Tête de Marron

Las Vegas, ses casinos, ses rues animées et sa pizzéria "Pizza Luigi", implantée dans le quartier italien. Dans un coin, un couple est là pour une grande occasion: ils fêtent aujourd'hui leurs 20 ans de mariage et c'est chez Luigi qu'ils se sont rencontrés. Tandis que lui se réjouit de déguster une pizza accompagnée d'un chianti, elle fait plutôt grise mine et peine à lui rendre ses sourires. Non loin d'eux, un homme timide a du mal à avaler sa calzone. Peut-être est-il impressionné par la photo derrière lui représentant Luigi, ce patron si souriant et amical, aux côtés de Franck Sinatra. Il se fait alors apostropher par Larry Osborne, un vendeur d'aspirateurs très bavard qui cherche aussitôt à lui en vendre un. C'est alors que Franck Sinatra, un habitué des lieux, fait irruption, accompagné de son garde du corps, de son imprésario et d'un certain Sam Frizotti, un ami d'enfance. Ce dernier, trop bavard et sans gêne, risque bien de semer la zizanie que certains apprécieront moyennement...

Bienvenue chez Luigi où les pizzas sont aussi indigestes que l'ambiance malsaine et les événements inattendus. Entre ce couple célébrant leurs 20 ans de mariage devant une pizza, ce commercial loufoque et grandiloquent, cet étrange personnage fan de Franck Sinatra ou encore cet ami d'enfance un peu expansif, l'on s'attend évidemment à ce que cela explose à un moment ou à un autre. Marion Mousse nous offre un huis-clos imprévisible où le célèbre chanteur à la voix de velours risque bien d'y laisser des plumes. Mêlant habilement humour et tragédie, l'on déguste gentiment cet album au final surprenant et plutôt bien pensé. le dessin au lavis, tout en noir et blanc, créé une ambiance désuète délectable.

Tête de marron... ou tête de chataigne?

Un huis-clos dans une pizzeria de Las Vegas.
Une mise en page sobre, à l'opposé des protagonistes de l'histoire.
Un dessin rappelant vaguement Tardi dans sa série de Nestor Burma, mélange de trognes bien marquées et de simplicité trompeuse.
L'intérêt : la tête de châtaigne, heu non de marron : Frank Sinatra himself... "The voice" pour les fans, "The mouth" pour ses potes de la pizzeria, comme Jancana, allusion à Sam Giancana, parrain de la mafia de Chicago... Donne l'occasion de comparer la fiche wikipédia et le livre de Véronique Chalmet sur cette légende étasunienne.
Sinon, une petite réflexion sur la corruptibilité de l'être humain, quel que soit son niveau de morale apparent.

C'est un huis clos qui se déroule dans une vieille pizzeria à Las Vegas. Elle met en scène des clients ainsi qu'un célèbre crooner représentant l'Amérique conquérante. On va s'ennuyer ferme pendant toute la première partie et il va falloir s'accrocher. Puis, le meurtre arrive et il sera commis pas par n'importe qui. Cela relance tout l'intérêt de ce scénario. La question sera alors de savoir qui endossera la responsabilité de cet homicide pour un million de dollars.

En effet, quand on est riche et célèbre, il n'y a pas de raison de faire endosser par d'autres la culpabilité moyennant finance. le portrait de Franck Sinatra ne sera guère reluisant. Mais bon, on a tous entendu parler de ses liens avec la mafia.

La dernière partie va véritablement décoller et nous faire poser beaucoup de questions liées à la moralité. Cette bd a réussi sa sortie alors que l'entrée en matière pêchait véritablement. On suit le récit comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre avec pour cadre la pizzeria et son sympathique patron. Une bonne bd d'ambiance qui va sortir des sentiers battus.