A cette occasion, j’appris combien il est difficile de faire partager une expérience particulière à celui qui ne veut la voir qu’en termes généraux. J’appris surtout combien il est blessant, combien on se sent aliéné, lorsqu’une expérience vécue comme unique, qui nous a personnellement atteint, nous est renvoyée à titre d’exemple. Seule une expérience partagée a du prix. L’explication qu’en donne l’autre ressemble à un refus, une marque d’indifférence.
Plus tard, je sus que la plupart des communistes eurent la même attitude face aux souffrances de tant d’hommes. Et leur vision de l’holocauste en a été faussée pour toujours. J’ai compris que celui qui se glisse dans le lit d’une doctrine est un homme et celui qui en sort est une idée. Puisque notre communauté était une idée pour Crâciun, les meurtres et les persécutions n’étaient pas des crimes envers des hommes, des femmes et des enfants, mais les conséquences les plus logiques du monde, qu’il fallait accepter, même si on devait s’en indigner.
Peut-on encore rêver dans un monde prisonnier du réel ? .Serge Moscovici,Nikos Kalampalikis,Bruno AmbroiseCC-BY-NC-ND 2.0Quel rôle notre société peut-elle encore donner à l?imaginaire ? Quelle vision les différents groupes élaborent-ils tout en agissant sur elle ? Dans un monde toujours plus complexe traversé de conflits, de luttes idéologiques, nous créons des métaphores, des images, des symboles et des mots qui forment des représentations sociales. Celles-ci permettent de questionner les tensions entre individu et société, psychologie et culture, identité et altérité, croyance et connaissance. Chercheurs et artistes ont un rôle fondamental à jouer dans l?expression de ces relations sociales.
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