"Les écosystèmes sont des organisations nées et entretenues par les interactions entre un milieu géophysique et les espèces y vivant (...). La connaissance des écosystèmes par l'écologue (...) nécessite des connaissances puisées dans de multiples disciplines, les unes physiques et géographiques, les autres biologiques.
Comme presque partout ces disciplines sont séparées - dans la recherche, dans l'université, dans l'enseignement - la science écologique, inévitablement polydisciplinaire, n'a pu se former que dans quelques esprits ouverts, biologistes ou géographes (...) et dans quelques institutions non conformistes (...)."
Suit un développement sur le rapport Meadows (1972) et son impact, et ce constat :
"Des mouvements d'écologie politiques apparaissent en différents pays, surtout occidentaux. Le thème de la protection de la nature et celui de la réforme de nos modes de consommation sont présents en eux, mais ils se fixent surtout des objectifs immédiats. S'ils exploitent les données catastrophiques que fournit la science écologique, ils négligent la connaissance de cette science car, en France, notamment, les structures universitaires et pédagogiques rendent impossible l'entrée de l'écologie, polydisciplinaire et complexe par nature, dans l'enseignement. Car l'enseignement de la science écologique serait en même temps celui de la pensée complexe qui contextualise toujours et toujours saisisse intéractions et rétroactions.
De même la science écologique incite à dépasser la pensée binaire qui ne voit dans la nature soit que le conflit et la prédation, soit que la communication et la coopération. (...).
Or c'est cette forme de pensée et de connaissance qui n'est pas entrée dans les esprits des écolos de l'écologie politique. Ils se nourrissent du mythe unilatéral de la bonne nature, ils répugnent à contextualiser. Et iles remarquable que jamais les écolos politiques n'aient demandé l'enseignement de la science écologique dans les écoles et les universités."
Ceux qu’on appelle les sous-développés ont en eux-mêmes des trésors de culture ; bien entendu, ils ont aussi des superstitions, des illusions, mais nous-mêmes nous avons de nombreuses illusions. Nous avons eu l’illusion du progrès mécanique, automatique, de l’histoire et nous avons perdu cette illusion au cours des quinze dernières années, quand nous avons commencé à comprendre que l’histoire n’allait pas vers un progrès assuré, mais vers une incertitude extraordinaire. (Florence 2002)
Ainsi, il n’y a pas de progrès assuré, mais une possibilité incertaine, qui dépend beaucoup des prises de conscience, des volontés, du courage, de la chance… Et les prises de conscience sont devenues urgentes et primordiales.
Lors de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement", le sociologue et philosophe Edgar Morin dressait un panorama historique de l'apparition de cet "agrégat de détritus cosmiques" qu'est la planète Terre, avant d'examiner son peuplement progressif par l'humanité, "partie intégrante et désintégrante de la biosphère".
Conférence inaugurale de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement, quelle histoire ?".
0:00 Générique
0:33 Conférence
Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/qoPB
© Edgar Morin, 2001.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)
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