Des maisons collées autour d’une église qui, ici plus qu’ailleurs, méritait son titre de « maison de Dieu », tant l’altitude conférait aux lieux une dimension mystique. Presque irréelle. C’était le dernier bastion de la communauté humaine avant le royaume des cimes ; les géants de granit, qui projetaient leur ombre tutélaire sur le village, accueillaient le visiteur dans un calme étourdissant.
La végétation avait changé. Il n’y avait plus d’arbustes, mais des champs d’herbes pauvres qui disputaient l’espace à la pierraille. Près des névés, on découvrait des parterres de crocus, et, souvent, les gros brodequins en cuir écrasaient de jolies gentianes d’un bleu éclatant.
Ce carillon toujours impressionnant atteignait son paroxysme dans l’obscurité étoilée de la nuit de Noël. Cette nuit là, il y avait en plus quelque chose d’envoûtant que de sentir toute la montagne vibrer avec les hommes. Dans un froid piquant, au milieu d’un paysage endormi sous un manteau de neige, des dizaines de cloches semblaient s’interpeller dans la nuit bleutée pour relayer la bonne nouvelle divine au monde des hommes.