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Etrange, vous avez dit étrange, oui j'ai dit étrange.

Un metteur polonais décide de mettre en scène un court roman d'un dramaturge autrichien. Pourquoi choisit-il ce court roman et non une pièce de théâtre allez savoir ... Rien ne fonctionne comme il le voudrait. Et puis le tout prend un tour endiablé à la Krasznahorkai. Bon, vous me direz, c'est un Hongrois, pas un Polonais. Certes, mais quand même...

Belle écriture, rythme soutenu, et c'est peu dire, une belle découverte de ce jeune auteur français.
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«Qui peut se douter que les romans changent quand on ne les lit pas ?»

Le directeur d'un théâtre parisien en vue, désireux de faire preuve (pour une fois) d'audace, a confié à un metteur en scène polonais célèbre la tâche de mettre en scène le roman d'un grand auteur autrichien disparu – un roman pour lequel celui-ci s'est enthousiasmé, n'en ayant lu toutefois que les dix ou vingt premières pages. Pour cette mise en scène, programmée à l'ouverture de la saison dans ce grand théâtre, le metteur en scène polonais a reçu beaucoup d'argent, et toute liberté ou presque.

Hélas, ce roman à peine entamé, s'avère à la relecture piégé, versatile et changeant. Lorsque le metteur en scène ouvre à nouveau le livre pour enfin le lire, le texte s'est transformé. À chaque nouvelle lecture il mute, et les personnages, surpuissants, semblent incontrôlables. le metteur en scène polonais devient fou, la mise en scène chose impossible et la pièce de théâtre une débâcle annoncée.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
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C'est grâce à ma participation au Prix des lecteurs 2016 de l'excellente librairie L'Armitière, que cet Objet Littéraire Non Identifié m'est tombé entre les mains.

Notre metteur en scène polonais tente de venir à bout de l'adaptation théâtrale d'un roman autrichien, roman dont le contenu instable évolue à chacune de ses lectures, ce qui n'est finalement pas si grave dans la mesure où le metteur en scène lui-même n'est pas allé au-delà de la trentième page, distribuant des rôles à des acteurs qui n'y joueront finalement pas, les faisant répéter sans leur parler, éclatant un budget pourtant conséquent. Bref, ce qui devait être l'événement d'ouverture de la saison théâtrale parisienne, se transforme en chronique d'un fiasco annoncé. Voilà pour l'histoire.

Mais celle-ci n'est finalement pas si importante que cela. Elle pourrait même être qualifiée d'accessoire. Car l'intérêt de ce - court - livre, c'est l'incroyable tourbillon dans lequel Antoine Mouton enferme son lecteur dès les premières pages pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin. Obsédant, inquiétant, déroutant, il nous martèle page après page les symptômes de la folie de son personnage en réussissant pour cela un exercice de style original.

Les phrases sont longues, incroyablement longues (parfois plus de deux pages), les reprises incessantes, les boucles bouclent et rebouclent et comme un derviche tourneur de l'antienne obsessionnelle, Antoine Mouton nous entraîne peu à peu dans l'inévitable folie de son metteur en scène. C'est bien fait, c'est maîtrisé, c'est brillant.

Mais à vrai dire, à la fin, c'est un peu fatiguant...
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Antoine Mouton réussit, grâce à cette catalyse, à éviter l'exercice de style intégral, absolument parfait mais un peu vide. En déployant un système à la Nolan (Inception, Inerstellar), un foisonnement causé par, quoi d'autre que l'amour fou, Antoine Mouton pose par la même occasion une pierre dans le paysage littéraire français. de la ruse et du coeur.
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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J'avoue avoir eu quelques craintes après un cheminement de quelques pages dans ce très court roman. L'auteur nous livre rapidement quelques belles trouvailles littéraires en associant affolement et folie ou en jouant sur le double sens des mots dans l'expression ‘folie passagère'. Mais il exhibe ses trouvailles de manière si démonstrative et appuyée que, oui vraiment, j'ai craint le pire.

Pourtant la suite fait vite oublier ce cabotinage désagréable et on suit avec plaisir Antoine Mouton dans ce délire à la croisée des chemins entre farce, roman noir et drame existentiel. Plusieurs chemins de lecture possible en tous cas.

Dans mon cas, je retiens notamment une peinture drôle et critique du monde du théâtre. L'histoire du théâtre au XXème siècle ne manque pas de grands metteurs en scène polonais avec Kantor ou Grotowski. Mais personnellement je me demande si ce n'est pas Krzysztof Warlikowski qui a inspiré le personnage principal dont il partage quelques caractéristiques communes: coqueluche du monde du théâtre européen, invité à jouer en France dans des institutions publiques prestigieuses (l'Odéon, Chaillot), il a fait jouer une grande actrice française (Isabelle Huppert). Sous son camouflage romanesque, Antoine Mouton nous fait une subtile description tout à fait réussie de l'écosystème théâtral et de ses personnages principaux : le metteur en scène en démiurge pervers et capricieux mais finalement impuissant, les acteurs/actrices en stars humiliés, le directeur de théâtre en carriériste zélé prompt à suivre la direction du vent, le public, les critiques …

Je retiens aussi cette incroyable logorrhée qui coule en permanence à travers le roman. Les phrases d'Antoine Mouton sont enflées de métastases qui prolifèrent comme les bulles dans un bain moussant. le langage d'Antoine Mouton cherche à tout dire : ses phrases ont un début mais rebondissent en permanence sur ce qu'il convient de rajouter pour être complet, pour bien faire comprendre les tenants et les aboutissants, pour remonter aux causes sans oublier bien sûr les conséquences, et moins encore les connexions entre les choses, les êtres et les évènements. le langage d'Antoine Mouton cherche à tout dire mais évidemment n'y arrive jamais car que peut le langage pour rendre compte du monde, de sa complexité, de son instabilité et de sa folie ?

Et pourtant, malgré cela, en refermant le livre, il reste au lecteur le doux plaisir de s'être laissé embarqué de manière virtuose dans une histoire diablement bien racontée.
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Court roman (classement de la médiathèque) ou longue nouvelle (classement de l'éditeur)? Un texte court en tout cas, avec des phrases interminables et de nombreuses répétitions qui doivent être censées rendre compte de la montée de la folie du metteur en scène. Les personnages ne sont jamais nommés (avec un nom propre ou un prénom) mais désignés par leur fonction et leur nationalité (« le metteur en scène polonais », « le directeur de théâtre français », etc.), ce qui alourdit considérablement le texte et la lecture au fil des pages. Une réflexion sur la folie, l'amour, la mort plus que sur le théâtre, qui ne m'a pas passionnée, mais le dénouement inattendu vaut la peine d'aller jusqu'à la dernière page…
Lien : http://vdujardin.com/blog/mo..
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Reprenant les paroles mêmes de l'auteur lorsque je l'ai félicité pour son roman délirant, je me suis dit qu'il n'y avait pas meilleur résumé que ce « labyrinthe syntaxique », la présence des deux « y » dans la formule et cet hellénisme latent. Car « le metteur en scène polonais » est tout sauf banal tant sur le plan de la « syntaxe » que sur celui du fond.
D'abord, ça se lit comme un roman mais c'est présenté comme une pièce de théâtre, avec la distribution au début, des didascalies au milieu mais une narration la plupart du temps, pas de dialogues en fait.
A l'opposé, comme en négatif, on apprend que ce fameux metteur en scène est en train de devenir fou à cause de cette pièce qu'il monte. Cette pièce est justement l'adaptation du roman d'un auteur qui n'écrit que des pièces sauf ce roman précisément que le metteur en scène polonais voudrait adapter. On peut faire plus simple. Il faut dire que le mot d'ordre du roman d'Antoine Mouton semble être « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Compliqué mais ténu.
L'ambiance de cette folie en progrès lorgne vers Kafka et la référence au château en fin de parcours me paraît presque évidente mais aussi, pour l'absurdité des situations, vers Boris Vian. Par exemple, que vient faire cette armoire sans style livrée de Suède et dont le metteur en scène a hérité d'une dame qu'il ne connaît pas ou qu'il ne connaît plus. Est-ce sa folie, notre folie ou celle de son auteur qui nous mène en bateau ?
Les personnages rencontrés sont tout aussi loufoques : du philosophe grec, genre Diogène qui vit à l'hôtel avec son chien en passant par « la grande actrice française » ou « l'interprète alcoolique » qui ne sait pas bien la langue qu'il traduit , en fait, il sait moins bien le français que le metteur en scène qui le garde quand même auprès de lui malgré les sommes folles qu'il fait dépenser à la régie menée par « le comptable », lui-même chapeauté par «le directeur du théâtre français ». Aucun n'a de nom mais n'existe que par sa fonction : « le détective portugais », « l'assistante norvégienne », le scénographe hongrois »…c'est très européen, tout ça.
Le style, certes labyrinthique à la Proust, montre la folie qui se noue, j'y vois plutôt un maelstrom de réflexions qui s'enchevêtrent jusqu'à un absurde qui ne fait plus voir qu'une lucarne de réalité dans laquelle, le metteur en scène au mieux de sa forme, partage sans cesse des oeufs durs avec ses congénères. Il y a du Chapelier Fou d'Alice aussi.
Donc, pour conclure, finir et terminer voire clore, c'est un roman des plus originaux d'un jeune auteur qui promet et surtout qui ose inventer encore.
On regrette simplement qu'il n'eût le Médicis
A cause de Titus et de sa Bérénice.
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