Je ne sais pas si je regrette le chocolat. Je sais que je suis capable de tuer pour du chocolat :
Le chocolat était derrière la vitrine
Le chocolat avec si bonne mine
Le chocolat m'a dit "coucou"
Et moi ça me rend fou
Le chocolat se reposait en paix
Le chocolat, le chocolat, oui mais...
Le chocolat était tellement mimi
J'ai cassé la vitre et je l'ai englouti.
Là où il y a trop, quelque chose manque.
Ça veut dire que si je mange trop, c'est parce qu'il y a un trou : dans mon coeur, dans ma tête, dans mon ventre ? (p.36)
" Je regrette de ne pas pouvoir chanter comme Edith Piaf « Non, je ne regrette rien ». "
Je regrette d'avoir vécu chaque minute, chaque heure, chaque journée de ma vie avec tout ce poids. C'est comme si je portais une valise de quarante kilos de beurre de cacahuètes à perpétuité. Je regrette chaque bourrelet et chaque gramme de trop. Je regrette mon image sur chaque photo jamais prise de moi et ce grand sourire qui me sert de masque. Je regrette que chaque personne qui me décrive soit obligée de commencer par cette phrase tonitruante : "Elle est grosse". Je regrette mon impuissance fac aux pâtes, aux frites, à la glace, au chocolat, aux tartines et tout ce que mes yeux voient de mangeable. Je regrette que mes rêves aient tous la forme de repas, festins et banquets. Je regrette les sacs-linceuls que je porte en guise de vêtements. Je regrette le regard de ma mère, de mes filles, de mes gendres, de mes petits-enfants, de mes amis, des hommes.
Un cœur lourd est un cœur blessé. Un cœur blessé doit être bercé. La seule berceuse que je connais est la nourriture. (p.33)
Je me parle. Je me gronde. Je me dis souvent ceci : cesse d’être une monstresse d’ogresse de grosse patate dans des misères de sacs de patates. Finis-en avec ce problème une fois pour toutes. Et patati et patata !
Résister est un mot que j'aime. On avance par la résistance. J'admire les résistants.
Je ne monte pas tout de suite sur la balance. Il faut un stratagème, une tactique, un subterfuge. Je tourne autour comme dans une danse africaine de la mort pour essayer de me donner la force et le courage nécessaires. Je me déshabille pour être toute nue et peser moins et je m'approche enfin de mon sort. J'ai peur. (p.9)
Vivre pour manger ou manger pour vivre?
J’adore le chocolat et je ne le quitterai pas.