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EAN : 9782367621043
360 pages
Audiolib (16/03/2016)
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3.83/5   710 notes
Résumé :
Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes.

Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du farde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (174) Voir plus Ajouter une critique
3,83

sur 710 notes
Lula Ann est née trop noire, ses parents des mulâtres au teint clair ne comprennent pas, le père quitte la maison, la mère l'élève sans cacher son dégout. L'histoire le prouvera, Lula Ann est prête à tout pour que cette mère si froide lui donne de l'affection et lui prenne la main en public.

Adulte Lula Ann a réussi, d'une beauté fracassante elle tient un poste important dans la cosmétique, pourtant Booker son bel et mystérieux amoureux la quitte un matin sur ces mots : « Tu n'es pas la femme que je veux ».

Enfant, Booker a dû, lui aussi, tout faire pour tenter de dissoudre un drame familiale. En partant à la recherche de son fiancé, Lula Ann va entreprendre un voyage au fond d'elle-même et tombera de Charybde en Scylla. Cette chute lui permettra aussi de se libérer de la gangue qui l'emprisonnait.

« Délivrances » au pluriel : délivrance de la naissance, délivrance de l'enfance martyre, délivrance du mensonge, délivrance pour une re-naissance. « Délivrances » c'est aussi l'histoire de la création d'un couple vrai. Toni Morrison, pour la première fois, écrit sur l'Amérique d'aujourd'hui, mais c'est avec la structure du conte qu'elle nous parle d'exclusion, de racisme, de haine, d'enfance brisée ou de mensonge.

Lula Ann et Booker, enfants blessés californiens, pourraient-être de lointains cousins de Hans et Gretel. Ce roman simple et complexe à la fois, à l'écriture épurée peut être une excellente introduction à l'oeuvre de Toni Morrison, femme exceptionnelle, prix Nobel de littérature en 1993.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai voulu découvrir Toni Morrison, prix Nobel de littérature et j'ai rencontré une auteure magnifique.

Ne croyez surtout pas que je joue pour le titre d'expert en littérature américaine de Babelio, que nenni…jamais je ne battrai les amateurs de SF, ou d'horreur, au demeurant fort sympathiques, et puis je déteste le carcan des challenges. Ma motivation, c'est juste de la curiosité et l'amour des beaux textes qu'on prend le temps de savourer.

Petit bras, je me contente de prix Pulitzer, de prix Nobel…de Jim Harrison…des auteurs de l'école du Montana, de bien d'autres encore….sans compter tous ceux que je n'ai pas mis sur Babelio, des livres lus avant l'invention d'internet, vous imaginez le monde sans internet ?….Hemingway, Faulkner …bref, je ne joue pas dans la même cour.

Alors Toni, me direz-vous ? …c'est brillant, elle est dans ce roman au-delà de la question raciale, même si c’est toujours en sourdine d'une façon surprenante, et comme une composante d'une question sociale. Avec elle, on est obligé de regarder en face un sujet douloureux , la maltraitance des enfants, du manque d'amour à la pedophilie, de la difficulté de se construire après des traumatismes. Les victimes et les bourreaux sont de toutes les communautés.

Tous les personnages de ce roman choral sont liés entre eux. Chacun représente un regard sur la réalité qui nous apparaît peu à peu. La construction est magistrale. Tout s'organise autour de la magnifique Bride, jeune femme noire, dont la beauté et la réussite économique cachent mal les blessures de l'enfance. En fait de croisière, pour faire un break, c'est sur les routes de campagnes de Californie, qu'elle nous emmène en Jaguar pour un road trip à la recherche d'elle-même et de son amour perdu.

Toni Morrison nous montre de l'Amérique, une réalité dure mais nuancée : le couple de néo hippies revenus de la société de consommation, la dictature des apparences chez les jeunes branchés, la pauvreté, elle nous questionne sur ce qu'est la réussite, si l'on peut revenir de terribles douleurs, s'il est possible de se faire confiance entre humains. Pas de réponses simples ou préfabriquées, elle nous laisse avec de l'espoir mais aussi avec toute la conscience de la complexité du monde.

Un roman qui bouscule nos représentations, une belle découverte.


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Lula Ann Bridewell, fille de "mulâtres au teint blond", est si noire de peau à la naissance que sa mère, Sweetness, n'éprouve pour elle que du dégoût. Son père, ne la croyant pas de lui, quitte le domicile conjugal.
Mal aimée, la petite Lula Ann est prête à tout pour attirer l'attention d'une mère indifférente même à signer un faux témoignage envoyant une institutrice blanche en prison pour pédophilie.
La fillette va grandir seule, se forger une personnalité factice, portant en elle le secret de ce mensonge lourd de conséquences.
Devenue adulte, la chenille se transforme en papillon et Lula Ann devient Bride, à la beauté éblouissante, fière de sa peau tellement noire qu'elle la met en valeur en ne s'habillant qu'en blanc.
Sensuelle et épanouie, elle entame une brillante carrière dans le secteur des cosmétiques et élabore sa propre ligne de produits.
Comment parvient-on à se libérer des traumatismes de l'enfance ? Comment vivre avec la culpabilité d'être, celle lentement inculquée, diffusée par ses parents, par une mère ? Comment vivre en étant Noire, même la plus belle ? Comment survivre avec le mensonge, dans le mensonge ? Comment aimer sans rejeter ni juger ?
Délivrances est un roman grave, lumineux et réaliste, confirmant la puissance narrative magistrale de la romancière et la force de son regard sur la société américaine contemporaine et les injures et insultes faites aux exclus et aux faibles.
Une belle lecture !



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"Délivrances" conte le destin de Lula Ann Bridewell dite" Bride" née" noire comme la nuit, noire comme leSoudan" se plaint Sweetness,sa mére qui,elle, est " une mulâtre au teint blond", legs de ses grands- parents.Bride, abandonnée à sa naissance par son pére, méprisée par sa mére.......
D'où vient alors à Lula Ann "cette peau d'un noir bleuté, ses yeux noir corbeau avec aussi quelque chose de sorcier" ? décrit Sweetness.
" Pour moi, la nourrir, c'êtait comme une négrillonne qui me tétait le mamelon" ajoute la mére...qui fera payer à Lula le fait d'avoir été quittée par son mari suite à la naissance de ce bébé à " la couleur terrible".
Vingt ans plus tard, Lula Ann, devenue cadre dans l'industrie cosmétique roule en Jaguar ....s'habille de blanc immaculé afin de souligner l'intensité du noir de sa peau, a changé son nom : elle s'appelle Bride...
Mais entre conte et roman, réalisme et merveilleux, l'entreprise remarquable de réinvention d'elle même de Bride s'écroule subitement au détour d'une phrase de son amant Booker " t'es pas la femme que je veux ",il la quitte.....
La jeune femme blessée physiquement, un étrange processus de rajeunissement semble envahir son corps. Elle perd un à un les attributs de sa féminité ...
...Moralement ..elle renoue avec les spectres de son passé....
Je n'en dirai pas plus .....
D'autres enfants habitent les pages de cet opus: Rain,Adam, et d'autres....victimes du racisme, de prédation sexuelle, des défaillances morales des adultes....ces enfants perdus qui courent le monde, victimes de la bêtise et du vice des adultes.
Ces enfants en proie à la honte, au ressentiment, à l'envie...qui seront autant de fêlures difficiles à maîtriser à l'âge adulte..
Et comment vivre avec la malédiction d'avoir la peau si noire dans un monde rempli de nuances plus claires?
Toni Morrison à qui l'enfance meurtrie, le racisme , la violence et la rédemption sont autant de thèmes trés chers affiche dans ce court roman une compassion magnifique pour son héroïne .....maudite.
Un récit sur les traumatismes de l'enfance, une fable lumineuse sur les secrets enfouis et une merveilleuse histoire d'amour.
Pour avoir lu Beloved, l'œil le plus bleu, Home etc.....en fidèle lectrice de cette grande des Lettres Américaines je dois reconnaître que j'ai été beaucoup moins enthousiaste cette fois...pourquoi ? Je ne saurais le dire......
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Plutôt bof que très bon. Un peu lu chez le dentiste et un peu au resto gastro. Forcément, mitigé. Je donne juste mon rendu du début, trop lourd, je l'ai mal digéré.

Voilà : un petit noir, au petit-déj., bien serré, ça vous tente pour bien démarrer ? Parce que chez moi, décidément, ça ne passe pas. Ou une, c'est pareil. J'espère que ça rentre ! Non ?! Attends, faut essayer autrement alors! Et ce gosse qui reste bouche bée ! Voilà, c'est bon... faut tout avaler. Tout avaler, sinon une mandale. Bien ! Il ou elle en aura deux, ça donne des couleurs. Trop injuste, y en n'avait pas besoin.

Certains médiront que je n'ai vraiment pas de culture, que c'est le rouge et le noir, made in US, en moderne ! En tout cas, voilà, c'est parti, parti mon kiki. Fameux début c't histoire. Parti pour la vie, une vie de merde, car là c'était juste une p'tite intro. Comment qu'ça se débloque après ? Ben, vaut mieux s' préparer au pire.

Bien sûr cela existe. C'est pas nécessaire. C'est insupportable. C'est l'Amérique. Genre l'amer hic profonde, deux doigts et plus ! Bon c'est pas tout ça, où j'ai foutu mon fric ? C'est insupportable, y a pas que ça quand même ? Nooon bon alors c'est la débrouille et le p'tit join. Au milieu, il y a rien, c'est l'Amérique. Insupportable, j'te dis. Comme traduire "God Help the Child" par "délivrances" moi çui là qu'a pas aimé que "Dieu aide l'enfant" alors il aurait bien pu choisir "Y a plus pire". Car je n'en ai pas encore parlé : y a Mam'mandale.

Les morts y sont.
Pour moi, cela suffi, Toni.
F'ra des cauchemars Mr Kroutard
Trop l'bourdon l'vieux Krouton

Alors excusez cette critique ni sirop, ni positive.

Je vais prendre une douche. Une douche froide évidemment. Même après, je me sentirai sale.

J'aurais dû prévoir, c'est l'Amérique de la Californie
"Jusqu'à la Louisiane en fait
Où y a des typ's qui ont tous les soirs
Du désespoir plein la trompett'.

T'en fais pas, mon p'tit loup,
C'est la vie, ne pleur' pas."
Pierre Perret me l'avait déjà dit.
Faut que je le fasse tourner en boucle
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critiques presse (7)
Elle
05 août 2021
Sur fond de problématiques raciales ultra contemporaines, la grande Toni explore les déflagrations intimes de la culpabilité et du sentiment d’abandon.
Lire la critique sur le site : Elle
LaLibreBelgique
08 décembre 2016
Sur fond de jazz, une exploration tout en nuances de la question raciale.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaLibreBelgique
19 septembre 2016
De sa plume enchanteresse et palpitante, nourrie de quelques traits de réalisme magique, Toni Morrison (prix Nobel de littérature en 1993) se montre ici magistrale.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LaPresse
21 septembre 2015
Poétique, symbolique et intrinsèquement marqué par les thèmes raciaux, Délivrances est à la fois grandiose et intimiste, étrange et percutant.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
03 septembre 2015
La romancière aborde une nouvelle fois la question de la race noire dans l'Amérique contemporaine.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LesEchos
26 août 2015
Onzième roman d'une jeune femme de quatre-vingt-quatre ans qui n'en a pas fini de raconter notre monde tordu et violent, en noir et blanc.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
26 août 2015
La compassion magnifique de Toni Morrison pour son héroïne, maudite pour être née la peau noir bleuté.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Il lui offrit alors la main qu'elle avait ardemment désirée toute sa vie, la main qui n'avait pas besoin de mensonge pour qu'on la mérite, la main de la confiance et de l'attention : alliance que certains qualifient d'amour naturel.
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Tous les samedis matin, avant même le petit déjeuner, ses parents avaient des discussions avec leurs enfants et exigeaient qu'ils répondent à deux questions : 1. Qu'as-tu appris qui soit vrai (et comment sais-tu que c'est vrai) ? 2. Quel problème as-tu ? Au fil des années, les réponses à la première question allaient de : « Les vers de terre ne volent pas », « La glace brûle », « Il n'y a que trois comtés dans cet État » à : « Le pion est plus fort que la reine. » Les sujets relatifs à la seconde pouvaient être : « Une fille m'a giflé », « Mon acné est revenue », « L'algèbre », « La conjugaison des verbes latins ». Des questions touchant à des problèmes personnels faisaient naître des solutions de la part de n'importe qui à la table, et une fois qu'elles étaient résolues ou laissées en suspens, on envoyait les enfants prendre un bain et s'habiller, les aînés aidant les plus jeunes. Booker adorait ces discussions du samedi matin, récompensées par le grand moment du week-end : les énormes petits déjeuners de fête que préparait sa mère. Des banquets, vraiment. Des biscuits chauds, feuilletés et riches en beurre ; du gruau de maïs, blanc comme neige et épicé au point de brûler la langue ; des œufs battus en une mousse crémeuse safran pâle ; des tranches de saucisses grésillantes, des rondelles de tomates, de la confiture de fraises, du jus d'oranges fraîchement pressées, du lait froid dans des bocaux en verre.
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J’avais six ans et je n’avais encore jamais entendu les mots « négresse » ni « salope », mais la haine et la répugnance qu’ils contenaient se passaient de définition. Exactement comme par la suite, à l’école, quand on me soufflait ou me criait d’autres insultes, aux définitions mystérieuses mais au sens limpide. Noiraude. Topsy(1). Face de charbon. Sambo (2). Ooga booga. Ils faisaient des bruits de primates et se grattaient les côtes en imitant les singes du zoo. Ils me traitaient comme un phénomène de foire, étrange, salissant comme de l’encre renversée sur du papier blanc. Je ne me plaignais pas à l’institutrice pour cette même raison qu’avait eue Sweetness de me mettre en garde au sujet de M.Leigh : je pouvais être temporairement exclue, voire renvoyée. Donc je laissais les injures et les brimades circuler dans mes veines comme du poison, comme des virus mortels, sans antibiotiques à ma disposition. Ce qui, en fait, était une bonne chose maintenant que j’y pense, parce que j’ai développé une immunité tellement forte que la seule victoire qu’il me fallait remporter, c’était de ne plus être une « petite négresse ». Je suis devenue une beauté profondément ténébreuse qui n’a pas besoin de Botox pour avoir les lèvres faites pour être embrassées, ni de cure de bronzage pour dissimuler une pâleur de mort. Et je n’ai pas besoin de silicone dans le derrière. J’ai vendu mon élégante noirceur à tous ces fantômes de mon enfance et maintenant ils me la payent. Je dois admettre que forcer ces bourreaux – les vrais et d’autres comme eux – à baver d’envie quand ils me voient, c’est plus qu’une revanche. C’est la gloire.



(1) Toute jeune esclave noire, dans le roman de Harriet Beecher Stowe, La case de l’oncle Tom (1852)

(2) Héros du livre pour enfants écrit par Helen Brodie Bannerman, Sambo le petit noir (1889)
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Elle m’a fait peur, tellement elle était noire. Noire comme la nuit, noir comme le Soudan. Moi, je suis claire de peau, avec de beaux cheveux, ce qu’on appelle une mulâtre au teint blond, et le père de Lula Ann aussi. Y a personne dans ma famille qui se rapproche de cette couleur. Ce que je peux imaginer de plus ressemblant c’est le goudron… »
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Je priais afin qu'elle me donne une fessée ou une gifle, rien que pour sentir son toucher. Je faisais des petites bêtises exprès, mais elle avait des façons de me punir sans toucher ma peau qu'elle détestait - au lit sans manger, m'enfermer dans ma chambre ; mais le pire , c'était les fois où elle me criait dessus. Quand la peur gouverne, le seul choix pour survivre , c'est l'obéissance. Et j'étais douée pour obéir. Je restais sage, et je restais sage, et je restais sage.
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Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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