne fait pas dans le thriller ici. On ne s'ennuie pas pour autant. Il n'est pas non plus question d'une science-fiction qui écrase par ses personnages multiples, ses univers multi-connectés et son astronomie haute en couleur, on est sur de la science-fiction terrienne où on se pose des questions de société, de philosophie et d'humanité. Des questions terre-à-terre ? Non : des questions qui prennent leurs racines sur la terre mais nous élèvent : Réflexion sur la beauté et la valeur des choses matérielles, sur les langages, sur la technologie, ses dangers, ses addictions, sa compatibilité avec l'Art et l'humain. Peut-on tout traduire en nombre : les objets, les personnes ? Comment une nouvelle technologie s'insinue sournoisement dans nos vies jusqu'à devenir indispensable et nous transformer en esclaves ? Comment une société multinationale peut imposer ses vues avec l'aide des gouvernements et finalement avec l'approbation de la société ?...

L'écriture est à la fois délicate, poétique, accessible et efficace. On retrouve une subtilité à la Herbert Georges Wells ou à la Barjavel, peut-être un peu De Maupassant aussi. J'ose le dire, par ce roman, J.O.Morgan me semble appartenir à cette famille d'auteurs. Il a un véritable talent pour suggérer avec progressivité la survenue d'une catastrophe par des petites maladresses des gestes quotidiens. Chaque mot est pesé, on se projette dans la scène avec facilité et avec un véritable plaisir de lecture. Certains passages sont bien plus profonds que ce qu'on peut percevoir au premier abord, comme s'il y avait différents niveaux de lecture.

L'auteur a une fâcheuse tendance à couper la parole à ses personnages. Cela ne perturbe pas tellement la lecture mais peut surprendre. Elle suggère en ligne de fond, l'effacement progressif de l'humanité par la technologie.

Si je dois trouver un défaut à cet ouvrage, il serait peut-être dans l'inversion de quelques chapitres mais surtout, le titre et la couverture qui ne servent pas suffisamment le livre.

Pour moi, J.O. Morgan est un auteur brillant à suivre !
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« Rien ne change vraiment. On ne traduit pas la condition humaine. Nous croyons aller de l'avant. Ce n'est qu'une impression ». Une machine est installée chez un jeune couple qui permet d'envoyer des objets, comme une petite cuillère, par le biais d'un câble. D'un prototype, on passe au développement en masse, des objets aux humains… Où va le progrès ?

Tout au long des pages, avec un sens aigu de la narration, l'auteur de ce roman interroge sur l'impact du progrès technique sur nos vies, sur l'emballement suscité par la technologie, la dépendance qu'elle induit au quotidien. Quelle part de choix, de liberté demeure quand la machine a envahi la vie ? On finit par s'apercevoir qu'« il est trop tard pour changer, maintenant. Les racines sont trop profondes ».

Le roman pose des questions essentielles sur la place de l'art, sur la nostalgie, avec des pages d'une grande poésie, mais aussi sur l'expérimentation sur l'homme, son humiliation par la machine qui s'impose de façon implacable. « La vraie question, c'est notre acceptation d'un système que personne ne comprend tout à fait. D'un système qui n'a aucun sens. Et pourtant nous lui faisons confiance. Nous croyons, tous autant que nous sommes. Il s'agit de foi aveugle. Nous acceptons cette affirmation. Nous n'avons aucune raison de ne pas y croire. Et maintenant, nous sommes enfermés dans ce système. Nous continuerons de l'utiliser quoi que quiconque puisse en dire ». Et qu'arrive-t-il quand la machine se détraque ?

Sous des dehors romanesques et légers, souvent drôles, c'est le tableau d'un drame humain que l'auteur esquisse avec force sous nos yeux, le roman d'apprentissage d'une chose inhumaine. A cet égard, c'est un roman terrifiant.

Heureusement, toute ressemblance avec des évènements existants ou à venir serait purement fortuite… Vraiment ?
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J.O. Morgan, Machin-machine, éditions Liana Levi , 234 pages, 2022. Traduction de l'anglais (Écossais) par Pierre Reignier.

Ce n'est pas un roman de science-fiction. En tout cas, pas à mon sens. La science fiction s'appuie d'ordinaire sur une base scientifique puis extrapole. Ici, on a plutôt affaire à une fable. L'aspect scientifique y est juste effleuré, au profit d'un regard sociologique, philosophique, toujours teinté d'inquiétude et d'une touche d'humour noir.

de quoi parle-t-elle, cette fable ? D'une machine qui désorganise les atomes de tout objet ou tout être vivant pour les réorganiser ailleurs, là où l'on veut. le transport instantané, rêvé...

Sauf que l'auteur s'attache à nous montrer, en explorant la vie quotidienne de quelques citoyens, combien cette machine, devenue banale dans chaque foyer, charrie d'inquiétudes. Au fil de la narration, la machine se perfectionne, entrainant toujours plus de doutes sur sa fiabilité, son utilité, et même son absence totale de sens.

de la crainte que des livres passés par la machine se retrouvent au final avec leurs mots dans le désordre, jusqu'à l'angoisse que les minerais envoyés de la Lune par ce système ne fassent qu'alimenter la surenchère technologique sur terre, l'angoisse ne fait que monter. Pourtant les autorités se font rassurantes. L'ambiance semble sereine. Plus personne ne se pose plus de question. Des disparitions ? Vite étouffées.

La narration est douce-amère, les fins de chapitre laissent un froid qui court dans le dos. Il y a beaucoup de leçons à tirer de ce récit, qui n'est pourtant jamais moralisateur. Réfléchir avant de se laisser embarquer, prendre son temps, évaluer sérieusement les conséquences à long terme, et éviter la surenchère qui nous précipite dans l'engrenage...

J'ai adoré ce récit en demi-teinte, à la langue millimétrée, qui, sans explosion, sans apocalypse, donne la chair de poule.

À retrouver sur Instagram @capsules-de-lecture
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