Ce tome est le premier d'une saison sortant de l'ordinaire. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2019, écrits par
Grant Morrison, dessinés et encrés par
Liam Sharp, et mis en couleurs par
Steve Oliff. Il contient également les couvertures originales de Sharp, ainsi que les couvertures variantes de
Jim Cheung, Francesco Mattina (*2), Rodolfo Migliari, Jae Lee, Tome Raney, Joe St. Pierre, Lucio Parrillo. Il se termine avec 5 pages où Sharp & Morrison ont annoté 17 cases particulières.
Depuis la nouvelle Oa, avec la batterie centrale derrière eux, l'assemblée de gardiens de l'univers appelle au rapport les Lanterns du secteur 2018.2. Sur la planète Ventura, Maxim Tox répond qu'il est en plein combat et que ce n'est pas le moment pour le déconcentrer. Une créature araignée attaque et parvient à sectionner son doigt sur lequel se trouve son anneau. Ça n'impressionne pas beaucoup Maxim Tox qui prévient son agresseur qu'il a déjà perdu, même s'il essaye de s'enfuir. Tout d'un coup, l'agresseur se met à éternuer et à expectorer un flegme vert, un signe de la grippe émeraude. Il se met à supplier Maxim Tox de lui fournir l'antidote. Tox finit par indiquer que cette infection est en fait le Green Lantern Floozle Flem qui s'est introduit dans son organisme. Sur ces entrefaites, les Green Lanterns Chriselon et Trilla-Tru arrivent, avec leurs prisonniers, les autres voleurs qu'ils ont arrêtés. Ces derniers avaient comme objectif de dérober un dispositif appartenant aux Seigneurs de la Chance. Maxim Tox se rend dans une caverne pour examiner un cadavre et il est attaqué par d'autres créatures. Deux seigneurs de la Chance se plaignent auprès de Trilla-Tru que les voleurs ont réussi à dérober un Cadran de la Chance. Dans un vaisseau spatial déjà loin, le responsable des voleurs remet le Cadran de la Chance au Contrôleur Mu.
Sur Terre, Hal Jordan est allongé sur le sable, dans une région désertique du Nouveau Mexique, contemplant le ciel. Eve Doremus vient le chercher en voiture à la nuit tombée, en lui indiquant qu'elle a acheté de quoi manger. Il la remercie et ils rentrent à la maison. Sur place, Eve Doremus explique qu'elle a bien compris que Hal avait encore claqué la porte de son job à la station-service, comme tous les précédents boulots. le lendemain, Hal Jordan marche sur le bord de la route traversant le désert. Il est pris à parti par quatre vagabonds qui l'attaquent physiquement, sans provocation de sa part. Il les identifie rapidement comme étant une seule et même intelligence collective d'une planète éloignée. Il en vient rapidement à bout, mais sans réussir à obtenir d'information de leur part. Il s'avance un peu dans le désert et découvre un vaisseau fourgon écrasé. À l'intérieur, se trouve le Green Lantern Chriselon, grièvement blessé. Il a le temps de confier sa batterie à Hal Jordan qui peut enfin recharger son anneau, tout en récitant le serment des Green Lanterns. À Albuquerque, les trois criminels extraterrestres arrêtés par Chriselon et Trilla-Tru se déchaînent. Hal Jordan les réduit vite à l'impuissance. Puis il décide de gagner la Nouvelle Oa pour contacter les Gardiens de l'Univers. Une fois sur place, un gardien lui explique que le Livre d'Oa est compromis et qu'il n'est plus fiable. Il explique la nature de la mission qu'il va confier à Hal Jordan.
Quand il annonce cette nouvelle série consacrée à Green Lantern, l'éditeur DC Comics capte tout de suite l'attention du lecteur. En effet,
Grant Morrison a annoncé peu de temps auparavant qu'il n'écrirait plus ou presque plus de comics, et voilà qu'il s'engage pour une saison entière, d'un an (continuée par une deuxième par la suite). On peut compter sur cet auteur pour connaître la mythologie de ce superhéros sur le bout des doigts, pour se montrer inventif, et pour être ambitieux. D'un autre côté, le lecteur n'a pas d'idée préconçue sur l'ampleur du récit que va raconter Morrison, ni même sur le degré de complexité. Il repère vite une ligne directrice : les Darkstars. Il s'agit d'une organisation mystérieuse, dirigée par la comtesse Belzebeth, assistée par le contrôleur Mu. Ils cherchent à réunir 5 artefacts de pouvoir pour un but non explicité. Chaque épisode fonctionne comme une nouvelle mission pour Hal Jordan, policier de l'espace très expérimenté et très courageux. Il n'y pas besoin de disposer d'une connaissance encyclopédique sur le personnage pour pouvoir comprendre, une idée basique de ce qu'est un Green Lantern suffit, en sachant ce que sont les gardiens de l'univers. le lecteur expert en Green Lantern peut jouer à replacer ceux qui apparaissent, en particulier leur première apparence, par exemple en 2013 pour Volk et en 1987 pour Rot Lop Fan.
Pour l'occasion, les responsables éditoriaux ont confié la mise en couleurs à un vétéran :
Steve Oliff, promoteur de la mise en couleurs informatisée, technologie qu'il a utilisée en 1988 pour coloriser la première édition américaine du manga Akira. Il met en oeuvre une colorisation riche, soignée et détaillée. le lecteur le constate dès la deuxième page du premier épisode, avec une minutie impressionnante pour que chaque personnage se distingue de ses voisins dans une combat au milieu d'une foule. Ce n'est qu'en arrivant à la page 6 qu'il se rend compte que les décors n'étaient pas représentés dans les pages 2, 3, 4 et 5, parce que les personnages occupent la majeure partie de la surface de chaque case, mais surtout parce que
Steve Oliff sait donner l'impression de pages pleinement finies.
Liam Sharp est un artiste chevronné, ayant débuté sa carrière dans les années 1980, en dessinant des aventures de Judge Dredd. Il avait collaboré avec
Douglas Rushkoff sur la série Testament (2005-2008). Il a également dessiné le premier tome de la relance de Wonder Woman en 2016, écrit par
Greg Rucka : Wonder Wonder Woman Rebirth, Tome 2 : Mensonges. En 2018, il a réalisé Wonder Woman & Batman : La chute de Tir Na Nog (scénario & dessins). Il dessine dans un registre descriptif, avec des contours précis, des traits d'encrage dans les surfaces détourées pour ajouter des textures et du relief, conférant parfois une sensation âpre aux éléments représentés.
Au cours de ces 6 épisodes,
Liam Sharp a fort à faire pour donner à voir tous les nombreux éléments du scénario, et le travail de conception est impressionnant : les races extraterrestres, la conformité de l'apparence des Green Lanterns déjà connus avec leurs précédentes apparitions (avec une mention spéciale pour Volk, avec sa tête en forme de volcan en éruption), les cités spatiales flottantes (très impressionnantes), la forme de la lanterne de Chriselon (avec une petite touche de
H.R. Giger), la plateforme menant au Livre d'Oa, la vision générale de la capitale d'Oa (dans l'épisode 2), la race extraterrestre des Dhorian (Volgar Zo), l'apparence de Shepherd (une représentation patriarcale de Dieu) et sa véritable apparence, l'ambiance gothique et morbide du quartier englouti de la planète vampire Vorr, le duel au soleil entre Adam Strange et Ha Jordan, etc. L'association des personnages détaillés de
Liam Sharp, de ses mises en page variées, de l'établissement régulier des décors en début de séquence, avec la mise en couleurs de
Steve Oliff aboutit à une narration visuelle nourrie, étonnante et spectaculaire, mêlant superhéros et opéra de l'espace, avec une touche de science-fiction des années 1950 (les formes des races extraterrestres).
Rapidement, le lecteur s'aperçoit que
Grant Morrison a choisi une écriture accessible à tout le monde. Peut-être que la deuxième partie de cette saison révélera une intrigue de fond pas encore discernable. Il met en scène Hal Jordan comme un policier très expérimenté, avec une réputation de se rebeller contre l'autorité des Gardiens de l'Univers ou contre les lois de temps à autre, une forme de refus de compromission de son code moral personnel. Chaque épisode met en évidence un aspect de son expérience. Il sait comment réagir à une situation de conflit. Il reconnaît les extraterrestres qu'il a en face lui. Il traite directement avec les gardiens, sans hiérarchie intermédiaire interposée. Il sait mener un interrogatoire en fonction de son interlocuteur. Il anticipe le déroulement d'un conflit. Etc. le lecteur apprécie chaque épisode pour lui-même, tout en suivant facilement le fil directeur des artefacts et du plan de la comtesse Belzebeth. le lecteur familier de l'univers partagé DC apprécie de retrouver des éléments comme les Sun-Eaters, la référence aux Dark Stars, Adam Strange et la planète Rann.
Ce premier tome du retour d'Hal Jordan au premier plan en 2019 remplit ses objectifs : mettre le personnage en avant par le biais de sa longue expérience, le placer au premier rang des Green Lanterns, plonger dans la riche mythologie des Green Lanterns sans perdre les nouveaux lecteurs, raconter un opéra de l'espace spectaculaire habité par des créatures étranges.
Grant Morrison a choisi une construction d'intrigue très accessible, rendant Hal Jordan immédiatement sympathique par son efficacité.
Liam Sharp et
Steve Oliff travaillent de manière très complémentaire, l'un complétant l'autre. le lecteur peut éventuellement regretter que
Grant Morrison ne se soit pas plus lâché en développant un concept dont il a le secret, peut-être dans la deuxième moitié de cette saison.