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Critique de sandrine57


Lorsque Sonia Maino rencontre le regard chaleureux de Rajiv dans un bar de Cambridge, elle est loin de se douter qu'elle vient de lier son destin à un homme, un nom, une famille, un pays. le coup de foudre est immédiat et réciproque même si les amoureux n'ont rien en commun. La jeune italienne est issue d'une famille pauvre, lui est Rajiv Gandhi, le fils d'Indira Gandhi, le petit-fils de Jawaharlal Nehru, l'héritier de la famille la plus connue en Inde. Chez les Maino, on est loin de s'enorgueillir de cette prestigieuse lignée. Rajiv a beau être sympathique, il est surtout indien et s'il épousait leur fille, il l'emmènerait dans son lointain pays. Indira, par contre, tombe sous le charme de Sonia. Bien sûr, elle n'est pas indienne mais cela n'est pas préjudiciable pour Rajiv qui ne compte pas faire une carrière politique. L'héritier de la dynastie, c'est Sanjay, le fils cadet, le préféré d'Indira. Mais en intégrant la famille Nehru-Gandhi, Sonia entre malgré elle en politique. Indira est Premier ministre, la politique est sa raison d'être et régit la vie d'une famille héritière d'une longue tradition, qui a fondé le parti du Congrès et a contribué à l'indépendance de l'Inde. Sonia tente cependant de mener une vie normale en s'occupant de la maison, de son mari, de sa belle-mère, puis plus tard de ses deux enfants. Si elle aime son pays d'adoption, elle déteste par contre la pression provoquée par la renommée et la puissance de sa nouvelle famille et se tient éloignée des manoeuvres politiques. Pourtant, sa réserve naturelle va être malmenée par les tragédies successives que subissent les Gandhi. Sanjay meurt dans un accident d'avion, Rajiv prend sa place auprès de sa mère et quand celle-ci tombe sous les balles de son garde du corps sikh, il est appelé à répondre à son destin. Il devient Premier ministre à son tour et Sonia vit dans l'angoisse permanente de le perdre lui aussi...

Le destin hors normes d'une paysanne italienne devenue la femme la plus puissante d'Inde et à travers elle, l'histoire de cet immense pays et de la famille Nehru-Gandhi, de la lutte pour l'indépendance jusqu'au XXIè siècle.
Ni documentaire, ni véritable roman, ce Sari rose (en référence au sari tissé en prison par Nehru pour sa fille Indira) nous en apprend beaucoup sur l'Inde, la plus grande démocratie du monde, faite de contradictions et de paradoxes, constituée d'une multitude de communautés ethniques et religieuses, où les plus riches côtoient la plus grande misère. C'est aussi une mine d'informations sur les Gandhi, surtout Indira, véritable animal politique qui a voué sa vie à son pays et à la pratique du pouvoir, fidèle en cela à la prédiction paternelle qui savait que son nom serait difficile à porter et serait synonyme de sacrifice à la patrie. le règne d'Indira, long et tumultueux, sera traversé par des heurts inter-communautés, des guerres, des famines, des drames aussi bien nationaux que familiaux, mais aussi de lourds efforts pour hisser le pays au rang de puissance mondiale qui compte. Un personnage ambigu, proche de son peuple mais hostile à la contradiction, partisane de la manière forte, aveugle et sourde aux exactions commises par son fils Sanjay, initiateur, entre autres, de l'état d'urgence, d'une certaine dérive dictatoriale et d'une vaste campagne de stérilisation des hommes aussi violente qu'impopulaire.
Malheureusement pour la vérité historique, Javier Moro regarde tout ce beau monde avec les yeux de l'amour. Pour le peuple indien, Indira était une déesse, pour Moro, aussi ! Il a laissé son objectivité et son esprit critique au vestiaire pour composer un panégyrique de cette famille, dépourvu de nuances. Dirigeants hors pair, entièrement voués à leur peuple, dépourvus de toute ambition personnelle, l'esprit de sacrifice chevillé au corps...quand leurs opposants ne pensent qu'à s'enrichir, à manipuler, à fomenter des complots sans se soucier jamais du bien-être des indiens. Une vision un peu légère et manichéenne d'une famille beaucoup plus complexe qui a pourtant cumulé les erreurs. Pour Moro, elles sont minimes, fruits parfois d'une trop grande naïveté et non d'une mauvaise compréhension de la situation. Sonia apparaît comme un ange tombée du ciel, préoccupée uniquement par le bonheur de sa trop célèbre famille, fée du logis, cordon bleu, discrète, timide, polie et respectueuse. Une sainte ! Même Sanjay sort épargné de ce concerto en louanges majeures. Par contre, son épouse, l'ambitieuse, obstinée, condescendante, inutile et stupide Maneka qui s'est opposée à sa belle-famille est parée de tous ces défauts et de bien d'autres, à se demander comment elle a pu être ministre dans différents gouvernements du parti d'opposition...
En bref, si le sari rose se lit sans déplaisir, il pêche par manque d'objectivité et doit avant tout être considéré comme une biographie romancé et non une source d'informations infaillibles.
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