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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Vesta Gul, 72 ans, vit dans une cabane au fond des bois. Veuve depuis peu, elle a vendu sa grande maison à l'autre bout des Etats-Unis, où elle vivait avec son mari, pour s'installer dans ce trou perdu telle une ermite. Pas de famille, pas d'amis, pas de téléphone, mais elle s'en fiche, elle a tout ce qu'il lui faut : son chien Charlie et la radio pour compagnie, et sa vieille voiture pour les courses en ville une fois par semaine.
Un jour, alors qu'elle se promène dans la forêt avec Charlie, elle découvre sur le sol un bout de papier avec un étrange message : « Elle s'appelait Magda. Personne ne saura jamais qui l'a tuée. Ce n'est pas moi. Voici son cadavre ». Mais Vesta n'aperçoit aucun cadavre, ni aucun signe ou indice de crime ou d'accident. Plutôt que d'avertir la police, elle décide de mener discrètement sa propre enquête. Elle n'a rien de concret à se mettre sous la dent pour progresser, alors elle envisage les mobiles possibles, et dresse une liste de suspects. Forcément un homme, forcément quelqu'un du coin. Elle essaie aussi d'établir le profil de Magda, à partir de rien sauf son intuition. Ou faudrait-il plutôt parler de son imagination ? Vesta s'entête, s'obstine, et des choses bizarres se produisent qui viennent alimenter sa théorie.
C'est Vesta elle-même qui nous raconte son enquête, ses hypothèses, ses impressions, son raisonnement, sa méfiance, son inquiétude. Par bribes, son passé et son portrait affleurent au fil du récit : une femme aux nerfs fragiles, mariée jeune à un homme plus âgé, brillant et affectueux en apparence mais en réalité dominateur et méprisant, étouffant. Sa tristesse à son décès, son soulagement inavoué aussi, et l'adoption de Charlie pour combler le vide affectif et cet espace de liberté soudaine, son déménagement qui sonne comme un nouveau départ.
Avec « La mort entre ses mains », on croit entrer dans un polar, mais on comprend peu à peu qu'il s'agit davantage d'un suspense psychologique que de la résolution d'une enquête criminelle. Il s'agit surtout du portrait d'une femme âgée, effroyablement seule, que son esprit obsessionnel menace de faire basculer dans la démence. Elle vacille d'autant plus qu'elle réalise (mais sans réellement oser se l'avouer) qu'elle arrive au bout d'une vie gâchée par l'égoïsme et l'emprise d'un homme, une vie de rêves et de passions avortés et enfouis, pas oubliés mais désormais irréalisables.
Etre dans la tête de Vesta pendant 260 pages n'est pas de tout repos, c'est même plutôt oppressant. Mais c'est fascinant, et touchant, de la voir s'investir dans son enquête comme dans une mission. Et s'il y a de l'humour, il fait rire jaune tant à la fin cette histoire de vie non vécue laisse une impression de tristesse, de gâchis, et de crainte de finir seul.e.

En partenariat avec les Editions Fayard via Netgalley.
#Lamortentresesmains #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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