Nous sommes dans l'itinérance. Nous ne sommes pas en marche sur un chemin balisé, nous ne sommes plus téléguidés par la loi du progrès, nous n'avons ni messie ni salut, nous cheminons dans nuit et brouillard. Ce n'est pas l'errance au hasard, encore qu'il y ait hasard et errance ; nous pouvons avoir aussi des idées-phares, des valeurs élues, une stratégie qui s'enrichit en se modifiant. Ce n'est pas seulement la marche à l'abattoir. Nous sommes poussés par nos aspirations, nous pouvons disposer de volonté et de courage. L'itinérance se nourrit d'espérance. Mais c'est une espérance privée de récompense finale ; elle navigue dans l'océan de la désespérance.
L'itinérance est vouée à l'ici-bas, c'est-à-dire au destin terrestre. Mais elle porte en même temps une recherche des au-delà. Ce ne sont pas des "au-delà" hors du monde, ce sont les "au-delà" du hic et nunc, les "au-delà" de la misère et du malheur, les "au-delà" inconnus propres justement à l'aventure inconnue.
C'est dans l'itinérance que s'inscrit l'acte vécu. L'itinérance implique la revalorisation des moments authentiques, poétiques, extatiques de l'existence, et également, puisque tout but atteint nous relance sur un nouveau chemin et que toute solution ouvre un nouveau problème, une dévalorisation relative des idées de but et de solution.
Allons-nous vers la crise mondiale du développement?
De toute façon, il faut rejeter le concept sous-développé du développement qui faisait de la croissance techno-industrielle la panacée de tout développement anthropo-social, et renoncer à l'idée mythologique d'un progrès irrésistible d'accroissant à l'infini.
Qu'est-ce que c'est que cette planète, ce grain de poussière cosmique où a émergé la vie, où la végétation a produit l'oxygène de son atmosphère, où l'ensemble des êtres vivants, se répandant sur toute sa surface, a constitué une biosphère éco-organisée et autorégulée, où, issue d'un rameau du monde animal, l'aventure de l'hominisation s'est engagée et déployée?
Partout les religions d'amour et les idéologies de fraternité ont apporté plus de haine et d'incompréhension que d'amour et de fraternité.
Une fois que l'on douta des récits mythologiques de la naissance de l'homme, son origine et sa nature posèrent problème à l'humanité.
Lors de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement", le sociologue et philosophe Edgar Morin dressait un panorama historique de l'apparition de cet "agrégat de détritus cosmiques" qu'est la planète Terre, avant d'examiner son peuplement progressif par l'humanité, "partie intégrante et désintégrante de la biosphère".
Conférence inaugurale de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement, quelle histoire ?".
0:00 Générique
0:33 Conférence
Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/qoPB
© Edgar Morin, 2001.
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002)
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