L'histoire d'une jeune femme, prétexte de saisissants tableaux de la Corée du vingtième siècle.
C'est sur une île de lépreux qu'est né la petite fille et, pour ceux qui ont lu, «
L'île des oubliés » de
Victoria Hislop était un paradis comparé aux conditions de vie dans cette île de Sorokto. L'enfant n'est pas lépreuse, elle y vit dans un orphelinat, ne pouvant voir sa mère malade qu'une fois par mois et seulement à distance, mères et filles séparées étant par la route.
Seungja réussira à s'évader et se joindra à un boucher de chien, un paria à cause de son métier sanguinaire, mais un homme dont on achète volontiers les produits. La viande de ces animaux est d'ailleurs encore consommée aujourd'hui en Corée et l'auteure nous met en garde : « La critique unilatérale de la culture d'autrui est contreproductive » et elle nous invite à visiter les abattoirs de nos propres territoires avant de juger les autres.
La jeune femme quittera la campagne, vivra avec des étudiants, discutera de philosophie et pourrait même être adoptée par une famille pour remplacer un enfant illégitime qui ressemblerait trop à son père américain.
En plus des destinées humaines, c'est aussi l'histoire du pays qui est esquissée, l'occupation japonaise, la Guerre de Corée, les frères qui se battent entre eux, les exodes, l'armée américaine et l'espoir de réunification du pays.
Un roman surprenant, qui permet de découvrir des facettes d'un pays énigmatique.