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EAN : 9782072780264
240 pages
Gallimard (09/01/2020)
3.85/5   123 notes
Résumé :
Orren et Aloma sont deux âmes à vif, deux jeunes êtres à fleurs de peau. Elle est orpheline, élevée dans une école missionnaire catholique et dotée d'un talent rare pour le piano. Il est fils de fermiers, fier et taciturne. Ils sont amoureux et leur vie bascule le jour où la famille d'Orren meurt dans un accident de voiture, le laissant en charge d'une vaste plantation de tabac, d'une terre aride et d'une maison silencieuse où flotte encore la présence des êtres dis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
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Tous les vivants ne me laissera pas un souvenir impérissable - à ranger dans la catégorie honnête, loin du chef-d'oeuvre, mais pas si mal.
Il y a beaucoup de justesse dans l'écriture de C.E. Morgan, dans sa façon d'évoquer le quotidien de l'amour, les désillusions, les désirs d'une héroïne un peu paumée dans un trou perdu du Kentucky. L'auteure évoque avec finesse les sentiments contradictoires d'Aloma, son désir pour Orren, avec qui elle vit, son attirance pour le pasteur, Bell, son désir de fuir tout ça, cette terre aride, ces montagnes écrasantes, elle-même surtout, «cette part d'elle qu'elle découvrait avec effroi, de plus en plus sournoise et avide».
Beaucoup de justesse, mais il m'a manqué peut-être une dose de surprenant, plus d'audace, plus de souffle, d'énergie.
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Aloma, orpheline, en pension dès l'âge de douze ans, a une passion pour le piano. Elle rencontre Orren, ils se plaisent et se voient régulièrement à l'arrière de son camion. La mère et le frère d'Orren décèdent dans un accident et, Orren se retrouve seul à devoir gérer une exploitation agricole: champs de tabac, vaches, poules,... Il propose à Aloma de le rejoindre et elle accepte. Ils habitent dans l'ancienne maison, trop grande, trop vieille, trop chargée d'ancêtres,.... Pourquoi ne pas habiter la nouvelle maison plus confortable? Il y a bien un piano mais trop vieux lui aussi et désaccordé et, pas les finances nécessaires pour le réparer. Que va faire Aloma, elle qui ne sait jouer que du piano? Orren est toujours parti travailler dans les champs, s'occuper du bétail,... A-t-elle fait le bon choix?
On suit le parcours de deux jeunes confrontés à des vies bien trop lourdes pour leur âge. Orren doit oeuvrer seul sur sa ferme, il travaille dur sans se plaindre sous une chaleur épuisante. Il parle peu. Par contre, on partage les pensées d'Aloma, ses colères, ses doutes,... Elle aimerait tant qu'Orren lui demande son aide.
En tant que lecteur, on ne peut pas rester indifférent aux personnages, à leur vie, à leur amour débutant, à leur désillusion, à leur courage,...
Ce livre nous montre le contraste très marqué entre d'un côté, l'évidence pour Orren de garder et perpétuer les terres de ses ancêtres et de l'autre, les doutes d'Aloma qui, elle, peut soit rester ou partir vivre ailleurs, loin de ces montagnes écrasantes, de cette chaleur. Contraste aussi entre Aloma, vide de souvenirs familiaux et Orren, empli de tels souvenirs au point qu'il en oublierait sa propre existence.
Cette histoire vous prend aux tripes. La vie n'a épargné ni Aloma (elle a grandi seule sans tuteur), ni Orren (il a perdu toute sa famille). On a envie tout au long de la lecture que cette vie les épargne. C'est parfois le cas mais, pas toujours. On voudrait un peu de douceur mais, il y en a très peu. Il faut avancer coûte que coûte et pourtant, les questions sont là ainsi que, quelques confidences qui permettent de comprendre les comportements, les réactions, ... Au final, sont-ils si différents l'un de l'autre?
Une lecture qui nous questionne, qui nous bouleverse. Je lirai sans aucun doute "Le sport des rois".
Merci à Frédéric524 qui, grâce à son coup de coeur partagé, m'a fait découvrir ce roman.
Belle lecture!



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« Tous les vivants » a beau être le premier roman de C. E. Morgan, c'est en réalité le second texte publié en France aux éditions Gallimard après « le sport des rois » qui avait fait une forte impression auprès des critiques et des lecteurs. Grâce à ce livre, l'auteure américaine s'est faite un nom et elle fût notamment finaliste du prix Pulitzer de fiction 2017. Rien que ça. Dans ce premier roman, on retrouve ce style organique, charnel, volcanique. C'est un magnifique portrait de femme. Aloma, orpheline élevée dans une école de missionnaire catholique et qui voue une passion extatique pour le piano, un instrument qu'elle maîtrise avec brio. Un jour, elle rencontre Orren, un fils de fermier qui n'a plus de famille lui non plus. Ces deux solitudes vont s'attirer irrésistiblement. L'attraction des corps, la fusion de deux êtres solitaires qui vont vouloir former un socle affectif solide pour les amener à affronter les aléas de la vie. La famille d'Orren meurent dans un accident de voiture. Orren n'a pas le temps de les pleurer, il doit assumer l'héritage de ces derniers et c'est tout naturellement que celui-ci décide de s'installer dans l'exploitation agricole avec Aloma. A perte de vue, des plantations de tabac, au coeur des montagnes du Kentucky, quelques vaches, des poules, et une maison imprégnée des souvenirs des défunts. Pour Aloma, il faut tout reconsidérer, son projet de faire de son don pour le piano, de sa passion pour la musique, un métier dont elle vivrait. Mais il y a aussi Orren qui ploie sous les charges de travail assommante. Aloma doit tout apprendre pour tenir la maison. Les tâches quotidiennes, l'éloignement d'un Orren de plus en plus taiseux et taciturne, la nostalgie des heures passées plus jeune à jouer du piano, tout cela provoque une déflagration qui résonne dans le coeur d'Aloma. Elle se perd, a t'elle fait le bon choix en suivant Orren dans cet endroit où elle ne se sent pas chez elle. Et puis un jour, la volonté de renouer avec la musique, le piano est trop forte. Elle décide d'aller voir si le pasteur de l'église locale aurait besoin de quelqu'un pour jouer. Il accepte. Qui est-il ? Pourquoi se sent elle différente en sa présence ? Elle aime Orren mais pour Aloma une lutte s'engage en son sein, elle fait l'expérience de la chrysalide qui était chenille avant de devenir papillon. le style d'écriture est saisissant, magnifiquement expressif, plongeant dans les arcanes, les méandres des désirs et des doutes d'une jeune femme pour son couple. C'est beau, c'est transcendant, un petit miracle comme lorsqu'elle nous décrit le vêlage d'une vache, transformant ce moment en quelque chose de déchirant où la vie et la mort s'entremêlent inextricablement pour former cette puissante communion des âmes qui les relient. Un coup de coeur.
Lien : https://thedude524.com/2020/..
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Lu grâce à ta critique de Frederic524 qui a écrit que c'est un magnifique portrait de femme. Une écriture toute en délicatesse qui fait en sorte que Aloma et lectrice ne font plus qu'une en débarquant dans cette ferme. Hostilité envers des volatiles stupides, puis attachement à un veau (magnifique scène). Cette jeune pianiste, hésite quant à la direction prendre pour son avenir. S'engager avec Orren et à son exploitation de tabac ? Se laisser conquérir par la voix du pasteur ? Mais surtout se procurer un piano. Et nous-mêmes avons-nous fait le bon choix pour notre futur ?
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Aloma avait promis à Orren qu'elle viendrait vivre avec lui dans la ferme familiale héritée subitement suite aux décès tragiques de sa mère et son frère dans un accident de la route.
« La poussière flottait encore devant le hayon de son camion, répugnant à retomber dans sa morne monotonie. » Aloma arrive donc face à cette grande maison décrépite, se risque seule dans son intérieur délavé par le temps. Sur un mur, « une armée d'yeux du sol au plafond » la dévisagent. Puis un piano tristement moribond la fait soupirer, le coeur subitement serré et résigné.
Dehors, les plants de tabac s'étendent sur les champs en contrebas. le calme est juste perturbé par quelques stridulations d'insectes invisibles. Son regard balaie la grange de séchage du tabac et s'arrête à l'horizon, sur les montagnes enserrant ces terres pâles et poussiéreuses de sécheresse. Quelques vaches, des poules et un coq agressif.
A-t-elle désiré cet avenir qui s'offre à elle, ici, dans cette ferme perdue du Kentucky ?
Orpheline, placée par son oncle à l'école de la mission catholique où elle se sentait oppressée par les montagnes avoisinantes, elle désirait atteindre l'âge adulte pour se libérer de cet écrasement, fuir ce bouclier entravant la progression du soleil. Elle rêvait d'un « lieu sans relief », d'autres lieux où elle pourrait jouer du piano. Mais à vingt ans, avant de s'échapper de l'école, faute de famille et d'argent, elle a dû prendre le poste de professeur de musique puis s'est liée à Orren qui, lui, rêvait d'avoir une ferme plus vaste que celle de son enfance.
Quelle compatibilité peuvent avoir ces deux rêves ? Leur amour peut-il cheminer dans cette totale discordance d'aspirations personnelles ?

Très intimiste, ce roman est finement écrit, délicatement amené par une plume très expressive, lyrique, évocatrice. C'est au plus près d'Aloma que C.E Morgan a décidé d'observer la flamme vacillante de ce jeune couple tout juste confronté à la vie.
Dans cette vieille maison, tous les objets, tous les cadres avec les photos des parents, du frère, reflètent les signes d'une vie qu'Aloma n'a pas connue. Sa propre vie à la ferme se résume au ménage, à la cuisine. Ses partitions, reléguées dans un carton, ne sont qu'un agréable souvenir. Seule et désoeuvrée, elle scrute la silhouette floue d'Orren, toujours courbée sur ses terres. Elle découvre son regard lointain, son sourire devenu inexistant, ses phrases interrompues et ses silences encore plus pesants.
Son corps à elle n'est que rythme et tempo alors que celui d'Orren, de plus en plus noueux, n'est que terre et plants de tabac. Leurs rares paroles deviennent maladroites. L'auteure communique sublimement ce qu'Aloma tente de saisir elle-même : faut-il lutter contre cette existence qu'elle n'a pas voulue, la fuir, composer avec ? Elle veut ressentir et comprendre chez Orren ses attentes, ses souffrances mais doit-elle taire ses propres désirs pour s'aligner avec lui ?
Car Orren doit à sa famille, ses prédécesseurs sur ces terres ingrates et desséchées, de continuer à suer et faire prospérer cet héritage agricole. Les vivants doivent suppléer aux morts qui tapissent le mur de la maison délabrée.

Le deuil, l'audace de vivre sous le même toit sans être mariés, le travail harassant de la ferme s'ajoutent aux envies désaccordées d'Aloma et d'Orren.
Dans ce roman, les montagnes entravent la progression du soleil, l'ombre du matin semble interminable et se propage dans les coeurs de ces deux jeunes âmes écorchées et incertaines.
Et puis la musique s'infiltre. La passion pour le piano va-t-elle faire basculer cet équilibre amoureux si précaire ?

Dans le sillage de ce couple, tout est remarquablement évocateur, l'odeur et le rude travail de la ferme, les champs, les bêtes, l'attente de la pluie, les feuilles usées des plants de tabac et l'éclosion de leurs fleurs comme une mer blanche éblouissante et magique.
Sur une poignée de mois, le temps d'une récolte, c'est le cheminement, juste et émouvant, de deux êtres qui tentent de s'unir. Un moment de lecture doux, délicat et magistral.
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critiques presse (1)
Bibliobs
09 janvier 2020
La beauté du livre de la romancière, qui réussit magnifiquement à transcrire les beautés de la nature environnante, se retrouve dans un personnage partagé entre son envie de voir ailleurs, son désir sauvage de faire courir ses doigts sur les touches d’un clavier et son attirance trouble pour le pasteur de la localité voisine.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Tu es radieux, dit-elle.
Il la regarda, clignant des paupières dans le soleil du matin. Je serai radieux ce soir, ma chérie, chanta-t-il en élevant la voix, je serai radieux ce soir. Mon cœur sera peut-être brisé demain, mais ce soir je serai radieux. (1)
Elle secoua la tête de nouveau. Dieu nous garde de cette voix, dit-elle en prenant une gorgée de café. Il jeta un œil à son visage, puis il coinça le bidon à l’arrière de son pantalon et sauta par-dessus la clôture. Aloma hurla, essaya de s’enfuir en courant et protesta : Non, j’ai mon café, alors il lui prit la tasse des mains et la renversa par terre, le café se répandit, noir sur la terre pâle, et la tasse ébréchée atterrit sur le côté tandis qu’il s’emparait d’elle et la levait contre son torse. Non, protesta-t-elle, mais il l’avait déjà basculée par-dessus son épaule comme un sac de graines. Tu pues, dit-elle en le bourrant de coups de poing dans le dos. Tu pues la bouse de vache, renchérit-elle, le visage dans sa chemise, avant d’abandonner et de le laisser porter son poids mort.

(1) « I’ll Be All Smiles Tonight » est le titre d’une chanson country très populaire. (N.d.T.)
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Ben alors pourquoi tu t'es mariée avec moi ? Il prononça ces mots d'une voix basse, comme s'il se parlait à lui-même.
Elle réfléchit une minute, non pas pour trouver la bonne réponse mais pour en trouver une qui ne soit pas un mensonge.
Principalement parce que je te veux.
Comment ça, tu veux baiser avec moi, c'est ça ?
Seigneur Dieu, Orren, dit-elle avec un rire sobre. Elle tourna la tête par la fenêtre, observa le monde qui changeait, s'empourprait puissamment. Le bouleversement à l'oeuvre la prit par surprise, elle se frotta le front d'une main. Puis : Mon Dieu, oui, je suppose, mais c'est pas seulement ça.
C'est quoi ?
C'est plus. Elle courait après cette chose dans sa tête qu'elle n'avait jamais réussi à nommer. Quelque chose comme... quand je te possède, quand je te possède de cette manière-là, ce n'est pas assez et je veux toujours plus de toi. Quand tu dis quelque chose, j'ai envie d'en entendre d'avantage, et quand tu vas quelque part, n'importe où, j'ai envie, plus que toute autre chose au monde, que tu reviennes. ça a plus ou moins toujours été comme ça. C'est ce que je veux dire par plus.
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Elle se demandait quel genre de chance il fallait pour être autre chose que la personne à laquelle la naissance vous destinait.
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(...) il était trop tard pour comprendre de quelle façon ils s'étaient aimés à trois comtés et deux montagnes de distance, ou comment, une fois cette distance parcourue, la distance était pourtant demeurée. (p212)
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Un par un, Aloma débloqua les panneaux des fenêtres et les fit coulisser aussi haut que possible dans leurs montants peints. En matière de parfum d'intérieur, même la bouse de vache valait mieux que l'oubli.
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