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Critique de michfred


La couverture est d'un bleu éclatant - bleu de Sèvres, comme il se doit.

Le catalogue de la triple exposition (Paris-Sèvres-Maastricht) consacrée à la céramique est une somme, et un précieux guide pour déconstruire quelques uns de nos pires préjugés à l'égard de cet art dit "mineur" ;

Ah, la céramique ! encore confondue avec l'art du potier dont elle est, effectivement, née, mal distinguée d' un artisanat utilitaire ou , au mieux, décoratif, et dont une autre dénomination, le "modelage", a aussi quelque chose d'humilié, de servile, de platement imitatif...

Pourtant, qu'il s'agisse de la multiplicité de ses techniques, des artistes qui l'ont découverte avec bonheur, en marge de leur pratique artistique habituelle, ou des artistes qui lui ont fait connaître "un renouveau tout à fait unique ces dernières années" , la céramique , loin d'être une pratique marginale, artisanale ou empirique est devenue un art à part entière , à "la croisée de thématiques, de personnalités, d'écoles et de lieux de production" comme le note Camille Morineau.

Il était temps que le Musée de Sèvres, la Maison Rouge et le Bonnefantenmuseum , simultanément, redonnent à la céramique ses lettres de noblesse et sa place dans l'avant-garde de l'art du XXIème siècle.

Le catalogue est très bien fait, croisant les problématiques - celle d'une chronologie, celle des lieux de production et de la "marque" de chaque culture dans le matériau originel, la terre, celle des "écoles" -Teatrini, Sodeïsha, Otis Group…- celle des thématiques -le masque, la casse, l'écriture, l'érotisme, la mort, le sacré-, et enfin quelques grandes figures de cet art, aux racines antiques, et aux quêtes si résolument modernes.

Les photos sont très nombreuses, de qualité, les commentaires et articles, éclairants et limpides. A la fin de l'ouvrage, un lexique nominatif par artiste individualise plus précisément ces itinéraires.

Après la visite des deux expositions françaises et la lecture du catalogue, je retiens de mon éblouissement global quelques pépites: "Face" de Yasuo Hayashi, une faïence peinte d'orange et ocre, traversée d'un trait d'émail blanc, d'une bouleversante pureté de ligne, appelant la caresse, ou encore la Pisseuse insolente d'Elsa Sahal, au jet conquérant, ou les terres oxydées d'Eduardo Chilida, d'un grège et noir très graphique, ou encore les Livres Infeuilletables d'Alechinsky, bourrés d'humour- un cauchemar de Babéliote! .

Mais pour moi, le plus beau, le plus poétique, le plus aérien, c'est l'installation qui vous accueille sur le mur du couloir d'entrée de la Maison Rouge : "t'Is de wind"( « c'est le vent ») du flamand Piet Stockmans- des ailettes aériennes, 1500 exactement, de porcelaine blanche délicatement teintée d'outre-mer, qui se chevauchent et s'envolent, en haut du mur, comme un frisson de plumes de mouettes dans la brise…Superbe !!
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