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Stéphane Durand (Autre)
EAN : 9782330135898
128 pages
Actes Sud (16/09/2020)
4.2/5   56 notes
Résumé :
Le tissu du vivant dont nous sommes des fils se déchire tout autour de nous, fragilisant nos futurs possibles. Nous le savons, et pourtant le sentiment d’impuissance domine. Pourquoi ? C’est qu’on défend mal ce qu'on comprend mal. Et si nous nous étions trompés sur la nature de la “nature” ? On imagine volontiers le monde vivant aujourd’hui comme une cathédrale en feu. Mais le tissu du vivant, cette aventure de l’évolution qui trame ensemble toutes les espèces de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le vivant actuel n'est pas une cathédrale en flammes mais le vivant qui s'éteint. « Nous n'avons plus d'envie, plus de temps à perdre en arguties, en postures puristes, en compromis vagues, en romantisme révolutionnaire. » le défendre, explique Baptiste Morizot qui entend nous fournir un « levier d'action écologique », pour en finir avec notre sentiment d'impuissance, c'est l'aviver : raviver les braises du vivant.
(...)
« Les problèmes, disait Albert Einstein, ne peuvent être résolus avec les modèles de pensée qui ont conduit à eux. » Aussi, Baptiste Morizot s'est-il employé, au fil des pages, à déconstruire les mythes et concepts qui nous contraignent à réfléchir en opposition dualiste, et à nous proposer d'autres paradigmes. Car c'est d'abord une bataille culturelle qu'il faut mener, afin de pouvoir défendre un pluralisme des bons usages de la terre, contre tous les usages insoutenables.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Baptiste Morizot est un auteur dont on commence à connaître le nom, et à voir les livres en librairies, ou sur les quelques plateaux télé qui parle livres. Il produit les essais, les réflexions et les articles à un rythme élevé depuis quelques temps.
La question en achetant celui-ci, un énième, c'est "sera-ce toujours aussi bien et novateur ?"
La réponse, assez clairement, est OUI.
Bien sûr, l'auteur ressasse quelques thèmes qui lui sont chers, reparle des mêmes idées, redonne ses propositions phares, mais axe son livres sur autre chose que ceux que j'ai pu lire jusque là.
Cette fois-ci il entend déconstruire l'idée que l'on se fait de la nature et rebâtir une nouvelle métaphysique à la fois moins anthropomorphique, gestionnaire et dualiste de cette nature.
Depuis l'antiquité en effet l'homme occidental a séparé nature et culture, Hommes et bêtes, sauvagerie et aménagement par lui apporté, nature inutile et champs productifs.
De là découle aussi notre conception de la protection de la nature, pas forcément la bienvenue, ou plutôt trop manichéenne pour être efficace.
Baptiste Morizot déconstruit l'idée de la protection, de la gestion (type parc à l'américaine dont l'origine est symétrique des réserves d'indiens) et prône plutôt une levée des forçages, des barrages qui font obstacle à l'abondance naturelle du vivant qui n'a besoin de personne pour croitre et multiplier !
Il cite volontiers les livres et actions menés par Gilbert Cochet et son épouse (ré-ensauvageons la France, ou l'Europe ré-ensauvagée), notamment l'initiative récente de l'ASPAS qui a acheté un bout de forêt en Vercors pour en faire une réserve intégrale.
De cette paillette dans la forêt, il tire les fils pour désamorcer les conflits qui ont pu naître, les crispations que cette initiative a engendrée. Ces oppositions sont fausses, la seule qui existe est celle face à l'agriculture et l'industrie insoutenable, qui détruit la nature, c'est à dire nous, puisque nous humains sommes la nature, intrinsèquement liés à tous les autres vivants du globe dont nous sommes.
Nous sommes le vivant qui se défend, voilà un mantra maintes fois répétés par l'auteur au cours de cet essai.
Un slogan convaincant qui donne envie d'agir !
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Cet essai du philosophe Baptiste MORIZOT est clairement un livre militant, pour une humanité sortant de l'extractivisme et engagée dans une attitude d'égards vis-à-vis des autres vivants.
Ce que montre magistralement l'auteur, c'est l'interaction (lui dit le tissage) entre tous les occupants de la biosphère et la capacité du vivant à la résilience, pour peu que des conditions minimales soient réunies.
Les premiers chapitres, passionnants, sont consacrés à l'association ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages et du patrimoine naturel) qui crée, en acquérant du foncier, des réserves de vie sauvage, où règne la libre évolution. Face à des écosystèmes simplifiés par l'homme, et souvent appauvris, ces lieux forcément plus complexes et plus riches peuvent, par exemple, se montrer plus dynamiques face au changement climatique, et surtout, comme le dit l'auteur, raviver les braises du vivant et pouvoir irriguer les territoires voisins.
Baptiste MORIZOT ne cache pas les oppositions à ce type de projet, mais sa réflexion permet d'en déconstruire certaines et d'en dépasser d'autres par le dialogue, comme avec les paysans de la Conf.
Dans la suite du livre, il détricote l'histoire pour montrer comment notre civilisation s'est coupée de la "nature", et comment l'agroécologie réinvente nos liens avec le vivant. Là encore, l'auteur développe longuement l'observation d'une exploitation agricole et d'une recherche-action autour d'un verger.
L'urgence est de mettre fin aux politiques qui mettent le vivant en danger, et l'auteur n'est pas tendre avec la PAC!
Baptiste MORIZOT oblige à remettre en question des impensés, des "évidences", et à agir en conséquence, non pas désespéré comme pourrait l'être un collapsologue devant des cendres, mais confiant dans le vivant... et dans le feu qui couve dans les braises.
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C'est en s'appuyant sur un exemple très concret – le projet d'une association d'acquérir une forêt dans le Vercors pour la soustraire à toute intervention humaine – que Baptiste Morizot développe sa pensée. Cette référence constante à ce qu'il considère comme un cas d'école, rend son analyse philosophique très abordable. Il développe son raisonnement de façon concentrique, en revenant à plusieurs reprises sur le même motif, la même idée qu'il aborde sous un angle différent.
Ce qu'il propose : opérer un glissement conceptuel pour passer de l'idée, un peu paternaliste à son goût, d'une « nature à protéger », à une attitude qui relèverait d'avantage d'un sentiment de confraternité avec l'ensemble des êtres vivants, êtres vivants vis-à-vis desquels il nous faudrait faire preuve de plus d'attention, et de gratitude. Faire confiance aux potentialités du vivant, maintenir le feu nourricier de la vie et se tenir prêt à en raviver les braises, quand il le faut, pour contrer les menaces qui l'atteignent.
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Morizot continue de dérouler sa pensée. le travail de modification du regard et des égards commencé sur le loup est ici étendu au forêt, à l'agriculture. A notre environnement quotidien. Moins philosophique et plus écologique, le livre a toutes les qualités pour convaincre son lecteur de l'urgence écologique et plus encore, de le convaincre d'agir. Les solutions existent et leur mise en oeuvre est légitime. Au fil des lignes, on se dit que oui, définitivement, il faut avoir confiance dans l'avenir.

J'aurais apprécier une analyse économique et sociologique un peu plus poussée sur l'agriculture, mais cela mériterait un livre à part entière.

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critiques presse (1)
Actualitte
09 novembre 2020
C'est cela que, tout au long de ces pages, Baptiste Morizot enjoint à tout un chacun de faire : rechercher toutes les alternatives qui permettent de « raviver les braises du Vivant » en coalisant toutes les forces déjà en mouvement [...] Un livre enthousiasmant !
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
... On restaure un tableau de maître ou une église. C'est-à-dire qu'on applique notre génie organisationnel sur cette manière figée pour la ramener à son état d'origine, pour lutter contre le cours du temps, figuré par l'entropie qui nécessairement abîme l'entité en question. L'importation en ingénierie écologique de la métaphore de la "restauration", issue du patrimoine fait de main humaine, révèle la mécompréhension profonde que nous avons du monde vivant et de notre rapport à lui. Dans le vivant, le cours du temps n'est pas l'entropie, et il n'y a pas de modèle à rechercher dans l'origine : le flux du devenir crée et recrée des formes, en s'organisant de lui-même. En lui, nous ne pouvons rien restaurer : ce sont les dynamiques du vivant qui sont seules capables de se restaurer elles-mêmes, nous pouvons au mieux restituer les conditions minimales pour que le vivant se restaure lui-même. C'est-à-dire, pour pousser jusque dans leurs extrémités les paradoxes de la métaphore technique appliquée à l'ingénierie écologique : nous pouvons tout au plus réparer, par notre action délicate, des mécanismes que nous avons brisés, dans une machine que nous n'avons pas construite, pour la laisser se reconstruire d'elle-même.
En un mot : on restaure ce qu'on a fabriqué ; mais on ne peut pas restaurer ce qui nous a fabriqués.
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Le vivant comme feu est une métaphore circonstanciée, pertinente au regard d'un complexe de problèmes particulier, et pas un concept descriptif à prétention d'exhaustivité. Certains aspects du fonctionnement du vivant sont bien traduits par l'imaginaire rattaché au feu? sa dimension fondamentalement dynamique, riche de propriétés presque immatérielles, par exemple : ce sont en effet les dynamiques évolutives et écologiques qui sont l'essence du vivant, la coévolution des mémoires que chaque vivant constitue et transmet, et non pas la biomasse stationnaire dans tel ou tel compartiment écologique, cette dernière circulant tout le temps. Du point de vue de l'action, cela met en lumière que ce n'est pas strictement la biomasse qu'il faut protéger dans une forêt, mais les dynamiques elles-mêmes, les mémoires, les dispositifs d'équilibration et les potentiels adaptatifs.
C'est aussi le fonctionnement évolutif du vivant qui est conservé dans l'imaginaire métamorphique de la flamme : la variation et la transformation évolutive de formes qui radient lorsque des niches sont disponibles.
C'est une métaphore limitée, mais elle réchauffe et elle éclaire un peu, comme une halte, pour régénérer l'énergie et repartir inventer des formulations meilleures, et des actions plus justes, plus ajustées à ce monde.
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Rendre visible, ou inventer, le fait que le vivant est la matrice insubstituable de l'existence terrestre, et par là de la vie humaine, est un projet philosophique du politique, parce qu'il travaille contre la dévaluation invisibilité du monde vivant en “nature“bon marché d'un côté, et en “nature“ victimisée de l’autre.
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Les humains sont des tard-venus dans l'histoire du vivant, des nouveaux riches, qui à force d'ambition ont conquis toutes les positions patronales de la biosphère, et ont mis au travail le reste du vivant, les pollinisateurs pour le maraîchage, la faune des sols pour la fertilité de l'agriculture, les forêts et les planctons marins pour la production d'oxygène. Or ces travailleurs non humains sont assez mutiques, pas très politisés, pas très revendicateurs, ils n'ont pas vraiment une culture des luttes et de la revendication sociale. Ils ne sont pas les avocats les plus éloquents de leur propre importance. peu bavards, ils font leurs prodiges quotidiens de faune des sols qui fait vivre tout le paysage, de forêts alluviales qui filtrent l'eau, et de pollinisateurs qui fabriquent le printemps, mais militent peu.
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La machine qui pérennise ces pratiques s’appelle la PAC : “Politique agricole commune“. Avec ses 60 milliards d'euros distribués par an, c'est le dispositif de subvention international Ie plus massif pour piloter les relations au vivant en contexte agricole.
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Pour changer les choses, il faut se munir d'un arsenal de pensée. Si possible clair et que l'on peut mettre en pratique. Et si, pour cela, on réconciliait la poésie, la philosophie et la vie au grand air ?
« Manières d'être vivant », de Baptiste Morizot, c'est un récit publié aux éditions Actes Sud.
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