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3,53

sur 64 notes
À paraître le 19 juin.

Noël 1943. Dans un hôtel transylvanien, le narrateur retrouve une connaissance, un célèbre pianiste hongrois. le musicien est solitaire et a abandonné son instrument. Les autres occupants de l'hôtel sont plus ou moins maussades en raison du temps détestable qui règne à quelques jours du réveillon. le morne quotidien des personnages est soudain bouleversé par le suicide d'un couple au sein de l'hôtel. « Comment espérer, comment croire que de grandes nations puissent se comprendre, et vivre en paix sur terre les unes à côté des autres alors que certains individus se sacrifient d'une façon aussi désespérée et irrationnelle à des passions et des émotions insensées ? » (p. 42) le temps d'une soirée, le drame rapproche le narrateur et le pianiste. Ce dernier promet de lui envoyer un manuscrit où il raconte pourquoi il a cessé de jouer.

1939. Z., célèbre pianiste est invité à Florence pour donner un concert. Mais le voilà frappé d'un mal étrange et douloureux : il ne peut plus jouer, ses doigts refusant d'obéir. « La maladie m'a épargné, […]. Elle ne m'a confisquée que la musique. » (p. 66) Reste à savoir d'où vient ce mal paralysant : serait-ce l'amour contrarié que le maestro porte à la trop belle épouse d'un ambassadeur qui cause cette souffrance infernale que seul l'opium peut endormir ? Commence alors un sordide jeu de cache-cache avec la douleur, mais il se noue également des relations particulières entre le malade et quatre religieuses chargées de le soigner, Dolorissa, Cherubina, Carissima et Matutina. « Je m'attelais à la maladie, comme à une quelconque tâche, un voyage aventureux ou un travail dont on ne mesurerait pas les véritables difficultés dès le début. La seule chose que je devinais était que cette tâche allait se révéler compliquée et longue à accomplir. » (p. 150)

La structure du roman est très classique. le narrateur, dans une longue introduction, raconte comment il est entré en possession de l'histoire, puis présente le texte lui-même. D'ordinaire, je suis plutôt bienveillante envers l'artifice du manuscrit retrouvé ou du récit rapporté. Ici, j'ai trouvé la ficelle un peu grosse, « comme si le but de ce voyage n'avait été que la découverte de la vérité sur le sort de Z. » (p. 72) C'est bien, l'auteur me met directement les mots dans la bouche…

J'ai découvert Sandor Marai avec Les braises, un roman qui ne m'avait pas vraiment convaincue. Toutefois, j'avais gardé l'envie de lire autre chose de cet auteur. Désormais, je crois qu'il n'est pas fait pour moi. le style est parfois dodelinant, voire lénifiant. Cela laisse tout le temps à l'intrigue de se nouer, mais le rythme dilatoire atténue tous les effets et tous les rebondissements. La plume est belle et le talent est là, mais je m'ennuie avec cet auteur.
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Un musicien célèbre qui tombe gravement malade après un concert est pris en charge dans une clinique où on soigne autant l'âme que le corps. Il y découvrira que son amour pour une femme mariée, à la fois séductrice et frigide est en partie responsable de son état, car elle vit dans le mensonge et fait vivre ainsi tous ceux qui sont autour d'elle. Ce magnifique roman nous parle de vérité, celle que nous exerçons (ou pas) vis à vis de nous-mêmes et qui nous fait vivre en nous reliant au monde et au divin. Il nous parle aussi des relations entre l'âme et le corps et des maladies que nous appelons maintenant psychosomatiques.
J'ai peiné à rentrer dans ce texte, car les débuts donnent l'impression d'errer longuement dans un labyrinthe avant de parvenir au coeur du propos,. Mais cela vaut le coup de patienter et de prendre le temps de rentrer dans ce texte qui est profond et superbe. La lenteur et les détours y deviennent un peu comme ces méandres dans lesquels on se perd avant de se trouver, luttant contre les mensonges qui nous détournent de nous-mêmes et nous détruisent. le style est magnifique et met en valeur des remarques judicieuses sur les rapports entre l'art et la vie.
Après avoir un peu bronché comme un cheval rétif, j'ai fini par lire ce livre d'une traite et en suis sortie heureuse et apaisée tant en dépit de ses tours et détours il sonne juste.
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Le roman se divise en quatre chapitres d'inégales longueurs puisque le quatrième et le sixième font à peine une page. le quatrième sert clairement de transition pour passer d'un temps à l'autre. le sixième et dernier chapitre est quant à lui une sorte de conclusion. Les deux premiers chapitres forment un tout, quasiment dissociable du reste, et j'avoue m'y être ennuyée presque autant que les protagonistes confinés dans un chalet peu engageant avec trop peu en commun pour échanger et sympathiser les uns avec les autres. Ils servent certes d'introduction au récit principal mais fallait-il que cette entrée en matière soit si longue et assortie d'un fait divers plutôt lugubre que je ne dévoilerai pas ici de peur de « divulgâcher » votre lecture. La suite est, à mon sens, beaucoup plus intéressante et j'y ai retrouvé ce que j'aime de Marai, à savoir, sa philosophie personnelle un peu pessimiste quant à la nature humaine mais tellement bien observée et servie par une écriture inimitable. On trouve aussi dans son récit une sorte de suspense malgré le fait qu'il nous livre assez tôt dès l'abord plusieurs des issues. C'est difficile à décrire mais cet espèce de flashback sur l'enchaînement des causes et des impondérables me paraît assez caractéristique de cet auteur. C'est un peu comme la vie d'un humain qu'on sait devoir s'achever par la mort et que rétrospectivement on puisse retracer l'enchaînement des événements extérieurs, des rencontres et des choix personnels qui amènent au destin particulier de chacun.
J'ai aimé cette lecture à l'instar des autres que j'ai faites de ce même auteur. Je ne recommanderais cependant pas de l'aborder par ce roman.
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La lecture d'un roman de Sandor Marai m'apporte toujours un bonheur tant l'écriture est belle, réfléchie, profonde.
Ce bref roman de la Soeur est constitué de deux parties carrément distinctes. La première est très intéressante aujourd'hui car elle "raconte" une sorte de confinement involontaire, dépendant de conditions météorologiques, dans une espèce de pension-hôtel en montagne (en altitude). Bref tous ces pensionnaires se retrouvent coincés pour quelques jours, jusqu'à ce que la météo redevienne un peu clémente. C'est très drôle. Les qualités de Sendor Marai à dessiner les portraits de chacun sont évidentes, énormes, et m'ont attiré dans tous les cas bien des sourires et davantage, des éclats de rire. Ce n'est jamais méchant. C'est juste et merveilleusement et délicatement écrit.
Puis on passe à une deuxième partie, le lien étant un musicien célèbre... il ne faut pas raconter...
bref... donc on arrive à l'histoire de ce musicien malade et du coup lui aussi confiné dans sa chambre de malade. IL y reste trois mois, et réfléchit, soliloque, mais pas que, il a aussi des conversations avec les médecins, tout cela alors que la guerre (la seconde) opère son travail de destruction en Europe.
Les parallèles sont magnifiques... comme lorsqu' on étendait les draps et qu'on pouvait se dissimuler entre, les étendoirs consistaient en des parallèles, mais ils étaient si nombreux qu'on pouvait jouer sur les angles et donc s'y dissimuler.
Et puis, Sandor Marai parle des femmes, de la sensualité. Et encore de la dissimulation.
J'ai beaucoup aimé ce roman.
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Auteur découvert l'année dernière avec Les Braises, que j'ai pu comparer avec des oeuvres de Stefan Zweig par la puissance des descriptions et de l'analyse psychologique, Sandor Marai est un écrivain hongrois de plus en plus reconnu dans le monde. Quatre ans après ce chef d'oeuvre, il s'attaque à un autre type de relations humaines. Ce texte sera le dernier publié en Hongrie.

La Soeur, titre qui m'a interrogé tout au long de ma lecture et que je n'ai pas vraiment pu élucider, est l'histoire poignante d'un compositeur célèbre frappé d'une étrange maladie : la douleur apparaît brusquement et ne le quitte plus, le faisant passer des phases de paralysie totale ou de fortes fièvres. On ne saura jamais vraiment quelle est cette maladie, et comme le disent les médecins, qu'importe le nom latin ? Ce qui est important, c'est la réaction psychologique du musicien, qui se laisse complétement dominer par la douleur, et cherche au fond de lui-même ce qu'il a bien pu faire pour mériter ce châtiment. Punition de son orgueil et son arrogance ? Contre-coup d'une passion amoureuse contrariée ?

« Je m'attelais à la maladie, comme à une quelconque tâche, un voyage aventureux ou un travail dont on ne mesurerait pas les véritables difficultés dès le début. La seule chose que je devinais était que cette tâche allait se révéler compliquée et longue à accomplir. »

Tout comme Zweig, Marai se plaît à utiliser des récits-cadres : au lieu d'introduire directement son personnage principal et de raconter l'histoire à la troisième personne, il choisit un acteur extérieur qui découvre par hasard la retraite du célèbre pianiste et se voit confier le manuscrit de sa vie, qu'il ne lira qu'après la disparition de ce dernier. La mise en place du récit est ainsi un peu plus longue, mais elle permet de poser des cadres, d'introduire le personnage principal, à partir des souvenirs du témoin, et d'en savoir plus sur ce qu'il s'est passé après. Une fois ceci posé, il présente le récit en tant que tel, sous forme de confession écrite.

Avec un style impeccable, qui décrit bien l'atroce situation du musicien privé de ce qui fait sa vie : sa musique. Une fois guéri, la perte de cette passion ne pouvait que le conduire à la mort.

Un texte admirable et poignant par sa description de la maladie, par laquelle le personnage va se comprendre et se transformer.

"Peut-être se trouvera-t-il des lecteurs qui liront son histoire comme l'ultime création du musicien, dans laquelle la mélodie est plus importante que les paroles. Et la mélodie n'a jamais de "sens". Toutefois elle raconte quelque chose qu'on ne peut raconter avec des mots."
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Plusieurs personnes ne se connaissant pas, passent dans un hôtel transylvanien, le "quatrième Noël de la Deuxième Guerre mondiale"...On ne perçoit pas du tout une atmosphère de fête, mais une forme de lassitude et d'ennui, de grisaille. Un calme et un ennui troublés par le suicide d'un couple...Parmi elles, des chasseurs, le narrateur qui est écrivain et Z; un pianiste-compositeur, qui ne peut plus jouer...il a deux doigts paralysés...On se demande un peu où l'auteur veut nous emmener. Il pleut , il neige, ce début de roman est triste mais un petit quelque chose, l'écriture sans doute, pousse le lecteur à poursuivre...L'écrivain et le pianiste sympathisent et le pianiste lui promet de lui transmettre quelques notes lui expliquant l'origine de son handicap...Plusieurs mois après l'écrivain reçoit des feuillets qui constituent l'essentiel du roman...Ces notes rédigées par le pianiste lui sont transmises après le décès de ce dernier.
Le compositeur a été atteint d'une bien étrange maladie, causant des douleurs insupportables qui ne le quittent pas, entrainant parfois une paralysie. Hospitalisé il est soigné par quatre soeurs qui se relaient à son chevet pour le soigner. Des soins constitués essentiellement par des piqures périodiques de morphine ou d'opium, ses"rendez-vous chimiques" qu'il attend et demande et qui, seuls, soulagent ses douleurs. il en devient dépendant. le musicien tente d'identifier la cause de cette douleur d'origine inconnue pour les médecins. Est-elle due à un passion amoureuse pour une femme mariée ? Qu'a-t-il fait pour mériter un tel châtiment divin? Il nous décrit par le détail tous ses tourments psychologiques et moraux, sa douleur.
Si vous cherchez un roman d'action passez votre chemin, "La soeur" n'est pas un roman pour vous.
Je souhaitais découvrir cet auteur tourmenté. J'avoue que j'ai résisté au désir de fermer le livre, mais chaque fois la qualité de l'écriture, sa précision me poussaient à aller plus loin. Je vais tenter de lire son ouvrage de référence "Les Braises"...
Il faut de temps en temps, en littérature aller sur des chemins inhabituels...s'ennuyer avec l'histoire, mais se donner du plaisir avec une écriture admirable et les sentiments des personnages

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Sandor Marai, auteur hongrois né en 1900 puis exilé aux États-Unis après la Seconde guerre mondiale est une très belle découverte. Écrit aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, La soeur, récit à deux voix, est un roman étrange, baigné presque uniformément dans une pénombre qui nous emmène aux limites de l'angoisse. En filigrane, la fureur de la guerre, les villes rasées, la souffrance des peuples. Pour décors : un refuge de montagne à Noël, où la pluie et le vent exacerbent l'ennui et les nerfs ; puis Florence, ville de l'Art par excellence, dont on ne découvre qu'un mur bouchant la vue de la chambre d'hôpital dans laquelle le deuxième narrateur, pianiste et compositeur, souffre pendant de longues semaines. En personnages secondaires, des chasseurs, un couple vieillissant malade de la passion, des médecins chamaniques, des soeurs- soignantes, des amours impossibles... 300 pages pour nous parler de souffrance et de compassion, de musique et de perfection, d'orgueil et d'art… Ce récit à la fois froid et sombre, métaphorique de la décomposition d'un monde mais dont la langue n'est jamais porteuse de pathos ou d'ironie, n'est pas, je l'accorde, franchement facile ni très réjouissant. Juste une lecture, en quelque sorte, essentielle.
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Un procédé narratif qui est celui du manuscrit donné-retrouvé par un primo narrateur-personnage secondaire, qui nous livre donc ce manuscrit.
Et ce manuscrit c'est quoi ? La relation d'une maladie survenue étrangement à un maestro international du piano, maladie qui on peut le comprendre proviendrait d'une conduite de mensonge, d'une relation avec une femme mariée... Une maladie comme une revanche de la morale et comme punition... le maestro va se faire soigner pendant trois mois (l'auteur nous donne beaucoup de détails), dans ce temps, interviennent d'autres personnages, des médecins et surtout des soeurs. "La soeur", c'est une bonne soeur, qui à un moment donné du parcours de soins va lâcher une phrase, qui va "réveiller" le virtuose qui choisira la vie au lieu de la mort. Permettant ainsi qu'il s'en sorte.
Le procédé narratif évoqué plus haut a très peu d'intérêt. 40 pages d'introduction peu utile pour moi. Ensuite, on rentre vraiment dans le vif du sujet. Mais le sujet est essentiellement cette maladie étrange... Bien moins le côté amour, et relations sentimentales. le descriptif en quatrième de couverture me semble bien trompeuse.
Sinon, Márai, c'est un vrai écrivain, la traduction est bonne, c'est du bon texte. On ne s'ennuie pas non plus. Beaucoup de qualités.
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Après "Les braises" en 1942 ,“ La soeur“ lui suivra en 1946 et ce sera le dernier roman ” hongrois ” de Márai. C'est un roman contemplatif, profond, avec une réflexion sur le langage compliqué du corps, sur la dépossession de l'âme par les drogues, l'impuissance de l'artiste, l'amour, le don de soi et la générosité qui sauve. C'est un roman de lecture difficile, intense, par moments mystique, lyrique, oppressant et ô combien captivant.
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Le narrateur, un écrivain hongrois dont on ne connaîtra pas le nom, désireux de changer d'air, a voulu passer Noël, dans une pension peu confortable d'une ville thermale de Transylvanie. Malheureusement le temps sec et froid attendu n'est pas au rendez-vous. Il est contraint, avec les autres pensionnaires, à un huis-clos peu agréable. Il a la surprise de reconnaître parmi eux un musicien qu'il a connu autrefois, et qui ne fait plus guère parler de lui alors qu'il était devenu un virtuose et compositeur reconnu. On est dans les années les plus sombres de la seconde guerre mondiale. Ce pianiste, appelé Z., évite tout le monde malgré une politesse et une attention de pure forme. Il a reconnu l'écrivain mais ne souhaite visiblement pas lui parler. Une conversation aura lieu à la suite d'un drame. Il avouera à l'écrivain ne plus pouvoir jouer du piano, à cause d'une paralysie partielle d'une main. Mais il ajoute qu'il s'essaye à l'écriture et lui demande s'il voudrait lire son travail… Pourtant cela tourne court. Quelques mois après notre écrivain reçoit un paquet légué par Z. Il s'agit du manuscrit promis… Et ce manuscrit le narrateur propose à son lecteur d'en prendre connaissance. Ecrit à la première personne par Z. il fait état de ses longs mois de maladie passés dans un hôpital italien, soigné par des religieuses…
Le ton est évidemment assez sombre mais ce roman m'a vraiment intéressé. Sans avoir l'ampleur de « La montagne magique » de Thomas Mann il en partage pourtant la thématique : guerre et civilisation déliquescente, maladie des corps et des âmes… le tout avec un style tout à fait profond et clair. J'ai lu ce roman car j'avais beaucoup aimé « Les étrangers » du même Sandor Marai, duquel il est très différent.
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