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Critique de Ogrimoire


En quatrième de couverture, est repris un commentaire paru dans le Los Angeles Times, qui évoque « de l'action digne d'un thriller dans un décor cyberpunk ». Paradoxalement – ou non -, moi, ce livre m'évoque plutôt un western futuriste, une conquête de l'ouest science-fictionnelle. Mais, en réalité, c'est peut-être la même chose !

La planète Mars nous est en effet présentée comme la Haute Frontière, qui n'est pas sans rappeler la Frontière chère aux colons américains partis prendre possession de la côté Ouest des États-Unis. On y retrouve les mêmes populations : des aventuriers, venus trouver aux confins du monde connu ce surcroît d'adrénaline, et, surtout, une hypothétique fortune ; des désespérés qui, sans espoir sur Terre, ont rêvé d'un monde meilleur ; des hommes durs au mal, prêts à tout pour conserver leur liberté ; des femmes qui, ici ou là-bas, n'ont que leurs charmes pour survivre… Et tout cela marine, macère, grouille, au profit de quelques privilégiés : politiques, tenanciers de salles de jeu ou de bordels, marshalls chargés de faire respecter la loi… au moins celle du plus fort !

Hakan Veil est comme un poisson dans l'eau dans ce magma : il court après l'argent dont il a besoin pour payer le loyer de la cellule qu'il occupe, vendant la seule chose dont il dispose, son incroyable capacité à la violence. En effet, il a été « augmenté » à l'aide de diverses technologies militaires, ce qui lui donne l'avantage sur la plupart de ses adversaires. Et, quand il « chauffe », il cherche l'apaisement entre les cuisses de sa voisine, Ariana, danseuse et prostituée.

Violent et cru, ce livre nous emmène en réalité en terrain connu. Car c'est de l'humanité qu'on nous parle. Dans laquelle chacun cherche à s'en sortir comme il peut ; dans laquelle les puissants tentent, à coup d'intrigues et de coups fourrés, d'asseoir leur pouvoir ; dans laquelle les gros poissons peuvent toujours se faire dévorer… par un plus gros poisson qu'eux !

La science-fiction, elle, passe à la fois par le décor – on est quand même sur la planète Mars, hein ! -, et par les dispositifs qui font que les hommes sont « augmentés ». La plus belle trouvaille, à mon goût, ce sont ces « lorgnons », dispositifs qui, couvrant un oeil, permettent d'accéder à de l'information. Et, comme dans la citation figurant en haut de cette chronique, la courtoisie veut que, lorsque l'autre enlève son « lorgnon », renonçant à connaître votre rythme cardiaque, votre tension artérielle – et donc à être capable de décrypter vos sentiments -, vous fassiez de même. Cela m'a rappelé, dans une moindre mesure, ce que nous vivons avec les masques en ce moment : ce dispositif qui s'impose à nous, nous devons apprendre à vivre avec, en même temps qu'avec les autres…

J'ai également trouvé particulièrement malin l'idée des « mouches », ou insectes volants qui viennent vous piquer pour transmettre les mises à jour des différents logiciels que chacun porte en lui. Avec la tentation permanente de les écraser comme des insectes, l'image est vraiment bien trouvée… tout en faisant parfaitement froid dans le dos. Car, oui, déjà nos téléphones et nos ordinateurs sont en mise à jour quasi permanente, mais le jour où ce sera nous…

Hakan Veil, dans tout cela, parvient même à nous être sympathique. Un peu comme un redresseur de torts, sur le modèle de tous ces héros qui ne savent pas à quoi ils s'attaquent et se retrouvent contraints de déplacer des montagnes.

Ce n'est pas forcément à mettre entre toutes les mains – les scènes de violence, comme celles de sexe, sont explicites -, mais c'est, comme un bon western, un moment un peu régressif, pas du tout désagréable !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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