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EAN : 9782072742248
120 pages
Gallimard (09/11/2017)
3.92/5   6 notes
Résumé :
La poésie d'Emmanuel Moses a pour elle d'être immédiatement reconnaissable par sa forme narrative, prosaïque; par son contenu entre prière et comptine, entre réel et (rêve)rie, entre philosophie et théologie; enfin par sa voix simple, juste et sans effets de style. Son entreprise poétique voyage sur une ligne de crête qui l'expose à tous les dangers, en répétant ce que les traditions anciennes ont magnifiquement dit et chanté : les dieux, Dieu, le destin, le temps, ... >Voir plus
Que lire après Dieu est à l'arrêt du tramVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y a très très longtemps que je n'avais pas lu de poésie, et de poésie moderne de surcroit. Je n'ai pas tout aimé, mais j'aurais du mal à juger n'étant pas assez habituée à cette forme d'écriture
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
[...]
Parfois ce qui t'inspire un poème c'est la réalité
Parfois c'est le rêve
Parfois ce qui t'inspire est une question
Et parfois une réponse
Parfois ton poème est inspiré par un autre poème
Lui-même inspiré d'un troisième et ainsi de suite, parfois
Parfois ce qui t'inspire c'est un visage connu
Et parfois c'est un visage inconnu
Parfois c'est l'inquiétude qui inspire ton poème
Parfois la paix du soir au milieu d'un jardin
Parfois ce qui t'inspire c'est le passé
Parfois le présent
Et parfois encore c'est l'incessante métamorphose des êtres et des choses
Dans la barque du temps.

p. 38-39
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Si le silence devient trop pesant dans ma chambre
Je descends au café
Où j'écoute les étudiants bavarder
Le patron houspiller le garçon
Et plaisanter avec les livreurs
Les chansons que diffuse la radio
Et je trouve que Dieu est bon d'avoir crée le bruit
Mais quand le silence et le bruit me sont aussi insupportables l'un que l'autre
Je vais sur le pont où parmi les vieux pêcheurs recueillis
Accoudé au parapet
Une cigarette de circonstance entre les doigts
- Il faut bien fumer un peu pour survivre-
Je regarde les mouettes se laisser ballotter par l'écume entre le passage de deux cargos
On dirait qu'elles somnolent et reprennent des forces
Avant de piquer en nuées sur les détritus que les marins ne manquent pas de leur jeter
J'écoute autour de moi et en moi
Ce qui n'est ni bruit ni silence
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JE FERME LES YEUX…


Je ferme les yeux et je vois une ombre, sans visage,
 sans bouche
Une ombre, rien de plus
Oui, ce matin-là il s’est passé quelque chose sur le
 quai devant l’hôtel
Sous les palais décrépis et jaunes hantés par des
 centaines de générations de fantômes
Je crois me souvenir d’un couple de tourterelles
 sur le rebord d’une fenêtre
De chiens errants, efflanqués et aux prunelles ardentes
D’un vieillard apparu soudain en haut des marches
 qui de la ruelle descendaient jusqu’au fleuve
Ce vieillard aurait-il baragouiné quelque phrase sur
 l’arbre en le pointant du doigt ?
Je pense que là où la mémoire faillit, s’arrête abrup-
 tement, la fiction prend la relève
Sans même qu’on y fasse attention d’ailleurs
Mais dans mon cas, où s’arrête la mémoire et où
 commence la fiction ?
Et si elles étaient aussi étroitement mêlées dans
 mon récit que les tresses des jeunes filles de là-bas [?]
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Voilà quinze jours que je ne t’ai pas vue
C’est-à-dire respirée et entendue respirer
C’est-à-dire touchée et sentie me toucher
C’est-à-dire embrassée et tendu mes lèvres
pour que tu les embrasses
Quinze jours que je n’ai pas dormi avec toi
C’est-à-dire rêvé à tes côtés
Et caressé ton pied de mon pied
C’est-à-dire tant de choses encore
Voilà quinze jours que je glisse une pensée
pour toi dans tous les instants
Comme une lettre d'amour dans une enveloppe
Voilà quinze jours qu'invisible aux yeux des autres
Tu marches avec moi dans les rues
Tu prends avec moi le métro
Tu t'attables avec moi au café et au restaurant
Où tu bois avec moi chaque gorgée de mon vin
Où tu manges avec moi chaque bouchée de mon pain.
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Voilà quinze jours je ne t'ai pas vue
C'est à dire respirée et entendue respirer
c'est à dire touchée et sentie me toucher
C'est à dire embrassée et tendu mes lèvres pour que tu les embrasses
Quinze jours que je n'ai pas dormi avec toi
C'est à dire rêvé à tes côtés
Et caressé ton pied de mon pied
C'est à dire tant de choses encore
Voila quinze jours que je glisse une pensée pour toi dans tous les instants
Comme une lettre d'amour dans une enveloppe
Voila quinze jours qu'invisible au yeux des autres
Tu marches avec moi dans les rues
Tu prends avec moi le métro
Tu t'attables avec moi au café et au restaurant
Où tu bois avec moi chaque gorgée de mon vin
Où tu manges avec moi chaque bouchée de mon pain
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Videos de Emmanuel Moses (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel Moses
« Voilà bien des années – ce devait être en 1956 ou 1957 – quand j'avais moins de vingt ans, que j'étais marié et que je gagnais ma vie comme coursier chez un pharmacien de Yakima, petite ville dans l'est de l'État de Washington, je me rendis en voiture livrer des médicaments à une adresse du quartier huppé de la ville. Je fus invité à entrer par un monsieur alerte mais très âgé portant un cardigan. Il me demanda de bien vouloir l'attendre au salon pendant qu'il allait chercher son carnet de chèques. Il y avait un tas de livres dans ce salon. […] Pendant que j'attendais, jetant les yeux çà et là, j'avisai sur la table basse un magazine qui portait sur sa couverture un nom singulier et, pour moi, très surprenant : Poetry. Ébahi, je le pris. […] je pris aussi un livre, un truc qui s'intitulait The Little Review Anthology, édité par Margaret Anderson. […] Il y avait des tas de poèmes dans le livre […]. Qu'est-ce que ça pouvait bien être que tout ça ? me demandai-je. […] Quand le vieux monsieur eut fini de rédiger son chèque, il dit, comme s'il lisait dans mon coeur, « Emporte ce livre, fiston. Tu y trouveras peut-être quelque chose qui te plaira. Tu t'intéresses donc à la poésie ? Pourquoi ne prends-tu pas la revue aussi ? Peut-être écriras-tu toi-même quelque chose un jour. Dans ce cas, autant que tu saches où l'envoyer. » Où l'envoyer. Quelque chose – je ne savais quoi au juste, mais je sentis toute l'importance de ce qui se passait. J'avais dix-huit ou dix-neuf ans, le besoin d'« écrire quelque chose » m'obsédait, et je m'étais déjà essayé gauchement à deux ou trois poèmes. Mais il ne m'était jamais venu à l'esprit pour de bon qu'il puisse exister un endroit où l'on envoyait effectivement ces tentatives dans l'espoir qu'elles seraient lues et même, peut-être – si incroyable que cela semble –, prises en considération pour une publication éventuelle. […] Je remerciai le vieux monsieur à plusieurs reprises et quittai sa demeure. J'emportai son chèque à mon patron, le pharmacien, et Poetry et The Little Review chez moi. Et ce fut le commencement d'une éducation. […] Plus tard ce soir-là, la vue brouillée d'avoir tant lu, j'eus le sentiment distinct que ma vie était sur le point de connaître un changement significatif et même, qu'on me pardonne, magnifique. […] […] Et donc, quelle excuse existe-t-il pour avoir attendu vingt-huit ans ou plus avant d'en venir enfin à expédier un peu de mon travail à Poetry ? Aucune. Mais le plus étonnant, le facteur crucial, c'est qu'au moment où j'envoyai effectivement quelque chose, en 1984, la revue était encore là, encore vivante et en bonne santé, et dirigée, comme toujours, par des gens responsables dont le but était de continuer de faire tourner cette entreprise unique et d'en assurer le bon fonctionnement. Et l'une de ces personnes m'écrivit en sa qualité de membre de la rédaction, louant mes poèmes et m'annonçant que la revue publierait six d'entre eux le moment venu. […] Je n'étais qu'un jeune chien alors, mais rien ne peut expliquer, ou disqualifier, un tel instant : l'instant où la chose même dont j'avais le plus grand besoin dans ma vie – appelons-la une boussole – me fut généreusement offerte en toute simplicité. Rien qui approche même de loin cet instant ne s'est produit depuis. »
(Raymond Carver [1938-1988], Un peu de prose à propos de Poetry)
0:00 - Pluie 0:33 - Au moins 2:01 - Demain 3:08 - Dormir 4:07 - Compagnie 4:48 - À travers les branches 5:39 - Générique
Référence bibliographique : Raymond Carver, Volume 9, Poésie, traduit par Jacqueline Huet, Jean-Pierre Carasse et Emmanuel Moses, Éditions de l'Olivier, 2015.
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/raymond-carver-news-photo/533531674
Bande sonore originale : Keys of Moon - Lonesome Journey Lonesome Journey by Keys of Moon is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International
Site : https://www.free-stock-music.com/keys-of-moon-lonesome-journey.html
#RaymondCarver #Poésie #PoésieAméricaine
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