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Critique de Nastasia-B


On pourrait disserter des heures sur les bienfaits et les inconvénients respectifs de la contrainte ou de l'absence de contrainte dans la production artistique.

Les auteurs, Morris et Goscinny, dont vous savez par ailleurs tout le bien que je pense, ont oeuvré pendant des années avec l'éditeur Dupuis. Les aventures de Lucky Luke paraissaient en épisode dans le journal Spirou.

Morris, mais surtout Goscinny se plaignaient du carcan que représentait l'appartenance à Dupuis (cahier des charges avec une certaine morale à respecter, certains sujets à ne pas aborder, albums brochés jugés de trop faible qualité comparés aux albums cartonnés, faible publicité faite autour de la série Lucky Luke qui n'est considérée par l'éditeur que comme une parmi d'autres et, bien évidemment, les sempiternelles questions d'argent).

Bref, tout ceci concourt à la migration de Lucky Luke de Dupuis vers Dargaud, l'éditeur attitré de Goscinny qui édite déjà Astérix et Iznogoud. de même, la publication en feuilleton passera de Spirou au journal Pilote dont Goscinny est alors le fondateur/rédacteur en chef.

Deux aventures avaient été créées à l'époque Spirou mais s'étaient vues publiées par Dargaud (en raison du délais entre les deux sorties). Il s'agissait de la Diligence et du Pied-Tendre, deux histoires d'une grande qualité, faisant suite à une belle série de six superbes albums.

Dalton City est donc la première aventure de la nouvelle ère " sans contrainte " pour Morris et Goscinny. On y voit donc apparaître quelques danseuses à la gouaille et au style assez évocateur... On retrouve avec plaisir nos chers amis les Dalton. Rantanplan y est aussi.

Mais il y a un hic, cette histoire est creuse, aussi creuse que le gros gâteau de la couverture. C'est un album vraiment médiocre, voire faible, où finalement, le fait d'être débridé n'a absolument servi à rien aux auteurs.

Le dessin de Lucky Luke lui-même commence à se dégrader (notre héros qui avait jusqu'alors un tout petit nez commence à avoir un gros pif, il est souvent représenté les yeux fermés et sans véritable expression, trait qui s'amplifiera au fur et à mesure des albums, que vous pouvez comparer au profil qu'il présente dans les albums situés dans la vingtaine de la série Dupuis.

Même Goscinny lui donne un rôle plus secondaire, une sorte de caricature de lui-même, trait qui sera renforcé dès l'album suivant, Jesse James). le scénario semble prometteur, au départ. Un vieux filou, en la personne de Dean Fenton, a eu l'idée de recycler une ville champignon désaffectée pour en faire un repaire de bandits.

Tous les truands des environs se regroupent donc pour faire couler l'argent à flots à Fenton-City, ville sans foi ni loi, ou plutôt si, qui a une loi, celle que justement les représentants de la loi y soient interdits. Mais c'est sans compter sur l'intrépide Lucky Luke qui met à lui seul la ville à genoux et Fenton derrière les barreaux.

Une fois au pénitencier, Fenton raconte ses exploits et sa vie dorée d'avant, qui ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd, mais de quatre sourds, vous voyez de qui je veux parler...

Grâce aux mérites d'un télégraphiste peu expert de la prison, Joe Dalton se retrouve libéré par erreur et en profite pour faire sortir ses petits frères (qui sont tous plus grands que lui). Dès lors, les quatre despérados en costume de guêpe vont faire renaître la ville du vice et l'appeler Dalton City.

Certes, il y a bien une succession de gags comme d'habitude, mais je ne les ai pas trouvés particulièrement drôles. Certes, on note un premier essai de Goscinny pour donner un semblant d'identité " aux deux Dalton du milieu ", ici ce sera William qui sera amoureux de Lulu Carabine en même temps que Joe et qui le jalousera amèrement. (Goscinny essaiera aussi d'individualiser un peu les deux du milieu dans L'Héritage de Rantanplan où ce sera Jack qui aura la manie de parler chinois).

Mais hormis la scène de la danseuse cachée dans le gros gâteau-surprise confectionné par Averell qui est vraiment drôle, tout le reste fait pâle figure. Rantanplan est insipide, Averell qui tout au long de l'album a beau fredonner la chanson de Joe Dassin reste pour le moins en très petite forme, et donc l'ensemble est bof, bof, bof.

Il en sera de même pour les deux albums suivants franchement piètres (Jesse James et Western Circus), puis un album moyen sans être du tout génial (Canyon Apache) et ce n'est qu'avec Ma Dalton que le duo " sans contrainte " Morris et Goscinny retrouvera la grande forme de l'époque " avec contrainte ".

Voici un avis assez sévère mais que je crois honnête, qui vaut ce qu'il vaut, c'est-à-dire pas grand-chose, à vous de vous faire votre propre opinion sur cet album que (vous l'aurez compris) je ne vous conseille pas.
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