"Le soir, tous devant la télé, nous réussissons très bien à parler en zappant. En plus, papa lit les messages sur son portable à table, et mon grand frère mange devant son ordinateur. L'humanité évolue, elle progresse. Pourquoi
pas l'école ?"
A l'heure où Télérama s'apprête à sortir son nouveau numéro avec un dossier spécial sur les tensions entre parents et professeurs,
Susie MORGENSTERN, elle, se met dans la peau de Catherine, jeune enseignante en classe de CM qui ne sait
pas comment remédier aux bavardages de ses élèves. Et, évidement, les parents ont leur mot à dire.
Dans une société où le métier d'enseignant est parfois bafoué plus qu'aduler,
Susie MORGENSTERN, en quelques pages, nous montre trois points de vues différents : celui de l'élève, celui de l'enseignant, et celui des parents.
Pour Catherine qui n'en peut plus d'entendre les enfants blablater pendant qu'elle parle, toutes les solutions semblent bonnes. Elle se confie et n'hésite
pas à aller au bout de ses pensées, quitte à choquer, à provoquer. Les bavards ? Elle voudrait les égorger, les enfermer dans une cage, les bâillonner voir les étrangler.
Mais ces méthodes étant un peu extrémistes, elle opte pour des choses plus culturelles qui pourraient faire réfléchir les enfants. et doucement, au fil des pages, elle sombre dans une dépression jusqu'à l'inévitable remplacement. Elle doute d'elle-même, et l'inspectrice finira de lui faire perdre toute confiance en elle. Un mois d'absence. Et un remplacant. Il n'est
pas très rigolo, et même si les enfants l'appellent Monsieur Gaga, ils n'en mènent
pas large face à ce bonhomme plus effrayant que King Kong lui-même…
Ce mois permet à Catherine de réfléchir librement. Alors, trouvera-t-elle une solution ?
"En quinze ans de carrière d'enseignant remplaçant, je n'ai jamais vu une classe pareille. Avec elle, les pires punitions ne marchent
pas. Dommage que nous n'ayons plus le droit de donner des claques et d'administrer des châtiments corporels. Face à des démons pareils, c'est la seule méthode qui pourrait réussir. Adieu à cette classe infernale. Et bonne chance à cette héroïque jeune femme."
Ce livre est très étrange. il ne répond
pas fondamentalement aux questions de l'éducation et de la place d'un professeur dans la vie d'un enfant. de plus, l'écriture irréprochable de
Susie MORGENSTERN trouve ici une petite faiblesse. Ce livre, qui est dans la collection Mouche de l'école des loisirs, s'adresse à de jeunes lecteurs des classes primaires. Pourtant, une violence qu'ils ne soupçonnent peut-être
pas dans la tête d'un adulte est présente et illustrée par des mots qu'on leur empêche généralement d'utiliser…
"Je hais, je déteste, j'exècre l'école. Je ne suis
pas du genre vomisseur, mais je vomis intérieurement toute la journée, vissé à cette chaise abominable, enchaîné à ce bureau de misère." (Renaud)
Alors que penser de ce roman ? S'adresserait-il plus particulièrement à des adultes, afin de leur donner quelques pistes pour gérer une classe, ou est-il vraiment à destination des enfants ? J'aurais aimé lire un roman qui commence comme celui-ci se termine. J'aurais aimé pouvoir le conseiller, mais il me semble ici difficile de prendre cette responsabilité. Tous les parents ne lisent
pas les livres qu'ils achètent à leurs enfants, et ici pourtant il le faudrait, parce qu'il me semble que chaque enfant peut avoir une réaction différente, voir inattendue.
Pour vous illustrer mes propos, je vous propose une nouvelle citation, tirée tout droit d'un petit mot de Enzo, le plus bavard de tous après Renaud :
"Je ne le fais
pas exprès, mais si je n'ouvrais
pas ma grande gueule, je pense que la parole me sortirait par les oreilles ou par le nez."
Susie MORGENSTERN est partie sur un terrain glissant, et il n'est
pas imaginable de lire ce roman sans lire quelques excès de parole, mais quel dommage.
Ouvrage disponible aux éditions Ecole des loisirs dans la collection Mouche depuis Août 2014.
ET A ACHETER EN LIBRAIRIE INDEPENDANTE !!!
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