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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que regarde cette femme, debout devant la fenêtre ? me suis-je demandé en choisisssant ce livre présent depuis bien longtemps dans ma bibliothèque.

Et me voilà plongée dans un roman superbe et passionnant où Sandor Màrai réunit deux anciens amants, Esther, jeune fille amoureuse et abandonnée par Lajos séducteur rusé et insaisissable.
Elle l'a aimé passionnément et n'a rien oublié du charme de la rencontre avec cet homme beau parleur, séducteur et escroc. Un homme qui l'a trompée et volée. Et pourtant elle est décidée à l'accueillir comme il se doit et à accepter le sort qui l'attend.

Toute la force de ce roman réside à mon sens dans la narration et la mise en scène. L'auteur instille dans cet huis-clos, une impression d'étouffement et de soumission, comme si Esther savait qu'elle allait succomber aux volontés de Lajos.

Sandor Màrai est un peintre de l'âme humaine et n'a pas son pareil pour démonter les rouages psychologiques de drames intimes dans l'univers calfeutré de la bourgeoisie.
Magnifique lecture.

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"Après 20 ans d'absence, Lajos revenait chez lui....il devait quelque chose à tout le monde-argent, promesses, serments!"
Esther, la narratrice, trois ans après l'ultime escroquerie de l'homme qu'elle a jadis aimé, qui s'est marié à sa soeur dont il est veuf au présent, raconte comment il l'a "dépouillée de tous ses biens" lors de leurs retrouvailles après une longue séparation.
Sandor Marai, écrivain hongrois du XX° siècle,à l'écriture flamboyante,sait faire monter crescendo la tension dramatique car la violence couve sous les cendres du passé de ce premier amour ravageur sur fond de rivalité (on pense à son roman: le premier amour). Il se base (comme pour Braises) sur la confrontation de deux êtres qui se sont perdus de vue et utilise (comme dans La Conversation de Balzano) le personnage d'un séducteur sans scrupules.Voilà un beau portrait de fourbe "dépourvu du sens des réalités", "dépensant sans compter", conscient de sa supériorité, désinvolte,fanfaron,farfelu,menteur...un vrai danger surtout pour une vieille fille esseulée et toujours amoureuse!
Quel talent pour analyser la relation complexe qui unit deux êtres! Un talent qui évoque celui de Stefan Zweig dans le voyage dans le passé.
"Le monde est un théâtre" disait Shakespeare et ce Lajos là est un sacré comédien, un manipulateur sûr de son pouvoir qui sait trouver la faille de l'autre pour l'assujettir.
Comment une femme saine d'esprit, peut-elle se laisser à nouveau bafouer ?
Il suffit de lire L'héritage d'Esther pour comprendre que l'amour est parfois un sortilège envoutant. Est-ce ainsi que les gourous soumettent leurs disciples?
C'est triste et nostalgique car l'amour est échec et désillusion mais c'est beau car Esther, sans écouter sa raison donnera tout jusqu'à son héritage!
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Lajos est de retour! Il a annoncé par courrier son arrivée prochaine et Esther ne se fait aucune illusion. Cet homme, qui 20 ans plus tôt lui a tout pris, revient pour achever son oeuvre et prendre la dernière et seule chose qu'elle possède encore: sa maison. Alors elle se penche sur son passé pour savoir pourquoi elle s'est laissée dépouiller ainsi par cet escroc au charme irrésistible et pourquoi elle va cette fois encore sans doute céder à sa requête.

Court -environ 150 pages- L'héritage d'Esther est un roman simple et beau sur l'amour irrépressible d'une femme pour un homme qui ne le mérite pas. Ça peut sembler banal dit ainsi mais c'est compter sans Sandor MARAI qui semble avoir le don de transcrire les sentiments les plus profonds de façon succincte mais intense. Il nous raconte le face-à-face passionnant et passionné entre une Esther vieillissante et résignée et un Lajos qui n'a rien perdu de sa superbe ni de sa verve. Chez MARAI, l'amour est une malédiction qu'il est inutile de vouloir combattre. le coeur d'Esther a battu, et bat toujours, pour Lajos malgré ses mensonges, ses trahisons et sa disparition. Il l'a dépossédée de tous ses biens et encore une fois il vient pour prendre mais c'est ainsi, ce qui a été commencé doit être achevé, c'est là tout le sens de la malédiction.
Une écriture au charme désuet et une étude approfondie de la psychologie des personnages font de ce petit livre un petit bijou à découvrir.
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D'abord, il y a ce titre énigmatique - et pour une fois une couverture bien choisie.

"Quelle terrible loi, pensais-je ! et j'en eus la chair de poule. Je m'endormis ainsi, frissonnante, hébétée, la fausse bague au doigt, comme si, parvenue à l'ai libre après un long séjour en un lieu fermé, j'eusse été brusquement saisie jusqu'au vertige par une brise forte et cruelle, par le coup de vent de la réalité."

Esther se fait vieille. Elle a choisi de vivre solitaire et presque recluse après l'immense déception que lui causât, de longues années auparavant, l'amour de sa vie, Lajos. Après vingt ans d'éclipse et malgré ses trahisons répétées, le talentueux séducteur et brillant dilettante, ruiné, fait son retour, pour affronter Esther dans une ultime passe d'armes. Au soir de leur vie et dépouillés de leur superbe, enfermés dans leurs rôles, les deux personnages se mesurent dans un face-à-face s'inscrivant dans un huis clos de plus en plus étouffant, qui fait resurgir les sentiments et les ressentiments du passé.

Pas un mot de trop dans cette fable de la cruauté et de la désillusion. Véritable petit bijou littéraire, L'héritage d'Esther est un concentré de l'immense talent de Marai, trop peu lu. L'auteur hongrois met ici en oeuvre un travail d'une précision d'orfèvre, dont toutes les pièces s'emboîtent avec une perfection diabolique. le ton est d'une justesse inégalée, et les sentiments saisis dans une complexité vertigineuse et dans la sobriété d'un style épuré. Servi par une unité de temps et de lieu, et sous-tendu de dialogues ciselés, l'Héritage d'Esther en devient presque théâtral. du grand, du très très grand Marai.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Une lecture magnifique pour une histoire lamentablement triste. Seule l'écriture rend la lecture possible de cette histoire tragique.
Esther a aimé absolument, croit-elle, l'a-t-elle cru, un homme, qui l'a attendue, qui a souhaité son courage, sa force, et qui par dépit a épousé la petite soeur Vilma. Laquelle jalouse, envieuse, a détourné les dernières lettres d'amour désespérées de l'homme à destination d'Esther.
Mais pourquoi Esther aurait-elle eu besoin de ces déclarations enflammées, de dernier recours, pour entendre l'appel ? Pourquoi ne s'est-elle pas sortie de ce qu'on appellerait aujourd'hui "sa zone de confort" ?
Parce que l'homme est un joueur ? un menteur ? un aventurier ?
La confrontation entre ces deux personnages vingt ans après leur rupture est tragique, totalement ambivalente, qui dit vrai ? qui dit faux ? Il reste pour le lecteur (mais qui sait ?) qu' Esther a loupé son grand amour de la vie et qu'elle est à 45 ans, comme une vieille en fin de vie (quelle tristesse), qu'elle découvre la trahison atroce et impardonnable de sa petite soeur, et qu'elle ne sait toujours pas qui est véritablement Janos, son amour.
Elle choisira, ou pas, mais elle n'ira pas vers Janos. Car il n'a cessé de mentir, et alors qui croire ?
L'écriture est fluide, limpide.
Sandor Marai est un grand meneur de personnages romanesques. Tout est ambivalence. Et il n'y a pas de véritable conclusion. Pour ma part, j'aurais bien mis un gros pied au c... de Janos, mais aussi une bonne paire de claques à Esther. Mais j'aurais bien pris aussi Esther dans mes bras. Et ainsi pour tous les personnages. Et ainsi, la dernière page tournée, lecteur, je me pose encore plein de questions. C'est fabuleux.
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bourgeoisie hongroise du début du xxe siècle... une femme de la bonne société, solitaire et désargentée passe ses jours dans la maison de son enfance avec pour seule compagnie Nounou, une vague parente. Un frère et quelques vieux amis viennent lui tenir compagnie de temps en temps. Il ne lui reste plus que cette maison et son jardin, tout le reste a été pillé par son beau-frère, Lajos, autrefois son fiancé, mais qui à fini par épouser sa soeur Vilma.

Et puis, un jour, 20 ans plus tard, Lajos, égoïste et menteur, escroc, revient accompagné de ses deux enfants, du fiancé de sa fille et de la mère de celui-ci... Une sorte de huis-clos va s'installer entre Lajos et Esther... tous les secrets, les mensonges vont apparaître enfin...
Esther, bien que sans illusion devine que Lajos n'a pas changé et que s'il revient ce n'est que pour finir de la dépouiller... et en effet, il veut la maison et le jardin... et abandonner Esther dans une pension pour dames vieillissante...


sous le charme ! un roman élégant, romantique et d'une grande tristesse... donne envie de lire d'autre roman de cet auteur.
Par contre, je n'ai toujours pas compris pourquoi Esther se laisse dépouiller ainsi et chasser de sa maison.
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Les silences, les non-dits, les rivalités familiales entretenues pour des motifs de spéculations testamentaires exacerbent les pouvoirs familiaux dans les partis adverses; une tentative frauduleuse autour d'un héritage. Lagos le pernicieux séducteur, diviseur de sentiments, la rivalité, la détestation entre deux soeurs...en ayant réussi son plan machiavélique pour régner en maître absolu, cherchant une dernière fois après vingt-ans d'absence à renouer pour son profit le dialogue qui lui ne peut en aucun cas resserrer des liens secrets dans les attentes passées, les espoirs déçus d'une femme autrefois amoureuse et terriblement malheureuse restée dans l'ombre d'un profiteur de beau-frère, poussant le cynisme en imitant la signature du père d'Esther avant de remettre l'acte successoral au notaire. Les derniers coups bas avec des reproches éhontés, assénant toutes la responsabilité mensongère à Esther seule. Ces histoires de familles qui perdurent quelque soient les époques, Sandor Màrai réussit la une prouesse littéraire humaniste et compassionnelle ou les dialogues émotionnels prennent le pas dans l'ambiguïté des ressentiments exprimés par les humains.
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Avec ce bref récit, Sándor Márai plonge avec délice le lecteur dans un huit clos envoûtant où se mêle quête de souvenirs, silences et non-dits.

Esther est une vieille femme pleine de sagesse et d'une extrême douceur. Elle vit recluse dans une maison retirée. Solitaire, elle regarde avec mélancolie son passé où demeure immobile un homme qui a bouleversé son existence.

Des années après leur dernière rencontre, Lajos lui adresse une lettre lui annonçant sa venue. Esther est comme plongée à nouveau dans cette histoire d'amour inachevée. Lajos sait manier les mots et évolue avec son charisme naturel. Malgré son absence de morale, Esther a été conquise dès la première seconde par cet homme insaisissable et reste soumise à son pouvoir des années plus tard…

Conquise par l'écriture cristalline et vive de Sándor Márai, ce roman nous dévoile en quelques lignes la psychologie des personnages et parvient aussi à préserver le mystère de leur relation jusqu'à la dernière ligne. Un récit court et intense qui témoigne à nouveau du talent de Sándor Márai et dont j'aurai aimé prolonger la lecture…
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Sandor Marai est un écrivain hongrois, né en 1900 à Kassa et qui se donna la mort en 1989 à San Diego. Il fut contraint de quitter son pays en 1948 sous la pression du régime communiste. « L'héritage d'Esther » est un court roman publié en 1939 et qui condense les thématiques et le style de Marai.

Esther vit à l'écart du monde dans une maison menaçant de tomber en ruines. Son univers se réduit à quelques personnes : Nounou qui vit avec elle et est entré dans la famille d'Esther très jeune, Laci le frère, Endre et Tibor les amis qui l'ont tous deux demandée en mariage sans succès. Toute cette petite troupe se retrouve tous les dimanches dans la vieille maison et la vie d'Esther est rythmée par les habitudes. Mais l'annonce d'une visite va tout bouleverser, il s'agit du retour de Lajos parti depuis de longues années. Il fut camarade d'université de Laci, fit la cour à Esther avant d'épouser sa soeur, Selma. Lajos est voleur et un menteur, il doit de l'argent, a fait des promesses à tout le monde. Il a totalement dépouillé Esther de son argent, de son amour, de sa vie. Et le voilà de retour comme si tout était oublié. Chacun se remémore les travers de Lajos mais une fois celui-ci arrivé, tous sont de nouveau hypnotisés par son charisme, sa prestance. Esther est comme les autres, elle ne résiste pas à Lajos. Pire, elle se retrouve accusée par lui et par sa fille de les avoir abandonnés à la mort de Selma. Esther ne se défend pas, elle est comme une somnambule face aux accusations. Lajos est venu pour une bonne raison : prendre à Esther la seule chose qui lui reste, sa maison. Et ce qui semble impensable arrive, Esther renonce à tout pour cet homme qui a ruiné sa vie, car ce qui a été commencé doit être achevé.

Le personnage d'Esther semble frappé par la fatalité, élément toujours si présent chez les romanciers d'Europe de l'Est. Elle a abdiqué son droit à la vie au profit de celui de Lajos.

Le monde étroit et austère d'Esther nous est rendu par l'écriture sèche de Sandor Marai. La psychologie de chaque personnage est nette et rapidement dessinée. le drame qui se joue dans ce presque huit-clos est inéluctable et l'atmosphère est lourde dès le départ. L'auteur excelle dans les face-à-face où les personnages confrontent leur vision du passé. Esther est une victime et accepte de le rester jusqu'au bout. Ce petit livre est un beau diamant, mais un diamant noir où le malheur semble la seule manière de vivre.
Lien : http://plaisirsacultiver.unb..
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Un livre très court, mais indescriptiblement envoutant... c'est comme dans un rêve que l'on tourne ces pages.
C'est quelque chose de profondément intime, que ces souvenirs brumeux qui remontent au cours de cette soirée. Cette soirée ou tout semble se rejouer, mais trop tard, comme un rideau qui se relèverait pour la dernière fois, les acteurs jouant devant des fauteuils désertés.
Un parfum de fatalité, de regret, de vie gâchée.

Un beau roman, une magnifique découverte.
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