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Amina Taha Hussein-Okada (Traducteur) Étiemble (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070714780
168 pages
Gallimard (18/10/1988)
3.38/5   13 notes
Résumé :

Quand Vita sexualis parut au Japon, en 1909, Mori Ogai occupait une place exceptionnelle dans la médecine de son pays. Né en 1862, sa précocité l'avait fait médecin à dix-neuf ans ! On l'envoya donc se perfectionner en Europe; il y apprit l'allemand, l'anglais et le français, dont il truffe souvent son récit. Quand il revint au pays natal, les écrivains, marqués par le naturalisme, exposaient sans complaisance la vraie vie. D'où maint et maint scandale : en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est là un bien étrange récit, qui décevra grandement ceux qui voudraient y trouver nombre d'anecdotes croustillantes… Ce roman, dont une large part doit être autobiographique, nous entraîne dans l'enfance et la jeunesse du professeur de philosophie Kanai Shizuka, au début du vingtième siècle.
Mori Ogai commence par nous présenter Kanai Shizuka, son alter ego, qui a étudié la philosophie (comme l'auteur la médecine), et qui se pose des questions sur la façon dont le désir vient aux hommes… Après diverses digressions allant de la statuaire grecque à la philosophe allemande, cet intellectuel distingué entreprend de rédiger un journal indiquant comment, entre ses six ans et ses vingt et un ans, il a été confronté au désir.
Ce journal occupe l'essentiel de l'ouvrage (133 pages sur 166), et est en fait pour nous l'occasion de plonger dans la vie quotidienne d'un jeune garçon de la classe moyenne dans le Japon du début du vingtième siècle. Tout un petit monde urbain prend vie au détour des pages, comme sans y prendre garde : les habitations, les rues, les voisins, les coutumes, les écoles et les études sont décrits avec un réalisme saisissant, comme allants de soi. le sujet « principal » de l'ouvrage reste à vrai dire anecdotique, et plus que du désir, il s'agit ici de voir comment le jeune Shizuka fait la découverte, à différents âges, du monde des femmes, un univers secret qui se superpose au sien et n'entre en relation avec lui qu'au cours de rares épisodes qu'il détaille.
Ainsi, de jeunes voisines en tantes ou relations familiales, de partis éventuels en geishas plus ou moins intéressées, nous suivons l'itinéraire d'un enfant prodige (comme l'auteur) qui tente de découvrir le monde du désir davantage par la fréquentation assidue des classiques chinois que par celles des jeunes filles !
Comme beaucoup de jeunes gens de l'époque, il sera finalement la « proie » à demi consentante d'une professionnelle, au terme d'une relation qui laissera sur leur faim ceux qui rechercheraient le moindre érotisme dans un livre qui en est singulièrement dépourvu.
Le récit se termine sur les réflexions désabusées du Shizuka philosophe, qui se demande si son « audace » littéraire était nécessaire…
L'intérêt du livre (qui fut interdit au Japon à l'époque de sa parution) réside surtout dans une plongée dans la vie quotidienne du Japon urbain du début du siècle dernier. La traduction de Amina Okada est excellente, et participe du grand confort de lecture de ce texte, où les rares notes en bas de page permettent de préciser le sens de quelques termes conservés en japonais, et des ouvrages chinois cités. La présence dans le texte originel de nombreux mots et expressions en anglais, français et surtout allemand est aussi notée, montrant qu'à l'origine Mori Ogai s'adressait bien à une minorité de lettrés.
On peut par contre se dispenser de la lecture de la préface d'Etiemble : pédante et lourde, elle ne semble utile que pour glorifier les conceptions de son auteur sur ce que doit être une bonne traduction (et un bon traducteur), pour lui permettre de régler quelques comptes obscurs et pour tresser des lauriers à la traductrice de l'ouvrage. Non dépourvu de sous-entendus, ce texte n'est réellement plus d'actualité.
Au final, un texte intéressant qui ouvre une porte sur une description vivante et charnelle d'un Japon aujourd'hui disparu.
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Ce livre est un récit de l'apprentissage affectif et sexuel du héros, constitué des moments marquants de sa vie pendant lesquels il a été confronté au sexe entre 6 et 20 ans. Ce récit est très largement autobiographique, et le fait que l'auteur soit membre de l'école naturaliste japonaise rend l'écriture sobre et avec une volonté de réalisme marquée.

Quand on pense que ce livre fit scandale en 1909 lors de sa parution, on mesure combien les moeurs ont changé au Japon ( surtout quand on connait un auteur comme Murakami Ryû ou certaines spécialité audiovisuelles japonaises, mais ce n'est pas le sujet .... ) L'auteur raconte son initiation à la sexualité, et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas un Casanova, sans être Mister Abstinence ! C'est une sexualité que je qualifierais de normale pour l'époque. Il est donc amusant de constater l'extrême pudeur des autorités au sujet de ce livre interdit à l'époque, qui a portant le mérite de parler de sexualité de manière pondérée.
C'est donc loin d'un livre à scandale ( une part de moi le regrette un peu, je l'avoue ... ) et davantage un livre militant qui veut montrer un apprentissage laborieux de la sexualité. Les jeunes ne fréquentent que peu le sexe opposé, et le sentiment amoureux n'est jamais inculqué, ce qui réduit le jeune garçon à de l'embarras et de l'avidité devant les choses du sexe. Il semble que les jeunes hommes grandissent frustrés par des pensionnats non mixtes et n'aient le choix qu'entre un mariage précoce et arrangé ou la fréquentation des quartiers de plaisir pour assouvir leur sexualité.
Vita sexualis porte ainsi bien son titre, car elle reflète une observation distanciée et péjorative de la sexualité du héros, représentatif des jeunes japonais de l'époque.

PS : ce livre est aussi intéressant pour qui connaît le Japon actuel, à des fins de comparaison, où certains problèmes du livre persistent : femme hyper sexualisée et vue comme le sexe faible, mais aussi de constater l'apparition de nouveaux phénomènes comme celui du manque d'intérêt pour le sexe.
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Histoire d'un apprentissage, tout en douceur, de la sexualité à un jeune homme. On peut imaginer le scandale. On est encore à l'ère Meiji et le Japon commence à s'ouvrir à l'occident. Toujours est-il que Ogaï Mori nous offre des pages d'un grand raffinement, comme à son habitude. Quelques décennies avant, pour expliquer la sexualité aux profanes, la mode était aux estampes Shunga, beaucoup plus explicites. L'écriture naturaliste de Mori, comme celles de ses contemporains Soseki et Kafu est beaucoup plus douce et nous immerge dans un Japon en pleine mutation. Mes trois étoiles s'expliquent surtout par un aspect un peu répétitif du récit sans intrigue véritable.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le fusuma derrière moi s'ouvrit doucement, et une femme parut et se tint près de la lampe en papier. Comme les courtisanes de grande classe que l'on voit au théâtre, sa chevelure était relevée en un haut chignon orné de grands peignes et d'épingles à cheveux, et le bas de sa robe presque entièrement rouge, dépassait de son kimono et traînait par terre. Sans proférer une parole, la courtisane me regarda en souriant. Je ne soufflai mot non plus et, l'air grave, la dévisageai à mon tour.
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