Le secret du mari

Quoi de mieux que de se sentir désirée ? N’était-ce pas l’essentiel ?

même si l'on essaye de se mettre à la place de celui qui se noie ou qui vit séparé des siens à cause d'un mur, seule la tragédie qui nous frappe personnellement _ pire, celle qui frappe nos enfants _ nous fait vraiment souffrir

Nos vies sont pleines de secrets pour nous-mêmes.
(...)
Les mille autres chemins que nos vies auraient pu, et peut-être dû, prendre nous restent à jamais inconnus. C'est probablement pour le meilleur. Certains secrets sont faits pour demeurer secrets. Ce n'est pas Pandore qui vous dira le contraire.

« Hey, Cécilia, tu connais John-Paul Fitzpatrick, non ? « lance la fille qui reçoit obligée de crier à cause de la musique.
« Salut » dit John-Paul. Cécilia lui serre la main et, croisant son regard si gave, sourit comme si elle venait d’obtenir son passeport pour la liberté.

Voilà ce qu'être maman de trois filles lui avait appris. Ne pas parler. Ne pas poser de questions. Il suffisait de laisser le silence s'installer pour qu'elles lui racontent ce qui les préoccupait. Du silence et de la patience. Un peu comme à la pêche en somme. (Enfin, d'après ce qu'elle avait entendu dire, car plutôt mourir que d'aller à la pêche !)

Vanités , complaisance et petites trahisons. Tels furent ses péchés le jour de la mort de sa fille. Extraordinairement banal et pourtant affreux.

Le poisson, c’est bon pour le cerveau, dit John-Paul. Ça rend intelligent.
– Si c’était vrai, les Eskimos seraient les plus intelligents du monde, d’abord, rétorqua Esther.

Quand je pleure, j’aime pas qu’on me dérange.

La vie de famille, même avec un seul enfant, est réglée au millimètre, si bien qu’on peut parfaitement passer en mode automatique et faire illusion, même quand on a la tête ailleurs.

Cecilia n’avait jamais été à l’aise en présence de Rachel. Elle se sentait futile. Le monde ne semblait-il pas forcément futile à une femme qui avait perdu un enfant dans de telles circonstances ? Aussi, Cecilia cherchait toujours à lui montrer, d’une manière ou d’une autre, qu’elle avait pleinement conscience de la vacuité de son existence.