Culture de masse : d'emblée, ça grogne. Si c'est la masse, ce n'est pas la culture, voyons, la culture – pire : la Culture – étant élitiste par principe, et la masse informe des humains tout venant ne pourra – et c'est heureux – jamais accéder à un tel Graal.
Edgar Morin, au coeur de ces années 60 où la culture de masse prend forme, a le mérite de prendre au sérieux ce que d'aucuns regardent de haut. Il essaie de montrer en quoi le cinéma, la radio, la télévision naissante jouent un rôle primordial dans l'avènement de ce capitalisme de la consommation culturelle duquel nous ne sommes plus sortis depuis ces temps reculés où
les stars, que Morin appelle Olympiens, s'appelaient Farah Diba et Liz Taylor. Il montre à quel point la culture de masse est consubstantielle à ce qu'on ne baptisait pas encore à l'époque la société du spectacle et il pressent que les techniques de matraquage symbolique ne sont encore, en ces temps où il n'y avait qu'une ou deux chaînes de télévision, qu'à leurs balbutiements, et qu'ils sont appelés à occuper tout le terrain. Bref,
Edgar Morin, dans
L'esprit du temps, comprend l'essence d'Internet et des réseaux sociaux avant même qu'ils n'existent.