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EAN : 9782757859711
440 pages
Points (14/04/2016)
4.15/5   273 notes
Résumé :
Chalumeau en main, John LaLiberté, ironworker comme ses ancêtres, sectionne l'acier à la recherche de survivants. Les Twin Towers viennent de s'effondrer sous ses yeux. Depuis le premier rivet porté au rouge dans un brasero, jusqu'à la construction de la Liberty Tower, six générations de Mohawks ont bâti l'Amérique. La légende dit qu'ils n'ont pas le vertige. Peut-on apprendre à maîtriser sa peur ?

«Aussi loin que je me souvienne j'ai voulu marcher su... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
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Ciel d'acier


Excellent récit romancé, pour lequel je remercie Babelio et les éditions Points de m'avoir accordé leur confiance.

Pour résumer en deux mots, il est question des tours jumelles, celles qu'un fanatisme aveugle et inhumain a détruit et avec elles fait disparaître quelques trois mille personnes qui n'avaient rien demandé.
Mais c'est aussi l'histoire de ces sacrés petits gars qui les ont construites, elles et tous les autres monuments de verre et d'acier qui sont de nos jours l'apanage de tous les centres villes des mégalopoles. Pas n'importe lesquels : on sait que nombre d'Irlandais ont participé à ces chantiers du début du vingtième siècle : ici ce sont les indiens mohawks, qui descendaient du Canada pour assurer des revenus confortables à leurs familles, restées au pays.

John Laliberté assiste en direct à la catastrophe. S'il s'inscrit d'emblée sur la liste des volontaires pour le déblaiement, ce n'est pas seulement parce qu'il fait partie de cette corporation pour qui les buildings sont leurs oeuvres, c'est aussi pour tenter de retrouver l'outil de son père , mort sur le chantier et que ses collègues avaient caché.

Pour ces ouvriers, c' était une joie, un honneur d'être embauché sur le chantier des ces tours construites comme on ne l'avait jamais fait.C'est avec amusement qu'ils laissent se perpétuer la légende qu'on se garde de contredire mais qui se transmet comme une bonne blague : eh oui, les indiens ressentent aussi le vertige, c'est la volonté puis l'habitude qui les rend aussi téméraires sur les poutres de métal. Au risque d'y laisser la vie (le focus sur les conditions de travail des ouvriers est assez édifiant).

Si la construction des tours constitue une part non négligeable du récit, le drame qui les a détruites est tout aussi importante. Bien sûr, on a tous vu ce nuage de poussière s'élevant devant nos yeux incrédules, diffusé en direct sur tous les écrans du monde. Mais au delà des chiffres qui chaque jour évaluaient le nombre de victimes à la hausse et que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait (et l'on sait maintenant à quel point il était vain), qu'a-t-on su de l'enfer de ceux qui ont déblayé les décombres : neufs mois d'horreur, d'exposition à de multiples dangers, des inhalations de toxiques au risque d'effondrement, avec en filigrane la découverte permanente de restes humains.

Ce premier roman a de nombreuses qualités : une écriture simple et claire, une alternance des époques qui le rend vivant (au risque cependant de parfois créer la confusion pour identifier les générations), un intérêt pédagogique certain et une charge émotionnelle que les vingt-cinq ans passés n'ont pas estompée.

Challenge pavés 2016-2017






Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ciel d'Acier, roman polyphonique palpitant et instructif, vous convie à un festin de roi.
Celui de la tribu des indiens Mohawk sur plusieurs générations.

De tout temps, ils ont été perçus comme des bâtisseurs de grand talent.
Prétendument insensibles au vertige qu'ils éradiquaient à grandes lampées d'alcool, ces travailleurs hors norme constituèrent une main d'oeuvre de premier choix dans l'élaboration de monuments vertigineux.

Premier roman pour Michel Moutot, le résultat force le respect.
Mêlant habilement histoire contemporaine avec celle de la tribu des Mohawks, il revisite un siècle de gigantisme industriel tout en évoquant les tragédies et les hauts faits d'arme qui auront forgé le destin de ce peuple d'édificateurs.
De l'effondrement du pont de Québec de 1907 à celui du World Trade Center en passant par l'élaboration de l'Empire State Building et de la Liberty Tower, l'auteur s'appuie sur des personnages fictifs ayant traversé des situations ancrées dans le réel.

Passionnant de par la personnalité affichée de ses protagonistes, Ciel d'Acier l'est tout autant lorsqu'il fait montre d'une pédagogie historique captivante.
Notamment en évoquant l'après 11 septembre et ses particularismes aussi peinants que surprenants.
C'est avec stupeur que j'ai ainsi découvert qu'un corps pouvait, sous l'effet d'une pression gigantesque subie, tout bonnement s'évaporer.
Bon nombre de sauveteurs, au contact d'air vicié, développeront, par la suite, un cancer alors qu'aux dires de Juliani, ancien maire de NY, la qualité de l'oxygène était de première bourre.
Les anecdotes pullulent, égrenées au rythme des travaux gargantuesques de ces ironworker qui auront, ainsi, largement contribué à la construction d'une Amérique alors en pleine mutation.
Le saviez-vous, les jours suivant le 11 septembre, les chiens secouristes déprimaient à force de ne trouver que des cadavres c'est pourquoi les sauveteurs usaient de subterfuges en leur faisant découvrir de faux accidentés afin qu'ils recouvrent le moral !

Héros des temps modernes, certes, mais peuple qui aura payé un lourd tribut en son temps.
L'effondrement du pont de Québec, en 1907, est encore dans toutes les mémoires, en tout cas les leurs.
Une structure qui s'affaisse, un ingénieur, Théodore Cooper, quelque peu incompétent et ce sont 76 victimes dont 33 Mohawks qui le payeront de leur vie, décimant alors cette tribu généreusement pourvoyeuse d'ouvriers hors norme. Par la suite, il sera décrété que les Mohawks devront alors travailler sur des chantiers distincts afin d'éviter toute nouvelle hécatombe.

Si le travail d'Historien fascine, celui évoquant ce dur labeur magnétise itou.
Libres, tel est leur leitmotiv atavique, toujours d'actualité.
Se jouant de la gravitation tel l'homme-oiseau, l'ironworker répond à une tradition ancestrale continuellement perpétuée.

Us et coutumes (souder ses outils dans l'ossature metallique de la construction) parsèment généreusement cet ouvrage, apportant une réelle valeur ajoutée.

Il y aurait tant à dire sur ce roman magistral.
Le mieux est encore de s'y plonger corps et âme au rythme lancinant de ces intrépides et infatigables conquérants.
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Un livre coup de poing, un livre magistral ! Dans le premier chapitre titré : New York City, le 12 septembre 2001, John LaLiberté découpe, au chalumeau, les poutres d'acier pour dégager des passages pour les pompiers et les policiers à la recherche des victimes. Tout de suite plongée dans la terrible réalité de l'attentat du 11 septembre des Twin Towers, je ne peux retenir mes larmes. Michel Moutot raconte comment la légende qui prétend que les ironworkers n'éprouvent pas le vertige est née en juin 1886 lors de la construction d'un pont métallique qui enjambe le Saint-Laurent. Dans Ciel d'acier, Michel Moutot m'a baladée d'une époque à l'autre, les titres des chapitres révèlent le lieu et le mois pendant lesquels se déroulent les actions, plus précisément l'on passe de 2001 à 1886 ensuite 1968, 2001, 1886, 1970, 2001, 1885, 1970, 2001, 1907, 2001, 1907, 2011, 2001, 1908, 2011, 2001, 2001, 2002, 2002, 2003, 2005 et pour terminer le 1er septembre 2012. Ciel d'acier c'est autant une saga familiale, la famille LaLiberté, que l'histoire de la tribu des Mohawks, indiens canadiens, dont les ironworkes sont les plus réputés. Le fait de passer d'une époque à l'autre m'a permis de gérer mes émotions. John LaLiberté est présent dès le premier jour de l'attentat jusqu'à la construction du One World Trade Center, la Liberty Tower ; son père, Jack dit Tool, le seul ironworker décédé pendant la construction du World Trade Center, au sommet duquel il a été frappé par la foudre avait, un jour, emmené John, adolescent, au sommet des Tours jumelles.
Michel Moutot a reçu le prix Louis-Hachette pour sa couverture des attentats du 11 septembre ; ce roman rend hommage aux victimes et à tous ceux qui ont travaillé sans relâche à la recherche de celles-ci. Belle écriture.

Challenge Atout prix 2017 – Prix Gironde, nouvelles écritures 2015
Grand Prix 2016 – Meilleur Roman des lecteurs de Points
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"Déjeuner au sommet d'un gratte ciel" (Lunch atop a skyscraper) de Charles C. Ebbets

...une des photos les plus vendues au monde.
Je vous invite à la chercher sur internet, si besoin, car elle met le lecteur immédiatement en orbite, dans cet excellent livre de docu-fiction . Elle fait partie d'une série de clichés prise pendant la construction du Rockefeller Center en 1932, pour un reportage de presse rendant hommage au travail des ironworkers, tout en stigmatisant les conditions de sécurité.

Michel Moutot est journaliste et a couvert les évènements du 11septembre au plus près du terrain. Dans ce premier roman fort réussi, il choisit de raconter le parcours des indiens canadiens de la tribu mohawks dans leurs talents de constructeurs dans les nuages et sur poutrelles d'acier, avec le décor de la skyline de New York.


Des ponts sur le Saint Laurent au début du 20ème siècle à la construction des Twin Towers, de l'abominable déblaiement du WoldTradeCenter jusqu'à l'inauguration de la One World Trade Center, nouvelle vigie de Manhattan, c'est un voyage dans les airs pour qui ne craint pas le vertige.

Par la fiction et des personnages charismatiques, l'auteur nous fait passer intelligemment par tous les stades de la construction et de la déconstrution de ponts ou de gratte-ciels.
C'est une épopée, passionnante de bout en bout, suffisamment romanesque pour ne pas perdre le lecteur en route, très documentée historiquement et architecturalement et qui griffe au passage les travers américains en terme d'héroïsme.

Vertigineux!
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Tapez "Lunch atop a skyscraper" dans un moteur de recherche et vous tomberez sur une célèbre photographie. Prise en 1932, elle montre onze ouvriers en train de déjeuner assis sur une poutre d'un building du Rockefeller Center en construction.
À 240 mètres de hauteur. Sans aucune assurance.
La simple vue de ce cliché fait trembler mes jambes et me donne des sueurs froides, parce que je suis sujette au vertige. Mais tout en me mettant dans cet état, cette photo m'a toujours fascinée.

Des chantiers, vous en avez certainement tous vu ; l'image d'une grue déposant une à une les pièces vous est sûrement familière. Mais vous êtes-vous jamais demandé comment on construisait des tours géantes ?
Les tours jumelles du World Trade Center par exemple ?
Ces tours culminaient à plus de quatre cent mètres de hauteur ; vous imaginez bien que ce n'est pas à l'aide de simples grues posées au sol qu'elles ont pu être érigées.
Alors, comment les a-t-on bâties ?
Si vous voulez le savoir, lisez Ciel d'acier.
J'ai dévoré ce petit pavé en quelques jours, ce fut une lecture passionnante.
J'y ai trouvé de la technique mais surtout de l'humain. Beaucoup d'humain.
Parce qu'apprendre comment le World Trade Center a été édifié, ce n'est pas seulement comprendre les procédés employés : c'est avant tout découvrir comment les hommes ont travaillé sur ces tours et surtout qui ils étaient et comment ils vivaient.
Lisez Ciel d'acier et vous ferez la connaissance des Mohawks, ces indiens du Québec qui travaillent depuis plus d'un siècle sur les chantiers les plus fous de l'Amérique.

Michel Moutot est journaliste. Il a couvert les attentats du 11 septembre 2001 à New York et a passé des jours à Ground zero. Il a raconté dans un interview que ce sont les pompiers et les sauveteurs avec lesquels il a discuté qui lui ont parlé des Mohawks. Il a réussi à échanger avec certains d'entre eux et de ces discussions lui est venu l'envie de raconter leur histoire.
Michel Moutot s'est beaucoup documenté et son livre est fondé sur des faits historiques réels. Tous les événements relatés sont vrais mais, en tant que romancier, il a créé des personnages et inventé une trame qu'il a intégrée dans L Histoire
On suit ainsi une famille de Mohawks sur plusieurs générations. Ils sont "ironworkers" (monteurs d'acier) de père en fils et à travers eux Michel Moutot nous fait découvrir tout un pan de l'histoire américaine.
Les chapitres relatant le découpage des poutres d'acier effectués par les ironworkers après l'effondrement des tours pour que les secouristes puissent fouiller les décombres à la recherche de victimes ne peuvent laisser personne insensible. D'autant plus qu'à travers les allers-retours dans le temps on suit en alternance la construction de ces mêmes tours.
Construction - Destruction dans un parallèle saisissant.
Fierté des ironworkers de participer à un chantier exceptionnel - Infinie tristesse, au-delà des pertes humaines, de voir leur oeuvre détruite.
Les descriptions de la désolation après la chute sont bouleversantes.
Gravats et cendres d'un "Pompéi moderne". Sauf que ces dégâts, matériels et humains, ne sont pas dus à un cataclysme naturel ; ils sont l'oeuvre d'esprits pervers et diaboliques que je n'arrive pas à qualifier d'humains. John LaLiberté qui assiste interloqué à l'effondrement des deux tours s'interroge fort justement : "Qui peut nous haïr à ce point ?"
Les ironworkers forcent le respect. Ils font preuve, lors du déblaiement, de la même conscience professionnelle que celle qui les avait animés lors de la construction. Alors que le travail est infiniment plus douloureux, l'espoir de retrouver des survivants se muant rapidement en désespoir de ne rien retrouver. La volonté farouche de sauver d'éventuels rescapés se heurte très vite à la terrible réalité : personne n'a pu sortir vivant de cet écrasement monstrueux.
Tous poursuivent tout de même le travail rude et dangereux au milieu des gaz et des fumées toxiques, tous continuent à découper l'acier pour qu'il puisse être évacué afin de faire disparaître le plus rapidement possible les traces de l'attentat et laisser la place à une nouvelle construction.
Ciel d'acier est à la fois un roman historique, une saga familiale et une présentation des coutumes des Mohawks.
Ce n'est pas une grande oeuvre littéraire, et c'est le seul reproche que je ferais : il est écrit dans un style très simple, très plat. Mais il est passionnant et se dévore en un rien de temps.
Instructif et captivant, il offre au lecteur un très beau voyage et constitue un magnifique hommage aux bâtisseurs et aux victimes.
Alors, sujet au vertige ou non, enfilez votre baudrier, attachez-vous bien, et venez suivre la vie des Mohawks. Vous ne le regretterez pas.
Une petite réflexion pour finir.
La légende disait que les Mohawks étaient ironworkers car ils étaient insensibles au vertige. C'est complètement faux ! Ils ne le sont pas plus que le reste de la population, mais ils sont prêts à prendre des risques, à travailler dur, pour gagner leur vie et nourrir leur famille.
Cette légende a certainement longtemps arrangé ceux qui leur faisaient risquer leur vie sur les chantiers.
Les temps ont changé et les conditions de sécurité sur les hautes constructions sont heureusement devenues très strictes.
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critiques presse (1)
Telerama
11 février 2015
Entre information et fiction, rigueur et romanesque, Michel Moutot trouve l'équilibre et signe un livre par moments vertigineux. Ce qui est bien la moindre des choses...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
La sueur me brûle les yeux. Je ne supporte plus ces lunettes de soudeur, ce masque, j’étouffe. Mais si je les enlève Dieu sait ce que je vais avaler. Cette poussière, ces fumées sont toxiques. Elles étaient farcies d’amiante et de saloperies ces tours. Mon oncle disait que les structures d’acier étaient recouvertes de flocage et de peinture au plomb. Il y avait des cabinets de dentistes dans les étages, des stocks de produits chimiques dans les sous-sols du World Trade Center, le gaz fréon des climatiseurs géants, le kérosène des avions. On respire du poison.
Mais s’il y a des survivants dans ce magma, ce mikado d’enfer, c’est le seul moyen de les trouver. Découper l’acier, sectionner les poutres, ouvrir des passages, faire des voies, des tunnels pour avancer, explorer les cavités, peut-être des refuges. Encore cinq minutes. Cinq minutes et J aurai fini de brûler cette section de métal. Je pourrai accrocher le câble et la grue la soulèvera. Attention aux éboulements. Où est le crochet ?
Les fumées s’épaississent, l’odeur est atroce, je vois à peine mes mains. Les rampes d’éclairages lèvent un halo de poussière lumineuse. La poutre sur laquelle je suis en équilibre tremble, elle est chaude, je sens la chaleur à travers mes chaussures, les semelles fondent. Il faut bouger de là. Andy devrait être sur ma droite mais dans ce brouillard je ne le vois plus. Je l’entends. Le souffle du chalumeau, là derrière, les étincelles, ce doit être lui. Merde ! La flamme de ma torche à découper faiblit… Plus d’oxygène !… Bon, j’enlève le masque. Le ciel pâlit sur l’Hudson, c’est bientôt l’aube.
Hier matin, je suis arrivé tôt sur le chantier d’un hôtel à la pointe sud de Manhattan. Pour nous, les ironworkers – les Québécois disent monteurs d’acier -, qui connectons entre elles les structures des gratte-ciel, le travail était presque terminé. Quelques poutres à boulonner et souder, les dernières, tout en haut, et, dans une semaine, ce devait être la cérémonie d’achèvement du squelette de l’immeuble, le topping-out. Un autre gratte-ciel sur la ligne d’horizon à Manhattan.
Et sur celui-ci, comme sur tous les géants de la ville, nous sommes là. Indiens mohawks : Canadiens ou Américains, descendus de nos réserves près de Montréal ou sur la frontière avec les États-Unis. New York est monté à l’assaut du ciel grâce à la sueur et au sang de nos pères. Pas un chantier en hauteur, pas un pont métallique ou un grand building sans que ne résonnent, là-haut, ordres, consignes ou jurons dans notre langue. Pour leur bravoure, leur expérience, leur fiabilité, les charpentiers du fer mohawks sont réputés dans toute l’Amérique du Nord et au-delà.
À quarante-trois ans je suis la sixième génération de monteurs d’acier. Je m’appelle John LaLiberté, dit Cat. Mon vrai nom : O-ron-ia-ke-te, «Il porte le ciel. (Premières pages du livre)
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"Pour nous les monteurs d'acier indiens, ces gratte-ciel seront nos pyramides d'Égypte, notre Empire State Building, nos chefs d'œuvre. Nos pères, nos grands-pères, et leurs ancêtres avant eux ont bâti les ponts, les villes, les monuments de l'Homme blanc. Les passerelles, les montagnes de fer, les cités de l'Amérique. Avant l'invasion de nos terres, nous étions des charpentiers, des bâtisseurs de longues maisons. Quand les anciens ont compris qu'ils ne pourraient pas vaincre les envahisseurs venus de l'Est, ils ont gagné par leur travail, leur sueur, leur courage et leur sang leur place dans ce nouveau monde. Nous en sommes fiers. Nous n'avons que faire de leur sentiment de culpabilité qu'ils rachètent par des allocations, des détaxes sur les cigarettes ou des licences pour l'ouverture de casinos. Un ironworker ne vit pas de charité. Quand j'avance sur la poutre, au dessus de Manhattan, quand j'assemble a la main les pièces de leurs cathédrales d'acier, je ne suis pas dans leur univers mais dans le mien. Je marche où personne n'a marché avant moi. Dans le ciel. Avec les aigles" (P. 516)
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Pour les Mohawks, dont le sort est lié à la grande voie d'eau, descendre le fleuve et passer sous les arches de métal symbolisait le passage à une ère nouvelle. Ils l'observaient avec un mélange d'admiration et d'appréhension : le pont était la porte d'un monde inconnu, sa présence signifiait que le leur allait être bouleversé et qu'ils allaient à nouveau devoir s'adapter. Le pont Victoria annonçait la fin prochaine des bateaux de transport, la disparition des radeaux de rondins, la victoire de la roue sur la pagaie, l'unification du pays, le chemin de fer, le raccourcissement des distances, l'industrialisation, le triomphe à venir d'une société blanche, étrange et, vue de la berge à Kahnawake, toujours menaçante.
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... j'ai hâte de retourner à Ground Zero, Andy aussi. L'espoir, même ténu, subsiste. Pompiers, flics et sauveteurs ont besoin qu'on découpe pour avancer vers le cœur des décombres. Comme des combattants quittant le front après des semaines acharnées, je me rends compte que le retour à la vie ordinaire est déroutant, frustrant, décevant. Difficile de l'avouer, d'expliquer l'intensité des émotions, l'importance des enjeux, la force des sentiments. Je ne le sais pas encore, mais Ground Zero a commencé à agir sur certains d'entre nous comme une drogue.
«Dedans» c'est dur, épuisant, effrayant, dangereux, mais nous nous sentons plus qu'utiles : indispensables, admirés, investis d'une mission patriotique, sacrée, presque divine ! Difficile, presque douloureux de s'en éloigner. «Dehors», une fois passée la joie de retrouver les siens, la vie ordinaire semble fade, mièvre, médiocre, sans importance. «Ils ne savent pas, ne peuvent pas comprendre. Il faut avoir vu.»
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Une grande main se pose sur mon épaule. Je me retourne. Wild Bill Cooper, le meilleur ami de mon père. Je ne l'ai pas vu depuis des années. Ses cheveux ont blanchi, ses épaules de colosse se sont voûtées, les rides de son visage, qui entourent un grand nez d'aigle, se sont creusées. Il s'appuie sur une canne, plie à peine le genou droit. Son regard brille toujours de cette flamme qui m'impressionnait et m'effrayait lorsque j'étais enfant.
« John, petit, c'est bien que tu sois là. Je savais que, ce jour maudit, si tu étais à Manhattan, tu descendrais au Trade Center avec un chalumeau. Et que tu ne serais pas seul. Ce sont les tours de ton père. Ici, quand nous les avons vues s'écrouler, d'abord nous sommes restés pétrifiés devant la télé. Puis nous avons appelé les fils, les neveux, les jeunes. Au Canada et ailleurs. Nous leur avons dit : prenez vos outils, les chalumeaux et partez pour New York. Les twin towers sont à nous. C'est nous qui les avons construites. À vous de les mettre en terre. Et de marcher dans le ciel, de boulonner les poutres, d'honorer les ancêtres quand il sera temps de les reconstruire. »
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Vidéo de Michel Moutot
Marettimo, petite île au large de la Sicile, juillet 1902. Quand il tombe amoureux de la belle Ana, venue passer l'été dans la maison de son père, Vittorio Bevilacqua, jeune pêcheur, ne peut se douter qu'il met en marche un engrenage qui l'obligera à fuir à l'autre bout du monde. Ana est la fille de Salvatore Fontarossa, le fontaniero le plus puissant de Trapani, chef d'un clan mafieux enrichi dans les vergers de citrons de la ville. Don Salva envoie son fils aîné châtier le misérable qui a déshonoré sa fille. Mais la balle de revolver ne part pas, Vittorio se défend, le sang coule. « Quitte cette île cette nuit, pars le plus loin possible. Va en America. Ne reviens jamais, ou nous sommes tous morts », lui dit un ancien. De Naples à New York, puis à La Nouvelle-Orléans, Vittorio tente d'oublier Ana. Enceinte de lui, elle surmontera toutes les épreuves. Pour, un jour, retrouver l'homme qu'elle aime ?
"L'America", Michel Moutot.
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