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EAN : 9782897177263
179 pages
Numeriklivres (14/08/2014)
4.09/5   29 notes
Résumé :
Je m’appelle Roger Fournier et je suis mort depuis soixante ans. Assassiné. Ne soyez pas désolé, j’ai eu le temps de m’y habituer. Les plus beaux moments de ma mort ? L’enquête menée par l’inspecteur Tovelle pour découvrir mon meurtrier. Inutile de vous préciser que j’étais aux premières loges ! J’ai découvert le véritable visage de mes proches et appris à mes dépens que toute vérité n’est pas bonne à entendre… Depuis, j’ai su rebondir et me construire u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 29 notes
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Merci à Babelio et aux Éditions du 38 de m'avoir permis de découvrir l'auteure Sophie Moulay. Spécialisée dans la fantasy, elle signe ici le premier polar d'une série intitulée "Enquêtes d'Outre-tombe".

L'originalité du scénario consiste avant tout en la présence parmi les protagonistes, d'un fantôme, celui de Roger Fournier, directeur d'une entreprise près de Valenciennes, que l'on vient de retrouver mort dans son lit. L'autopsie ayant révélé la présence de barbituriques, la possibilité d'un assassinat est évoquée et une enquête est diligentée auprès de tous ceux qui partageaient le toit du défunt par deux fins limiers, Leduc et Tovelle. Qui parmi ses deux grands enfants nés d'une précédente union, sa jeune épouse, son ami d'enfance, son neveu, la vieille tante de sa première femme ou le personnel de maison avait intérêt à se débarrasser de Roger ? Ce dernier, réduit donc à l'état d'ectoplasme, va assister à tous les interrogatoires menés pour élucider le mystère de sa propre mort. Sans pouvoir intervenir évidemment, il va découvrir, médusé, le véritable visage de ceux qui l'entouraient et il n'y a pas plus efficace que la lecture d'un testament pour révéler la vraie personnalité de tout un chacun.

Mon ressenti à la fin de cette lecture est assez mitigé. Avec un tel titre, je m'attendais à un scénario plein d'humour. Ce n'est absolument pas, à mes yeux, ce qui domine. Les réflexions de Roger révèlent avant tout beaucoup de regrets sur sa vie passée, comme celui par exemple de n'avoir pas su profiter de ses enfants quand il était temps, il s'en dégage, au fur et à mesure que l'enquête avance, un grand sentiment de solitude. C'est ce regard extérieur qui apporte un peu de piment à ce polar en huis-clos qui, par ailleurs, reste des plus classiques, mettant en scène la bourgeoisie provinciale des années 50. Beaucoup trop stéréotypé pour moi, je ne lui accorde qu'un 12/20 et laisse la suite des enquêtes d'outre-tombe déjà parue aux réels amateurs du genre.
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« Le reste de la journée s’écoule lentement. Très lentement. Ce que la mort peut être ennuyeuse ! L’éternité risque d’être longue. » Longue ? Pas tant que ça. On trouve vite à s’occuper pour tuer le temps quand on a passé l’arme à gauche. Et puis, dans le monde des bibliophages terrestre, il ne s’écoule pas moins vite, le temps, à la lecture de Drôle de mort, polar drôlement (ha ha ha) bien ciselé de Sophie Moulay. Mais il n’est pas excessif de dire qu’il continue de [me] hanter quelque peu après l’avoir refermé.
La « drôle de mort » en question (… et interrogatoires divers) s’avère en effet diablement énigmatique et le « drôle de mort » en finit (si l’on peut dire) par se questionner aussi. Notre homme - un certain Roger Fournier - qui a tant manqué d’esprit de son vivant va le faire fonctionner post-mortem.
Pour faire “vivre” son assassiné de plus en plus lucide, l’autrice utilise un présent de phrases simples, sèches parfois, qui happe le lecteur ; les phrases d’un défunt bien vivace : c’est fluide, léger autant que nerveux dans le rythme, et le style se densifie volontiers sur certaines descriptions, instillant un indéniable petit charme rétro, car il faut bien avouer que la perception du temps a changé pour l’ex-chef d’entreprise toujours pressé : « L’astre nocturne a pris son pinceau et reproduit fidèlement les motifs des carreaux de la porte d’entrée sur le sol. Une armée de Cupidon avance lentement sur le carrelage blanc et rouge, à l’assaut des arabesques menaçantes de la rampe d’escalier. » Les avait-il seulement perçus, Roger Fournier, tous ces détails de son vivant ? La mort éveille l’esprit. Il comprend, Roger, que c’est sa vie qui a été fantomatique, cette fichue vie dans la région de Valenciennes à s’occuper de son entreprise qui ne connaît pas la crise, à s’éloigner de ses enfants, à épouser la secrétaire pour agrémenter le décorum. Une vie passée à gérer, à errer.
Notre fantôme a donc des retours de mélancolie ; le voilà redevenu humain : « Lorsqu’un gros nuage réduit à néant les efforts de mes angelots, je monte veiller sur le sommeil de mes enfants. ». C’est qu’on en voit et qu’on en comprend – enfin ! - des choses une fois clamsé. La faucheuse offre un sacré recul, elle développe l’acuité, même si les coups de pied au c** qu’on aurait envie de donner sont dorénavant compliqués (quoique…).
Le trucidé Fournier, narrateur désincarné et spectateur aux premières loges, permet une véritable identification pour le lecteur qui n’est pas là non plus - dans la réalité virtuelle du roman veuillé-je dire -, mais tout en s’y baladant. Le fantôme n’en sait pas plus que nous au départ, stupéfait lui d’être… mort. Et nous de le savoir trépassé. Comme chacun des lecteurs, il est face à l’inconnu. Fait des découvertes sur les siens, sur son ex-existence, sur la foultitude de petits secrets à côté desquels il est passé. Sur sa mort bien sûr, si peu catholique. Quelle étrange sensation et quelle liberté offerte !
Bref, le fantastique se mélange à l’humour caustique (j’en profite pour donner un accessit à ce « vieux renard » de maître Poirier, notaire à la subjectivité truculente) sans dédaigner quelques pointes de nostalgie émouvante - qu’elle soit aigre ou douce-amère - et le genre “policier” va évidemment s’en mêler avec un binôme de limiers qui se présentent « sur le pas de la porte » de la maison et du roman.
Cette entrée en scène enclenche les investigations officielles, celles-ci s’ajoutant aux observations amusées et désabusées du fantôme-narrateur. Fournier devient le spectateur privilégié du travail d’enquête du Sherlock local, l’inspecteur Tovelle, un drôle de gus aussi… Sa méthode ? « Prendre la mesure de chaque personnage et aussi prêter l’oreille aux ragots ». Pourrait être écrivain, ç’ui-là… « Alors j’ai écouté. Je vous ai écoutés parler du mort, des autres, sans vous douter qu’en fait vous me parliez de vous ». Tovelle tisse patiemment, presque nonchalamment, et notre macchabée pensant, ex-sosie de Descartes, fait en parallèle un drôle de cogito ergo sum. Les souvenances de Fournier complètent l’enquête, complexifiant autant qu’éclairant le récit. Le fantôme sait - et nous savons avec lui - ce que ne pourra pas savoir (mais en est-on sûr ?) le duo de condés dans ce Cluedo au parfum de 40’s tardifs. S’établit, d’un interrogatoire à l’autre, un tableau de mœurs et de petits meurtres entre proches – famille, je vous hais ! -, et c’est peu de dire que le petit personnel n’est plus ce qu’il était… Le grand flegmatique mal fagoté et le blondinet gratteur de notes nous trimbalent d’une chambre à la salle à manger puis dans une autre chambre, avec une échappée dans le jardin pour une bouffée d’air de vérité. C’est un polar à huis-clos successifs où ça discute, dispute, raconte, dénonce, détourne, interprète. Le roman n’esquive pas les stéréotypes du genre : la fille à papa rebelle, le fiston atone, la grand-tante acariâtre, l’amant décevant, la soubrette pas fute-fute et les autres, toute une clique de têtes-à-claques. Mais Sophie Moulay semble s’amuser de ces clichés qui pourraient sortir d’une série vintage du vendredi soir produite par France Télévision. L’autrice joue la distorsion, gratte des personnalités qui se révèlent bien salement ambiguës…
Il me semble alors que l’écriture se fait plus elliptique, aux antipodes d’un naturalisme trop fouillé. Les lieux sont décrits avec une rapidité et une précision qui traduisent (… ou trahissent ?) l’intérieur de chaque personnage, le reflet de leur nature profonde et par là-même un jeu de dupe social. Vérité ou duplicité ? L’épure stylistique donne moins de prise directe avec la réalité concrète pour le lecteur qui imagine instinctivement, par lui-même, le décor, de même que Fournier ne peut plus toucher les meubles, les êtres, et se promène dans cette réalité sans plus y être. Ce qui fait corps (façon de parler…), ce sont les échanges verbaux et les regards scrutateurs ; la réalité devient fluctuante puisque les mots prononcés, prégnants, sont ceux d’interprétations divergentes, contradictoires. Dans cet agrégat de visions du monde (de ce petit monde bourgeois en guerre), la réalité – la seule, la vraie - se dérobe, tout comme les mains de Fournier passent au travers des meubles qu’il veut palper, alors qu’il les voit nettement. Cette maison suinte de secrets, de non-dits et de trop-dits qui empoisonnent les relations. Mais dans ce théâtre des apparences et des trompe-l’esprit, la vérité sommeille et c’est le patient Tovelle qui tente de la mettre à jour en déroulant son fil analytique. Les déductions, presque mathématiques, s’appuient sur un détail – bouteille de cognac ou tasse à café blanche à liseré doré - sur lequel se concentre et se développe un raisonnement qui ira jusqu’au bout de la devinette.
En amateur de l’art de la nouvelle, j’ai fortement apprécié la conclusion. C’est une des plus-values de ce captivant polar qui, au final, n’a pas seulement révélé les rouages plus ou moins complexes de sa machinerie interne avec la résolution somme toute classique d’une énigme. En quelques mots joliment pesés, il offre aussi une ouverture, qui inciterait même à une relecture minutieuse de certains passages intrigants. Oui, je l’ai déjà dit : on reste un peu hanté et on aime ça.
Les chutes finales - celle de l’assassin autant que le dernier mot, subtil - sont des promesses
à de nouvelles « aventures d’outre-tombe ».
Une série pleine d’esprit et originale à suivre, même mort. Ce n’est franchement plus une excuse.
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« Le reste de la journée s’écoule lentement. Très lentement. Ce que la mort peut être ennuyeuse ! L’éternité risque d’être longue. » Longue ? Pas tant que ça. On trouve vite à s’occuper pour tuer le temps quand on a passé l’arme à gauche. Et puis, dans le monde des bibliophages terrestre, il ne s’écoule pas moins vite, le temps, à la lecture de Drôle de mort, polar drôlement (ha ha ha) bien ciselé de Sophie Moulay. Mais il n’est pas excessif de dire qu’il continue de [me] hanter quelque peu après l’avoir refermé.
La « drôle de mort » en question (… et interrogatoires divers) s’avère en effet diablement énigmatique et le « drôle de mort » en finit (si l’on peut dire) par se questionner aussi. Notre homme - un certain Roger Fournier - qui a tant manqué d’esprit de son vivant va le faire fonctionner post-mortem.
Pour faire “vivre” son assassiné de plus en plus lucide, l’autrice utilise un présent de phrases simples, sèches parfois, qui happe le lecteur ; les phrases d’un défunt bien vivace : c’est fluide, léger autant que nerveux dans le rythme, et le style se densifie volontiers sur certaines descriptions, instillant un indéniable petit charme rétro, car il faut bien avouer que la perception du temps a changé pour l’ex-chef d’entreprise toujours pressé : « L’astre nocturne a pris son pinceau et reproduit fidèlement les motifs des carreaux de la porte d’entrée sur le sol. Une armée de Cupidon avance lentement sur le carrelage blanc et rouge, à l’assaut des arabesques menaçantes de la rampe d’escalier. » Les avait-il seulement perçus, Roger Fournier, tous ces détails de son vivant ? La mort éveille l’esprit. Il comprend, Roger, que c’est sa vie qui a été fantomatique, cette fichue vie dans la région de Valenciennes à s’occuper de son entreprise qui ne connaît pas la crise, à s’éloigner de ses enfants, à épouser la secrétaire pour agrémenter le décorum. Une vie passée à gérer, à errer.
Notre fantôme a donc des retours de mélancolie ; le voilà redevenu humain : « Lorsqu’un gros nuage réduit à néant les efforts de mes angelots, je monte veiller sur le sommeil de mes enfants. ». C’est qu’on en voit et qu’on en comprend – enfin ! - des choses une fois clamsé. La faucheuse offre un sacré recul, elle développe l’acuité, même si les coups de pied au c** qu’on aurait envie de donner sont dorénavant compliqués (quoique…).
Le trucidé Fournier, narrateur désincarné et spectateur aux premières loges, permet une véritable identification pour le lecteur qui n’est pas là non plus - dans la réalité virtuelle du roman veuillé-je dire -, mais tout en s’y baladant. Le fantôme n’en sait pas plus que nous au départ, stupéfait lui d’être… mort. Et nous de le savoir trépassé. Comme chacun des lecteurs, il est face à l’inconnu. Fait des découvertes sur les siens, sur son ex-existence, sur la foultitude de petits secrets à côté desquels il est passé. Sur sa mort bien sûr, si peu catholique. Quelle étrange sensation et quelle liberté offerte !
Bref, le fantastique se mélange à l’humour caustique (j’en profite pour donner un accessit à ce « vieux renard » de maître Poirier, notaire à la subjectivité truculente) sans dédaigner quelques pointes de nostalgie émouvante - qu’elle soit aigre ou douce-amère - et le genre “policier” va évidemment s’en mêler avec un binôme de limiers qui se présentent « sur le pas de la porte » de la maison et du roman.
Cette entrée en scène enclenche les investigations officielles, celles-ci s’ajoutant aux observations amusées et désabusées du fantôme-narrateur. Fournier devient le spectateur privilégié du travail d’enquête du Sherlock local, l’inspecteur Tovelle, un drôle de gus aussi… Sa méthode ? « Prendre la mesure de chaque personnage et aussi prêter l’oreille aux ragots ». Pourrait être écrivain, ç’ui-là… « Alors j’ai écouté. Je vous ai écoutés parler du mort, des autres, sans vous douter qu’en fait vous me parliez de vous ». Tovelle tisse patiemment, presque nonchalamment, et notre macchabée pensant, ex-sosie de Descartes, fait en parallèle un drôle de cogito ergo sum. Les souvenances de Fournier complètent l’enquête, complexifiant autant qu’éclairant le récit. Le fantôme sait - et nous savons avec lui - ce que ne pourra pas savoir (mais en est-on sûr ?) le duo de condés dans ce Cluedo au parfum de 40’s tardifs. S’établit, d’un interrogatoire à l’autre, un tableau de mœurs et de petits meurtres entre proches – famille, je vous hais ! -, et c’est peu de dire que le petit personnel n’est plus ce qu’il était… Le grand flegmatique mal fagoté et le blondinet gratteur de notes nous trimbalent d’une chambre à la salle à manger puis dans une autre chambre, avec une échappée dans le jardin pour une bouffée d’air de vérité. C’est un polar à huis-clos successifs où ça discute, dispute, raconte, dénonce, détourne, interprète. Le roman n’esquive pas les stéréotypes du genre : la fille à papa rebelle, le fiston atone, la grand-tante acariâtre, l’amant décevant, la soubrette pas fute-fute et les autres, toute une clique de têtes-à-claques. Mais Sophie Moulay semble s’amuser de ces clichés qui pourraient sortir d’une série vintage du vendredi soir produite par France Télévision. L’autrice joue la distorsion, gratte des personnalités qui se révèlent bien salement ambiguës…
Il me semble alors que l’écriture se fait plus elliptique, aux antipodes d’un naturalisme trop fouillé. Les lieux sont décrits avec une rapidité et une précision qui traduisent (… ou trahissent ?) l’intérieur de chaque personnage, le reflet de leur nature profonde et par là-même un jeu de dupe social. Vérité ou duplicité ? L’épure stylistique donne moins de prise directe avec la réalité concrète pour le lecteur qui imagine instinctivement, par lui-même, le décor, de même que Fournier ne peut plus toucher les meubles, les êtres, et se promène dans cette réalité sans plus y être. Ce qui fait corps (façon de parler…), ce sont les échanges verbaux et les regards scrutateurs ; la réalité devient fluctuante puisque les mots prononcés, prégnants, sont ceux d’interprétations divergentes, contradictoires. Dans cet agrégat de visions du monde (de ce petit monde bourgeois en guerre), la réalité – la seule, la vraie - se dérobe, tout comme les mains de Fournier passent au travers des meubles qu’il veut palper, alors qu’il les voit nettement. Cette maison suinte de secrets, de non-dits et de trop-dits qui empoisonnent les relations. Mais dans ce théâtre des apparences et des trompe-l’esprit, la vérité sommeille et c’est le patient Tovelle qui tente de la mettre à jour en déroulant son fil analytique. Les déductions, presque mathématiques, s’appuient sur un détail – bouteille de cognac ou tasse à café blanche à liseré doré - sur lequel se concentre et se développe un raisonnement qui ira jusqu’au bout de la devinette.
En amateur de l’art de la nouvelle, j’ai fortement apprécié la conclusion. C’est une des plus-values de ce captivant polar qui, au final, n’a pas seulement révélé les rouages plus ou moins complexes de sa machinerie interne avec la résolution somme toute classique d’une énigme. En quelques mots joliment pesés, il offre aussi une ouverture, qui inciterait même à une relecture minutieuse de certains passages intrigants. Oui, je l’ai déjà dit : on reste un peu hanté et on aime ça.
Les chutes finales - celle de l’assassin autant que le dernier mot, subtil - sont des promesses
à de nouvelles « aventures d’outre-tombe ».
Une série pleine d’esprit et originale à suivre, même mort. Ce n’est franchement plus une excuse.
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Roger Fournier vient de mourir assassiné et assiste, en tant que fantôme, à l'enquête sur sa mort. Il découvre alors ce que ses proches pensent de lui et certains secrets de famille, ce qui n'est pas toujours très agréable.

L'idée sans être originale est plutôt bonne, et l'enquête policière est correcte sans être là aussi d'une originalité folle. Pour moi, ce qui a fait l'intérêt de ce roman, c'est vraiment l'humour caustique du narrateur, le mort, Roger Fournier. Et comme la quatrième de couverture et la mention Enquêtes d'outre-tombe #1 laissent à penser que c'est le premier tome d'une série, je pense qu'il y a là un bon potentiel.

Je remercie l'équipe de Babelio et les éditions du 38 pour l'envoi de ce livre, dont la lecture a été agréable. Il fera partie des découvertes sympathiques dans le cadre des opérations Masse critique.
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Je suis les éditions du 38 et particulièrement leur collection 38 rue du polar depuis que mon ami Gille Milo-Vacéri y est entré. J'ai ainsi pu découvrir d'autres auteurs méconnus de mes lectures mais tout aussi talentueux. Cette fois j'ai été attirée par le côté fantastico-policier de ce roman.
Roger Fournier est mort. Après autopsie il s'avère que c'est un meurtre. Jusque-là me direz-vous c'est un policier qui débute normalement. Mais là où la normalité diverge ensuite vers le fantastique c'est lorsque le défunt ou plutôt son fantôme décide de participer à l'enquête. Enfin participer est un grand mot. Qui dit fantôme dit léger problème d'interaction avec les vivants. Par contre pour le lecteur c'est du pain béni.
Qui ne s'est jamais posé la question de savoir ce qu'il se passait une fois nous disparu? Morbide comme idée ? Peut-être. Mais ici Roger va avoir l'occasion de bénéficier d'un panel de réaction à sa mort pas toutes convenues ni attendues.
Ce roman m'a plu dès le départ. Son synopsis un peu décalé, la plume de l'auteure agréable et fluide mais surtout cette enquête tout sauf ordinaire.
Nous sommes, comme Roger, des intrus sur la scène de crime. Des voyeurs aussi des émotions de chacun. Mais surtout des témoins discrets des entourloupes familiales et des querelles post testamentaires. Surveiller les réactions de chacune et chacun en fonction de ce que leur a laissé le défunt est presque comique. Et on sent à suivre Roger qu'il est parfois surpris du tour que prennent les suites de son trépas. le voici débarrassé de ses oeillères de PDG pour redevenir un acteur de sa propre maison. Acteur sans consistance il est vrai mais pas aveugle pour autant ni sourd.
Ce mélange de fantastique et de policier est magistralement dosé. On en oublierait presque que le narrateur est mort. Ses réactions face aux informations recueillies par la police sont vécues et partagées à chaud et nous découvrons ainsi autant les vivants que le mort lui-même. Cela lui remet en vue ses erreurs passées, ses oublis, ses défauts. La mort lui apporte un autre regard sur lui-même dénué de fard et de poudre aux yeux. J'aurais tendance à dire qu'elle le bonifie.
L'enquête avance ainsi tranquillement mais sereinement et les indices semblent vouloir se porter à notre connaissance. On se prend ainsi à chercher la ou le coupable. le mobile. Et à vouloir comprendre aussi pourquoi il est encore là avec nous pour y assister.
L'inspecteur Tavelle est assez atypique, un brin Colombo par sa tenue débraillée et froissée, un brin Gabriel Gerfaut (cf Gilles Milo-Vacéri) par ses moments d'introspection aux géniales déductions finales. Son assistant Leduc, son ombre même, est à la fois en adoration devant la qualité du travail de son inspecteur et son parfait complément. Ces deux-là se comprennent à demi-mot parfois même d'un regard et c'est vraiment parfaitement rodé. Une équipe que j'ai hâte de suivre dans de nouvelles aventures, d'autant plus que l'auteure nous a concocté un final aux petits oignons.
Avec quelques mots, juste un au revoir elle a rendu mon envie de lire le tome 2 plus avide, plus curieuse encore qu'elle ne l'était déjà. Heureusement qu'il est dans ma PAL et que je ne vais pas attendre trop longtemps pour le sortir.
Je vous conseille donc cette nouvelle série d'enquête d'outre-tombe pour égailler vos soirées d'hiver.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
C'est à ce moment-là que je me suis lancé à corps perdu dans le travail et que j'ai délaissé mes enfants. A ma décharge, il faut reconnaître que l'alternative consistait à passer plus de temps avec Tante Agathe, femme qui certes a des qualités, mais de ces qualités qu'on apprécie mieux de loin.
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Incroyable ! Ils sont tous là, autour du cadavre de la malheureuse Thérèse, qui a agonisé dans des souffrances abominables, et pas un mot pour elle. Insignifiante dans la vie comme dans la mort. Il est épouvantable de penser qu'une personne puisse ne laisser aucune trace sur Terre. En tant que défunt, je ne puis me permettre que cela arrive. Après tout, Thérèse était mon employée. Je me chargerai donc de l'éloge funèbre.
- Thérèse, femme de chambre discrète, sauf lorsque votre chemin croisait celui d'une petite bête. Certes, vous étiez peu gâtée physiquement, mais vous êtes morte jeune, vous n'aurez pas eu le temps de connaître les chagrins d'amour. Votre physique ingrat était largement compensé par un parler vivant, aux règles de grammaire particulières. Thérèse, on se souviendra aussi de vous pour votre fameux rôti de sanglier saignant accompagné d'une sauce au thym et au vin blanc lorsque les Lenoir avaient pris leurs congés annuels l'année dernière. Bonne âme, Cyril vous avait même complimentée et vous étiez devenue rouge écrevisse. Dieu merci, vous êtes morte avant les vacances des Lenoir de cette année. Pardon ! Je ne voulais pas vous faire de peine. Que dire de plus, Thérèse ? Bonne chance dans votre au-delà ! Puisse-t-il être aussi intéressant que le mien !
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Il n'aurait quand même pas osé! Je le savais capable de vendre sa mère, d'abandonner sa grand-mère, de faire travailler ses enfants, mais tuer?
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Je ne me rappelle pas avoir déjà regardé Jeanne ou Thomas dormir. Trop de travail, sûrement. Seul dans la pénombre, j’ai maintenant l’impression d’être passé à côté de moments importants
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Laissons parler les gens ! Tout vient à point à qui sait écouter. C’est dans la nature humaine de répandre le secret d’autrui
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