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Critique de kuroineko


Mariage contre nature : LE livre à ne pas offrir à une toute fraîche fiancée!

Motoya Yukiko signe ici un roman singulier, troublant, déroutant... Et la liste des qualificatifs de l'étrangeté pourrait s'étendre longtemps. le format très court et les qualités d'écriture - et de traduction - font que l'ensemble se tient et se tisse sur la fin d'une jolie tonalité poétique.

L'auteure nous parle donc du mariage à travers le récit de la narratrice, San, mariée depuis quatre ans à un employé aux revenus très corrects mais doté d'une flemmagite aiguë et du syndrome du neurone à plat une fois rentré à la maison. Office lady dans une entreprise, elle fut ravie de laisser son travail pour s'installer dans la routine d'une femme au foyer. Comme encore une très forte majorité de Japonaises. Jusque là, rien d'étrange.
C'est lorsque San prend conscience que le visage de son mari et le sien tendent à se ressembler que le virage vers l'inconnu démarre.

Comme chez Murakami Haruki ou chez Ogawa Yoko, on ne rentre pas clairement dans un récit fantastique. C'est toujours ce voile poreux où les marges s'effacent incidemment.
La représentation du mariage qui en ressort ne donne guère envie, il faut bien l'avouer. Motoya Yukiko use d'images fortes pour parler du couple, entre vampirisation, dissolution façon "deux en un" ou entredévoration. Il y a une remise en cause nette et inquiétante de l'institution, avec, en corollaire, une interrogation sur le rôle de chacun dans le couple et l'acceptation du vrai moi.

L'auteure met en scène deux autres couples, l'un plus âgé, Kitae et Arai, deux sexagénaires, et Senta (le frère de San) et Hakone, plus jeunes, non mariés mais ensemble depuis dix ans, pour servir de contrepoint à celui de la narratrice.

Je me suis laissée embarquée par cette drôle d'histoire. Je crois d'ailleurs qu'il vaut mieux démarrer le roman avec l'esprit bien ouvert. Beaucoup plus long, je suppose qu'il n'aurait pas tenu la route et le caractère singulier et les personnages se seraient délités. Avec une centaine de pages, ça fonctionne et offre au lecteur de quoi réfléchir sur sa propre vision de la vie de couple. Et des dernières pages délicates.
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