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Bruno Wennagel (Autre)
EAN : 9782371046665
150 pages
Unique Heritage Media (07/04/2021)
4.23/5   31 notes
Résumé :
Moi Napoléon est un roman graphique consacré à l'empereur des Français. Exilé à Sainte-Hélène, Napoléon revient sur les grands épisodes de sa vie, au fil d'un vibrant monologue intérieur : de sa naissance à Ajaccio à sa chute à Waterloo, en passant par son sacre et ses grandes batailles. Cette confession fictive, appuyée par une solide documentation historique, est mise en scène par des illustrations qui revisitent l'iconographie impériale à travers l'univers sombre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Napoléon Bonaparte n'est pas le personnage historique que j'affectionne le plus, ses ambitions et sa folie des grandeurs faisant de lui une personne qui ne m'attire guère. Pourtant ce livre me fait de l'oeil à chaque fois que je le croise à la bibliothèque. La semaine dernière, j'ai fini par craquer et c'est aujourd'hui sans aucun regret.

"Moi, Napoléon" est ce qu'on peut appeler un "vrai" roman graphique, à prendre en tout cas dans le sens littéral du terme : des pages entières de texte accompagnées de quelques planches de bande dessinée ou de dessins pleine page venant illustrer les événements racontés. Je ne m'y attendais pas, puisque je ne m'étais pas donné la peine de le feuilleter avant de l'emprunter (la couverture seule m'a attirée et m'a suffi). On pourrait donc appréhender quelques longueurs, mais finalement aucunement. Au contraire, sa mise en forme très atypique et ses nombreux chapitres rendent la lecture fluide et intéressante.

Dans ce beau livre graphique, Vincent Mottez nous raconte ici, comme son titre l'indique, la vie de Napoléon, de sa naissance en Corse en 1769 à sa mort sur l'île de Sainte-Hélène en 1821, de ses exploits en tant que simple militaire au début à ceux de Premier consul et Empereur des Français ensuite. Comme je le disais, je n'ai jamais eu de grande affection pour le personnage de Napoléon. C'est pourtant à lui qu'on doit les préfectures, les arrondissements et les cantons par exemple, ou encore la Banque de France et la circulation des billets (à la place de l'or et l'argent), le Conseil d'État, les lycées, le Code civil et même la Croix de la Légion d'honneur. Il a donc fait de grandes choses, mais il a mené également de nombreuses guerres dans son objectif d'étendre son Empire. Il y a eu de nombreuses et belles victoires, il y a eu également des défaites qu'on ne lui a pas pardonnées, ce qui lui a valu d'être exilé deux fois. Mais tout ça pour combien de morts ? Ça, jamais on ne nous le précise, et on ne nous en parle pas non plus ici. Les lourdes pertes sont certes évoquées, mais tel un fait secondaire comme toujours.

Vincent Mottez a choisi de nous raconter la biographie de Napoléon par Napoléon lui-même. Allongé sur son lit de mort à Sainte-Hélène, Napoléon repense à toute sa vie. Et c'est ainsi, sous forme de monologue intérieur et donc narré à la première personne, que l'on voit défiler toute sa vie. C'est joliment pensé et très agréable à lire.

Côté dessins, on est là aussi face à des représentations atypiques. Bruno Wennagel a souvent fait le choix du noir et blanc, bien qu'il use de la bichromie de temps à autre, mettant ici et là une touche de couleur et évitant la monotonie. Les traits et contours épais, ainsi que les gros plans rendent les esquisses vivantes et réalistes. J'ai même parfois eu l'impression que certaines étaient réalisées à l'encre de Chine. En tout cas, j'ai été charmée par ces graphismes très démonstratifs et énergétiques.

Donc pour résumer, même si je n'ai jamais eu le béguin pour Napoléon, j'ai tout de même passé un très bon moment grâce à ce beau roman graphique, dans lequel on y perçoit un travail très appliqué.
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Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Unique Héritage Média pour cette lecture et leur confiance !
Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, nous rappelle dans sa belle préface combien l'empereur a inspiré musiciens, peintres, sculpteurs, écrivains, cinéastes et maintenant, pour la toute première fois, est créé un roman graphique sur Napoléon. Une oeuvre intitulée « Moi, Napoléon » et paru chez Unique Héritage Média. Vincent Mottez y signe des textes concis et néanmoins riches en détails passionnants pour chacun des chapitres de ce livre. Ce qui fait la force de ce roman graphique, ceux sont ses illustrations résolument audacieuses et actuelles. Pour les illustrations et la création graphique de Bruno Wennagel on songe aux comics américains dans la lignée de « 300 ». C'est très réussi et cela dépoussière, si j'ose le dire la figure du personnage historique le plus fascinant et emblématique avec Alexandre le Grand. Napoléon au début de l'ouvrage est en 1820, en exil à Sainte-Hélène et il se remémore, alors qu'il est gravement malade, les grandes étapes de sa vie politique, militaire et même sentimentale. Là encore, ce choix est des plus pertinents. On entre dans l'esprit de Napoléon, son intimité, ses forces et ses blessures, son narcissisme, ses ambitions, ses victoires, ses défaites, ses doutes et ce qu'il pense léguer à la postérité. le Napoléon de Longwood House, en exil depuis octobre 1815, étroitement surveillé par les Anglais, se remémore sa vie, ses drames, ses échecs, ses victoires. Austerlitz, le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après son sacre en tant qu'Empereur des français, la bataille décisive et ce fameux soleil. La bataille des Trois Empereurs : François II, l'autrichien et le tsar de Russie Alexandre. le génie tactique de l'empereur à son apogée. Napoléon prononce ses mots restés dans la postérité : »Soldats je suis content de vous. Il vous suffira de dire j'étais à Austerlitz pour que l'on vous réponde voilà un brave ! » Il y aura bien d'autres victoires mais aussi des boucheries comme Eylau face aux Russes. En 1807, le traité de Tilsit avec la Russie mettra un terme à la Quatrième Coalition. Mais déjà en 1808, l'Espagne est à feu et à sang. Cinq semaines avant Wagram où l'empereur et sa Grande Armée écrasent les Autrichiens, le fidèle parmi les fidèles, Lannes meure dans une bataille. C'était la Cinquième Coalition. L'empereur est contraint à la guerre de façon incessante pour tenir le fragile équilibre de son empire. En amour, il répudie Joséphine pour épouser Marie Louise fille de l'empereur d'Autriche qui lui donnera un fils. Mais en 1812, le désastre de la campagne de Russie scelle le sort de l'empire. En 1814, la Sixième Coalition envahit la France et oblige Napoléon 1er à abdiquer en avril 1814. Exilé à l'île d'Elbe, il ne se résigne pas et revient pour les Cents jours en 1815. Waterloo mettra un coup d'arrêt final aux ambitions de l'empereur. C'est à Sainte-Hélène qu'il mourra en 1821. A l'occasion du bicentenaire de sa mort, ce roman graphique ne manque pas de souffle et la qualité des textes et des illustrations sont les points forts de ce « Moi, Napoléon » qui, vous l'aurez compris, m'aura totalement séduit. Un bien beau roman graphique à offrir ou à s'offrir. Profondément original dans son approche visuelle, laissez vous tenter par cette lecture divertissante à souhait. C'est l'objet idéal pour une première approche du personnage historique, ou comment rendre accessible l'histoire au public adolescent qui est, par définition, très féru de romans graphiques. Mais rassurez vous, les plus âgés, dont je fais partie, y trouveront aussi leur compte. A découvrir absolument !

Lien : https://thedude524.com/2021/..
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"Merde!" comme aurait dit Cambronne.
"Merde, Napoléon!"

Voilà ce que je me suis dit lorsque j'ai accusé réception du mail qui me disait que dans le cadre d'une masse critique privilégiée, j'allais recevoir le roman graphique "Moi, Napoléon" de Vincent Mottez et Bruno Wennagel.
Bien sûr, je m'étais portée candidate pour cette lecture offerte. J'y avais vu, entre autre, le moyen de combler mes lacunes en matière d'Histoire impériale, et malgré mon goût pour L Histoire, ce sont de sacrées lacunes… Il faut dire que la période et le personnage ne m'intéressent pas, pas vraiment et que je n'aime pas Napoléon -j'en conviens, ça peut paraître étrange et inapproprié d'aimer ou de ne pas aimer des personnages historiques, et pourtant, je ne peux pas m'en empêcher-.
Enfin, j'apprécie de plus en plus les romans graphiques, alors aborder l'épopée du plus célèbres des corses via ce moyen, c'était tentant.

Il n'empêche que quand j'ai reçu ce fameux mail de confirmation, je n'étais plus si sûre de moi, ni d'avoir envie de me farcir les états d'âme et surtout les innombrables batailles de l'empereur de Sainte-Hélène - interminable liste qui s'égrène, monotone, froide et sanglante- et mes impressions ne se sont pas arrangées à la réception de l'ouvrage.
Certes, c'est un très bel objet, soigné et choyé par les éditions Unique Héritage, mais alors ces graphismes à la sauce comics et à l'américaine… Je n'accroche pas, tellement pas… Et je suis par ailleurs un peu désappointée par la forme de l'ouvrage: ni vraiment roman illustré, ni vraiment roman graphique, c'est un entre-deux. Et comment vous dire? Moi et les entre-deux…
Cette lecture, je ne la sens pas; je la sens de moins en moins. Mais bon sang, qu'est ce qui m'a pris? Mais enfin, puisqu'il le faut, lisons!
Merde!

Et à partir de là, je ne sais pas trop ce qui s'est passé. Enfin si, j'ai lu. D'une traite. Et pire que tout, je me suis prise de sympathie pour Napoléon. Si, si!

"Moi Napoléon" est, comme le laisse entendre ce titre une autobiographie fictive de l'empereur, ainsi, c'est lui qui nous raconte son histoire à travers de courts chapitres relatant les épisodes-clefs de sa vie, ses années de formation à Brienne, sa rencontre avec Joséphine, son couronnement et surtout ses plus grandes batailles. J'ai regretté que l'ouvrage ne couvre que ces moments-là sans jamais aborder d'autres faits que je trouve fascinants et essentiels dans la geste de l'homme d'Austerlitz, tel son rapport à sa famille qu'il a aimé et élevé au pinacle mais qui ne lui a pas toujours témoigné son affection en retour ou encore les effets de sa politique intérieure mais la focalisation choisie permet de mettre en lumière ce pourquoi il est encore si connu: ses conquêtes et son ambition sans limite. Ce n'est déjà pas si mal, d'autant plus que l'ouvrage ne prétend pas à l'exhaustivité et que pour ce faire, un volume n'y suffirait pas.
Je crois en tout cas que ce qui m'a gagnée à la cause de cet ouvrage, c'est ce parti pris narratif, ce "je" qui nous livre les pensées et surtout les tourments du personnage le rend humain, lisse les contours du conquérant pour nous donner à voir l'enfant corse dont on moquait l'accent et pétri d'ambitions, l'homme de l'art qui ne voulait au départ que la grandeur de la France avant de se laisser déborder par le pouvoir, le génie militaire qui se rêvait un destin à la dimension de ceux d'Alexandre, de César ou d'Hannibal. Napoléon s'y révèle donc plus riche, plus complexe que l'image que j'en avais. C'est presque à sa propre plaidoirie que se livre l'empereur déchu: c'est prenant et surtout c'est beau. Hommages soient donc rendus aux textes de Vincent Mottez que j'ai trouvé très beaux et qui sont pour moi le point fort de "Moi, Napoléon". Les textes, on y revient toujours.
Comme je le disais plus haut, je n'ai, en revanche, pas accroché avec le style des illustrations, mais c'est purement subjectif. L'univers des comics, même si j'en perçois les qualités, n'est pas le mien...Il ne comble ni ma sensibilité, ni mes gouts esthétiques. Je dois néanmoins convenir que la noirceur des oeuvres de Wenagel et les teintes choisies épousent parfaitement le sujet et lui confèrent une certaine grandeur. N'empêche, si un Yslaire avait illustré ce "Moi, Napoléon", là, ça aurait été quelque chose!
De même que je reste dubitative face au choix de l'entre-deux: les parties "bande-dessinée" ne sont ni vraiment utiles, ni vraiment mises en valeur. Il aurait fallu, à mon sens, faire un vrai choix: le livre y aurait gagné.
Sans rancune cependant.

Merde, j'ai apprécié, j'ai même aimé "Moi, Napoléon!". J'ai même envie d'approfondir le sujet à présent.
Je ne l'aurais pas cru possible…
Souvent, il est bon de sortir de sa zone de confort et de ses sentiers battus: dans les ornières, il y a parfois de bonnes surprises. Merci, donc, à Babelio et aux éditions Unique Héritage.












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En ce bicentenaire de la mort de Napoléon, les éditions "Unique Héritage Éditions" ont eu la judicieuse initiative de publier ce "Moi Napoléon", dont les illustrations et la création graphique de Bruno Wennagel, ainsi que les textes de Vincent Mottez, rendent hommage à l'épopée de ce "militaire empereur". Je remercie chaleureusement les éditions Unique Héritage et Babelio pour cette Masse Critique et pour ce magnifique ouvrage que j'ai trouvé autant esthétique que passionnant.

Il fallait de l'audace, non seulement pour reconstituer les aspects majeurs de la vie de Napoléon Bonaparte en 139 pages, mais en plus pour la présenter sous la forme d'un roman graphique au style sobre et pourtant très expressif. Je ne m'attendais pas à ça et j'ai beaucoup aimé !

C'était une sacrée gageur que de s'attaquer à un homme devenu légende, que trop souvent on résume, d'un ton réducteur, soit de despote tyrannique soit de brillant génie.

J'ai lu ce roman graphique d'une traite et c'est là sa qualité première : le contenu en fait un ouvrage d'histoire, mais sa forme le rend aéré et esthétique, synthétique et concis.

Le chapitrage par grande date majeure, (annonçant une grande bataille, un sacre, un mariage, un exil...) rend la lecture d'une Histoire, parfois complexe, particulièrement claire et abordable, même à des non-initiés, le tout découpé judicieusement et de façon rythmée. Que j'aurais aimé avoir en main cet ouvrage, et non les polycopiés indigestes et monotones de nombre de mes profs d'histoire à l'époque. Je n'aurais pas attendu 30 ans pour me découvrir une passion pour L Histoire !
Les pages alternent entre grandes planches graphiques (grande illustration unique ou cases multiples), qui viennent souligner le propos historique, et une page de texte, qui s'appuie autant sur le fait historique que sur la psychologie de Napoléon qui grâce au "je" employé nous ouvre la porte de ses ressorts intimes.

En effet, ce roman nous fait côtoyer un homme dont on se sent forcément proche puisqu'il discourt à la 1ère personne, et nous entraîne dans une ascension fulgurante où l'on se voit Grognard à ses côtés, oreille attentive à ses confidences plus intimes sur ses blessures d'un très jeune Corse isolé sur le continent, fasciné par l'audace qui l'anime et l'aura qui l'entoure, admiratif de ses initiatives réformatrices mues par une intelligence que même ses détracteurs ne pourront lui dénier.

L'auteur met en avant les apports indiscutables d'une organisation administrative dont Napoléon dote la France (p.56) : "Je dote les départements de préfet, les districts deviennent des arrondissements, le canton est créé. J'irrigue la France d'une administration saine et efficace [...] Je crée le franc germinal et fonde la banque de France, à qui est conféré le monopole d'émission de billets, plus facile à faire circuler que l'or et l'argent. Après des années de gabegie, le budget est à l'équilibre."
L'auteur nous offre un inventaire des apports du Consulat et de l'Empire, en n'oubliant pas la création du Conseil d'État, des lycées, et du code civil bien évidemment. Il ne fait pas non plus l'impasse sur la volonté de Napoléon de fixer une paix civile qu'elle soit fondée sur les disparités politiques ou religieuses, car il lève le bannissement des aristocrates émigrés et pose fermement le principe de liberté des cultes.
Mais ce qui émeut le plus chez ce personnage qui nous invite dans son intimité, c'est tout à la fois cet amour profond et sincère pour sa patrie dont il place la grandeur au-dessus de tout, (et même au-dessus de la vie de ses hommes) mais aussi cette conviction dont il est entièrement pétri que celui qui se bat pour son pays, celui qui est valeureux et courageux, fut-il sorti du caniveau et va-nu-pieds sera toujours bien plus noble que le plus titré des aristocrates, hautains et présomptueux. Ce qui touche chez Napoléon l'homme, c'est ce sentiment d'égalité et de fraternité avec son peuple, quelque soit ses origines ou sa condition sociale (p.71): "C'est au camp de Boulogne-sur-Mer que je remets, pour la première fois, les croix de la Légion d'honneur aux soldats. Des larmes coulent sur les trognes de mes plus rudes grognards. Leurs poitrines, exposées au feu de l'ennemi, reçoivent l'insigne d'un respect éternel. J'espère que cet ordre me survivra et que l'on ne l'épinglera jamais au plastron du premier jean-foutre venu! D'or ou d'argent, cette croix symbolise la bravoure et l'excellence, la supériorité des mérites individuels sur les privilèges de la naissance. Voyez, Murat par exemple. Ce fils d'aubergiste est devenu maréchal d'Empire à mes côtés."

Opportunisme stratégique ou réelle motivation démocrate, on découvre un Napoléon à la main de fer mais toujours soucieux d'une égalité sociale et respectueux des cultures et des cultes (p.48) : "Comme en Italie, je me présente en libérateur, et non en sultan avide. Depuis mon quartier général au Caire, je multiplie les réformes au profit des autochtones, en matière de droit, de fiscalité et d'administration, avec le concours des notables égyptiens. En un mot, j'impose l'ordre. J'ordonne à mes soldats de se montrer respectueux des moeurs, comme jadis les Romains dans les provinces conquises. Je vais jusqu'à m'instruire des principes de la religion de Mahomet, qui, à bien des égards, n'est pas plus ridicule que la nôtre."

Ce n'est pas pour autant une ode aveuglée à la gloire d'un chef sans faille. Les faits sont relatés avec une objectivité historique qui ne prend pas parti, mais livre un personnage qui n'édulcore pas son côté le plus sombre. Un personnage qui peut être sans pitié et procéder aux sacrifices, notamment humains, que requière une victoire et que d'aucun pourraient qualifier de tyrannique. Et comble de l'ironie pour celui qui exècre les royalistes, il ne recule pas devant l'ultime contradiction de s'offrir les apparences d'un monarque en se faisant proclamer empereur ! (p.67): "Empereur, moi, l'ancien robespierriste ! Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille. Après tout, on peut très bien être empereur d'une république."

Mottez nous révèle un personnage épris des cultures étrangères mais qui tout en se targuant de laisser aux Egyptiens nombre de leurs trésors archéologiques, n'hésite pas au nom de la culture à leur en dérober d'autres pour les rapporter en France. Et pourtant, ne fut-il pas le meilleur promoteur de cette culture, lui qui fonda l'Institut d'Égypte et qui, accompagné d'ingénieurs et de cartographes, catalogua et promut la culture et l'art égyptiens, au point de faire décrypter les hiéroglyphes ? Tout est là dans ce paradoxe et ce roman met parfaitement en exergue cette dualité du personnage.
C'est en cela que Mottez et Wennagel réussissent leur pari, puisque ce roman graphique pourrait être comparé à une pièce dont une face constitue la légende dorée et l'autre son alter ego obscur...
L'empereur aime ses soldats, mais s'il fascine par son sens quasi arithmétique de la stratégie militaire, celui qui regarde les combats de loin à la lunette n'en oublie t-il pas que ces combattants qui suivent ses plans si brillants soient-ils, n'en restent pas moins des hommes et non des petits soldats de plomb, qui tombent sous ses ordres?

Un modeste bémol tout de même relatif à sa vie privée et familiale dont on sait qu'elle fut importante pour lui mais qui est malgré tout quasi absente de l'ouvrage. Ces quelques rares références à sa vie privée m'ont beaucoup moins convaincue. Sa relation avec Joséphine est légèrement abordée. Quant à Marie Louise, un très court paragraphe se contente de faire l'affaire avec des réflexions qui m'ont semblé peu pertinentes. C'est tout l'écueil d'un ouvrage qui, s'il aborde à la 1ère personne et avec ingéniosité la vie publique de ce personnage, doit bien reconnaître ses limites à lui prêter des liens et sentiments en privé que l'on ne peut que supposer.

Je n'en garde pas rigueur à ce roman, qui s'axe donc principalement sur l'homme en tant que militaire et chef d'État, ce qui fut certainement sa motivation la plus fondamentale, voire obsédante, lui ce stratège hors pair, ce militaire audacieux et ambitieux, cet administrateur rigoureux qui voulait tant s'inscrire dans la lignée des plus grands : César, Alexandre le Grand, Hannibal et Charlemagne.

Un grand bravo à Messieurs Mottez et Wennagel, j'ai appris énormément de choses, en troquant l'ennui contre le plaisir !
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• « Moi, Napoléon » de Vincent Mottez et Bruno Wennagel, publié chez Unique Héritage Media.

• Ce roman graphique m'a été proposé à l'occasion d'un programme Masse Critique privilégié, par mail. Je profite donc de l'occasion pour remercier encore une fois Babelio pour ce programme, mais également les éditions Unique Héritage Media pour le don, en échange d'une critique, de cette bande dessinée.

• J'ai également profité de cette occasion pour inclure cette lecture dans le cadre du défi communautaire de lecture de BD de Babelio d'Avril, cherchant une BD dans laquelle le personnage principal à des enfants, dans le but d'étendre ma "culture" BD.

• Avant toute chose, je précise que je ne connais pas du tout l'histoire de Napoléon. le peu de choses que j'ai pu en connaître dates de mes années collèges et autant dire que cela date, et que je m'intéressais assez peu à l'histoire à cette époque. Je sais que cet homme fût le premier empereur de France, et qu'il a marquer fortement l'histoire de celle-ci, notamment pour certaines batailles militaires bien connues.. C'est parti pour l'aventure !

• Un sacré petit livre que voila ! Je dis petit mais en réalité, c'est un gros volume, plus gros que je ne le pensais au départ. Lors de sa réception j'ai été surpris de sa taille ! Gros de cent-cinquante pages, celui-ci pourrait effrayer des lecteurs moins habitués, mais en réalité il se lit plutôt facilement, même si je dois avouer avoir légèrement piétiner, passer environ une centaine de pages..

• La première chose m'ayant frapper, c'est sa couverture, que j'ai trouver très imposante, avec une réelle force dans sa mise en forme, force appuyé par ce regard que nous lance ce cher Napoléon. Et ici, je me dois de le préciser tant ce n'est pas forcément une chose que l'on retrouve partout, la couverture ne trompe pas sur l'aspect graphique que l'on peut retrouver dans le livre. Ce que l'on voit en couverture, on le verra dans son contenu, du moins, dans sa partie dessinée.

• Car oui, ce roman graphique est à mon sens un véritable O.L.N.I. (Objet Littéraire Non Identifié) dans sa narration. Il y a dans ce livre trois style de narration utilisées et bien distinctes. La première, est une narration dans un style historique, présentant une date et son contexte historique, décrite comme un livre d'histoire (mais très simplement, rassurez-vous !), avec une illustration massive entourant le texte. La deuxième, c'est une narration dans le style de la bande dessinée classique, avec des cases ordonnées et des récitatifs plongeant dans les pensées d'un Napoléon Bonaparte narrateur. Enfin, la troisième et la plus dominante de ses narrations, est représentée sous la forme d'un texte classique, avec pour particularité de simuler un texte rédigé par Napoléon lui-même. Ce changement régulier de narration est assez perturbant au départ, même si on parvient à s'y habituer au bout d'un certain temps.

• C'est assez intéressant à expérimenter, mais malgré tout, l'histoire nous fait parfois perdre nos repères à force de changer sa narration.. L'idée de départ est vraiment bonne mais cela provoque de changements parfois un peu brusque, étant au milieu d'un texte coupé gentiment vers une page de bande dessinée, pour revenir directement à la suite du texte.. Un petit chamboulement pour le lecteur non habituer que je suis.

• Aussi, la narration du point de vue de Napoléon m'a par moment déranger. Cette narration n'est pas mal écrite, ni mauvaise, le problème ne résidant pas là. Je considère que cette narration prête obligatoirement à un récit élogieux de l'empereur, et qu'elle ne met jamais, ou très peu, les défauts et les éventuels méfaits du monsieur. Je trouve cela dommage, car le récit semble vraiment orienté vers une glorification totale de ce personnage, d'une certaine façon à juste titre, mais qui perd de son objectivité à trop vouloir le mettre en avant sans jamais le mettre en cause. Je n'en demandais pas forcément beaucoup à ce niveau, juste de quoi apporter de la nuance à ce roman historique. Pour finir sur les choses que j'ai le moins apprécié dans la narration, c'est la fin qui est selon moi trop brusque, et laisse un goût d'inachevé pour le lecteur.

• Pour ce qui est de ces illustrations, le roman graphique de Napoléon est au top ! J'ai trouver que cette mise en image aux allures de comics américains et à l'aspect très moderne, avec un soupçon de crayonnés vintage, est tout simplement sublime. C'est très sombre, et offre une dimension intéressante aux décors et personnages, notamment la première illustration représentant le chef militaire devant l'immensité de son exil, ainsi que l'illustration du chapitre XXI représentant l'un des fidèles soldats de l'Empereur versé une larme.. C'est clairement ce que j'ai le plus apprécié de l'ouvrage !

• Pour une personne ingénue de la vie de cet homme remarquable, ce livre est un bon tremplin dans sa découverte. J'y ai appris des choses que je suis certain de retenir, tant à ce niveau, l'oeuvre est bien faîte, en laissant d'autres sur le côté, dans l'attente d'une relecture future.. J'ai du mal à savoir si des jeunes pourraient apprécier ce livre, peut-être un peu trop compliquer pour les moins âgés d'entre eux.

• Une très bonne découverte, considérant que c'est un livre historique dont je ne suis pas forcément un grand adepte, que j'aurais aimer un peu moins élogieux et plus objectif. Néanmoins il reste un très bon roman graphique, que je garderais précieusement dans ma bibliothèque rien pour ces illustrations enivrantes.. ~
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critiques presse (2)
Bedeo
21 mai 2021
1820, Pacifique Sud, île de Saint-Hélène. Napoléon Bonaparte, empereur déchu des Français, est tenu en exil depuis maintenant cinq ans. Aux portes de la mort, il se remémore avec vivacité les dates les plus marquantes de sa vie.
Lire la critique sur le site : Bedeo
LaLibreBelgique
06 mai 2021
Roman graphique pour adolescents et adultes, «Moi Napoléon» mêle les genres. Entre BD, récit et pleines pages d’illustrations. Un bel objet livre.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Au-delà du régime, au fond, ce que je cherche avant tout, c'est la grandeur : ce qui est grand est toujours beau. Le pouvoir, c'est d'abord les apparences du pouvoir. Il me faut un costume à ma mesure. Une couronne impériale est une nécessité impérieuse. Cette couronne n'est pas tombée du ciel, la France l'avait laissée en chemin. Je l'ai trouvée dans le ruisseau, j'ai essuyé la boue qui la couvrait et je l'ai mise sur ma tête. Je ne suis pas né empereur, je le suis devenu. (P.67)
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Seule une pensée ardente pour ma chère Corse réchauffe mon cœur d'enfant solitaire et ombrageux. Mes condisciples raillent ma ferveur patriotique pour cette île, barbare à leurs yeux. Infatués de leur nom, ces fils de grandes familles ou de nobliaux se gaussent de mes origines et de mon accent. Je prononce encore mon prénom 'Napoulioné', ce qui me vaut le sobriquet de 'la paille au nez'. Moi le boursier pauvre, moi l'étranger ! Maîtres et élèves me détestent cordialement, et je le leur rends bien, me repliant sur moi-même, pur et dur, capable, déjà, seul contre tous, de rendre coup pour coup. (P.21)
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J'ai chevauché à travers tant de plaines et de vallées. J'ai franchi des mers et des cols escarpés. J'ai traversé des déserts, de sable et de glace. J'ai commandé des milliers de soldats et gouverné des millions d'hommes. J'ai vécu sous les ors des palais et dormi au bivouac. J'ai renversé des trônes et bâti un empire. J'ai distribué des couronnes et des droits. J'ai rétabli des cultes et brisé des idoles. J'ai vu la rage des flammes et le feu des canons. J'ai vécu sous des orages et des soleils de plomb. J'ai connu du courage et de la trahison. J'ai vu des gouffres et des sommets. J'ai vu des immensités.
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Je ne pense pas qu'après ma chute et la disparition de mon système, il y ait en Europe d'autre grand équilibre possible que l'agglomération et la confédération de grands peuples. Tout cela, je ne le verrai pas.
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Quand on veut, on peut et quand on peut, on doit.
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Videos de Vincent Mottez (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Mottez
Les Boucs émissaires de l'histoire, Vincent Mottez nous raconte ces personnages, ces poncifs qui ont marqué une génération.
En savoir + : https://bit.ly/2DkdOPS
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Pourquoi leur a-t-on fait porter le chapeau ?
Fou, traître, assassin, tyrans pervers, débauché… Ces poncifs collent à la peau des maudits de l'histoire, telle une tache indélébile sur leur mémoire. Pourtant tout est faux ! Ou, du moins, à nuancer. Ni blanches colombes, ni cygnes noirs, ils ont tous un point commun : avoir été des boucs émissaires, de leur vivant ou après leur mort.
Il est temps de rendre à César ce qui est à César. Cet ouvrage déconstruit la légende noire de personnages hauts en couleurs, au destin hors du commun : Néron, Attila, Lucrèce Borgia, Catherine de Médicis, Lally-Tollendal, Marie-Antoinette, Robespierre, Mata Hari, Raspoutine ou encore Lee Harvey Oswald.
De l'Antiquité romaine à l'Amérique contemporaine, en passant par la Révolution française ou la Renaissance italienne, voici un étonnant voyage dans le temps, dans les coulisses de la fabrique des monstres.
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