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Dans ce premier roman déchirant, Toni Morrison raconte l'histoire de Pecola, l'enfant qui rêvait d'avoir les yeux bleus. Pour être belle, enfin, pour que la laideur, la violence, la souffrance la quittent pour toujours, Pecola prie. Pourvu que le dégoût qu'elle voit dans le regard des autres disparaisse. Mais ses prières ne sont pas exaucées, et Toni Morrison explore, dans une langue déjà poétique et puissante, le récit de cette enfant condamnée parce que noire, que la magie des graines plantées par ses petites voisines ne réussiront pas à sauver. Un coup de poing, une première oeuvre implacable à la construction impressionnante.
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Je persiste à conseiller Sula pour commencer l'oeuvre de la grande Toni Morrison. Cet Oeil le plus bleu est certes son premier roman édité, mais il est un fifrelin moins abouti que Sula et moins facile à lire. Tout en étant déjà prodigieusement Morrisonien. Narrations originales, jeux de langue, puissance des propos et thématiques qui propulseront l'artiste y sont déjà. Sa musique y est. Déjà.
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Après l'ensorcelant et terrifiant "Beloved", je poursuis ma découverte de l'oeuvre de Toni Morrison et pour ce faire, j'ai choisi le roman qui, parmi sa bibliographie, me tentait le plus.
J'étais sortie hagarde et harassée de "Beloved", je sors de "L'oeil le plus bleu" complètement poignardée, bouleversée. Je comprends tellement bien pourquoi à présent on m'avait conseillé d'espacer mes plongées dans l'oeuvre de cette immense écrivain! Non seulement ses romans sont particulièrement exigeants d'un point de vue narratif et littéraire et réclament pas mal de disponibilité et de concentration (oui, la beauté est parfois sacrément assujettissante!) mais en plus leur contenu est d'une rare violence, d'une noirceur qui confine au sordide et au désespoir. Allez savoir pourquoi on en redemande pourtant de cette brutalité... Peut-être parce qu'elle confine au sublime, qu'elle fait réfléchir et qu'elle révolte... "Indignez-vous" qu'il disait! Peut-être aussi parce que l'écriture de Morrison est résolument hypnotique, une mélopée qui vous saisit et ne vous lâche plus, qui vous contraint à écouter l'histoire qui se raconte presque malgré nous. La fascination du pire et de la douleur. Peut-être.
"L'oeil le plus bleu" est le premier roman de la romancière et il contient déjà tous les thèmes, les obsessions qu'on retrouve dans "Beloved". Il en a la douleur indicible, les excès et la violence et paradoxalement il en a aussi la poésie.
Nous sommes dans l'Ohio, dans une petite ville ouvrière dans les années 1940. L'esclavage a été aboli soixante-dix ans auparavant mais, au coeur de cette société américaine si policée, être noir est toujours un enfer.
Toni Morrison nous invite à suivre la vie de trois fillettes et de leurs proches. D'un côté, il y a Claudia et Frieda MacTeer qui vivent dans un foyer sans chaleur et presque sans amour. Elles survivent cependant grâce à leur complicité. La petite Claudia est une enfant vive qui déteste Shirley Temple et les autres petites filles, les blondes aux yeux bleus qui attirent sur elles tous les regards et l'admiration, qui rendent invisibles les noires même auprès des leurs. de l'autre côté de la rue, voici Pecola Breedlove. La petite fait peine à voir. Elle est laide, elle est triste surtout et semble porter tout le poids du monde sur ses épaules. Ce qu'elle voudrait elle, ce qu'elle désire plus que tout, ce sont des yeux bleus. Les plus beaux yeux du monde. Avec ces yeux-là, on doit être aimé. Forcément. C'est que de l'amour, il n'y en a plus chez les Breedlove. Les parents se battent et le grand frère ne pense qu'à s'enfuir. Et puis, elle est si laide Pecola... Pour sûr, on l'aimerait si elle avait les yeux de Shirley Temple, si elle était blanche et blonde aussi.
"L'Oeil le plus bleu est divisé en quatre parties, une pour chaque saison et l'intrigue nous est racontée à travers la voix de Claudia ou à travers celle d'un narrateur extérieur au récit qui se glisse tantôt dans les pensées d'autres personnages -de Pecola en particulier- ou qui nous raconte ce que fut la vie des parents de cette dernière, pour remonter aux origines de la violence du foyer. Toutefois, le récit malmène un peu la chronologie, il est morcelé, déchiré comme Pecola -sans cesse moquée, rejetée, harcelée et puis violée- et il faut attendre son issue pour le percevoir dans toute sa complétude et son horreur. En effet, si la langue est belle et poétique, un chant incantatoire obsédant et sensuel, elle révèle l'insoutenable, l'atrocité.
Elle finit par avouer l'inavouable après avoir dit l'abandon, les ravages de l'alcool, les coups, la misère sociale, la violence ordinaire, la souffrance qui mènent au désespoir et à la folie. Une folie qui n'a rien de romantique mais celle beaucoup plus réaliste qui détourne les regards et emprisonne.
J'ai suffoqué tout au long de ma lecture, j'ai suffoqué et souffert pour Pecola à qui on a tout volé, son innocence et même l'affection d'un chat. Tout au long de ma lecture aussi, j'ai eu des épines dans la gorge, l'envie de refermer ce roman diabolique qui m'a hypnotisé autant qu'il m'a fait mal autant que de d'y rester.
"L'oeil le plus bleu" est l'un romans les plus durs qu'il m'ait été donné de lire, mais c'est aussi une lecture nécessaire qui dénonce ce qu'on ne devrait plus avoir à dénoncer en 2020 (mais décidément la haine et l'ignorance ont la dent dure et ce monde est désespérant): le racisme ordinaire, la difficulté d'être noir aux Etats-Unis, le poison des représentations qui pousse une petite noire à se haïr, le poids du passé et de ses blessures...
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L'oeil le plus bleu est le premier roman de Toni Morrison.

Toni Morrison est une femme de lettres américaine, née en 1931 et décédée en 2019. Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de Littérature en 1993.

Voici l'histoire touchante de 3 jeunes filles noires dans l'Amérique blanche et discriminatoire des années 1940. On le ressent rapidement ; les thèmes du livres sont épouvantables : la misère, le besoin d'amour, la folie, la haine, l'inceste, mais aussi et surtout les conditions des femmes, leur désarroi face à l'oppression sexuelle et face à leur couleur de peau. Peu ou pas de place pour les rêves pour ces jeunes filles.

Durant ma lecture, j'ai parfois ressenti un peu de difficulté à situer les personnages et à comprendre lequel d'entre eux était en train de parler. Ca m'a déstabilisé quelque peu et, malheureusement, ça m'a empêché de rentrer complètement dans l'histoire.

Ceci dit, le roman de Toni Morrison est magnifiquement écrit. Ses mots font froid dans le dos. le lecteur se sent désarmé et impuissant face à ces injustices, inégalités, et violences. Un livre poignant !
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C'est un roman fort, très fort, ça c'est certain. Des histoires de femmes, adultes et enfants, des femmes noires, dans les années 40, portant toute la misère, les douleurs, les difficultés, les inégalités mais aussi les espoirs et les joies d'une population encore opprimée.
C'est le premier romande Toni Morrison que je lis, et cela ne sera sûrement pas le dernier parce que ses idées sont prenantes, fortes et les thèmes abordés nous pénètrent, pour nous faire réfléchir sur la condition humaine des Noirs en Amérique et en général d'ailleurs.
Un bémol, peut-être du au fait que c'est son premier roman, je l'ai trouvé un peu brouillon, j'ai eu parfois du mal suivre le fil. Cependant, j'ai apprécié cette lecture car on sent, pour un premier opus, tout le talent de Toni Morrison.
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Premier roman de l'auteure américaine récemment disparue, c'est également un premier roman pour moi de Toni Morrison, prix Nobel de Littérature en 1993.
C'est la découverte d'une écriture tout à fait particulière, d'une grande finesse qui permet une lecture entre les lignes.
Toni Morrison aborde des thèmes qui lui sont sans doute chers, tels que la société américaine et les rapports entre les Blancs et les Noirs, le racisme, la violence, l'inceste...
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Continuant ma percée dans l'oeuvre de Toni Morrison, voici le tour de L'oeil le plus bleu, un court roman, dur et à la fois très humain.
Dans le quartier où vivent les différents personnages, la pauvreté et ses enfants, le désespoir, l'alcoolisme, le découragement...Charmant tableau me direz-vous!
Ce que j'ai le plus aimé c'est la façon dont c'est construit. On découvre par exemple la mère de Percola dans les yeux de Claudia et Frieda, les camarades d'école de sa fille, puis on revient sur la jeunesse de cette femme et ses désillusions dans la partie suivante, et cela éclaire son portrait d'un jour nouveau...
Un très bon roman d'une grande dame des lettres, pas celui que je préfère d'elle mais tout de même à mettre entre toutes les mains!
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Magistral! Comme on pouvait s'y attendre. Morrison y explore le complexe d'infériorité qui s'est immiscé insidieusement dans l'esprit des Noirs Américains. Un complexe né du regard extérieur, celui de leur oppresseur. C'est l'histoire de la jeune Pecola Breedlove qui se voit et est vue de tous comme étant laide par nature. Mais ce qu'elle déteste par dessus tout, c'est ses yeux. Elle donnerait tout pour avoir les yeux bleus, ceux qu'elle voit dans tous les livres d'images et les films de son époque. Comme souvent avec Morrison, temps et espace sont fracturés comme la vie de ses personnages qui ne parviennent pas à réconcilier leur vie présente et leur enfance brisée par la négligence et la violence des adultes. Enorme classique à lire même s'il n'est peut-être pas aussi abouti que "Beloved". Ce n'était après tout que son premier roman, mais déjà son talent explosait en pleine face, ou en plein coeur. Son écriture caractérisée était déjà bien en place, incisive et bouleversante. Plus que chaudement recommandé!
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C'est le premier roman que je lis de Toni Morrison. J'attendais beaucoup de la célèbre écrivaine et Nobel de littérature. Sentiment mitigé, car le roman comporte des passages très forts mais le fil de l'histoire est un peu décousu. L'histoire racontée depuis plusieurs points de vue, les flashbacks sur l'histoire personnelle des protagonistes, sont des procédés intéressants et renforcent le caractère désespéré et désespérant de ces vies maltraitées. Certaines tournures de la langue sont bizarres ou incompréhensibles, peut-être traduites difficilement. Je lirai d'autres romans de Toni Morrison.
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Lire du Toni Morrison est un voyage exceptionnel. On n'en sort jamais indemne.
J'ai relu ce livre à bien des années d'intervalle pour en faire une critique beaucoup plus juste à mes yeux. La première fois ce livre m'avait marqué, secoué, j'ai du malheureusement l'arrêter en cours de route, peut-être trop jeune, je ne saurai dire. Et puis j'ai lu d'autres roman de l'auteur avec autant de délices et j'ai surtout appris que ce livre faisait aujourd'hui face à la censure aux USA. Je me suis demandée comment on peut en arriver là au XXIème siècle dans un tel pays.
J'ai repris cette lecture, l'esprit mûri et toute la beauté, l'harmonie, la poigne des mots et de l'histoire m'a poignardé les tripes.
Sans oublier qu'il s'agit d'un premier roman et sa qualité impressionnante et exceptionnelle en saute encore plus aux yeux.
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