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EAN : 9782379332036
1 pages
Passes Composes (19/02/2020)
4.15/5   10 notes
Résumé :
À la veille de l’invasion allemande du 22 juin 1941, l’Union soviétique comptait environ 5 millions d’habitants juifs, dont plus de 2 millions furent victimes de la politique génocidaire nazie. La plupart d’entre eux furent fusillés au bord de fosses, tandis que d’autres périrent de la faim, du froid, du typhus ou asphyxiés dans des camions à gaz. Ce génocide sur les terres de l’Est se distingua par le fait que les bourreaux allèrent aux victimes, les principales un... >Voir plus
Que lire après Les champs de la Shoah : L'extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Trente millions de personnes devaient être décimées en Union soviétique pour satisfaire aux plans nazis de déportations et de colonisation pour l'Est », déclara Himmler lors d'une réunion avec des dignitaires nazis à Wewelsburg une semaine avant le début de l'opération Barbarossa. Dès le 21 juin, derrière la Wehmacht, se trouvaient des commandos de tueurs appartenant aux Einsatzgruppen, leur mission était simple : débusquer des individus de la classe dirigeante communiste et les exécuter. Mais dans l'esprit de ces hommes endoctrinés, le communisme était étroitement lié aux juifs. Aussi, très rapidement, ces commandos organisèrent des rafles de familles entières pour les fusiller. L'extermination des juifs a commencé à ce moment-là, bien avant la Solution finale.

L'auteure ne nous épargne aucun détail, en Ukraine, en Biélorussie, dans les pays Baltes, à chaque fois, les familles ont été arrêtées brutalement, conduits dans des camions sur des sites -une mine, une forêt, un ravin- obligés de se déshabiller devant leurs bourreaux, souvent aidés d'ailleurs par des miliciens locaux qui connaissaient bien leurs voisins juifs, de descendre au fond de fosses pour être tués par une balle dans la nuque. Des scènes d'horreur perpétrés à Babi Yar, près de Kiev, dans les tranchées antichars de Moguilev, dans la forêt de Ponary. Des milliers de gens sont morts ainsi, leurs biens ont été pillés, partagés entre les assassins ou donnés à des Allemands ou des « voisins ». Ces massacres ont duré jusqu'en 1943, date à laquelle les Allemands ont commencé à reculer et se sont inquiétés de ces fosses communes, bien trop révélatrices des exactions commises. Des équipes alors ont été constituées pour déterrer les morts et les brûler, une deuxième mise à mort pour ces familles dont les nazis voulaient faire disparaître toute trace jusqu'au souvenir de leur présence sur ces terres où ils avaient vécu pendant des générations.

C'est un livre éprouvant, ce n'est pas seulement la liste interminable des hommes, femmes et enfants tués qui vous met en colère, mais c'est surtout la veulerie, la bestialité et la cruauté des bourreaux qui vous font réaliser à quel point l'homme est capable du pire.

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Marie Moutier-Bitan, doctorante en histoire contemporaine, est chercheuse et responsable des archives au sein de l'association Yahad-in Unum depuis 2009. Elle a effectué de nombreux séjours de recherche en Allemagne et en Europe de l'Est, ainsi qu'à l'United States Holocaust Memorial Museum. Elle a déjà publié des Lettres de la Wehrmacht. Avec ce nouveau livre intitulé Les champs de la Shoah et sous-titré L'extermination des Juifs en Union soviétique occupée 1941-1944, elle revient sur un épisode mouvementé et controversé de la Deuxième Guerre mondiale.



Le préfacier, le père Patrick Desbois, estime que « sans être spécialiste ou historien, tout lecteur peut se sentir emporté par le récit et comprendre de l'intérieur ce qui constitua le crime commis ». Il estime même que c'est « un ouvrage passionnant qui ne laissera pas le lecteur indifférent et le conduira à marcher, comme Marie, dans les champs de la Shoah en Union soviétique ».



Il présente cette étude de la manière suivante : « Un récit passionnant au fil des chapitres, notamment sur ce qu'il advint durant les premiers mois de l'occupation allemande. On pressent sous sa plume sa connaissance des rues de Brest ou de Bialystok, qu'elle a parcourues dans les froids hivers rigoureux comme sous la chaleur de plomb des étés continentaux ». Il ajoute même avec raison : « On écrit différemment lorsqu'on a sillonné avec une équipe d'enquête les rues et les prés dont on va parler ».



Dès les premiers lignes, elle pose le contexte de son étude : « Deux millions de victimes de la Shoah furent assassinées dans les territoires soviétiques occupés par les nazis entre 1941 et 1944 ». Elle précise qu'à « la veille de l'invasion allemande - connue sous le nom d'opération Barbarossa - le 22 juin 1941, l'Union soviétique comptait environ 5 millions d'habitants juifs, dont presque 2 millions résidant sur les territoires annexés entre 1939 et 1940 - la Pologne orientale, les pays Baltes, la Bessarabie et la Bucovine ». D'après les études qu'elle a faites, elle constate que sur « ces 5 millions, près de la moitié furent victimes de la politique génocidaire nazie ».



Elle poursuit son analyse : « La plupart furent fusillés au bord de fosses, tandis que d'autres périrent de la faim, du froid, de maladies dans des ghettos, ou asphyxiés dans des camions à gaz sillonnant les routes de l'Est ». Elle pense également que « la mise en application des mesures contre les Juifs soviétiques fut antérieure à celles des autres Juifs d'Europe. Les fusillades débutèrent dès le 22 juin 1941 ».



En définitive, en plus de considérations militaires et stratégiques de la plus haute importance, Moutier-Bitan évoque également la question idéologique : « Il faut prendre en compte l'imbrication dans l'idéologie hitlérienne de la guerre contre le bolchévisme et de l'assassinat des Juifs soviétiques, résumée dans la lutte contre le judéo-bolchévisme ». Elle ajoute : « Hitler croyait qu'en s'attaquant aux Juifs, on effriterait les piliers du pouvoir soviétique et hâterait son effondrement. Par ailleurs, le territoire de l'Est était envisagé comme un Lebensraum, un espace vital destiné à être exploité et colonisé par le Troisième Reich ».



L'auteur nous présente une « histoire à hauteur d'homme », car elle suit véritablement de nombreuses familles pas à pas, dans cet enfer que fut la Deuxième Guerre mondiale sur le front russe. Son travail repose sur dix années de recherches. Les archives étudiées et présentées sont nombreuses. Il y a un sentiment très particulier qui nous frappe en lisant ce livre décrivant page après page ce cortège de massacres inhumains. Heureusement que nous sont racontés, malgré tout, des actes héroïques et généreux. Cela évite de désespérer totalement de l'Homme…





Franck ABED
Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
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A l'heure où l'on parle quotidiennement de l'Ukraine et de lieux tels que Kiev, Lvov, Kharkov, Marioupol... la lecture de ce livre arrive à point pour rappeler qu'ils ont déjà été, il y a 80 ans, des lieux de massacre et de mort.
On a souvent braqué les projecteurs sur l'extermination des populations juives dans les camps et moins évoqué le sinistre travail des Einsatzgruppen et de leurs supplétifs dans les territoires pris à l'Union Soviétique, dont l'horrible productivité n'a pourtant pas été en reste.
Le travail de Marie Moutier-Bitan pourrait presque paraître exhaustif sur le sujet et montre toute l'horreur de l'effacement de populations juives implantées de longue date mais qui n'ont souvent bénéficié que de peu de compassion de la part de leurs anciens voisins.
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Les professeurs d'histoire pourront puiser dans cet ouvrage pour enseigner comment les populations juives des territoires soviétiques occupés ont été assassinées à partir du déclenchement de l'opération Barbarossa en juin 1941 : depuis les premières fusillades de masse perpétrées par les Einsatzgruppen jusqu'à la liquidation des derniers ghettos et à l'incinération des corps des victimes sur d'immenses brasiers dans le cadre de l'opération 1005.
Ils y trouveront des descriptions très précises des opérations de tuerie, dont le massacre de Babi Yar, qui fit 33 771 victimes à Kiev les 29 et 30 septembre 1941.
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La Shoah, le pire des génocides parmi tant d'autres.
À désespérer de l'Homme, malgré les Justes parmi les nations…
Même disparus, ces assassins d'innocents, quels qu'ils soient et au-delà du temps : nul pardon, nul oubli, qu'ils soient maudits à jamais !

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critiques presse (1)
LeMonde
12 décembre 2022
Marie Moutier-Bitan s’est appuyée sur ces acquis, mais surtout sur sa connaissance du terrain, pour livrer une synthèse foisonnante. A partir d’entretiens réalisés par les équipes de l’association française Yahad-In Unum, dont elle est responsable, elle restitue minutieusement la réalité concrète des massacres en Lituanie, en Ukraine ou en Biélorussie.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La dernière nuit dans le ghetto était le vestibule de la mort. L’insomnie et l’angoisse étaient les derniers compagnons des détenus. Très souvent, peu de Juifs étaient dupes, en dépit des efforts des Allemands pour ne laisser filtrer aucune information dans le ghetto. Il arrivait déjà que, quelques jours auparavant, des paysans non juifs avertissent les Juifs d’une prochaine fusillade. Ils étaient les premiers au courant, en tout état de cause : on pouvait difficilement manquer de repérer des fosses communes fraîchement creusées aux alentours, d’autant plus quand les autorités allemandes, via les starostes, avaient réquisitionné la main-d’œuvre locale pour le faire.
( . . . )
À défaut de pouvoir quitter le ghetto, la nuit était consacrée à l’aménagement de la cachette, que l’on avait parfois préparée depuis des mois, comme c’était le cas de bunkers à Rogatine. On guettait le moindre bruit qui signalerait l’entrée des forces d’extermination dans le ghetto pour se précipiter dans la planque. Les moins prévoyants passèrent une nuit blanche à chercher une solution pour eux et leurs familles. Et enfin d’autres, dont les voix ne sont pas parvenues jusqu’à nous, acceptèrent leur destin et trompèrent parfois l’attente de la mort dans la prière. Après des mois et des mois de privations, de deuils successifs, de peur, de faim, de froid, de lutte pour un travail, de combat contre les épidémies, de souffrances quotidiennes sous les coups des bourreaux, la mort put être envisagée comme une délivrance.
C’était aussi l’heure des adieux. À Louninets, Susi Grunberg-Gelbardova, née en 1910, écrivit à son mari le 1er septembre 1942, soit la veille de l’anéantissement du ghetto :
« Mon mari bien-aimé ! Je suis assise peut-être pour la dernière fois dans cette chambre où nous avons été si heureux ; et je t’écris quelques mots d’adieux. J’ai le sentiment que tu es en vie et j’espère que ces lignes vont te parvenir. Les fosses sont prêtes, tôt ou tard, probablement cette nuit, l’inévitable va se produire. Je meurs à contrecœur, mais je veux mourir comme un "homme" si je ne parviens pas à m’enfuir. Je ne sais pas encore ce que je vais faire avec l’enfant. L’étau se resserre tant qu’on ne peut pas s’évader. Je ne peux pas dire que j’ai peur, même si je suis nerveuse »
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« Les 13 et 14 juillet 1942, la population juive du ghetto de Rovno passa de 5200 – dont 1182 enfants – à néant. Les rues étaient vides, silencieuses et désordonnées, comme après le passage d’un cataclysme incarné par le 33e bataillon de réserve de la police allemande et la milice ukrainienne locale. L’arrestation des Juifs s’est déroulée dans un climat de violence extrême, sous les coups, les cris, les tirs. Au lendemain du 14 juillet 1942, il ne restait que des traces fugaces de l’existence de ces hommes, femmes et enfants qui gisaient désormais dans des fosses communes dans une carrière près de Kostopol. Des meubles, des vêtements, des photographies, objets laissés dans les appartements aux vitres et aux portes brisées, tout cela représentait les derniers témoignages des Juifs de Rovno. » (p. 384)
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Videos de Marie Moutier (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Moutier
A l'occasion du 24e Rendez-vous de l'Histoire de Blois, Marie Moutier vous présente son ouvrage "Nouvelle histoire de la Shoah" aux éditions Passés composés.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545527/nouvelle-histoire-de-la-shoah
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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