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c'est le premier livre que je lis de cette autrice et certainement pas le dernier. L'écriture et très belle et poétique, malgré le sujet assez brutale de la condition des noirs dans les années 40. L'histoire se déroule sur une année, mais une année où le portrait de différents personnages sont intégrés. Ces segments permettent de mieux comprendre les actions de certains. J'ai vraiment apprécié que le tout soit fait sans jugement, juste un narrateur qui explique les réflexions des personnages les menant à des actes (dont certains odieux). C'est brutal et sans fioritures. Une très bonne lecture.
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Après plusieurs déceptions littéraires et quelques mauvais choix, j'ai décidé de me tourner vers une valeur sûre. Toni Morrison est une valeur sûre. Avec elle, pas d'histoire tirée par les cheveux, pas de personnages complètement loufoques. Elle n'a pas besoin de ça. L'oeil le plus bleu est juste beau, touchant, dur, sincère. Un grand roman d'une grande auteure.
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Une lecture forte, brutale, sur le quotidien d'hommes, de femmes et de fillettes noires ou métisses dans les début des années 1900.

Le parcours de vies marquées par la pauvreté, le racisme, la violence des Blancs, les violences des hommes, le deuil, la folie.

Très bien écrit, des mots justes, de belles métaphores. L'écriture est tellement simple que l'on perçoit la banalité des brutalités.

Le récit de Claudia et la vie de Pecola m'ont marqué. Comment l'une, par innocence, pense que tout sera différent tandis que l'autre développe une haine féroce pour tout ce qui doit être "la norme", "le beau", "le pur".
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Si elle avait de jolis yeux bleus, Pecola est persuadée que ses parents ne se battraient plus et qu'elle serait plus heureuse. « Une petite fille noire qui brûle d'avoir les yeux bleus d'une petite fille blanche, et l'horreur au coeur de son destin n'a d'égal que le mal de son accomplissement. » (p. 141) Pauvre Pecola, son rêve reste inaccompli et sa jeune existence est marquée par l'indicible. Claudia, dont les parents ont un temps hébergé la gamine, raconte cette histoire où violence et résignation se mêlent étroitement, tristement, inévitablement. « Les insultes faisaient partie des ennuis de l'existence. » (p. 108) Dans la rue et à l'école, les petites filles noires admirent les jolies métisses à la peau claire et aux cheveux souples, comme si la beauté donnait la seule place valable dans l'échelle sociale. Et pourtant, elles sont encore si jeunes, toutes ces mômes. Elles comprennent si peu les jeux plus ou moins sages des adultes. Mais elles pressentent que quand elles comprendront, l'innocence sera perdue. « Que nous manquait-il ? Pourquoi était-ce si important ? Et alors ? Franches et dépourvues de vanité, nous nous aimions encore. Nous nous sentions bien dans notre peau, ce que nos sens nous faisaient découvrir nous réjouissait, nous admirions notre crasse, nous cultivions nos cicatrices, et nous ne pouvions comprendre cette indignité. » (p. 52 & 53)

Différentes voix et différentes histoires constituent le premier roman de Toni Morrison qui, en substance, contient tous les thèmes et toute la force de ses futurs écrits. « de nouveau la haine mêlée à la tendresse. La haine l'empêchée de la relever, la tendresse l'a obligée à la couvrir. » (p. 115) Entre sordide et sublime, on trouve le viol, l'inceste, la pédophilie, l'identité, la solitude et les mille façons de souffrir que connaissent les pauvres et les oubliés. Pecola est une figure sacrificielle bouleversante, agneau noir et boiteux immolé en vain. « Nous étions si beaux quand nous avions chevauché sa laideur. Sa simplicité nous décorait, ses remords nous sanctifiait, grâce à sa douleur nous rayonnions de santé, grâce à sa maladresse nous pensions avoir le sens de l'humour. Son défaut de prononciation nous faisait croire à notre éloquence. Sa pauvreté nous rendait généreux. Nous utilisions même ses rêves éveillés pour imposer le silence à nos cauchemars. » (p. 142) L'oeil le plus bleu est une élégie troublante, presque l'éloge funèbre des rêves perdus de toutes les petites filles.
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Magnifique histoire ,sombre, dure comme à peu près tous les livres de Toni Morrison .
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J'ai retrouvé des similarités avec Un don (le seul autre roman que j'ai lu de Toni Morrison à ce jour), ressemblances qui traversent peut-être toute l'oeuvre de l'autrice : l'entremêlement des personnages, les allers-retours dans le temps, la vie qui blesse et qui malmène, le racisme bien sûr…

J'ai été frappée par le complexe d'infériorité qu'elle raconte, cette vision rabaissée de soi née d'un racisme quotidien, une auto-dévalorisation permanente intégrée par les protagonistes par la violence séculaire qui imbibe leur vie. La « laideur » supposée de Pecola n'est pas seulement dans le regard de personnes blanches, mais également dans celui d'Afro-Américains. Être métis·se est déjà s'élever sur l'échelle sociale de par la dilution du noir de la peau. D'où un rêve permanent de la vie des Blancs, rêve de leurs maisons, des paroles gentilles qu'on leur adresse, des regards appréciateurs, de leurs yeux bleus qui semblent éclairer leur existence. À ces privilèges s'oppose leur existence rude, leur pauvreté extrême, leurs horizons bouchés. Un gouffre bée entre eux, même dans le traitement d'une mère envers sa propre fille et la fillette blanche dont elle s'occupe.
Le récit tourne autour d'événements atroces – trigger warning : viol et inceste – mais conserve une sobriété bienvenue. Nul détail pour faire pleurer dans les chaumières, mais une économie de mots absolument poignante pour raconter comment les défoulements de violences – mépris, coups, abus… – tombent sur les plus faibles pour relâcher la frustration et la colère silencieuse : les hommes sur leurs femmes, les garçons sur les filles plus jeunes…

Claudia, par son regard qui tranche avec celui de la majorité, est la seule à apporter une bouffée d'air frais. Elle refuse ces jouets qui ne lui ressemble pas et qui la place directement dans le clan des « laides » car ne correspondant pas aux standards de beauté et, avec sa soeur, elle regarde Pecola, tente de l'aider, et, même si elle ne comprend pas tout du haut de ses dix ans, souhaite du positif dans la suite de son histoire.

Toni Morrison possède décidément un style déroutant. Elle passe d'une narration interne à la première personne – Claudia souvent, mais aussi la mère de Pecola ou Pecola elle-même à la fin du livre – à une narration à la troisième personne. Encore une fois, le roman est quelque peu décousu, mais reste assez intense et profondément triste. Peu d'espoir se dégage de ce récit, seuls les rêves apportent de temps à autre un répit aux personnages.

J'ai bien du mal à parler de ce livre qui m'a déstabilisée par sa forme autant qu'il m'a touchée. Un roman qui permet de ressentir viscéralement ce racisme – jamais nommé mais omniprésent – qui ne fait pas partie de ma vie, mais qui reste encore et toujours tristement d'actualité. Une plume inhabituelle mais définitivement unique. Un livre à relire peut-être, pour mieux s'en imprégner.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Lorain,Ohio, dans les années 40. Toni Morrison nous présente la vie dans un quartier pauvre peuplé par des Noirs miséreux rejetés, opprimés, exploités par les Blancs, par le regard de trois petites filles noires. Deux sont soeurs, soudées, elles vont vivre 4 saisons à observer. On sent qu'elles ne sont pas toujours d'accord. Leur sort est enviable par rapport à celui de Pecola, mal aimée et surtout laide et isolée. Pecola aimerait avoir des yeux bleus. Elle pense que son sort serait différent.
Claudia ne voudrait surtout pas. Elle déteste Shirley Temple et les poupées blondes. C'est Claudia qui raconte. Elle ne nous épargne rien car la réalité est féroce, et parfois insoutenable.
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Toni Morrison grande prêtresse la langue au service des brûlures et les petites filles à l'oeil marron d'engranger en chair les corps qui ne devraient pas se construire avec dans le ventre ce qui ne devrait pas et la construction imparable identifiable y revenir et chaque fois le délice au bout des dents autant que l'effroi
Dire dire dire les petites filles percutées la couleur qui trahit les mots festoient et s'accrochent
Toni Morrison prêtresse grande toujours à re découvrir encore pour comprendre plus grand le monde à pleine peau

pour poursuivre autour:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-avoir-raison-avec-toni-morrison


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Je découvre Toni Morrison par ce roman et je le trouve incroyable.

C'est l'histoire de Pecola, petite fille d'une douzaine d'années qui rêve d'avoir les yeux bleus, ainsi elle sera belle et alors considérée.
Gamine touchante, pas épargnée par la vie, qu'on a envie de dorloter nous même.

A coté de cela, on a un réel tableu de la société des années 40 dans une ville de l'Ohio. On y découvre une misère sociale dans une amérique raciste et comment chaque personnage y trouve ou non sa place.
Un ouvrage poignant.
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Etats-Unis, dans les années 40, deux fillettes noires qui n'aiment pas jouer avec des poupées qui ne leur ressemblent pas.
On va suivre le quotidien de Pecola, de Claudia et de sa soeur Frida.
Des gamines qui tentent de se construire dans un monde où la ségrégation raciale est de mise, un monde de violence qu'elles expriment avec leurs mots et leurs réflexions.

Ici pas de lumière mais beaucoup de sombre au travers ces mots qui tombent sur le papier.
Toni Morrison n'écrit pas, elle donne des coups de poing à chaque page.

Des descriptions sur la vie de ces noirs et métisses qui marquent forcément le lecteur.

Un roman tout en subtilité mais aussi très dure.

Une histoire poignante avec une écriture très particulière à laquelle j'ai eu parfois un peu de mal.
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