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Ruby est une ville de l'état de l'Oklahoma, fondée par une communauté noire dans les années 50 sur des principes religieux très stricts, et refusant tout contact avec des Blancs ou des métis. Ils vivent en autarcie dans une société presque idéale…refusant d'admettre certaines vérités. A quelques kilomètres du village vivent une poignée de femmes seules dans un ancien couvent. Ces femmes blessées par la vie viennent trouver refuge et espoir dans cette étrange demeure dont la vocation ne fut pas toujours aussi sainte.

Or les hommes du village, ayant recréé la société intolérante qu'ils fuyaient, et avides de ne rien remettre en question de leurs convictions profondes, vont reporter sur ces femmes libres toute la rancoeur qui les habite, les accusant des maux qu'ils ont eux-mêmes engendrés. Une société fermée sur elle-même arrive forcément à ses limites, les jeunes ont le désir de vivre, d'aller voir ailleurs, l'amour ne suit pas forcément la bonne couleur de peau, la mort et la maladie font partie de la vie…Donc ils s'arment un beau jour de fusils et c'est le massacre. A l'opposé de ce que devrait prêcher la religion…

On est happé par la puissance du texte et de l'écriture de Toni Morrisson et frappé par l'actualité de son récit, à l'heure où les replis minoritaires et identitaires semblent pour certains un refuge. Et alors que beaucoup d'individus en souffrent, les femmes sont souvent les premières victimes, même si certaines se font le porte-parole de leur oppression…Un très beau livre !
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Voici un livre que j'ai bien failli laisser de côté tellement il est dur, tellement il nous heurte, tellement il nous étouffe... Paradis. Non. Pas du tout. Ruby, ville construite par une communauté Noire, pour s'échapper du vice. Vivre en autarcie. Une ville construite sur plusieurs générations. Et nous suivons la voix de 9 femmes. Une ville où règne la religion, de celle qui oblige, de celle qui oblige. Une ville repliée sur elle-même... Une ville pleine de conflits, de non-dits, de racisme... Certes, l'écriture pourrait se suffire à elle-même, parce que c'est Morrison, mais l'atmosphère pesante du roman nous en détache... nous pèse... nous fait manquer d'air... Dommage !
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"Ils tuent la jeune Blanche d'abord." Voici comment débute Paradis, huitième roman de Toni Morrison (et dernier d'une trilogie, après Beloved et Jazz).
"Ils", ce sont les notables d'une toute petite ville fondée par des Noirs, en-dehors de la société américaine raciste et ségrégationniste : une communauté fermée, patriarcale, sectaire. Là où ils vont tuer, c'est le "Couvent", la maison où des femmes de toute sorte trouvent refuge après des traumas : violence, deuil, abandon. Tout le roman est construit autour de cette scène originelle (Et la "jeune Blanche" de l'incipit, on ne saura jamais laquelle de ces femmes elle est) : peu à peu se révèlent, dans les épisodes de la fondation, dans les personnalités des notables, des femmes, dans leurs histoires, les raisons qui conduisent à la tragédie.

Elle a tout, Toni Morrison : l'intelligence, la compréhension. L'empathie et la compassion. le talent, le génie. La beauté.
Il m'a été très difficile de débuter la lecture de Paradis, sachant que plus jamais, jamais, je ne pourrai faire cela : commencer un nouveau roman de Toni Morrison.
Est-ce que c'est son chef-d'oeuvre ? Je ne sais pas. le lien qu'on bâtit avec un roman est très personnel. Dans celui-ci, la narration est peut-être encore plus complexe, plus mystérieuse que dans ses autres oeuvres. Mais elle sait exactement où elle va : il n'y a pas une phrase, pas un mot en trop, tout est sens. Tout fait signe.
D'une certaine façon, Paradis résume ce que Toni Morrison a fait toute sa vie : exprimer l'inexprimable chagrin de la population noire. Nommer l'innommable regard porté sur les corps noirs. Dire l'indicible sort des femmes noires. Exister.

Traduction, pas tout à fait à la hauteur, de Jean Guiloineau.
Challenge Nobel
Challenge USA : un livre, un État (Oklahoma)
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Le paradis, c‘est l'enfer. C'est ainsi qu'on pourrait décrire Ruby, commune à l'écart de toute civilisation blanche. Ville construite ex-nihilo par les Pères Fondateurs plus de 70 ans auparavant, elle est peuplée d'une communauté noire, refusant tout contact blanc, pour fuir la discrimination.
Mais cette volonté de s'isoler implique un replis sur soi : absence de restaurants, d'hôtels, de tous loisirs (cinéma, musique) pouvant pervertir et dévoyer la jeunesse.
Les jeunes, désoeuvrés, se réunissent du Four, (symbole de la fondation) sont surveillés par les Anciens. Un peu comme l'arbre aux palabres, c'est là aussi que les adultes décident de l'expédition meurtrière contre le Couvent.
Ce bâtiment, à l'écart de la ville, lui aussi isolé, ancienne école religieuse, laissé à l'abandon, sert de refuge à quelques femmes de passage, plus ou moins paumées, arrivées là par accident, et qui cherchent à fuir pour mieux se reconstruire. Leur vie seule, sans hommes, bohême, sans règle symbolise tous les vices pour la ville proche. Il faut éliminer le mal à la racine.
A travers les chapitres se succède la vie de ses femmes, une à une, et les liens, pourtant bien réels, entre le couvent et la ville. Réel, mais niés. Destination de quelques hommes de Ruby en quête d'aventure, mais aussi de quelques femmes cherchant à avorter ou à cacher une naissance. Elles symbolisent donc le monde impur.
A travers ce roman, Toni Morrisson nous montre une communauté qui se ghettoïse en voulant se fermer aux autres. Elle décrit un monde sans pitié, qui préfère respecter les Pères Fondateurs plutôt que les lois de l'Etat. Vu de l'extérieur, ce qui se veut un paradis vire au cauchemar, car cette société ‘'préservée'' a reconstruit les mêmes défauts que la société extérieure. Intolérance, racisme, ce qui est reproché aux Blancs est ici exacerbé envers eux. Ils ont reproduit une société d'intolérance, où les honneurs sont attribués aux familles des Fondateurs.
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Étouffant, asphyxiant. On manque d'air dans ce roman à la fois long et lourd. Toni Morrison ne laisse aucun répit, ne laisse pas le temps à la respiration. Son village est tout sauf un paradis. Il semble même être un enfer brûlant, un environnement bouillonnant de tristesses. Je n'ai eu qu'une envie: fuir, venir à bout de ce roman, de ce village dont je n'ai guère aimé les habitant(e)s. Je me suis perdue parmi eux. Je n'ai pas toujours tout compris, tout saisi. Qui, quoi, comment? On vacille entre le réel et le fantasque, la réalité et l'illusion. On avance dans un brouillard, la vision défaillante. L'hostilité est dans ce village qui semble être coupé du monde. La communauté formée par les anciens voulait le paradis, il semblerait que pour l'atteindre il faille emprunter les moyens employés par les plus vils…
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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ParadisToni Morrison – (Etats-Unis, 1998)

A qui s'aventurerait dans ce Paradis, de Toni Morrison, se rendrait vite compte que de Paradis, il n'y en a pas. L'intrigue se situe en 1976 au sein d'une petite ville américaine – Ruby – fondée par 9 familles noires qui tentent de préserver leur ville de tout ce qui pourrait contaminer sa pureté raciale et, en particulier, d'un groupe de femmes jugées immorales, installées à proximité de la ville dans « le couvent ». La fin est connue dès la première phrase: « Ils tuent la jeune Blanche d'abord ». Toute la question est de savoir pourquoi et comment la situation a pu dégénérer jusqu'à ce point de non-retour.
C'est un roman que j'ai trouvé difficile à lire et pas seulement en raison de la dureté de l'intrigue, mais également en raison du style littéraire. Mais il est des romans difficiles qui marquent un lecteur pour longtemps et ce Paradis est assurément l'un de ces romans.
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C'est toujours presque incroyable qu'une telle histoire se plante dans les années 1970 et pas 1870. Et pourtant...
Toni Morrison lie et délie ses mots et ses phrases qui s'enchaînent tambour battant et ça claque et frappe de partout, parfois ça pleure et puis on attend que ça sèche, sans que tout ne s'assèche. C'est le tour de force de cette auteure, son écriture (si la traduction la rend suffisamment bien) est exigeante, tortueuse mais sans être tordue ou alors elle est presque tordue sans être tortueuse. Quoique tortueuse convient tellement au contenu.
Un autre livre sur les suites, qui n'en finissent pas encore maintenant, de l'esclavage, du racisme institué, des failles dans le système, des tentatives d'îlots salvateurs, d'échecs permanents car l'homme est l'homme... Et c'est terrible, au fond.
Livre éminemment féministe (of course). Et là encore tout ce livre montre l'Homme se réduisant trop souvent à l'homme, qui agresse, bousille, et oublie de semer et de prendre soin, et d'aimer correctement, de façon juste tout ce qu'il y a d'humain sur terre.

Je finis en le répétant, ce livre est exigeant.
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Une lecture difficile sur le fond et la forme, et pourtant, si on arrive a rentrer dedans, qui est très prenante.

Morrison est une écriture très exigeante. J'aimerais la lire dans le cadre d'un cours de littérature pour mieux comprendre les différentes couches de sens.
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Ruby est une ville construite par une communauté noire afin de se préserver des vices. La ville s'articule autour de plusieurs générations vivant en autarcie et se rassemblant autour du "four". Mais la cohésion vient à s'éioler et se sont les femmes du couvent abandonné qui en sont les bouc-émissaires.
A travers le récit de différentes protagonistes, on découvre une société fermée sur elle-même qui entretient tous les clichés et fini par imploser.
La lecture est laborieuse, les personnages nombreux et difficilement identifiables.
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Deuxième rencontre avec « Madame ». Ce rendez-vous m'a encore
enchanté par la clarté des propos. La recherche des raisons et des
motivations profondes qui poussent ce groupe à réaliser cette utopie est rendue vivante par les 9 récits des femmes protagonistes.
Haines, arrangements, devoirs religieux, conflits générationnels,
ostracisme puis racisme sont la trame de ce récit très fermé, très religieux et très mystique où il est encore question de l'âme.
Ouvrage fantastiquement bon pour moi, et quelle écriture !
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