Reprenant les paroles mêmes de l'auteur lorsque je l'ai félicité pour son roman délirant, je me suis dit qu'il n'y avait pas meilleur résumé que ce « labyrinthe syntaxique », la présence des deux « y » dans la formule et cet hellénisme latent. Car «
le metteur en scène polonais » est tout sauf banal tant sur le plan de la « syntaxe » que sur celui du fond.
D'abord, ça se lit comme un roman mais c'est présenté comme une pièce de
théâtre, avec la distribution au début, des didascalies au milieu mais une narration la plupart du temps, pas de dialogues en fait.
A l'opposé, comme en négatif, on apprend que ce fameux metteur en scène est en train de devenir fou à cause de cette pièce qu'il monte. Cette pièce est justement l'adaptation du roman d'un auteur qui n'écrit que des pièces sauf ce roman précisément que
le metteur en scène polonais voudrait adapter. On peut faire plus simple. Il faut dire que le mot d'ordre du roman d'
Antoine Mouton semble être « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Compliqué mais ténu.
L'ambiance de cette folie en progrès lorgne vers Kafka et la référence au château en fin de parcours me paraît presque évidente mais aussi, pour l'absurdité des situations, vers
Boris Vian. Par exemple, que vient faire cette armoire sans style livrée de Suède et dont le metteur en scène a hérité d'une dame qu'il ne connaît pas ou qu'il ne connaît plus. Est-ce sa folie, notre folie ou celle de son auteur qui nous mène en bateau ?
Les personnages rencontrés sont tout aussi loufoques : du philosophe grec, genre Diogène qui vit à l'hôtel avec son chien en passant par « la grande actrice française » ou « l'interprète alcoolique » qui ne sait pas bien la langue qu'il traduit , en fait, il sait moins bien le français que le metteur en scène qui le garde quand même auprès de lui malgré les sommes folles qu'il fait dépenser à la régie menée par « le comptable », lui-même chapeauté par «le directeur du
théâtre français ». Aucun n'a de nom mais n'existe que par sa fonction : « le détective portugais », « l'assistante norvégienne », le scénographe hongrois »…c'est très européen, tout ça.
Le style, certes labyrinthique à la
Proust, montre la folie qui se noue, j'y vois plutôt un maelstrom de réflexions qui s'enchevêtrent jusqu'à un absurde qui ne fait plus voir qu'une lucarne de réalité dans laquelle, le metteur en scène au mieux de sa forme, partage sans cesse des oeufs durs avec ses congénères. Il y a du Chapelier Fou d'Alice aussi.
Donc, pour conclure, finir et terminer voire clore, c'est un roman des plus originaux d'un jeune auteur qui promet et surtout qui ose inventer encore.
On regrette simplement qu'il n'eût le Médicis
A cause de Titus et de sa Bérénice.