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Critique de thedoc


« Seul sur la mer immense » nous offre un récit en deux parties.
Premier récit. Arthur Hobhouse, à la fin de sa vie, revient sur ses souvenirs. L'histoire débute en 1947, en Angleterre, lorsque le jeune Arthur est embarqué de force à bord d'un navire comme des milliers d'autres orphelins britanniques, à destination de l'Australie. Il quitte sa terre natale en emportant pour unique souvenir une clé, celle que lui a confiée sa soeur Kitty sur le quai du port de Liverpool et qui ne le quittera plus. A bord du navire, Arthur se fait un ami en la personne de Marty, un garçon costaud de quatre ans son aîné. Une fois arrivés en Australie, Arthur et Marty sont hébergés avec une dizaine d'autres garçons dans la ferme « pédagogique » de Piggy Bacon, le ranch Cooper. Pour les jeunes garçons, l'enfer commence…
Deuxième récit. Allie, la fille d'Arthur, est une jeune navigatrice expérimentée. Pour réaliser le souhait de son père de retrouver un jour sa soeur Kitty, elle décide de partir en Angleterre. A bord du Kitty IV, le voilier construit par son père, la jeune femme va affronter seule la mer immense.

Ce roman de l'excellent auteur de littérature jeunesse, Michael Morpurgo, m'a séduite pour différentes raisons.

La première est le fait de revenir sur un fait historique assez méconnu : de 1947 à 1967, des milliers d'enfants britanniques sont déportés dans le Commonwealth, en Australie notamment mais aussi dans d'autres pays de l'Empire britannique. La plupart du temps, ces enfants sont déportés sans l'accord de leurs familles. Ces dernières, au lendemain de la guerre, confiaient en effet leurs enfants à des orphelinats le temps pour les parents de retrouver du travail et un toit. Or, quand les parents reviennent chercher leurs enfants, la direction affirme qu'ils ont été adoptés par de riches familles. le but caché du gouvernement anglais est en fait de peupler ses colonies avec un « cheptel de bonne souche blanche et britannique ». Ce « peuplement » n'est possible qu'avec le concours des oeuvres charitables catholiques, méthodistes et anglicanes qui organisent ce trafic avec le soutien du gouvernement. La réalité ensuite en Australie est bien sûr différente du projet initial. En effet, les orphelinats ne sont pas encore construits et ce sont les enfants qui vont servir de main d'oeuvre. Il va sans dire que les orphelins vont ensuite subir les pires traitements : travail harassant, châtiments au fouet et abus sexuels. La première partie du livre, très forte, qui nous raconte cette période autour du personnage du petit Arthur est donc teintée de tristesse et d'un dur réalisme.

La seconde partie, centrée sur Allie, diffère par son style plus moderne et est moins captivante. Elle met plus l'accent sur le voyage et l'aventure d'une navigation en solitaire. Mais ce dernier thème est une autre raison qui m'a rendu ce livre très plaisant : l'hymne à la mer. Allie, dans la continuité de la passion développée par Arthur pour l'élément marin, nous fait partager de multiples émotions au cours de son périple : solitude, épreuves, découragement, espoir. L'océan est un personnage à part entière et l'auteur sait nous le décrire de manière très belle, souvent poétique.

« Seul sur la mer immense » est un roman rempli d'émotions, sur la vie, sur ses épreuves, sur la force de se battre. Il nous offre, à travers les deux voix d'Arthur et d'Allie, un récit historique, un récit d'apprentissage, et surtout un très beau portrait d'un père et de sa fille réunis autour d'une même passion et d'un même rêve.
Et pour ne rien gâcher, la couverture est magnifique.
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