AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 1604 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
S'il y a un livre à lire, en cette rentrée littéraire surchargée, c'est Home, Home comme maison et retour aux sources. Home comme homme à une lettre près, home comme symbole du moi en psychologie, cette individualité que personne n'a le droit de souiller, humilier ou détruire.
Ce moi, détruit par les horreurs de la guerre de Corée, Franck Money, ancien combattant noir médaillé mais traumatisé par un lourd secret, ira le retrouver at Home, en Géorgie, en délivrant Cee, sa soeur mourante des griffes démoniaques de son employeur le docteur Beau.
Toni Morrison (professeur d'université,éditrice, romancière, a reçu le Prix Nobel de littérature en 1993 pour l'ensemble de son oeuvre et le prix Pulitzer Fiction en 1988 pour Beloved) signe avec Home un chef-d'oeuvre d'humanité.
L'action se déroule dans les années 50, après la guerre de Corée. Toni Morrison alterne le voyage de Franck qui revient chez lui avec ses souvenirs passés entre sa liaison avec une ambitieuse costumière, son amour protecteur d' ainé pour sa soeur trop crédule et fragile, l'indifférence parentale, la haine grand-maternelle et les traumatismes de la guerre.
Il va apprendre à ses dépens que malgré le fait qu'il vienne d'une "armée où la ségrégation a été abolie", "la coutume est aussi réelle que la loi et peut être tout aussi dangereuse".
Ici, un révérend blanc l'aide, mais reste méfiant. Là, les toilettes publiques lui sont interdites.Là bas, au cours d'une émeute, on insulte,on lapide, on humilie,on estropie,on fouille au corps,on vole. Plus loin on pratique encore l'eugénisme sous le couvert d'une plaque médicale hautement qualifiée.
Toni Morrison,dans ce roman poignant bouleverse son lecteur car elle dénonce les droits de l'homme gravement enfreints, le racisme et les trafics d'enfants (durant la guerre de Corée) ou les combats d'hommes traités comme des chiens; mais elle bouleverse en démontrant que la violence entraine la violence et rend inhumain.
Ce livre est une ode à la paix, à l'humanité que chaque être humain doit retrouver au fond de lui si on l'a bannie.
C'est beau car écrit avec les mots du coeur, c'est beau comme une main qui se tend pour redresser l'homme mis plus bas que terre.
Toni Morrison est une GRANDE ECRIVAINE, et, après lecture on comprend que son prix Nobel était amplement mérité.
Commenter  J’apprécie          1104
Go Home !
Toni Morisson est l'une des plus grandes plumes afro américaines. « Home » le montre aisément. Dans un court récit, on suit le retour vers chez lui , pour visiter sa soeur Cee gravement malade, de Frank Money vétéran noir de Corée. Reprenant des thèmes chers et forcément douloureux (ségrégation, insertion sociale etc.), elle livre un récit remarquable. Morisson sonde avec une grand justesse les pensées de Frank, homme passablement chamboulé par ce qu'il à vécu en Corée.
Morisson va à l'essentiel, ne s'embarrasse d'aucun superflu, Lu d'une traite (150 pages), on en sort groggy devant la force narratrice de son récit. Un très grand bouquin.
Si Morri sonne, n'hésitez pas à ouvrir votre porte et votre coeur. Quand à moi, devant un si navrant jeu de mots, je la prends (la porte).
Commenter  J’apprécie          1027
Toni Morrison trempe sa plume dans l'efficacité pure. Cent cinquante pages seulement suffisent à Toni Morrison pour dérouler avec virtuosité une histoire emblématique et originale, puisant dans les thèmes pourtant bien rebattus de l'Amérique des années 50, tels que la ségrégation raciale et le maccarthysme.
Cette histoire est racontée à deux voix. Celle de Toni Morrison et celle de Frank Money, le personnage principal, qui se permet d'interrompre le récit et d'interpeller l'auteur dans de courts chapitres de transition : « Décrivez-moi ça si vous savez comment... »
La construction du récit est subtile. Retour au pays d'un vétéran de la guerre de Corée. Flash-back et visions oniriques. Souvenirs d'enfance. Plusieurs personnages entrecroiseront leurs parcours secondaires au récit principal de Frank Money pour former une trame particulièrement solide. Particulièrement amoché, Frank cherche à se reconstruire et à retrouver sa dignité. Un moyen possible est d'exorciser son passé, un autre est de voler au secours de sa soeur dont il a reçu un appel de détresse. Arrivera-t-il à temps ?
Toni Morrison ne laisse rien au hasard, tel personnage évoqué de façon désinvolte au détour d'une phrase ressurgira plus tard dans le récit, tel début de témoignage se trouvera ensuite corroboré ou désavoué, lorsque les souvenirs cesseront d'être refoulés, tel comportement étrange pourra plus tard trouver sa justification dans un épisode oublié de la petite enfance. Attention, les indices sont parfois ténus et peuvent échapper à la vigilance. Home est le résultat d'une écriture exigeante, où toute trace de superflu et de flou artistique a été éliminée. D'une force inouïe, les scènes racontées dans Home imprimeront à jamais des images indélébiles dans l'esprit du lecteur. Chaque phrase devient une grenade dégoupillée. Vous voilà prévenus.
Commenter  J’apprécie          480
Pas de fioritures, pas de tergiversations : le lecteur est immédiatement plongé dans une mare d'eau glacée, et les ondes créées par cette chute vont peu à peu assembler les éléments du décor. Au lecteur de surnager et de saisir l'information, jamais gratuite, toujours glissée dans un contexte dramatique.

Beaucoup de violence, mais comment pourrait-il en être autrement au sein de cette Amérique des années cinquante, où la population afro-américaine (pour utiliser le terme politiquement correcte de notre époque), envoyée au casse-pipe dans de lointaines contrées asiatiques, est traitée à son retour moins bien que des animaux? C'est le portrait d'une Amérique, cruelle, inhumaine, que la beauté des paysages ne parvient pas à farder.

La construction, très condensée, fait alterner des souvenirs, en flash-back , qui peu à peu permettent d'élucider la complexité des relations entre les personnages, et le récit de Franck, ancien combattant qui se raccroche à la vie, obnubilé par la protection de sa jeune soeur.

Toni Morisson utilise une écriture percutante, au service de ce récit sans concession,
d'une grande intensité dramatique, ne laissant aucun répit au lecteur au cours de ces 120 pages.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
Commenter  J’apprécie          440
Toni Morrison m'a attirée dans son monde, une oeuvre importante, des titres en un seul mot, Jazz, Beloved, Delivrances, Home, Sula…une approche originale de l'Amérique noire, par l'intermédiaire de personnages ordinaires qui disent leur monde, leurs blessures, et comment ils se reconstruisent aussi.

Home, c'est l'histoire de Franck, soldat noir qui revient de Corée, souffrant de stress post traumatique. Il traverse l'Amérique depuis la côte ouest pour regagner Lotus une localité minuscule de Géorgie, d'où il était parti avec ses copains, pour fuir la misère. C'est l'histoire d'un homme presque étranger dans son propre pays, qui arrive à destination après de multiples péripéties, grâce à des personnes généreuses que le destin a placées sur son chemin.

Toni Morrison nous raconte cette histoire de résilience en nous faisant découvrir par touches ses personnages et leur famille . Ce n'est pas un manifeste politique, mais la dénonciation n'en est que plus forte. On approche au cours de ce récit, la réalité humaine cruelle de la ségrégation, puisque nous la partageons avec Franck et ses fantômes, avec Cee, avec Lily…comme l'impossibilité d'acheter une maison, les places séparées dans les bus et dans les hôtels , les expulsions arbitraires, les cagoules, les meurtres impunis, les conséquences abominables des théories eugénistes de quelques savants fous.

Comment exister comme un être humain debout quand tout se ligue contre vous ? Toni Morrison nous montre au travers de ces destins fracassés la force des liens et des solidarités des communautés qui réparent et protègent ce que la loi ne fait pas.
Commenter  J’apprécie          424
Challenge Prix Nobel

Je reste intimidée devant cet auteur qui décrit avec un style sublime, poignant et délicat le racisme et la ségrégation sans jamais utiliser des mots décrivant le physique ou la couleur des personnages. Cela fait plusieurs jours que je reste devant ma feuille en réfléchissant à ce que je pourrais dire sur cette histoire courte, certes, mais tellement profonde et violente. Je reste sans mot, sans voix. Franck et sa soeur vivent comme ils peuvent, essayant d'avancer dans leur vie, sans trop se poser de questions sur ce qu'ils subissent, La guerre, les insultes, le rejet, la maltraitance, la haine. Et pourtant, ils vont refaire le chemin à l'envers retournant sur cette terre qui les a bannis, où l'histoire commence pour pouvoir se reconstruire. Revient-on toujours sur le lieu de son enfance, sur la terre natale quoiqu'il arrive ? C'est aussi une bouleversante histoire d'amour d'un frère pour sa petite soeur. Un frère qui n'hésitera pas à traverser tout un pays pour sauver la personne la plus chère à son coeur. Rentrer dans l'univers et les livres de Toni Morrison, c'est rentrer dans une vérité et une réalité que nous ne souhaitons pas toujours connaître. Ça dérange, ça fait mal mais elle arrive toujours à faire ressortir la beauté et la bonté de ses personnages. A prescrire aux intolérants pour qu'ils puissent guérir.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          360
« A qui est la nuit qui écarte la lumière ? ». Sur ces mots étranges commence Home un roman de Toni Morrison. Une prose envoûtante qui est bien la griffe de cette romancière qui joue avec la musique des mots et la puissance évocatrice de la nature.

Franck et Cee sa petite soeur, fascinés par deux chevaux, en appui sur leurs jambes de derrière, ont retenu leur souffle, émerveillés. "l'un était couleur de rouille, l'autre d'un noir profond ; tous les deux luisants de sueur. Les hennissements n'étaient pas aussi effrayants que le silence qui a suivi une ruade dans les lèvres retroussées de l'adversaire.... celui couleur de rouille a baissé la tête et piaffé pendant que le vainqueur s'éloignait en gambadant."

Puis un autre spectacle les glaça, "un pied qui dépassait de la fosse et qui tremblait comme s'il pouvait sortir". Quand elle a vu "ce pied noir avec sa plante rose crème, striée de boue, Cee s'est mise à trembler, j'ai essayé d'attirer son tremblement dans mes os, parce que je pensais pouvoir y arriver" page 12.

Nous suivons ainsi les traces d'une famille, dans les années 50, dans une Amérique où l'apartheid est encore féroce, même pour Franck un ancien de la guerre de Corée qui a servi son pays.
Frank revient meurtri de sa guerre, et plus encore, porteur d'un douloureux secret, confronté à la corruption qui sévissait et à la prostitution des enfants.

Une fois de plus c'est auprès de sa soeur qu'il va rechercher une rédemption. Dépasser sa honte, et choyer Cee, comme si le souvenir de son enfance envahissait son âme, le poursuivait sans cesse.
"Qui suis-je sans-elle."
" Maman l'a appelé Ycidra, elle a attendu neuf jours avant de lui donner son nom, de peur que la mort ne repère une vie toute fraîche et ne la dévore. Tout le monde sauf maman l'appelle Cee." 


Après une longue traversée Franck arrive enfin pour sauver sa soeur, soignée par un gourou sans scrupules. le médecin panique ; "Quoi qui êtes-vous ? le Docteur Beau écarquilla les yeux puis les plissa, Sortez d'ici".
Le Docteur leva un revolver, mais vit « le visage calme, voire serein, d'un homme avec lequel on ne plaisantait pas. »
Franck entra dans la chambre de sa soeur, elle gisait inerte, minuscule dans son uniforme blanc.

Alors que le soleil avait absorbé tout le bleu du ciel Cee et Franck, retrouvèrent le champ ou un homme avait été jadis enfoui à la hâte. "Franck plaça les os sur la courtepointe de Cee faisant de son mieux pour les disposer comme ils étaient durant la vie. p 150"

"Viens mon frère on va à la maison", lui murmure sa soeur page 152, Cee apaise son frère, le rassure, comme pour lui dire merci, tu m'as redonné l'espoir.
Une écriture à la fois douce et poignante, où le coeur prend toute sa place, les terreurs comme les joies, sans juger, être juste dans le bonheur de vivre.
Commenter  J’apprécie          352
« Cette maison est étrange. Ses ombres mentent. Dites, expliquez-moi pourquoi sa serrure correspond-elle à ma clé ? » (p. 9) Celui qui cherche à retrouver sa maison, son chez-lui, c'est Franck. Il s'est échappé d'un asile et il est prêt à tout pour revenir à Lotus, en Géorgie : prêt à traverser tous les pays, prêt à essuyer des humiliations, prêt à courir tous les dangers pour retrouver Cee, sa petite soeur qui a besoin de lui. Revenu de la guerre de Corée avec des souvenirs traumatisants qui confinent à la folie, Franck doit se réhabituer à la vie civile, laisser ses démons derrière lui et ne pas plonger dans le traître et éphémère réconfort d'une bouteille de whisky. « Voilà que revenait la rage incontrôlée, la haine de soi déguisée en faute de quelqu'un d'autre. » (p. 22)

En parallèle, on suit la vie de Cee depuis que Franck s'est enrôlé. La jeune fille qui ne pouvait compter que sur son frère est tombée d'illusions en déconvenues. Elle est en bien mauvaise posture quand Franck la retrouve, mais elle a appris à s'occuper d'elle. Si son frère lui sauve la vie, elle n'a désormais plus besoin de l'intense et constante protection dont il l'entourait. Cabossés par l'existence, le frère et la soeur s'aiment toujours autant, mais leurs peines respectives les ont fait grandir et s'ouvrir au monde. Pour Franck et pour Cee, il est désormais temps de trouver leur foyer et d'apaiser leurs peurs et leurs douleurs. Une vie de souffrance leur a appris à être libres et à vivre pour et par eux-mêmes et leur a permis de comprendre que chacun est sa propre maison, que chaque coeur libre est une demeure solide.

Toni Morrison s'attaque à un autre pan de l'histoire des Noirs américains. Après l'esclavage, elle aborde la ségrégation et pointe les cruelles injustices de ce peuple déraciné, sans cesse empêché de s'intégrer. « Une armée où les noirs ont été intégrés, c'est le malheur intégré. Vous allez tous au combat, vous rentrez, on vous traite comme des chiens. Enfin, presque. Les chiens, on les traite mieux. » (p. 25) Home est plus court que Beloved ou Love, il est aussi moins dense et plus digeste. Entre la narration au style indirect et les chapitres en italique où Franck se livre, voire se confesse, le lecteur découvre toute l'horreur d'une enfance mal aimée et le drame d'une Amérique qui ne reconnaît pas ses héros et qui tremble devant une menace rouge fantasmée.

J'ai été bouleversée par les passages où Franck parle des femmes, faisant d'elles des anges salvateurs même si elles ne sont que des cocottes ou des emmerdeuses. Pour cet homme meurtri qui flirte avec la folie, la douceur féminine est plus qu'un baume, elle est un chant d'espoir et la promesse d'un lendemain plus serein. « Elle avait quelque chose qui m'a stupéfait, qui m'a donné envie d'être assez bien pour elle » (p. 76) Et d'autres passages m'ont noué la gorge, quand Franck évoque l'enfant qu'il était et l'amour surprotecteur qu'il éprouvait pour sa soeur, les deux gamins ayant grandi en se soutenant l'un l'autre. « Sans mes deux amis, j'aurais étouffé vers l'âge de douze ans. C'étaient eux, en plus de ma petite-soeur, qui maintenaient à l'arrière-plan l'indifférence des parents et la haine des grands-parents. » (p. 89)

C'est un sans faute pour Home qui m'a émue au-delà des mots.
Commenter  J’apprécie          342
Dans l'Amérique ségrégationniste des années 1950, Frank doit traverser le pays pour rejoindre sa soeur malade. de retour de la guerre de Corée, il a du mal à faire face à ses souvenirs, à ses traumatismes.


"Home" fait partie de ces romans qui peuvent changer notre compréhension de l'Humain. Petit à petit la vie de Frank et de ses proches nous est dévoilée : son enfance difficile, sa relation avec sa soeur Cee, sa relation aux femmes...
Et par la vie de Frank, l'auteur nous parle de rédemption, de culpabilité et l'expression "les fantômes du passé" prend ici tout son sens. Elle nous parle aussi de l'Amérique de cette époque, comment étaient traités les Noirs, le maccarthysme.

Toni Morrison a écrit un roman très court ; à se demander comment elle peut y aborder toute une vie d'homme. Mais c'est pourtant ce qu'elle fait. Il n'y a aucun remplissage dans ce roman, pas un mot de trop. L'auteur va à l'essentiel et peut dire beaucoup en une simple phrase. Ce qui est à mon avis la maîtrise absolue de l'art d'écrire. le style est exquis, la construction du roman parfaite.
Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          340
150 pages d'une écriture finement ciselée, qui parle du sud des États-Unis dans les années 50. On y retrouve les misères du racisme envers les noirs qu'on traite moins bien que les chiens, la misère aussi des enfants qui découvrent la « beauté » du monde.

Parmi les thèmes abordés, je retiens celui de la culpabilité. Culpabilité du soldat pour les actes commis pendant la guerre, mais aussi culpabilité d'être encore en vie alors que ses compagnons sont morts. Culpabilité de la victime qui se sent coupable de s'être fait avoir, de ne pas avoir été capable de se défendre, culpabilité aussi d'un inconnu qu'on a obligé à se battre à mort et dont « sa vie, dont je doute qu'elle ait valu grand-chose pour lui après ça. ».

Heureusement, un autre thème est porteur d'espoir, celui de la résilience, la force tranquille de ces femmes qui travaillent sans relâche, qui soignent même celle qui ne le mérite pas, qui oublient la haine et la vengeance pour continuer à vivre. Malgré toutes les difficultés, elles créent un chez-soi, un « home » pour que la vie continue.
Commenter  J’apprécie          322




Lecteurs (3806) Voir plus



Quiz Voir plus

Beloved de Toni Morrison

De quoi s'inspire ce roman ?

D'un fait divers
De rien
De la vie de l'auteur

7 questions
75 lecteurs ont répondu
Thème : Beloved de Toni MorrisonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..