Paru en 2008, ce petit ouvrage est en fait un extrait d'un livre publié en 1997. Ce qu'Edgar Morin préconise dans ce petit livre est quelque peu prémonitoire de la crise que nous traversons aujourd'hui. En effet, dans la lignée des grands humanistes écologistes comme le fut par exemple un René Dumont, il met en garde dès la fin des années 90 contre l'évolution de notre civilisation vers une technostructure sans cesse dominante au détriment du bien-être. Ce livre fait aussi écho à des ouvrages plus récents comme celui de l'historien israélien Yuval Harari avec Sapiens, une brève histoire de l'humanité. Ces auteurs ont en commun de pointer les travers des civilisations humaines pour la planète mais aussi pour les humains eux-mêmes du fait de la dégradation des relations par la perte des solidarités et entraides, par la dégradation de l'environnement qui entrainent de multiples maux tant physiques que psychologiques et donc par la dégradations de la qualité de vie......La pensée qu'Edgar Morin développe pourrait de résumer à : privilégions la qualité à la quantité! vivons mieux avec moins. Ce qu'il énonce dans cet ouvrage de 1997 est tellement moderne et fait tellement résonance avec ce que prône aujourd'hui tous les mouvements écologistes, défenseurs de la planète, du bien-être humain.... Edgar Morin présente de qu'il appelle une voie plus qu'un programme pour une autre politique de civilisation. C'est clair et surtout encourageant car à le lire tout semble possible. L'optimiste de cet auteur fait du bien.
Un constat, en quelques pages intelligentes, avec lequel on ne peut qu'être d'accord de la perte de solidarité, de convivialité créée par le civilisation capitaliste occidentale, du mal-être. Plus de réserve pour certaines solutions comme le fait de faire nourrir le sud par le nord (mieux vaut le mettre en état de se nourrir)
Moins médiatique que d'autres philosophes, Edgar Morin interroge depuis très longtemps notre monde. Ce texte, chapitre d'un ouvrage plus complet, initialement paru en 1997, dresse un bilan sévère de notre civilisation occidentale asphyxiée par son développement technico-industriel et établi le constat de l'incapacité à rendre compte des problèmes, tant complexe est l'enchevêtrement des causalités. le bien être promis par Le Progrès se paye au prix de trop de mal être !
Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451.
Le développement capitaliste a entraîné le développement des productions, des échanges, des communications, mais il a entraîné la marchandisation généralisée, y compris là où régnaient les entraides, les solidarités, y compris là où régnaient les entraides, les solidarités, les biens communs non monétaires, détruisant ainsi de nombreux tissus de convivialité. Le marché privilégie en toutes occasions le calcul d'intérêt ry désolidarise d'autant. L'envers de la monétarisation, c'est la nécessité de sommes croissantes d'argent pour seulement survivre, et le rétrécissement de la part du service gratuit, du don, c'est-à-dire de l'amitié et de la fraternité.
L'abaissement de la durée du travail à trente heures permettrait de reconstituer une vie familiale et une vie privée. La diminution du travail mécanisé, parcellaire, chronométré au profit d'activités responsables et ingénieuses, apparaitra de plus en plus nécessaire au cours du développement d'une politique de civilisation, mais elle nécessitera une révolution dans la logique qui gouverne nos sociétés, et cette révolution ne peut se faire dans un seul pays. Elle conserve l'ensemble des pays techniquement développés, et ce serait à l'Union Européenne d'en prendre l'initiative... De toute façon, la politique de civilisation doit inscrire dans sa perspective historique la transformation du travail en activité, en même temps que la diminution de l'activisme. Elle introduit dans la vie une part de farniente (la "paresse" au sens de Lafargue) et de méditation. p.53
le pouvoir d'achat a triplé de 1960 à 1990, mais cette réussite économique spectaculaire est humainement chèrement payée..../... De 1962 à nos jours, il y a eu multiplication par trois du nombre de suicides et des hospitalisations psychiatriques, et par six de la consommation de tranquillisants..../... Et la France, pays du bien-vivre, est devenu le pays du mal-dormir, où se consomme le plus de tranquillisants. p.19
Aujourd'hui, on isole les problèmes du chômage, de l’emploi, de l'exclusion hors de leur contexte et on prétend les traiter à partir d'une logique économique close. Il faut au contraire les considérer au sein d'une grande problématique de société et partir des besoins de civilisation qui, d'eux-mêmes, exigent de nouveaux emplois. p.42/43
Face à l'accroissement de la technique ... la société civile se défend en développant des contre-tendances. La première contre-tendance se manifeste par les résistances privées, de caractère spontané, à l'atomisation et à l'anonymisation. (p. 33)
Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?