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Natalia Zaremba-Huzsvai (Traducteur)Charles Zaremba (Traducteur)
EAN : 9782253933618
284 pages
Le Livre de Poche (13/02/2002)
3.92/5   60 notes
Résumé :
Casanova, à peine échappé des "plomb" de Venise, se réfugie à Bolzano où la nouvelle de son arrivée met la ville en émoi.
Aux prises avec l'âme juvénile et exaltée de Francesca et l'inquiétant comte de Parme, son vieil époux, il rencontre et finit par vaincre à sa manière la tentation de l'Amour.
Inspiré d'un épisode de la vie de Casanova, La Conversation de Bolzano met en scène une aventure troublante du séducteur vénitien.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
A la suite de la lecture commune de "La conversation de Bolzano", de Sándor Márai, Athalie et moi nous sommes mutuellement interviewées...

(Attention, si vous n'avez pas lu ce roman, mes réponses aux cinquième et dernière questions comportent des spoilers...)


Aurais-tu aimé rencontrer ce Casanova ? Pourquoi ?

Oui, parce que l'auteur dépasse l'image de séducteur que l'on associe au personnage, pour en faire un Casanova "sur le retour", dont le corps révèle ses premières trahisons, qui réalise l'ampleur de sa solitude... Il incise ainsi la brillante carapace du mythe, le ramène à son statut d'homme, et le rend à la fois intéressant et touchant.

J'ai d'ailleurs trouvé son choix plutôt malin : en faisant de Casanova son héros, il met d'emblée le lecteur dans un certain état d'esprit -on s'attend de la part du personnage à certaines postures-, pour déconstruire ensuite cette première image qu'il lui a mise en tête...


Comment t'es-venue l'idée de lire ce livre ?

J'ai lu d'autres titres de Sándor Márai, qui m'ont tous plu, malgré leurs différences -ou grâce à elles, d'ailleurs- et "La conversation de Bolzano" faisait partie de ceux que m'ont conseillé plusieurs blogueurs... ta proposition de LC -tu le sais, je ne te refuse jamais rien, parce que tu as toujours de bonnes idées-, a fait le reste ! Sans cela, je ne me serais sans doute pas tournée spontanément vers ce titre, dont la thématique ne m'attirait pas vraiment...


Si tu devais résumer l'histoire en trois phrases ?

Casanova vient de s'échapper, en compagnie d'un moine défroqué, des Plombs -la prison- de Venise, où, au nom de l'honneur et de la vertu, il était incarcéré pour cause de moeurs dissolues. Lors d'une halte à Bolzano, il reçoit la visite de Francesca, une femme qu'il a jadis séduite, puis celle du vieux comte auquel elle est mariée, qui lui propose un étrange marché...


Que penses-tu du personnage principal ?

Avant de pénétrer son intimité, nous le voyons comme quelqu'un qui suscite chez ceux qui l'approchent ou le côtoient des sentiments ambivalents, entre horreur et fascination. Et comme tous ceux qui sont entourés d'une aura de légende, il est même l'objet d'une certaine obsession -qui se fait chez les femmes un peu fiévreuse- alimentée par la rumeur et les fantasmes liés à sa réputation d'homme libre et jouisseur, refusant de se soumettre à toute autorité politique ou morale. Et le récit conforte dans un premier temps cette image, en mettant en scène sa faconde et son emphase, sa propension à l'emportement, qui se traduit par des emballements verbaux un peu présomptueux.

Assez vite, l'image se ternit un peu, à l'évocation de son physique vieillissant et peu avantageux, de ses dents jaunies, de sa mauvaise haleine. On le trouve alors un peu ridicule, pathétique, on se dit que son soi-disant charisme n'est en effet qu'un mythe, qu'il est surestimé, comme le démontre d'ailleurs sa tentative de séduction avec la première servante venue...

Et puis, Sándor Márai s'aventure au-delà des apparences, délaisse le mythe pour mettre au jour les failles de son personnage, auquel il rend ainsi une certaine beauté, mais auquel il donne surtout une réelle consistance. On découvre ainsi, sous l'orgueilleuse exubérance, la peur et l'écoeurement, qui surviennent par crises, parce qu'il prend conscience de la vacuité de son existence. C'est en réalité un homme tiraillé entre sa soif d'aventure et de tumulte, sa quête de sensations et de défis qui le portent vers des plaisirs fugitifs, sans cesse renouvelés, et son rêve refoulé car inatteignable d'absolu, que concrétiserait un amour complètement désintéressé, un don total de soi sans aucune attente en retour.


Quelle est la plus grande qualité de ce livre ?

L'écriture de Márai, sans hésiter. Notamment ces longs dialogues dans lesquels il parvient à mêler fougue et profondeur.

J'ai aussi particulièrement aimé la toute dernière partie du roman. Avant d'y parvenir, le personnage de Francesca nous livre une belle déclaration d'amour, portée par l'abnégation d'une femme qui offre tout à celui qu'elle aime, prête à s'oublier elle-même, à renier ses propres désirs pour permettre à l'autre d'assouvir les siens, et de jouir d'une liberté totale... Il ne s'agit pourtant pas, selon moi, de la plus belle des déclarations d'amour exprimée dans "La conversation de Bolzano". Car tout donner à l'autre ne revient-il pas à le lier, à le rendre responsable de ce à quoi on a renoncé ? La plus belle n'est-elle pas celle, ultime et silencieuse, de Casanova, qui, conscient de ce qui lui offre Francesca (et qui répond à son secret désir d'absolu), tait son propre amour pour la sauver de lui-même ? Parce qu'il est conscient qu'il ne saurait la rendre heureuse, il renonce à elle, la libérant d'un avenir qui la rendrait prisonnière de sa promesse, contrainte de subir la nature aventureuse de Casanova aux dépens de son propre épanouissement.


Quel est son plus grand défaut ?

Je ne lui ai pas trouvé de réels défauts, mais si je devais exprimer un bémol, je dirais que certains passages m'ont paru un peu trop bavards...


A-t-il des points communs avec les autres titres que tu as lus de cet auteur ?

Oui, on retrouve dans "Les braises" et dans "L'héritage d'Esther" ces longs dialogues sous forme de confrontations, qui sont à chaque fois pour l'auteur l'occasion de décortiquer les mécanismes qui déterminent les relations entre ses personnages, d'exhumer les tensions et les rancunes qu'ils nourrissent l'un vis-à-vis de l'autre.


Combien de mails ont été nécessaires pour la publication de cette note peu commune ?

Je ne sais plus ! On l'a initiée il y a maintenant plusieurs semaines, les vacances sont passées par là, et comme nos mails sont autant l'occasion de se donner des nouvelles -de nos enfants, de nos chats, de nos lectures en cours- que d'évoquer l'organisation de la LC... mais c'est, je crois, le choix de la forme sous laquelle nous allions présenter cette LC qui a nécessité le plus d'échanges, non ?


Aurais-tu aimé être Francesca ?

Au moment où s'achève le roman, non. Elle est rejetée par celui qu'elle aime après lui avoir offert jusqu'au reniement d'elle-même... mais bon, elle est jeune, son riche époux est sur le point de mourir, et Casanova l'a en réalité empêchée de s'engager dans une relation qui aurait fini par lui être toxique : son avenir ne s'annonce pas si mal !...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Sandor Marai progresse toujours dans la pile de mes lectures.Et puis Casanova m'a toujours passionné,aussi bien le fringant jouvenceau de Casanova,un adolescent à Venise,le très beau film de Luigi Comencini,que l'hurluberlu pathétique ridicule et émouvant Casanova de Fellini.En littérature aussi j'ai un bon souvenir du Retour de Casanova d'Arthur Schnizler,mais il est vrai que Schnitzler figure dans mon panthéon.Le paneuropéen Sandor Marai, qui vécut un peu partout sur le vieux continent et mourut en Amérique,à qui rien n'échappe ni de l'esprit des lumières,ni des jeux de la séduction,a fait de la conversation de Bolzano un texte d'une grande richesse et dont toute la deuxième partie est composée des très longs monologues successifs du vieux Comte de Parme qui blessa jadis Casanova en duel,de sa très jeune femme Francesca exaltée de sa passion,et de la réponse du Cavaliere.



D'anecdotes croustillantes sur les conquêtes de Casanova,point.De picaresques détails sur l'évasion des Plombs de Venise,non plus,Sandor Marai n'a pas voulu écrire un roman d'aventures.Pas de rencontres sur le pré pour laver un honneur,pas de cape ni d'épée.Un poignard, toutefois, compagnon fidèle de Casanova, qui peut toujours servir.Il y a bien un complice,Balbi, moine paillard et défroqué,ce qui est fréquent en cette période où les ordres mineurs,voire majeurs,s'accommodent d'une chasteté relative.Mais le chevalier restera un homme seul.



La profondeur de la conversation de Bolzano prend sa signification dans la très longue scène où le vieux comte,face à Casanova, lui propose un contrat, richement doté, si ce dernier partage avec Francesca une unique nuit d'amour, "Réconforte-la,et blesse-la", toute l'ambiguité de ce beau roman se trouve ainsi résumée.Et que dire de l'entretien final entre les deux amants? Francesca,qui a réussi à lui griffonner quatre mots, trouve les accents les plus déchirants pour lui avouer son amour, entre don de soi, et colère. Giacomo Casanova de Seingalt, de la Venise d'or et de barreaux à sa mort,modeste bibliothécaire d'un obscur château de Bohême,en passant par Bolzano,cette bourgade du Tyrol italien, a trouvé en l'immense Sandor Marai,un (faux) biographe d'une insoutenable vérité.


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Sandor Marai (1900-1989) est un écrivain et un journaliste hongrois.
Le présent roman a été publié en 1940, et, raconte un épisode de la vie de Casanova… … …

L'intrigue débute par l'évasion de Casanova, et, de son compagnon (Balbi, moine de son état) des Plombs de Venise pour se rendre à Bolzano.

Mais, car il y a un mais, Casanova n'est plus le séducteur qu'il était. En effet, il a passé la quarantaine, le temps a fait son effet sur lui : il a terriblement vieilli, il a pris du ventre, ses dents sont gatées et pourries, il est chauve.

Malgré tout, il reste le séducteur qu'il fut. Il accourt à Bolzano pour retrouver la femme qu'il a aimé … … Même « décrépi », les hommes continuent à trembler lorsqu'il passe dans un endroit. En effet, ils ont peur que leurs filles, mères et/où épouses ne tombent dans ses bras, et, ne se retrouvent dans son lit.
Orgueilleux, cynique, imbu de lui-même, Casanova croit que cette dernière tombera dans ses bras et « fuiera » avec lui dès qu'elle le rejoindra !!!!
Mais cette dernière ne se laissera pas prendre à son jeu, et, le rejettera tout en l'humiliant en douceur… … …

Il s'agit d'une réflexion philosophique sur les sentiments, la haine, l'amour, etc.
Le tout est écrit dans un style alerte, foisonnant. Les dialogues sont peu nombreux.
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L'auteur ne dissimule pas que son héros, juste échappé de la prison des plombs de Venise, n'est autre que le célèbre Casanova. le fuyard, qui porte beau,malgré ses épreuves, s'attarde à Bolzano pour une aventure, sentimentale assurément, qui prend un tour inédit. On n'en révélera rien, pour ménager la surprise du lecteur. A l'occasion d'une étrange conversation nocturne, à couteaux tirés, prend place le commentaire le plus long sur la lettre d'amour la plus courte, et, derrière masques et faux semblants, les propos les plus crus sur l'Amour, tels qu'on ne les avait lus depuis "La Princesse de Clèves" et "Les liaisons dangereuses".
"Tel est pris qui croyait prendre" pourrait être la morale, provisoire, de cette nuit singulière et inoubliable.
Du grand Màrai!
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Ce petit roman de Sandor Marai raconte un épisode de la vie de Casanova, qui fuyant Venise et couvert de dettes, accompagné d'un homme jouant le rôle de valet, ami, confident, va faire une halte dans une petite ville. Casanova, dont la réputation l'a quelque peu précédé, n'a en fait qu'un objectif : entreprendre la conquête d'une femme jadis séduite, désormais mariée à un vieil homme, dont la position sociale fait autant d'envieux que d'admirateurs.
La rencontre va se préparer avec soin et la minutie de l'écriture va installer un décor digne d'une pièce où le mari, la femme, l'amant et le valet vont se livrer a une joute théâtrale d'une grande virtuosité. Marai va permettre à chacun des protagonistes d'exprimer ce qu'ils ont tu jusque là, et le pouvoir des mots va se retourner contre eux, comme un piège. La séduction va confronter l'intelligence, la sagesse va se soumettre à la jeunesse, et l'issu de cette rencontre aura un goût plein d'amertume.
La longueur des tirades mériterait quelquefois de reprendre un peu de souffle et c'est le seul défaut de ce roman. Mais on se sent tellement emporté par cette prose, que ce serait dommage de s'en priver.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La vie, c'est un homme et une femme qui se rencontrent parce qu'ils sont faits l'un pour l'autre, ils sont l'un à l'autre ce que la pluie est à l'océan : l'un retombe toujours dans l'autre, ils se créent l'un l'autre, l'un est la condition de l'autre. De ce tout naît l'harmonie, et c'est cela la vie.
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Il y a un âge dans la vie, et moi, par un sage décret du destin et du temps, je vis maintenant les jours et les années de cet âge où l'on perd tout, vanité, égoïsme, pseudo-ambition, fausse peur, et où l'on ne veut rien d'autre que la réalité, quel qu'en soit le prix. C'est pour cela qu'il m'est arrivé de penser : dommage.
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Oui, est-il vraiment perdu, le passé, auquel on accroche le mot léger, faussement ému et nullement juste, de perte ? Est-elle perdue, la jeunesse qui a détalé comme un lièvre, l'âge mûr sur lequel tombe un beau jour le soir, en un mot, le temps qui a passé sur nous, mais qui était tout de même le nôtre et que nous possédions comme un objet ? Non, le passé est réel, il est inutile de pleurer sur le temps qui passe; seul le futur suscite en moi le doute et une certaine émotion, une émotion qui ressemble peut-être au regret : le futur, si particulier et si ridicule qu'il soit à mon âge!
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Et quand votre Excellence cherchera son ultime parole sur son lit de mort, qu’elle dise à la comtesse ce qui sera à la fois l’adieu de votre Excellence et le message que j’ai tu : « Rien que pour Toi et pour toujours. »
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Il existe une sorte de vertu qui n'est autre que la confiance absolue en notre être, notre destin et nos inclinations.
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Avez-vous déjà vécu cette expérience terrible : quand l'amour entre en conflit avec l'amitié ? Mais savez-vous qu'il existe un roman formidable qui nous dit lequel de ces deux sentiments finit toujours par l'emporter ?
« Les braises », de Sandor Marai, c'est à lire au Livre de poche.
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