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Ayant participé à la dernière Masse Critique Babelio, dans la catégorie « Mauvais genre », j'ai eu la grande surprise d'apprendre que j'allais recevoir »Traque en Océan Indien » de François Morizur. Je remercie donc Babelio ainsi que les Éditions Pierre de Taillac. Des amis m'avaient dit : « Tiens, du mauvais genre, tu devrais tenter ta chance ! ». J'ai comme la bizarre impression d'avoir été un peu cataloguée… mais ça ne fait rien. Le soir-même, je me suis plongée dans ce thriller et j'ai immédiatement été passionnée par l'histoire. Par contre, pour en parler, c'est plutôt difficile car au fur et à mesure de ma lecture, j'ai rempli en entier quatre pages de notes. Il me faut donc faire un tri alors que tout est important. « En parler », ne signifie pas « résumer » car ce ne serait pas une critique mais même là il va falloir que je parle seulement de quelques petites « choses ». Un petit mot sur l'auteur pour commencer : François Morizur a été ancien capitaine de frégate commandos marine. Il a surtout été présent dans les forces spéciales et a connu des opérations militaires en Europe, en Afrique et en Asie. Ceci explique donc pourquoi son livre est si dense, méticuleux dans les descriptions, dans les informations sur la façon dont une opération d'une grande envergure peut être déployée. Et dans son ouvrage, les notifications ne manquent pas. Le pitch de l'histoire est qu'il faut agir efficacement contre un énorme trafic d'héroïne afghane. Un homme apparaît comme le seul capable de s'y attaquer, Patrick Michel, pacha du commando Penfentenyo. Pour cela, il va lui falloir agir contre « Le Messager ». On va commencer le voyage par la Vallée de Maruf (Sud-Afghanistan où débute l'histoire), avec Patrick dans cette vallée caillouteuse et par au moins 35°C. Ils y débusquent des talibans sous des rafales de kalachnikov et de PKM. Reprenant un peu de poil de la bête : « Partiellement réhydraté, Patrick saisit le combiné radio : A tous, volume de l'ennemi confirmé à une dizaine d'hommes. (…) Je marque ma position par un fumigène vert. Groupe 12, dès que le fumigène a dépoté, envoie six grenages explosives. » (p.11). Comme vous le constatez, ça commence fort et ça continue. Les chapitres alternent sur les lieux : on passe ensuite au Pakistan où un certain Jawal « Le Stratège » : « Après avoir abandonné de brillantes études à l'université de Bagdad à la suite de l'agression chiite, Jawal avait drainé quelques autres étudiants derrière lui. de combat en combat, son groupe s'était renforcé pour finir par former une katiba redoutée. Il s'était opposé aux forces régulières irakiennes, mais également aux milices chiites soutenues par les Iraniens. » (p.25), est convoqué avec d'autres personnes, en secret, par un homme qui demande à être appelé « Le Messager ». Après avoir présenté ses hommes : Fazlullah, Mohammad (dont le père faisait partie de la garde rapprochée d'Oussama Ben Laden), l'entretien se base sur la question du commerce de l'héroïne afghane dont les mécanismes et les accords sont connus par eux. Il dit de ses hommes : « Nous sommes les cavaliers choisis pour conduire cette mission divine. » (p.27). Évidemment, on promet aux djihadistes un « chemin menant au paradis d'Eden, couvert de pétales de roses. » Mais ils ont du mal à comprendre pourquoi on leur demande d'agir en Tanzanie, pays si éloigné. Pourtant l'explication est simple : « La Tanzanie a des frontières terrestres avec le Congo, le Burundi, le Rwanda. Un peu plus au nord se trouvent la République centrafricaine, puis encore un peu plus au nord-ouest, le carrefour des frontières du Nigeria, du Cameroun, du Tchad et du Niger. Boko Haram a établi son califat sur cette région héritière de celui de Sokoto, et nous a rejoints dans notre djihad. » (p.30). Pour un peu compléter la liste des personnages qui ont le plus d'importance dans ce récit, il faut citer Ashraf qui a été blessé par des Afghans – le major Chris Hill qui surveille les informations signalant un Afghan « infiltré au plus près d'un seigneur de guerre ayant la main sur le trafic de drogue dans la province du Helmand, l'un des sanctuaires des talibans en Afghanistan. » (p.109). Il y a bien sûr encore bien d'autres personnages mais on ne peut pas tous les citer, ce n'est pas le but. Pour la géographie des opérations, on se retrouve aussi en Somalie ou au Kenya – autant dire que l'on voyage et chaque fois, les actions sont largement décrites au point que j'ai eu l'impression de regarder un film d'aventures et de faire un périple moi aussi. Mais ce n'est pas tout car il y a également tous les navires mis sur la touche – les avions avec leurs ordinateurs perfectionnés afin d'assurer la liaison – le sous-marin nucléaire « Perle » (qui évolue dans un monde de silence) – des bombardiers axant sur la ligne de karez, « ces entonnoirs séculaires descendant du flanc de la montagne aride. » (p.19) – des kamikazes qui ne reculent devant rien… Il faut garder à l'esprit que le but est de trouver l'héroïne dont le montant estimé (restant après des attaques) est de soixante milliards de dollars (un sacré pactole). Évidemment, cela aurait été trop bien que tout se passe de façon impeccable… On va aussi rencontrer un certain Hamza « Le Sphynx », personnage louche et vers lequel se tournent des soupçons. Bon, je vous ai indiqué les grandes lignes, le contexte… mais j'aimerais aussi rajouter quelques uns de ces termes militaires si particuliers pour nous mais qui ont une si grande importance : « Pierre, tant bien que mal tentait de communiquer avec les A-10 qui avaient commencé la procédure de 9-line-brief. » (p.17) (procédure simplifiée d'appel aérien). Ou alors : « Le MQ-9 Reaper, plus communément connu sous le nom de Predator survolait les terres arides du Hemland afghan ; » (p.139) - « Quatre missiles AGM-114P Hellfire. » (p.139) … et bien d'autres tout au long du livre et c'était mon petit plaisir à moi... D'ailleurs, c'est là que l'on voit que l'écrivain connaît fort bien le terrain parce que pour décrire ainsi, aussi aisément des opérations pareilles on voit que ce n'est pas inventé. Enfin, oui pour l'histoire mais on se rend bien compte qu'il est passé par là. D'ailleurs, sur la quatrième de couverture, il est indiqué qu' »il a été confronté à maintes reprises à des attaques de pirates. » De plus, il décrit extrêmement bien les lieux, les méthodes et cette « Traque en Océan Indien » est vraiment très périlleuse avec un suspense garanti (jusqu'à la dernière ligne). Maintenant, un tel livre est-il destiné à tous les lecteurs avec sa spécificité ? Je dis : « Pourquoi pas ? Il suffit de s'intéresser au texte si bien écrit. » et aimer diversifier ses lectures (c'est mon cas). Personnellement, ce qui a été un élément positif supplémentaire, c'est que cela m'a remémoré le temps passé en tant que secouriste Croix-Rouge avec les manoeuvres militaires effectuées de temps en temps. Vous remarquerez que je suis restée volontairement dans le vague étant donné l'importance de cette traque et de la masse d'informations. On y voit que le courage est immense et ne pouvant pas en dire plus, je vous laisse le choix de lire ce thriller avec un coeur bien accroché et cramponnez-vous bien. La surprise ressentie à la réception du livre (mais il faut tout de même dire que je l'avais coché), a été une bonne surprise et je renouvelle donc mes remerciements à Babelio ainsi qu'aux Éditons Pierre de Taillac. J'ajouterai que je n'ai pas besoin de Deblinder (barre d'explosif à charge creuse qui permet de créer des brèches sur des supports peu résistants) pour signaler qu'effectivement, c'est une histoire explosive ! Une dernière précision : l'auteur a ajouté en page 455, un Glossaire qui explique toutes les expressions militaires utilisées. C'est très instructif et bien nécessaire et je trouve qu'il est bien de s'y reporter ASAP (« as soon as possible ») dès qu'un terme particulier apparaît. Cela fait un peu jongler mais c'est un coup à prendre. Bonne lecture ! + Lire la suite |