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Critique de c.brijs


Voici un petit texte pour le moins interpellant! En 45 pages d'un livre format 10x15, l'auteure nous dresse la chronique d'une rencontre qui tourne mal: celle d'étrangers qui s'invitent d'eux-mêmes; qui profitent de l'hospitalité des autochtones pour s'installer durablement; qui loin de s'adapter aux us et coutumes de ces contrées qu'ils envahissent, imposent petit à petit, sans en avoir l'air, leur langue, leurs coutumes, leurs produits et qui finissent, au bout du processus, par asservir les populations qui les ont accueillis à bras ouverts...

Mais qui sont ces "invités"? Jamais l'auteure ne les nomme explicitement. Tout au plus, avons-nous une petite clé de lecture avec cette note en avant-propos du livre:

"De l'école, Charlotte Moundlic se souvient avoir appris ceci:
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir envers les autres dans un esprit de fraternité."
Elle a toujours trouvé ça bien comme article, c'est normal que ce soit le premier."

Et vous? Avez-vous une idée?

Oui! Dans ce tout petit livre, Charlotte Moundlic évoque la problématique intemporelle de l'exploitation de l'homme par l'homme dont la finalité est toujours la même: l'intérêt de l'exploitant! Cette histoire ne fait à aucun moment référence à des situations passées ou présentes mais en filigrane, l'adulte y verra le spectre du colonialisme voire de l'esclavagisme.

En peu de mots, avec des phrases simples, courtes, presque coupantes... elle nous dresse le portrait de ces colons venus en amis, qui une fois installés montrent leur vrai visage: celui de l'oppresseur! Et, petit à petit, on est envahi par l'horreur. Ce qui semblait anodin devient monstrueux. Au bout du chemin, les hôtes n'ont plus qu'un seul recours face à l'oppression et la tyrannie: la révolte!

"Et un matin, en nous levant, nous avons trouvé devant nos portes des sortes de bottines en cuir comme celles que portaient nos invités. (...)
Mon père a expliqué aux invités que nous les remercions beaucoup mais que nous ne pouvions pas porter ces chaussures.
Nos pieds étaient habitués aux sandales qui laissaient couler le sable chaud entre les orteils et grâce auxquelles nous nous déplacions sans aucun souci.
Ils nous ont regardés avec un regard dur en nous expliquant que c'était beaucoup mieux pour nous et qu'il n'était plus question de nous laisser marcher avec des sandales.
On a pensé qu'ils blaguaient et nous avons essayé d'emprunter le chemin des champs.
Ils se sont postés face à nous, faisant barrière de leurs corps pour nous empêcher d'avancer.
Mon père a tenté de forcer le passage en douceur. Ils l'ont frappé."

La référence à l'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme est claire. Mais ce qui semble évident (et encore) pour un adulte le sera-t-il pour un jeune lecteur? Pourquoi l'auteure n'a-t-elle pas explicité ces propos en postface de son histoire, comme l'a par exemple fait Janne Teller dans son Guerre - Et si ça nous arrivait? Cela aurait permis de lever toute ambiguité! En effet, il ne faudrait pas que ce titre soit mal interprété et qu'au lieu d'atteindre son objectif premier qui est de prôner le respect de l'autre, le lecteur y voit un motif d'avoir peur de l'Etranger!

En conclusion, lisez-le avec vos jeunes et surtout discutez-en...
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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