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Georges Kassai (Traducteur)Zéno Bianu (Traducteur)
EAN : 9782253933748
156 pages
Le Livre de Poche (26/03/2003)
3.73/5   182 notes
Résumé :
La fin de l'empire austro-hongrois et ses prolongements crépusculaires ont inspiré des écrivains majeurs comme les Autrichiens Joseph Roth, Stefan Zweig ou Arthur Schnitzler. Il faut y ajouter le Hongrois Sàndor Marai (1900-1989) qui, aujourd'hui, est enfin reconnu comme un immense écrivain européen.
L'Héritage d Esther, publié en 1939, rassemble en un bref récit tout ce qui fait l'art de Marai. Retirée dans une maison qui menace ruine, engourdie dans une sol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (36) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire d'une rencontre qui n'a pas eu lieu, d'une passion qui n'a pas éclos, entre deux êtres que tout séparait, deux existences ratées, l'une dans l'attente et la frugalité, l'autre dans le mensonge et l'excès. Mais qui peut affirmer que si Lajos, l'aventurier, l'homme sans morale, le comédien, et Esther, femme raisonnable, peu sûre d'elle, résignée devant l'adversité, s'étaient unis, leurs vies auraient été meilleures ?

La tragédie en effet est inscrite au coeur des êtres ; nous comprenons vite qu'il n'y avait pas d'issue. Que les vingt ans de fade tranquillité qu'Esther a dérobé à son destin n'étaient qu'une parenthèse. Que quoi qu'il arrive Lajos aurait été séducteur, menteur et voleur, incapable d'offrir le bonheur à une femme pas plus qu'un avenir à ses enfants. Un être fait de rêves et d'intentions mais incapable d'affronter la réalité. Et les conséquences de ses actes.

Ainsi, vingt ans auparavant, après avoir séduit Esther, il avait épousé sa soeur Vilma. Peur des responsabilités ? Fuite devant une relation qui l'engageait ? Puis il avait éprouvé des regrets, la sensation de se fourvoyer, le désir de retourner vers celle qu'il croyait aimer. Mais trop tard, sans compter sur la malédiction de la jalousie...la haine qu'il avait installée entre les soeurs. Après la mort de Vilma dont il a eu deux enfants, s'en est suivi une vie de bohème et d'arnaques. Jusqu'au jour où il revient pour s'emparer du dernier bien d'Esther.

Ce passionnant roman de Sándor Márai est une puissante étude de l'âme humaine qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page, une confrontation entre deux personnages qui garderont leur part de mystère, une réflexion sur ces êtres qui viennent perturber l'ordre établi en le menaçant de destruction mais sans rien proposer en retour. Lajos est une incarnation du nihilisme, symbole d'un monde qui tombe dans le chao. C'est le deuxième ouvrage que je lis de cet auteur et j'attaque le troisième sans tarder. Une magnifique découverte !
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"Après 20 ans d'absence, Lajos revenait chez lui....il devait quelque chose à tout le monde-argent, promesses, serments!"
Esther, la narratrice, trois ans après l'ultime escroquerie de l'homme qu'elle a jadis aimé, qui s'est marié à sa soeur dont il est veuf au présent, raconte comment il l'a "dépouillée de tous ses biens" lors de leurs retrouvailles après une longue séparation.
Sandor Marai, écrivain hongrois du XX° siècle,à l'écriture flamboyante,sait faire monter crescendo la tension dramatique car la violence couve sous les cendres du passé de ce premier amour ravageur sur fond de rivalité (on pense à son roman: le premier amour). Il se base (comme pour Braises) sur la confrontation de deux êtres qui se sont perdus de vue et utilise (comme dans La Conversation de Balzano) le personnage d'un séducteur sans scrupules.Voilà un beau portrait de fourbe "dépourvu du sens des réalités", "dépensant sans compter", conscient de sa supériorité, désinvolte,fanfaron,farfelu,menteur...un vrai danger surtout pour une vieille fille esseulée et toujours amoureuse!
Quel talent pour analyser la relation complexe qui unit deux êtres! Un talent qui évoque celui de Stefan Zweig dans le voyage dans le passé.
"Le monde est un théâtre" disait Shakespeare et ce Lajos là est un sacré comédien, un manipulateur sûr de son pouvoir qui sait trouver la faille de l'autre pour l'assujettir.
Comment une femme saine d'esprit, peut-elle se laisser à nouveau bafouer ?
Il suffit de lire L'héritage d'Esther pour comprendre que l'amour est parfois un sortilège envoutant. Est-ce ainsi que les gourous soumettent leurs disciples?
C'est triste et nostalgique car l'amour est échec et désillusion mais c'est beau car Esther, sans écouter sa raison donnera tout jusqu'à son héritage!
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Que regarde cette femme, debout devant la fenêtre ? me suis-je demandé en choisisssant ce livre présent depuis bien longtemps dans ma bibliothèque.

Et me voilà plongée dans un roman superbe et passionnant où Sandor Màrai réunit deux anciens amants, Esther, jeune fille amoureuse et abandonnée par Lajos séducteur rusé et insaisissable.
Elle l'a aimé passionnément et n'a rien oublié du charme de la rencontre avec cet homme beau parleur, séducteur et escroc. Un homme qui l'a trompée et volée. Et pourtant elle est décidée à l'accueillir comme il se doit et à accepter le sort qui l'attend.

Toute la force de ce roman réside à mon sens dans la narration et la mise en scène. L'auteur instille dans cet huis-clos, une impression d'étouffement et de soumission, comme si Esther savait qu'elle allait succomber aux volontés de Lajos.

Sandor Màrai est un peintre de l'âme humaine et n'a pas son pareil pour démonter les rouages psychologiques de drames intimes dans l'univers calfeutré de la bourgeoisie.
Magnifique lecture.

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Lajos est de retour! Il a annoncé par courrier son arrivée prochaine et Esther ne se fait aucune illusion. Cet homme, qui 20 ans plus tôt lui a tout pris, revient pour achever son oeuvre et prendre la dernière et seule chose qu'elle possède encore: sa maison. Alors elle se penche sur son passé pour savoir pourquoi elle s'est laissée dépouiller ainsi par cet escroc au charme irrésistible et pourquoi elle va cette fois encore sans doute céder à sa requête.

Court -environ 150 pages- L'héritage d'Esther est un roman simple et beau sur l'amour irrépressible d'une femme pour un homme qui ne le mérite pas. Ça peut sembler banal dit ainsi mais c'est compter sans Sandor MARAI qui semble avoir le don de transcrire les sentiments les plus profonds de façon succincte mais intense. Il nous raconte le face-à-face passionnant et passionné entre une Esther vieillissante et résignée et un Lajos qui n'a rien perdu de sa superbe ni de sa verve. Chez MARAI, l'amour est une malédiction qu'il est inutile de vouloir combattre. le coeur d'Esther a battu, et bat toujours, pour Lajos malgré ses mensonges, ses trahisons et sa disparition. Il l'a dépossédée de tous ses biens et encore une fois il vient pour prendre mais c'est ainsi, ce qui a été commencé doit être achevé, c'est là tout le sens de la malédiction.
Une écriture au charme désuet et une étude approfondie de la psychologie des personnages font de ce petit livre un petit bijou à découvrir.
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Vingt ans après être parti sans se retourner, Lajos retourne dans la petite maison où vit Esther (45 ans au moment du récit), la femme qu'il disait aimer et dont il a épousé la soeur. Les non-dits, vieilles blessures et nouvelles arnaques sont au programme des réjouissances pour pimenter le quotidien de la paisible maisonnée.

Sandor Marai a créé en quelques pages un personnage à la Eugénie Grandet, ou une héroïne de Thomas Hardy. Il a fallu passer les 40 premières pages pour que j'accroche à l'histoire, mais une fois passé ce stade j'ai été omplètement happée par ce récit intense à l'atmosphère si pesante.
Dès le départ, Esther, qui est donc la narratrice de l'hsitoire, annonce qu'il s'est produit quelque chose de terrible pour elle. L'auteur joue ainsi avec les attentes du lecteur en dressant un portrait lacunaire du fameux Lajos par le discours des autres personnages qui nous font comprendre que son départ comme sa présence 20 ans plus tôt ont laissé des zones d'ombres, des doutes et des secrets. Donc malgré ce portrait indirect, le lecteur dispose de suffisamment de détails pour comprendre que le beau-frère est un orfèvre de l'escroc - en termes matiériels ou sentimentaux.

L'époque que décrit Marai oblige (fin XIXème, début XXème), l'histoire comporte de nombreuses considérations matérielles (l'argent, les mauvais placements, les dettes, la valeur chiffrée de l'héritage) car c'est bien la seule chose qu'on peut contrôler et prévoir : à l'inverse des sentiments que l'on enfoui, que l'on refoule et dont se protège de peur qu'ils nous envahissent et nous pousse à des actes qui nous détruiraient.

Les retrouvailles, si elles ont une dimension très théâtrale à plusieurs niveaux, donnent lieu à un face à face digne d'un duel à Ok Corral absolument éblouissant !

La découverte du Stefan Zweig hongrois est donc une réuddite totale pour moi !



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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
- Où sont tes limites, Lajos ? Dis-je enfin.
Les yeux papillotants, il regardait la cendre de sa cigarette.
- Drôle de question ! Quelles limites ? S'enquit-il d'une voix hésitante.
- Quelles limites ? Répétai-je. Je pense que tout homme possède une limite intérieure qui sépare le bien du mal, une limite que rend possible les relations entre les êtres humains. Mais toi, tu n'as pas de limites.
- Ce sont des mots, dit-il, en esquissant un geste comme s'il s'ennuyait. Limites, possibilités. Bien et mal. Ce ne sont que des mots, Esther. As-tu remarqué, continua-t-il, que la plupart de nos actes n'ont aucun sens, qu'ils ne visent aucun but ? On doit les accomplir, même si l'on n'en tire ni profit ni plaisir. Si tu jettes un œil sur l'ensemble de ta vie, tu es bien obligée d'admettre que tu as fait beaucoup de choses pour la seule et bonne raison que tu en avais la possibilité.
- Tout ça est un peu trop compliqué pour moi, fis-je, découragée.
- Mais non, voyons ! Déplaisant, tout au plus. Quand on atteint la fin de sa vie, Esther, on se lasse de tout ce qui vise à un but quelconque. Moi, j'ai toujours aimé les actes inexplicables.
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Au fond, j'ai toujours été faible. J'aurais voulu accomplir quelque chose sur cette terre - et je crois que je ne manquais pas tout à fait de talent. Mais l'intention et le talent ne suffisent pas. Je le sais désormais. Pour créer, il faut autre chose...une sorte de force ou de discipline particulière, ou les deux à la fois, c'est cela, je crois, qu'on appelle le caractère...
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Alors que nous étions assis sur le banc de pierre, je compris brusquement – et de façon désespérante – qu’il vient un moment où l’on ne peut plus rien « réparer ». On vit, on rapièce, on rafistole, on construit et quelquefois, on gâche son existence ; puis, avec le temps, on s’aperçoit que cette vie, telle qu’elle s’est constituée de hasards et d’erreurs, est parfaitement inaltérable. Lajos n’y pouvait plus rien. Lorsque quelqu’un surgit du passé pour annoncer, avec des trémolos dans la voix, qu’il veut « tout réparer », on ne peut que le plaindre et rire de ses intentions. Le temps avait déjà tout «réparé» à sa façon particulière, qui est la seule possible.
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Il s'est passé entre-nous, commença t-il, quelque chose qu'on ne peut pas régler avec le silence. On peut passer sa vie à taire l'essentiel. Mais il arrive qu'on ait la possibilité de parler; alors il n'est pas permis de continuer à se taire. Je crois bien que cette forme de silence constitue le péché originel dont parle la Bible. Il existe dans la vie un mensonge archaïque que l'on met longtemps à découvrir. Assieds-toi, Esther, et écoute moi. Excuse-moi mais, pour une fois, c'est moi qui serais ton juge et ton accusateur. Jusqu'à présent, en effet c'est toi qui m'a jugé. Assieds-toi, s'il te plaît.
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je ne possède plus rien, tranchai- je avec aplomb, et comme malgré moi. _je n'ai besoin de rien, répliqua t- il sans se vexer. Cette fois, c'est moi qui veux te donner quelque chose. Écoute, cela fait vingt- cinq ans que nous ne nous sommes pas vus . Nous n' aurons sans doute pas vingt- cinq autres années à vivre . En vingt - cinq ans tout devient plus clair, plus transparent , plus compréhensible. Désormais, je comprends ce qui s'est passé. Tout cela est répugnant, fis je d'une voix rauque. Répugnant et ridicule.
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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