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EAN : 9782072968556
240 pages
Gallimard (07/04/2022)
3.61/5   100 notes
Résumé :
« Heureusement il y avait aussi ma mère et mes tantes pour me sortir de ma grotte. Toute la semaine ma mère faisait du lobbying pour que je vienne chez elle le samedi soir. J’attendais un peu, peut-être par magie j’allais avoir quelque chose d’autre à faire. Mais finalement, comme c’était soit ça soit passer la soirée seul avec ma boîte de sardines, j’acceptais. Quand j’arrivais à Montreuil j’étais le messie, ma mère et ma petite sœur me couraient dans les bras en p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Coup de coeur absolu pour ce premier roman ! ● Dans un amphi de Sciences Po, le narrateur, César, s'ennuie à mourir lorsqu'une fulgurante douleur au bras le laisse penser qu'il fait un infarctus. Il quitte le cours et se retrouve dans une pharmacie où on lui dit sans ménagement qu'on ne peut rien faire pour lui et qu'il ferait mieux d'aller aux urgences d'un hôpital. Il hésite et finalement prend un taxi pour rentrer dans sa chambre de bonne, au-dessus de l'appartement de sa grand-mère, celle-là même qui l'appelle tendrement « mon pauvre lapin », donnant son titre au livre. ● Déjà à l'école (« Je suis donc allé à l'école. J'ai commencé à rencontrer mes congénères, mais bon, je préférais l'allaitement ») et au collège, il était mal dans sa peau, mal à l'aise avec les garçons dont il ne partageait aucun des centres d'intérêt – football, jeux vidéo, filles – mais aussi, quoique moins, avec les filles, avec lesquelles il n'était pas prêt à prendre le rôle de séducteur qu'on attendait de lui. ● S'ajoutent à cela une impression de difformité physique, un nez cyranesque, un oeil bizarre et un menton prétendument prognathe (qui ne l'empêchent cependant pas d'attirer à lui les plus belles filles du bahut, dont il est bien embarrassé), et surtout, surtout, un entourage familial où les femmes prédominent : sa mère (qui le surprotège et dont il est le petit « chou bidou » avec coeurs et oursons dans les SMS (« Ma mère a toujours eu du mal à comprendre que l'amour aussi peut être nocif)), sa grand-mère qui passe la moitié de sa vie en Floride copinant avec une flopée de riches veuves comme elle, et ses nombreuses tantes, soeurs envahissantes de sa mère, toute la fratrie – ou plutôt la « sororie » – vivant aux crochets de la riche grand-mère. (« Plus il y avait de femmes autour de moi plus je me sentais dans mon élément. ») ● Ses parents ont divorcé ; son père est plus occupé de ses maîtresses, dont la terrible et germanique Ursula ; sa mère enchaîne les périodes « on » et « off » avec Stefano et ses deux enfants, dont Antoine, le karatéka qui a le même âge que le pauvre lapin et lui fait peur. ● Aussi les modèles masculins ne sont-ils pas légion auprès de César et il ne peut s'identifier à aucun des deux qu'il a parfois sous les yeux, même si (ou encore plus parce que) son père prétend vouloir être « son pote ». L'homosexualité est un thème évident du récit, mais pour autant elle n'est évoquée qu'allusivement, le narrateur se forçant coûte que coûte à aimer et désirer les filles, sans grand succès. ● En effet, s'il a envie de se conformer au comportement qui est attendu de lui, il n'y parvient pas : « Je la draguais parce que j'étais censé la draguer. Dans ma tête je calculais : Là normalement je devrais faire ma première fois d'ici deux ou trois semaines, maximum. Ce sera tellement bien ensuite. Je ne me disais jamais ce sera tellement bien pendant. […] [J]e n'avais aucunement le projet de baiser Noémie, j'avais simplement celui de l'avoir fait. » ● Il est aussi totalement asocial, allant jusqu'à des comportements déraisonnables pour ne pas rencontrer les autres, pour ne pas entrer dans un groupe, pour rester à l'écart (tout en le regrettant lorsque par exemple il mange seul ses pâtes au thon) : « Une fois qu'on était dans la cour du lycée, il restait une heure et demie avant la délivrance de la sonnerie. Il fallait survivre. le plus souvent je tournais dans la cour en faisant comme si je cherchais quelqu'un. Parfois aussi pour paraître occupé j'allais lire le règlement intérieur qui était affiché sur une porte, ou alors j'allais quinze fois aux toilettes. Je n'y faisais rien, aux toilettes, je faisais juste semblant de me laver les mains ou de boire au robinet. Tout pour gagner du temps. En revanche même quand j'avais envie je n'allais pas aux toilettes pour de vrai. J'avais trop peur de l'entre-soi des mecs, les urinoirs, les blagues à la con, au secours. Je me retenais. » ● Il se sent surtout viscéralement différent des jeunes de son âge, adorant bâtir sur le papier des villes imaginaires, apprendre par coeur des plans de métro (« mais tout cela n'était rien à côté de ma passion de la RATP. Je vous en ai déjà parlé. C'est de loin la passion la plus forte que j'ai eue dans ma vie. J'aimerais bien avoir un jour la même pour un être humain »), parcourir en imagination des lignes de train, toutes activités dont la singularité lui fait honte mais dont il ne peut se passer. (« Je raffole des dossiers d'inscription, c'est comme les en-têtes. Les formulaires, les signatures... ») ● Il adore le confinement dû au Covid, qu'il passe dans la belle villa de sa grand-mère à Key West : « Au moins, je ne peux pas dire que ce soit ce confinement qui me perturbe. Je trouve ça au contraire très agréable. C'est comme si le monde entier adoptait mon mode de vie, pour une fois j'ai l'impression d'avoir une longueur d'avance. Les gens se lamentent que ça fait trois semaines qu'ils ne sont pas allés à une soirée et j'ai envie de leur dire tu sais moi je suis allé à cinq soirées en vingt-trois ans et je tiens le coup. Mais je sais que ça ne va pas durer. Dès que ça va reprendre ils iront tous courir dans les bars et sur Tinder et moi je resterai en arrière, tout seul dans ma vie normale. […] En fin de compte c'est triste à dire mais la situation actuelle m'arrange plutôt. Comme il n'y a plus ni bars, ni boîtes, ni soirées, au moins je ne me sens plus coupable de ne jamais y aller. C'est la suspension officielle de tout ce que je fuis... Tout comme j'ai toujours rêvé qu'un pouvoir un peu autoritaire décrète l'interdiction de la sexualité. Ce serait génial. Je dirais à tout le monde eh non, que veux-tu, depuis l'interdiction je n'ai plus de vie sexuelle... » ● Une telle autofiction est très casse-gueule car pour fonctionner il faut une plume alerte et beaucoup d'humour, qualités dont l'auteur est heureusement fort bien pourvu. L'autodérision est présente à chaque page, on ne s'ennuie pas une seconde. ● Les va-et-vient temporels entre la période actuelle (celle des confinements) et l'enfance puis l'adolescence du narrateur, très bien maîtrisés, dynamisent aussi la narration. ● J'ai été happé par le récit dès les premières lignes ; il y a parfois (c'est rare, malheureusement) des livres dont on se dit dès le début : « celui-là, il est pour moi, je suis certain que je vais l'adorer ». Cela s'est vérifié avec ce récit d'initiation inversé que j'ai lu d'une seule traite, m'identifiant sans peine au narrateur dont je partage les traits les plus caractéristiques, malgré notre différence d'âge (j'ai plus du double de l'âge de César). Je me suis retrouvé de plain-pied avec lui dès le début et tout le livre fut pour moi une immense jubilation.
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Elevé au milieu de femmes, César est un perpétuel solitaire hypocondriaque bringuebalé entre deux familles recomposées et évite à tout prix les relations sociales.

Est-ce dans l'air du temps de nous inonder de descriptions de vies pleines de vides, cette autofiction du mal-être de César m'a ennuyée ferme. Je n'ai même pas souri, pas trouvé de second degré à ce déballage de vie, même pas apprécié le style (qui correspond le plus souvent à retranscrire ce qui se raconte). Ce premier roman n'apporte pas grand-chose.


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« Mon père a vingt ans de plus que ma mère. Ça partait mal. Ça a duré juste assez longtemps pour que je vienne au monde, et puis chacun est retourné vivre dans sa génération. Je me dis souvent qu'il aurait été plus simple que je sois le fils de mon père et de ma grand-mère : ils ont pratiquement le même âge. »
Les déboires du jeune César, 25 ans, en confinement avec sa grand-mère à Key West, qui, pour passer le temps, couche sur le papier sa vie, son oeuvre. Et c'est très amusant. César a quelques travers (angoisse et hypocondrie) qu'il relate avec beaucoup d'autodérision. La plume est alerte, les situations cocasses ne manquent pas l
J'ai ri. Cela n'a pas de prix…😉
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César est un jeune homme bourré d'angoisses. le début de ce roman, pourtant constamment léger et drôle, le voit quitter un amphithéâtre sous le coup d'une violente attaque de panique totale, avec sentiment de mort immédiate.

Surprotégé, il l'a toujours été. D'abord par sa mère, mais aussi par ses tantes et surtout par sa grand-mère, qui est assez riche pour entretenir cette famille un rien originale.
Après cette crise, César se rend en Floride, à Key West, où sa grand-mère prend, comme chaque année, ses six mois de quartier d'hiver. Elle va bien sûr héberger son « pauvre lapin », le temps qu'il se reprenne.

S'il ne paraît pas posséder tous les codes de la virilité communément admis (on lui donne longtemps du « mademoiselle », ce qui le poussera à adopter une coupe de cheveux plus courte), si visiblement il n'est pas insensible aux corps masculins, il s'entête pourtant à vouloir « conclure » avec une femme de son âge, juste pour l'avoir fait et se rassurer.

Il ne s'est jamais senti à sa place avec qui que ce soit. Il n'a pas d'amis, ou presque.

La crise du Covid-19 déferle aussi sur Key West, ce qui le contraint à un long séjour quasiment en tête à tête avec sa grand-mère. Il se découvre une passion pour l'écriture et le roman que nous lisons est une sorte de retour sur sa jeune existence : ses années d'enfance, de collège et de lycée et même sur celle qu'il a passé à Saint Pétersbourg (drôlissime).

Voilà un premier roman vraiment réussi, un petit bonheur de lecture. Je ne sais bien évidemment pas dans quelle mesure il est autobiographique, mais il sonne vrai. J'aurais aimé une fin un peu moins en demi-teintes. Si César Morgiewicz poursuit dans l'écriture, peut-être aurons-nous d'autres nouvelles de son César ?
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César est un jeune homme de 24 ans.
Hypocondriaque, asocial, introverti........
Sa vie sexuelle se résume à une aventure.
Il passe des concours : sciences-po entre autres.
Il vit entre sa mère, sa grand-mère, ses tantes et épisodiquement son père.
Il a tout de l'autiste asperger.
Un début de lecture hésitant où je me demandais bien où l'auteur voulait nous mener.
Presque envie d'abandonner.
Et puis non, et j'ai bien fait.
C'est un récit très touchant qui me paraît autobiographique.
Mais je me trompe peut-être.
César est un jeune homme attendrissant.
Ne trouvant pas sa voie dans l'administration, il décide donc d'écrire ce livre et s'adresse à nous pour raconter son parcours atypique.
Pas facile la vie pour César !
Mais il a vraiment bien fait d'écrire ce livre.
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critiques presse (2)
LeMonde
07 juin 2022
Un premier roman sincère et drôle qui est l'histoire d'un inadapté. L'auteur lui-même peut-être ?
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
19 avril 2022
Ce roman d’initiation loufoque, qui dit le parcours d’un jeune homme qui rate tout, est à découvrir d’urgence.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
A part ça, dans les animations, il y a aussi eu le coup de fil hebdomadaire de ma mère et mes tantes. Je l'ai pris en cours de route parce que j'ai d'abord fait un saut aux urgences plus tôt dans la matinée. J'étais persuadé de m'être décroché la mâchoire. Je n'en ai pas parlé à ma grand-mère. L'air de rien j'ai pris mon vélo en disant que j'allais faire une balade, et j'ai pédalé une heure à travers l'île jusqu'à l'hôpital. On m'a dit que tout allait bien et on m'a demandé deux cents dollars.
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"Le nombre de places ouvertes au concours est de quarante"...on était mille. Mais non. Personne ne bougeait. Chacun se disait "après tout, j'ai une chance d'être le quarantième, sur un coup de bol..." Même moi je me disais ça, ce qui est un comble étant donné que j'ai passé l'année de prépa à lire les Rougon-Macquart au lieu des cours de droit public. Pour ça c'est sûr, si le sujet de culture générale avait été "Parlez-nous du personnage de Mme Poisson dans l'Assommoir", j'aurais peut-être pu viser neuf ou dix... Mais on n'avait jamais de vrais sujets.
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Et je vais prendre ma douche dehors. Au-dessus de ma tête à travers les feuilles de l'acajou je vois les étoiles. Tout est calme. Je me dis profite du moment présent, profite du moment présent. Mais c'est seulement maintenant, en vous le racontant, que j'ai l'impression de le vivre pour de vrai.
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Heureusement la mère de Giulia était une de ces mères qui adoraient les jeunes et avait tenu à rester pour la soirée. J'ai cherché asile auprès d'elle sur le canapé. On va souvent vers la seule personne de son âge... De fil en aiguille j'ai passé toute la soirée avec elle. Je lui posais plein de questions pour ne surtout pas qu'elle aille danser avec les jeunes et que je me retrouve seul. Je la faisais parler de son enfance. À un moment elle m'a avoué qu'elle avait la passion des éléphants et je me suis accroché fermement à cette histoire d'éléphants, je l'ai fait parler des éléphants pendant une heure. Elle a même fini par aller chercher un album qu'on a feuilleté ensemble, sur le canapé. Autour de nous j'entendais des voix crier
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J'aimerais être calme mais je sens mon cœur battre et ça me rend nerveux, je ne peux penser à rien d'autre qu'à lui. Il y a toujours cette couche d'angoisse qui m'entoure et m'empêche de profiter du moment. Je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde.
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