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4,06

sur 815 notes

Des critiques ont déjà mis en exergue la trame de ce livre.

« Les braises » titre au combien évocateur, est déjà un résumé en lui-même : 41 ans d'attente ont permis aux personnages de s'interroger sur leur vie (enfance, amitié, conditions sociales, carrière professionnelle, vie amoureuse) et surtout sur la « rupture amicale » entre eux.

C'est un monologue mené à la façon d'une enquête policière par l'un et toléré par l'autre.

A lire absolument tant il est rare qu'un roman traite aussi bien de l'amitié.
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Je continue d'explorer l'oeuvre de cet auteur majeur hongrois que fut Sandor Marai. Découvert avec « Mémoires de Hongrie », j'avais été agréablement surprise, je dirais même émerveillée, par la similitude de son style avec Stefan Zweig. Une écriture élégante, j'oserais écrire aristocratique, qui sait parfaitement mettre en évidence ce que cachent nos failles, nos motivations, nos sentiments. Il surprend par une grande profondeur de réflexion, une belle acuité d'analyse des passions humaines.

Antifasciste dans un pays collaborant avec l'Allemagne nazie, il quittera son pays en 1948, à l'entrée des chars soviétiques dans Budapest, pour les Etats-Unis jusqu'à son suicide en 1989. Là encore, sa gémellité avec Zweig interpelle. Il ne sera réhabilité en Hongrie qu'en 1990, après son suicide.

Le titre original de ce roman serait « A gyertyak csonking égnek », ce qui signifie « Les chandelles brûlent jusqu'au bout ». Après avoir pris connaissance de ce livre, le titre m'a intriguée. J'ai cherché le lien entre « Les braises » et le récit et me suis rendue compte que le titre initial était bien plus en adéquation avec la traduction littérale.

Dans un château en Hongrie, Henri, âgé de plus de soixante-quinze ans, général à la retraite, attend son ami Conrad qu'il n'a plus revu depuis plus de quarante et un ans. le temps s'est écoulé. L'empire austro-hongrois n'existe plus. La seconde guerre mondiale est à ses débuts.

Amis d'enfance malgré leurs différences sociales - l'un est issu d'une famille extrêmement fortunée, évoluant dans l'entourage de l'empereur François-Joseph, l'autre est issu d'une famille de fonctionnaires - il n'en reste pas moins qu'Henri et Conrad demeurent très attachés l'un à l'autre, inséparables pourrait-on dire. Alors, comment se fait-il que du jour au lendemain, Conrad se soit exilé sous les tropiques après avoir donné sa démission de l'armée et tout cela, sans donner de raison. le moment tant attendu est enfin arrivé, Conrad est de retour à la table d'Henri. Celle-ci a été dressée avec le service de porcelaine française, le repas, les fauteuils, la disposition des fleurs dans les vases, tout est à l'identique du dernier soir qui les a vus réunis il y a quarante et un ans. Il manque Christine, l'épouse d'Henri, qui est décédée.

J'ai beaucoup apprécié ce huis-clos très intimiste, cette confrontation entre deux hommes où au fur et à mesure que les chandelles se consument, la tension dramatique se fait de plus en plus intense jusqu'à l'ultime révélation qui se fait connaître en toute fin du récit. Toute la force de ce chef d'oeuvre réside dans le dialogue truffé de non-dits qui s'installe entre les deux amis. de leurs échanges, il se dégage beaucoup de vulnérabilité, c'est indéfinissable. Si l'un des deux vient à souffler sur les « braises », tout peut s'embraser en un instant. Peut-être est-ce justement cette nécessité ou la peur d'entrevoir enfin une parcelle de vérité qui rend l'instant si fragile et que la vieillesse les rapproche de la mort. Ils ont fui la vie tous les deux, l'un sous les tropiques, l'autre dans une annexe de son château. L'un comme l'autre, ils n'ont pas osé aimer, pas osé affronter leurs émotions. Henri a passé sa vie à se poser des questions, mortifié, rongé par la rancoeur, et ce sont toutes ses réflexions qu'il livre à Conrad. A chaque main tendue, une révélation vient bousculer l'espoir de les voir se réconcilier.

C'est une histoire d'amitié entre deux hommes, d'une amitié bafouée, perdue que nous livre Sandor Marai. Une histoire où les valeurs liées à ce sentiment d'amitié sont mises à rude épreuve.

J'ai relevé qu'Henri reste sans nouvelle de Conrad pendant quarante et un ans. J'ai noté que l'exil de l'auteur est aussi de quarante et un ans. Selon La Bible, le nombre 40 est le nombre de l'attente, de la préparation, de la maturation, de l'épreuve ou du châtiment.

« Il reste l'une des grandes voix de la Mitteleuropa, aux côtés de Stefan Zweig ou Thomas Mann qu'il admirait ». France Culture.

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Sándor Márai - Les Braises - 1942 : Il faut savoir que ce livre n'a été autorisé en Hongrie, pays d'origine de l'auteur, qu'après la chute du mur de Berlin. On peut s'interroger sur la raison de cette censure, rien dans cette histoire ne paraissant subversif ou portant atteinte à la moralité et à l'existence de l'union soviétique. Seule une volonté d'étouffer un intellectualisme considéré par la pouvoir en place comme une menace pouvait expliquer l'interdiction de cet ouvrage. le huit clos mis en scène par Sandor Marai évoquaient tour à tour la fin d'une amitié mais aussi celle d'un monde avec l'entrée en guerre des puissances européennes et leur fuite en avant vers le chaos final. Après quarante années de séparation, ce sont deux vieillards qui se retrouvent pour solder enfin les rancoeurs accumulées pendant un demi-siècle. Une relation comme celle qui les unis depuis l'académie militaire ne pouvait rester éteinte sans qu'un dernier souffle ne rallume les braises de la discorde. Malgré la différence de classe sociale rien ne semblait pouvoir rompre leur attachement, pourtant, du jour au lendemain, à la suite de ce qui paraissait n'être qu'un bête accident de chasse, l'un des deux est parti sans explication abandonnant sa carrière de soldat et un avenir brillant dans le monde. Si l'écriture est très riches et les longs monologues brillants, le livre pèche un peu par l'absence de mystère car on comprend très vite les raisons de ce mutuel silence. Il suffira de dire qu'une femme complète ce duo pour que la fin se dévoile bien avant la conclusion du récit. Malgré ce bémol, ce classique reste très agréable à lire et permet de découvrir la littérature d'un pays rarement mis en avant pour le mérite de ses oeuvres littéraires..
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L'orage gronde. Henri, ancien officier qui vit reclus en son château, reçoit Conrad, un ami qu'il n'a pas revu depuis plus de quarante ans. Nous allons progressivement apprendre au cours de ce huis clos ce qui a poussé Conrad à quitter soudainement un ami de longue date, l'armée et son pays.

L'auteur aborde une histoire d'amitié entre deux hommes que tout oppose : Henri, un général issu d'une famille aristocratique et fortunée, dont la vie est fondée sur les valeurs de l'armée ; Conrad, cultivé et d'origine plus modeste, qui n'est pas attiré par l'armée mais plutôt par la musique et les arts. Nous découvrons peu à peu de quelle manière Conrad est l'obligé de son ami, qui mène la conversation lors de cette soirée.

Sandor Marai dépeint à merveille son pays et en filigrane le démantèlement de l'empire austro-hongrois.


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Un ancien général de l'armée Austro Hongroise s'apprête à recevoir dans son domaine son ami de jeunesse qu'il n'a pas vu depuis 41 ans . La séparation a été très douloureuse , malgré par un incident inexplicable .

Très beau roman , tout en finesse , où le temps semble s'écouler avec une infini lenteur .

Au delà du remarquable face à face des deux "amis" qui nous tient en haleine de part tous les secrets et les non dits entre eux deux , ce livre est aussi un trait d'union entre le monde tel qu'il va devenir et l'empire Austro Hongrois. Il est question d'honneur , de fidélité , de devoir...Sentiments avouons le légèrement bafoués de nos jours.
La description de la chasse est saisissante , les relations entre individus remarquablement bien évoquées.
L'écriture est brillante, tout en restant d'une fluidité impressionnante.
C'est un petit bijou, fin , intelligence, laissant la place à l'honneur et au non dits , tout en nous plongeant dans la fin de l'empire , les horreurs de la guerre et les moeurs de la "haute" société
.
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Dernières décennies du 19ème siècle, l'Empire austro-hongrois est gouverné par François-Joseph 1er, également roi de Hongrie. Henri et Conrad, deux amis que seule sépare une différence de fortune, vont grandir ensemble comme deux frères à l'école militaire et devenir officiers. Conrad est accueilli comme un de leurs membres dans la famille d'Henri, dans un château au coeur de la forêt hongroise. le mariage d'Henri avec Christine ne semble pas perturber cette amitié, les jeunes gens continuant à vivre dans une harmonieuse complicité. Jusqu'à cette journée de juillet 1899, où, après une partie de chasse, Conrad démissionne de l'armée et disparait à jamais.

Août 1940, quarante et un ans plus tard, Henri vit seul dans son château isolée en compagnie de sa vieille nourrice. Sa femme est morte depuis de nombreuses années et il se prépare à recevoir enfin la visite qu'il attend depuis si longtemps : celle de son vieil ami auquel il a tant de choses à dire…

Dans ce roman puissant, tragique, confrontation de deux vieillards dont le monde s'est effondré avec l'Empire qui les avait vus naitre, Sándor Márai nous offre une réflexion très profonde sur l'amitié, l'amour, les relations entre les êtres, la destinée humaine soumise à la violence sans limite des passions qui s'oppose aux règles et contraintes de la vie en société…Jusqu'au jour où les dernières flammes ayant tout consumé, ne subsiste que la nostalgie. Une très belle découverte.
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Il y a des auteurs dont on connaît le nom, dont on sait que leur oeuvre a conquis des millions de lecteurs et qui vous demeurent inconnus.
C'était en ce qui me concerne le cas pour Sandor Marai, dont je n'avais jamais ouvert un livre.
Je serais bien incapable d'en donner la raison.
J'ai été, je dois le dire conquise dès les premières lignes de ce magnifique roman.

Dans un château isolé, Henri, général à la retraite âgé de soixante-quinze ans dîne avec Conrad, un ami perdu de vue depuis quarante et un ans.
De nombreuses questions se posent lors de ces retrouvailles et c'est à un quasi monologue que se livre Henri évoquant une série d'anecdotes, de souvenirs, de silences et de faux-fuyants.
La tension est palpable et l'auteur réussit à doser savamment les révélations pour replonger ses personnages dans leurs ressentiments alors que l'on croyait qu'une réconciliation était possible.
J'ai été happée par cette écriture d'une intensité remarquable retraçant l'atmosphère et les usages de l'Empire austro-hongrois.

Sandor Maria m'est apparu comme un peintre de l'âme humaine pour démontrer les rouages psychologiques de drames intimes dans un huis-clos haletant et nous donne à lire une magnifique étude des rapports de classes, de l'amitié et de la trahison.

J'ai bien l'intention de poursuivre très rapidement ma découverte de l'oeuvre de l'auteur.

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Août 1940, dans un château de la campagne hongroise, Henry, ancien général à la retraite de l'armée austro-hongroise, attend Conrad, dont il n'a plus eu de nouvelles depuis plus de 40 ans. Précisément depuis ce jour funeste de 1899, au cours duquel une partie de chasse a failli très mal tourner, et où Conrad a rompu les ponts avec Henry, sans aucune explication.
Et pourtant, jusqu'alors, les deux hommes avaient été très proches, se côtoyant depuis leur enfance et leur rencontre à l'école militaire. Leur amitié très pure, sans faille, semblait indéfectible malgré les différences de classe sociale. En effet, Henry est issu d'une riche lignée de militaires, tandis que les parents de Conrad se sont saignés aux quatre veines pour que leur fils puisse intégrer l'école de l'armée impériale. Cette amitié au long cours avait même subsisté après le mariage d'Henry avec Christine, Conrad étant régulièrement invité au château. Jusqu'à la fameuse partie de chasse précitée, donc.
Mais aujourd'hui, alors qu'il attend Conrad, Henry espère obtenir enfin les réponses à toutes les questions qu'il se pose depuis 40 ans, depuis que Conrad s'est volatilisé. Ou plutôt, il attend, de la part de celui-ci, la confirmation (ou pas) de ses soupçons, des conclusions auxquelles il est arrivé après autant d'années passées à réfléchir et à s'interroger sur leur amitié.
La première partie du roman est consacrée à l'enfance et la jeunesse des deux amis, tels qu'Henry se les remémore alors qu'il attend l'arrivée de Conrad. La deuxième partie décrit la confrontation entre les deux hommes, séparés par un gouffre de rancoeur, d'amertume et de questionnements. En fait de confrontation, il s'agit surtout d'un quasi monologue d'Henry, émaillé de quelques interventions de Conrad assez peu significatives. Dans ce huis clos oppressant et théâtral, l'empathie qu'on éprouvait éventuellement pour Henry s'amenuise à mesure qu'on prend conscience de sa personnalité : imbu de sa personne, sûr de lui (voire borné) et de ses valeurs conservatrices qu'il n'a jamais estimé utile de remettre en cause, condescendant, égocentrique. On découvre peu à peu qu'en réalité il n'a jamais rien compris à ce que pouvaient éprouver sa femme ou son ami, qu'il n'a rien compris à l'amitié ni à l'amour. Et on en vient à se demander s'il s'agissait réellement d'amitié, et quelle histoire on aurait lue si elle avait été racontée du point de vue de Conrad. Celui-ci ne suscite pas l'empathie pour autant, tant son rôle est inconsistant dans ce monologue dans lequel il sert à peine de ponctuation.
Malgré un style classique impeccable, cette dissection des liens d'amitié et d'amour est longue et répétitive, à l'image du ressassement d'Henry pendant 40 ans.
Sur fond d'une part, d'empire austro-hongrois à l'agonie et d'autre part, d'un monde à nouveau sur le point de basculer dans un conflit mondial, « Les braises » est une lecture sombre, étouffante, un peu laborieuse et au final, peu ardente.
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Trouvé par hasard à la célèbre Griffe noire, qui encensait cet auteur méconnu d'Europe de l'Est, interdit en Hongrie jusqu'en 1990, j'ai savouré ce petit bijou romanesque, qui par certains côtés m'a rappelé les courts romans de Stefan Zweig, que j'aime beaucoup.

L'intrigue est simple : seul dans son château, un général vieillit, attendant. "On se prépare parfois, la vie durant, à quelque chose. On commence par être blessé et on veut se venger. Puis on attend. le général attendait depuis fort longtemps et ne savait même plus à quel moment l'offense et le désir de vengeance s'étaient transformés en attente."Or, un soir, on annonce le Capitaine, qui revient apparemment après 41 ans d'absence. 41 ans et 43 jours très précisément, compte le Général. Celui-ci se prépare à la visite de ce Conrad, dont on ne sait rien au départ; redonnant le luxe d'antan à son manoir, redisposant les choses telles qu'elles étaient il y a plus de 40 ans.

En attendant le dîner, le général se remémore le passé, et l'amitié très forte qui a uni deux garçons à l'Académie militaire, dès leurs dix ans. Il décrit une amitié très pure entre lui, fils d'un officier de la Garde, très riche; et Conrad, dont les parents ont donné tous ce qu'ils ont pu pour qu'il embrasse la voie militaire. Ils sont très différents, et pourtant : "Les deux enfants comprenaient qu'ils vivaient un moment privilégié, miraculeux de la vie".

Durant plus de 20 ans, ils se côtoient. Et puis advient la rupture. Et la fuite inexpliquée de Conrad dans de lointaines tropiques.

Une fois Conrad arrivé, le dîner commence mais se transforme rapidement en un monologue du général, qui déverse les pensées et l'amertume des 40 dernières années, passées seul depuis la mort de sa femme, à réfléchir à ce qui a pu se passer pour que leur amitié se perde. On se rend compte qu'il en est parfaitement conscient.

Mais cette histoire classique d'adultère est transformée par Sandor Marai en un véritable joyau de discours. Conrad est acculé par le général, ce dernier ne le laisse pas parler. Il avait simplement besoin de lui pour confirmer tous ses soupçons, qui s'avèrent vrais.

Au milieu de ce drame humain dont nous parvenons à la conclusion, le général montre également qu'il a beaucoup lu, beaucoup réfléchi sur la nature humaine. C'est grâce à ses lectures qu'il a pu comprendre les causes réelles de la fuite de Conrad. Conrad, si différent de lui, le parent pauvre, le musicien. A qui le général reproche d'avoir trahi alors que "l'amitié est le lien humain le plus noble."

Or l'habilité du récit est que l'on a en réalité deux narrations : la première, par le général, qui retrace l'amitié brillante entre les jeunes garçons. Et puis, au fil du discours, on découvre la véritable histoire, celle dont il n'a pas pris conscience au moment où elle se déroulait : que Conrad le haïssait pour sa richesse, sa réussite, alors que lui, artiste, n'a jamais aimé la vie militaire. Et lorsqu'une femme passe, Christine, c'est le général qu'elle épouse. A partir de là, aucune amitié n'est possible.

J'ai ressenti beaucoup de pitié pour ce vieux général qui se livre. On sent qu'il n'est pas très intelligent mais que ces longues soirées passées seules l'ont rendu sage. Il a conscience de la vanité de la vengeance qu'il veut exercer envers Conrad au cours de ce dîner, mais il veut aller jusqu'au bout, clore leur relation interrompue 40 ans plus tôt.

Dans un monde qui se disloque (après la Première guerre mondiale), les deux vieillards se haïssent avec lassitude, faisant le constat qu'ils sont toujours aussi différents. Cette différence se cristallise dans la musique, qu'adore Conrad, et que ne peux comprendre le vieux militaire : "J'abhorre ce langage secret dans lequel certaines personnes s'entretiennent, se communiquent des choses vagues, irrégulières, oui je pense souvent qu'il leur sert même à se dire des choses immorales."

Au final, vous l'aurez compris, c'est un roman très riche, qui m'a touchée et m'a fait réfléchir.

Un roman universel.

Un roman tranquille, sans violence. Un huis clos terrible pourtant. Un monologue de fin de vie. Une dernière parenthèse, et un soupir avant la fin.
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Quatre étoiles parce que c'est un très beau livre, très bien écrit. Mais un avertissement pour monsieur Marai : quelques remarques stupidement sexistes émaillent son livre, et lui font perdre de son éclat. C'est une histoire d'amitié ; d'après M. Marai, les femmes sont incapables d'éprouver ce sentiment : je l'invite à lire d'outre tombe L'Amie prodigieuse, ou tout simplement à observer plus attentivement le monde. Il remarque de plus que très rares sont les femmes capables de dignité : alors là, c'est formidable. je ne vois pas d'où l'on peut sortir une telle idée ...Bref : deux avertissements pour M. Marai, qui ne sort pas non plus des cavernes puisqu'il a vécu dans la dignité jusqu'en ...1989. Mais comme je suis moi -même digne, je vais arrêter de critiquer papy pour ses errances d'un autre siècle (le siècle dernier...)
Donc, c'est une histoire d'amitié virile et digne entre deux aristocrates hongrois qui se rencontrent à l'école militaire. Enfin, digne...Quand le récit commence, les deux amis ne se sont pas vu depuis quarante et un ans. Visiblement, il y a eu une brouille violente, dont les braises, si longtemps après, couvent encore. On comprend très vite, si on a eu une expérience de la vraie amitié (donc si on est un homme...Donc je dois être un homme, moi...Il faut que j'en parle au docteur pour envisager des traitements hormonaux et une opération...)(Excuse-moi, papi, je me moque indignement) que sous la loyauté virile a aussi brûlé la possessivité, la rivalité, l'envie...Et que dans cette histoire d'hommes une femme a mis son nez indigne. Ou plutôt que les deux hommes ont fait entrer une femme dans leur couple amical, histoire de pimenter leur relation...Enfin bon, tout cela est très classique, mais rondement mené.
J'ai surtout aimé l'écriture de Marai, qui dépeint magnifiquement la Hongrie, physiquement et moralement. C'est aussi l'histoire d'un monde disparu et d'une loyauté disparue entre des hommes et un empire, un empereur. La nostalgie prend à la gorge. Les deux vieillards qui se retrouvent pour se perdre à nouveau n'ont plus rien depuis quarante ans : ni famille, ni ami, ni amante, ni empire, et pour l'un, ni maison, ni terre. Tout se mêle, histoire et Histoire, et une fois de plus le XXème siècle a tout dévoré.
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