La rivière à l'envers - Intégrale

je l'ai adorée mais je devais faire un abécédaire donc c'était très compliquer

La vie est trop courte pour qu'on la gaspille à de mauvaises choses

La vie est trop courte, monsieur Tomek, pour qu'on la gaspille à de mauvaises choses.

Je trouve une consolation près des chameaux. J'adore marcher à leur côté. Ils sont énormes mais savent poser leurs pieds sur le sable avec la même douceur que des gros chats, le même silence.

Mais c’est à l’automne surtout, au moment où les oiseaux de passage traversaient le ciel, dans leur grand silence, que Tomek ressentait avec le plus de violence le désir de s’en aller. Les larmes lui en venaient aux yeux tandis qu’il regardait les oies sauvages disparaître à grands coups d’aile à l’horizon.

Ils s'allongèrent pour admirer la Voie lactée. Ils n'étaient plus sur terre, à contempler les étoiles. Ils étaient parmi les étoiles, au milieu d'elles. Ils étaient les infimes parties de l'infinie cosmos.

– Ainsi vous avez tout dans votre magasin ? Vraiment tout ? dit la jeune fille […].
Tomek se trouva un peu embarrassé.
– Oui... enfin tout le nécessaire... […]
– Alors, […] vous aurez peut-être… de l’eau de la rivière Qjar ?
Tomek ignorait ce qu’était cette eau. Il ignorait aussi où pouvait se trouver cette rivière Qjar. La jeune fille le vit bien […] :
– C’est l’eau qui empêche de mourir, vous ne le saviez pas ? 

Est-ce qu'on peut vraiment souhaiter ne jamais mourir ?...
N'est-ce pas justement parce que la vie s'achève un jour qu'elle nous est si précieuse ?...
Est-ce que l'idée de vivre éternellement n'est pas plus effrayante encore que celle de mourir ?...

« Quand je mourrai, Tomek, pleure un peu si tu ne peux pas faire autrement, mais pas trop longtemps, s’il te plaît. Tu viendras peut-être de temps en temps sur ma tombe, alors dis-toi bien que je ne serai plus là. Si tu veux me voir, il faudra te retourner. Tu regarderas les rangées d’arbres dans le vent, la flaque d’eau où le petit oiseau boit, le jeune chien qui joue, c’est là que je serai, Tomek. Voilà, ne l’oublie jamais. »

Je vais essayer, Tomek, de raconter aussi bien qu'elle. Ce ne sera pas facile, car elle savait y mettre les soupirs, les sourires, les silences, tout ce qui glisse entre les mots et qui en fait le sel.