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Critique de chapochapi


Lucile Rhodes mérite d'être connu.
Je ne suis pas une férue de littérature "adulescente" mais j'en connais quelques bons titres, auxquels vient s'ajouter à présent celui-ci. Pour mes références, ce roman m'a fait pensé à Harry Potter, un peu, pour quelques boules puantes "magiques" et l'importance accordée à la vie scolaire et les rapports de force qu'elle entraine, ainsi que pour les tensions politiques qui fleurissent dans les 4 derniers Potters. Mais il m'a surtout fait pensé à La Croisée des mondes par son mélange de mécanique moderne et archaïque (ici, le charbon est le seule ressource énergétique efficace), par le mélange de politique et de mysticisme. On peut aussi ajouter l'univers fantasy qui affleure sous la rationalité, sans dominer pour autant (de toutes façons, Lucile déteste les romans de fantasy, l'auteur n'allait tout de même pas la plonger dedans !) et la personnalité de la jeune Lucile, intelligente et un peu teigne comme la Lyra de Pullman. Enfin des images me reviennent (comme un souvenir tendre) du film Streamboy (pour la vapeur), de Brazil (pour Action Vapeur et pour Nozak) et d'autres encore.
Bon cessons de parler des autres, parlons de Lucile ! Je n'en ferai pas un résumé que d'autres ont déjà effectué, et puis, après tout : lisez-le, ce roman !

Ce qui m'a particulièrement plu, c'est la dimension politique de cet ouvrage. Alors qu'une fin du monde est annoncée et/ou contestée par divers hommes du monde, on suit la vie d'une gamine riche qui voit son monde basculer. Pas seulement à cause des deux lunes qui sont apparues dans le ciel, pas à cause seulement des découvertes étranges qu'elle peut faire (le Monde sans Mort, le Cérald etc), mais parce qu'elle découvre que son monde parfait ne l'est pas. Elle qui vit dans les quartiers riches chauffés prend conscience, brutalement, que les quartiers pauvres ne le sont pas en plein hiver ; que les bateleurs, souvent d'origine étrangère, souvent liés au monde du spectacle et qui ont su s'intégrer progressivement à la population, sont renvoyés du pays simplement à cause de leurs origines. Alors l'image des Juifs de la deuxième guerre ou des Roms actuellement vient immédiatement à l'esprit. La petite fille riche, Lucile Rhodes, va prend parti pour ces personnes qu'elle ne connaît pas, ou qu'elle croyait ne pas connaître. Mais dans ce monde lucide, il ne suffit pas de monter sur la table du réfectoire et de s'adresser aux autres pour se faire entendre. N'est pas héroïne qui veut.
Lucile a un autre problème : son destin semble tracé par un mystérieux journal datant du Moyen Age. Certains lui disent qu'elle ne peut en réchapper, d'autres qu'elle ne doit rien croire et elle, elle se dit qu'elle aimerait agir selon son instinct plutôt qu'en écoutant les conseils rationnels des uns et des autres. Elle se prend progressivement en main mais ce sont surtout les autres qui la portent au départ, la rendant très crédible et favorisant l'identification avec elle. La voici on ne peut plus humaine et les quelques passages faisant allusion à sa responsabilité dans l'équilibre du monde, sans faire preuve de légèreté, n'ont pas la lourdeur d'un blockbuster. Pari réussi de ce côté-là.
Le monde crée est riche et fourmille de personnages, détails, situations qui ne semblent pas avoir de liens à première vue mais composent un univers complexe et donc là encore crédible. J'adhère totalement.

Le récit est très rythmé et se lit agréablement et rapidement tant on est pris dans l'action. le style n'est pas ampoulé et ne fait preuve d'aucune niaiserie, c'est un vrai plaisir. J'aime un peu moins les sauts de lignes permanents, qui distinguent les scènes entre elles, comme un fondu au noir au cinéma, ou un changement de plan marqué. Mais cela fonctionne sur le long terme donc, après tout, pourquoi pas.
Seul bémol : la création du double de Lucile. Il me semble qu'il y a une incohérence temporelle ou alors il manque une explication cruciale. En effet, on s'attend à ce que ce double soit créé lorsque Lucile franchit la porte de verre. Mais l'oncle Charly lui explique que son père a dû prendre le train avec le double de Lucile (en sachant donc qu'il s'agissait d'un double ?) parce que la vraie avait quitté la maison pour aller à Beetrink, ce qui signifie que le double serait apparu au moment où elle quitte le domicile bien avant de franchir la Porte (c'est déjà curieux). Plus tard, Frédéric affirme à la vraie Lucile qu'elle serait morte dans le train où son double se trouvait s'il lui avait pas fait franchir la porte de Verre à ce moment. Donc le double qui est parti avec le père de Lucile, en mourant, aurait tué la vraie Lucile ? Dans tous les cas, à quoi a bien pu servir le passage par la porte de verre si le double du Monde sans la Mort existait déjà ?! Oula ! Je ne comprends plus rien là ! C'est la seule incohérence relevée dans le texte, mais elle peut suffire à perdre plus d 'un lecteur !

Bon, j'espère en tous cas lire bientôt la suite (j'ai horreur d'attendre les suites....) parce que là, ça ne peut pas s'arrêter comme cela ! comment le double va-t-il arrêter Jewel ? le père est-il définitivement mort ? Karen et les autres, que sont-ils devenus ? La fin du roman n'indique pas la présence d'une suite. Mais le roman perdrait alors sa cohérence, ce serait dommage !

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